7 mars 2015

La belle inconnue du Quantitative Easing à la sauce BCE

Avec sa décision d’acheter, chaque mois, 60 milliards d’euros de titres jusqu’en septembre 2016 et au-delà si le taux d’inflation n’a pas retrouvé une trajectoire proche de 2 %, la BCE devrait retrouver un bilan de 3000 milliards d’euros comparable à la valeur atteinte en 2012 en pleine crise des dettes souveraines et de blocage du marché interbancaire. Logiquement et en prenant en modèle l’exemple américain, ce programme d’assouplissement quantitatif devrait provoquer une baisse des taux d’intérêt à long terme. C’est d’ailleurs l’objectif recherché avec celui d’un retour à la normale de l’inflation. En achetant des titres longs, les banques centrales en font monter la valeur diminuant d’autant leur rendement. En injectant des liquidités, le crédit devrait être favorisé tout comme les anticipations inflationnistes.

Les taux longs pourraient baisser entre 50 et 100 points de base. La baisse pourrait être plus forte du fait des autres opérations de refinancement que la BCE a lancées, opérations qui pourraient porter sur 400 milliards d’euros. Certains experts prévoient, dans ces conditions, un recul des taux longs de 150 points de base.

Cette prévision peut être mise en doute. L’assimilation de la zone dollar au système américain est porteuse d’erreurs d’appréciation. Le marché américain est unifié quand le marché européen est une juxtaposition de 19 Etats. Ces dernières années, le marché financier européen a eu tendance à se renationaliser. Le QE européen est géré à 80 % par les banques centrales européennes et non pas par la BCE. Du fait de cette faible mutualisation, il est possible que l’impact du QE soit affaibli. En outre, les prêts aux européens dépendent plus de l’Euribor à trois mois que des taux longs, les institutions financières ayant pris l’habitude d’adosser les crédits aux particuliers sur des titres courts. Il faut, par ailleurs, souligner que les consommateurs européens ont moins recours aux crédits que les Américains. De même, la sensibilité aux évolutions du patrimoine est réduite en zone euro à la différence de ce qui est constatée aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni. Enfin, le QE peut provoquer des transferts de capitaux de part et d’autre de l’Océan Atlantique. Les établissements financiers américains mais aussi européens pourraient bénéficier de l’aubaine de l’argent pas cher offert par la BCE pour s’endetter en Europe et investir aux Etats-Unis.