16 mai 2015

La semaine économique et financière vue par Philippe Crevel

Le tableau financier de la semaine  

  Résultats15 mai 2015 EvolutionSur 5 jours  Résultats31 déc. 2014  
CAC 40 4 993 -1,90 % 4 272
Dow Jones 18 272 +0,45 % 17 823
Nasdaq  5 048 +0,89 % 4 777
Dax Allemand  11 44 -2,24 % 9 805
 Footsie  6 960 -1,23 % 6 566
Eurostoxx 3 573 -2,09 % 3 146
 Nikkei 19 782 + 1,83 % 17 450
Taux de l’OAT France à 10 ans(12 mai 2015 Bdf)Marché secondaire15 mai) 0,97400,910 0,8280 %0,837 % 0,8370 %
Taux du Bund allemand à 10 ans(marché secondaire 15 mai) 0,633 % 0,546 % 0,541 %
Taux du Trésor US à 10 ans(marché secondaire 15 mai) 2,155 2,141 % 2,17 %
Cours de l’euro / dollars(vendredi 15 mai 17 H 30) 1,1437 +2,04 % 1,2106
Cours de l’once d’or en dollars      1er fixing Londres (vendredi 15 mai) 1216 +2,62 % 1199
Cours du baril de pétrole Brent en dollars (vendredi 15 mai 17 H 30) 66,540 +1,73 % 57,54

    La nouvelle guerre de l’or noir vient de commencer

La bataille de l’or noir a commencé. Qui de l’OPEP, des Etats-Unis ou des autres producteurs sera le maître du pétrole ? Réponse dans un ou deux ans… Le pétrole reste malgré le développement des énergies renouvelables incontournable. Pour reprendre le contrôle du marché, l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) et en premier lieu l’Arabie Saoudite, ont décidé, en laissant filer les prix vers le bas, de décourager leurs concurrents. Jusqu’à maintenant, l’objectif n’est pas atteint selon l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) dans son rapport mensuel : « Il serait prématuré de suggérer que l’OPEP a gagné la bataille des parts de marché. Au contraire, cette bataille vient juste de commencer ». En maintenant ses quotas de production à 30 millions de barils par jour, l’OPEP pensait ruiner les producteurs américains de schiste, larges contributeurs à la hausse de l’offre. Certes, cela n’a pas été sans effet. Toujours selon l’AIE, une mise en réserve de 60 % des forages américains a été enregistrée ; mais, en parallèle, d’autres producteurs hors OPEP ont maintenu voire augmenté leur production, souligne l’AIE. Il s’agit de la Russie ou encore du Brésil. L’Arabie Saoudite a dû, en outre, réduire ses exportations pour satisfaire les demandes de certains membres de l’OPEP dont l’Algérie qui étaient asphyxiés par un cours trop bas. Le marché est de plus en plus réactif ; la hausse récente des cours a favorisé le retour à la production de certains foreurs américains. Les prévisions de production des pays hors OPEP pourraient atteindre 57,8 millions de barils par jour en hausse de près d’un million de barils. Conscients que la bataille ne fait que commencer, plusieurs pays de l’OPEP s’équipent pour inonder le marché. L’Arabie Saoudite, le Koweït, et les Émirats Arabe Unis ont augmenté leur nombre de forages ; l’Irak et la Libye ont dopé leur production tandis que celle de l’Iran a atteint un plus haut depuis juillet 2012. Avec une production de 31,2 millions de barils par jour en avril, l’OPEP est en train de dépasser ses quotas. Par ailleurs, afin de maintenir leurs recettes fiscales, les pays membres tentent de vendre davantage à leurs clients. Il est donc fort probable que le cours du baril de pétrole revienne assez rapidement en-dessous des 60 dollars d’ici l’été d’autant que la croissance de la demande reste faible.  

La bourse toute désappointée

Le CAC 40 a terminé la semaine en-dessous des 5000 points. Tout comme les autres places européennes, Paris a réagi aux mauvais résultats américains. L’indice Michigan de confiance du consommateur américain est en nette baisse. Attendu à 96, l’indicateur de confiance est ressorti à 88,6 en mai, tandis que l’indice « Empire State » d’activité manufacturière dans la région de New York s’est établi à 3,09 au titre du mois de mai contre 5 attendus. Par ailleurs, la production industrielle est en baisse pour le cinquième mois consécutif. Les bourses après avoir connu un début d’année temporisent. D’un côté il y a le ralentissement de la Chine, de l’autre les déconvenues américaines. De ce fait, l’attentisme et les prises de bénéfices sont de rigueur.

 L’euro retrouve des couleurs et les taux s’enflamment

L’euro, depuis son plus bas annuel touché à la mi-mars à 1,0457 dollar a regagné une grande partie du terrain abandonné lors du premier trimestre. Dopée par la faiblesse des indicateurs américains, la monnaie commune bénéficie également de l’amélioration de la conjoncture européenne. Sur le marché secondaire de la dette, celle déjà émise, le Bund allemand à 10 ans s’est traité à 0,64 % en fin de semaine quand l’équivalent américain s’échangeait à 2,16 %. Depuis le plancher historique à 0,049 % d’avril, le titre allemand a repris près de 60 points de base. Ce mouvement illustre l’agitation qui règne sur les marchés devises et obligataires et la possibilité d’un débordement sur les marchés « actions ». Désormais, les titres allemands s’échangent avec des taux d’intérêt réels jusqu’à 4 ans contre 7 ans auparavant. L’idée d’un bund à 10 ans en taux négatif s’éloigne. Les marchés jouent la convergence des taux entre Etats-Unis et Europe. Le ralentissement de l’activité Outre-Atlantique et la reprise en Europe incitent à ce mouvement. La disjonction des taux étant un des objectifs de la BCE, elle devra certainement intervenir pour casser le mouvement de hausse s’il se confirmait. Le taux de l’OAT à 10 ans est repassé au-dessus de son niveau du mois de janvier. Si cette progression des taux se confirmait, ce serait une bonne nouvelle pour les épargnants mais une mauvaise nouvelle pour l’Etat et ses contribuables. Un point de taux en plus, c’est 10 milliards d’euros pour le service de la dette.