Le Coin des tendances du 16 janvier 2016
Quand l’Allemagne s’adapte à la société digitale
La digitalisation de la vie professionnelle entraîne une montée en puissance du nombre de travailleurs non-salariés et à temps partiel avec le développement d’emplois de service à faibles qualifications. Par ailleurs, pour un grand nombre de salariés, la frontière entre vie professionnelle et vie privée s’estompe avec le recours de plus en plus fréquent aux smartphones, aux tablettes et aux ordinateurs portables.
Le droit du travail tel qu’il a été bâti ces soixante-dix dernières années repose sur les principes de l’unité de lieu et de temps. Les actifs sont censés travailler dans un espace déterminé (sauf pour les commerciaux) durant une plage déterminée de temps. Aujourd’hui, Internet a imposé un rythme différent de travail. Il faut pouvoir apporter à tout moment une réponse aux sollicitations qu’elles soient internes ou externes.
L’Allemagne dont la croissance repose sur les exportations de biens industriels doit faire face à une mutation économique et sociale qui remet en cause les fondements de son modèle. Les pouvoirs publics et les représentants du monde économique réfléchissent sur les moyens d’accompagner la mutation.
Sur le sujet de la gestion du temps de travail, plusieurs entreprises allemandes ont innové. Ainsi chez Bosch, les salariés souhaitant rentrer plus tôt chez eux pour voir leurs enfants peuvent le faire tout en reprenant leur activité à domicile plus tard. Ils ont accepté en contrepartie que ces heures ne soient pas considérées comme du travail de nuit et donc payées plus chères. D’autres accords sont en cours de négociation sur ce sujet visant à assouplir le cadre du travail en permettant d’effectuer des tâches à domicile.
Afin de faciliter la reconversion des salariés, les autorités allemandes ont décidé d’agir sur la formation. En effet, d’ici 2020, 80 % des emplois exigeront des connaissances numériques. Pour accompagner la digitalisation de l’économie. Le Gouvernement allemand a lancé la création d’une agence de formation dédiée au numérique avec l’appui du patronat et des syndicats. « Mon objectif est de faire en sorte que l’agence s’occupe des travailleurs avant qu’ils soient au chômage », a indiqué Andrea Nahles, la Ministre du Travail de l’Allemagne.
Demain, quand l’industrie automobile aura disparu
Le salon de l’électronique à Las Vegas remplacera-t-il bientôt celui de Detroit pour l’automobile ? En ce début d’année 2016, les grandes annonces en ce qui concerne l’avenir de l’industrie automobile se sont faites, en effet, dans la capitale du jeu et non dans le Michigan. Ce qui compte désormais dans un véhicule, c’est moins le nombre de chevaux que les puces embarquées et la connectivité.
Les grandes firmes de l’automobile qui se partagent le marché depuis des décennies voient arriver des nouveaux venus qui cassent les codes et les modèles. Google, Apple, Uber, Testla, Faraday Future, Proterra, Mobieye, Nvidia, Qualcomm sont peut-être les nouveaux géants de cette industrie qui sera de moins en moins industrielle et de plus en plus tertiaire…
Les dirigeants des compagnies traditionnelles tentent d’échapper au sort peu enviable de Kodak qui a loupé le coche de la photo numérique. Afin d’essayer de résister à la déferlante des start-up, ils privilégient les alliances au risque de devenir des sous-traitants. Ford a ainsi conclu un accord avec Apple et Google afin d’améliorer le système multimédia des voitures. En revanche, Alphabet, la maison mère de Google tarde à choisir les entreprises qui construiront les futures voitures sans pilote. En effet, elle ne souhaite pas, pour le moment, partager les milliards de données collectées par les 53 prototypes. Le jeu est complexe car les défis sont plurielles : nouvelles sources d’énergie, voiture sans ou avec pilote, location ou achat…
Ce qui est certain, c’est que la voiture a intégré l’univers des objets connectés. C’était déjà le cas avec le GPS mais cela est de plus en plus le cas avec les plateformes Android Auto et CarPlay d’Appel/ Le chiffre d’affaire de la voiture connectée atteint déjà plus de 40 milliards de dollars et devrait dépasser 122 milliards de dollars en 2021.
De la voiture partage à la voiture autonome
Qu’elle soit partagée ou autonome, la voiture des temps nouveaux sera avant tout un ordinateur sur roues. Déjà, aujourd’hui, les véhicules électriques de la firme Tesla se démarquent de leurs concurrentes par la gestion logicielle. Le système AutoLib de Bolloré repose évidemment sur une plateforme d’analyse de données. Ce qui compte c’est la gestion du parc de véhicules, leur localisation et leur entretien. Des mises à jour périodiques sont téléchargées la nuit permettant d’actualiser le système et de corriger des bugs des nouveaux véhicules. La logique informatique s’impose de plus en plus à l’industrie automobile. Auparavant, le cycle d’une voiture s’étalait deux décennies voire plus. La phase de conception pouvait durer sept ans quand la commercialisation pouvait atteindre 10 ans. Dans le monde connecté, les évolutions se font tous les six mois.
La fin de la propriété avec l’arrivée des voitures sans pilote ?
Plusieurs cabinets dont AlixPartners considèrent que le nombre d’usagers des services d’auto-partage devrait être multiplié par dix d’ici 2020. En Europe, 8 millions d’usagers sont attendus, utilisant une flotte de plus de plus de 130 000 véhicules.
La voiture autonome est incontournable. Les plus optimistes l’imaginent s’imposer sur nos routes à partir de 2020 ; les plus raisonnables considère que 2030 est plus probable.
Les tests grandeur nature réalisés par Google et par quelques autres compagnies d’automobile soulignent que le taux d’accidents est faible, très légèrement supérieur à la moyenne des véhicules avec conducteur. Les problèmes sont venus de la cohabitation des deux types de voitures. Les collisions ont été occasionnées par des freinages trop rapides des automobiles sans conducteur. L’autre problème qui est apparu est la difficulté pour les véhicules sans chauffeur de se mouvoir dans un trafic très dense compte tenu des normes de sécurité qui leur étaient imposées. Par exemple, un véhicule sans chauffeur sur la place de l’Arc de Triomphe, à l’heure de pointe, aura du mal à se mouvoir et aura tendance à se mettre en position de sécurité et de rester immobile. Ce n’est qu’en multipliant les données sur ce type de situation que ces petits problèmes pourront être résolu. L’autre solution serait de prévoir dans un premier temps des espaces de circulation réservés aux véhicules sans chauffeur.
Le partage et la mise à disposition de véhicules en location constitueront des solutions pour surmonter la question du prix. La nécessité d’être relié en permanence à une plateforme technique suppose que les automobilistes aient un abonnement.
Quand une mutation chasse l’autre
Quoi qu’il arrive, le secteur de l’automobile est amené à se transformer en grande vitesse ; cette mutation intervient après le choc subi avec la mondialisation et la crise de 2009.
Le secteur de l’industrie automobile compte, en France, plus de 1900 entreprises employant 226 000 salariés. Le chiffre d’affaires, en 2013, était de 102 milliards d’euros. 48 % de l’activité sont consacrés à la production, 44 % étant liés à la commercialisation. De 2000 à 2014, ce secteur d’activité a perdu 32 % de ses emplois (hors intérim). L’industrie automobile a reculé plus rapidement que l’ensemble du secteur manufacturier qui a perdu, de son côté, 26 % de ses effectifs.
La prochaine mutation est donc lancée. La voiture sera de moins en moins possédée surtout au sein des grandes métropoles. De plus en plus d’acteurs proposeront des voitures qu’ils mettront à disposition d’un public de plus en plus connecté.
Les loueurs traditionnels sont les premiers menacés !
En prenant le contrôle des Smartphones via les systèmes d’exploitation d’Apple ou de Google, il est possible de donner des clefs virtuelles aux utilisateurs, d’obtenir un paiement à distance et de surveiller la géolocalisation de la voiture. Il est de plus en plus facile et de moins en moins coûteux de mettre en place des parcs de voiture en location. Les loueurs traditionnels qui sont de plus en plus concurrencés par les plateformes participatives mettant en relation propriétaires et les personnes à la recherche d’un véhicule risquent de disparaître s’ils ne se réinventent pas. Disposer d’agences, gérer des stocks de véhicules, avoir du personnel constituent de lourds handicaps. Les personnes souhaitant louer une voiture supportent de plus en plus mal de se rendre à une agence où il faut patienter de longues minutes et signer d’innombrables papiers. L’avantage du loueur traditionnel est, certes, de fournir un service de qualité avec des véhicules neufs et nettoyés. Mais, ces avantages pourront vite disparaître.
Les réseaux de distribution sous pression
Avec l’amélioration de la fiabilité des véhicules, le nombre de garages a fortement diminué durant des 30 dernières années. Avec le développement de l’informatique embarquée, les indépendants ont de plus en plus de mal à survivre. Le passage à un système de flottes de véhicules ne pourra qu’accentuer la tendance.
L’industrie phare du 20ème siècle peut être ravalée au rang de sous-traitant !
Le combat est engagé entre les ingénieurs mécaniques et les ingénieurs informaticiens. L’important dans un proche avenir sera la logistique qui gérera les flux d’informations dont auront besoin les véhicules.
Les firmes automobiles de l’ancien siècle sont déjà mises à mal par la montée en puissance de la concurrence. Durant cinquante ans, le monde de l’automobile s’est caractérisé par une concentration croissante. Quelques grandes entreprises contrôlaient, sur chaque des continents, le marché. A partir des années 80/90, les firmes japonaises en envahissant les Etats-Unis et l’Europe ont changé la donne. Aujourd’hui, le marché accueille de nouveaux venus en provenance de Chine, de Corée du Sud, d’Inde… Pour résister et pour tirer profit de l’élargissement du marché, les firmes occidentales se sont implantées dans les pays émergents. Elles ont également multiplié les recours à la sous-traitance.
D’ici quelques années, le secteur de l’automobile pourrait être essentiellement un secteur de service. Déjà avec le leasing, ce processus est engagé non seulement pour les véhicules de société mais aussi pour les véhicules des particuliers. Demain, avec des véhicules automatiques, ce qui comptera ce sera la mise à disposition, la propriété s’effacera alors devant la location. La gestion de parcs de voitures primera sur la production. De même, l’entretien des véhicules ne relèvera plus des particuliers.
La possession de voitures particulières sera limitée aux zones rurales à faible densité sauf à imaginer une obligation de service public imposant aux loueurs de desservir ces territoires.
La mutation de l’industrie automobile supprimera-t-elle la conduite qui est un plaisir pour de nombreuses personnes, avec les voitures de sport et de luxe… ? La tendance est à la banalisation de la voiture avec des distanciations relatives des jeunes générations à son égard. Le code pourrait être amené à changer. Les nuisances (pollution et embouteillages) ainsi que les coûts générés par l’achat d’une voiture constituent des facteurs à prendre en compte même si les enquêtes qualitatives prouvent que l’automobile est toujours synonyme de liberté et que sa possession constitue encore un élément de différenciation sociale.
Us et coutumes sur les réseaux virtuels
Près d’un Français sur deux, en 2014, est inscrit sur un réseau social en ligne. En ce qui concerne les internautes, ce taux monte à 58 % soit 26 millions de personnes selon une récente étude du CREDOC.
Si dans un premier temps, les réseaux sociaux étaient surtout l’apanage des jeunes, les seniors ont rattrapé le retard. Par ailleurs, ce sont les Français à revenus modestes qui fréquentent le plus les réseaux sociaux
Les internautes considèrent que si les réseaux sociaux en ligne renouvellent les formes de sociabilité et favorisent des liens, ils sont par nature moins engageants que des liens traditionnels et ne comblent que très imparfaitement le sentiment de solitude.
Les seniors à l’attaque des réseaux sociaux
26 % des 60 / 69 ans sont membres d’au moins un réseau social en 2014 contre 11 % en 2011. Les seniors entretiennent leurs réseaux d’amis grâce à Internet. Ils accueillent moins que le reste de la population de personnes inconnues dans leurs amis en ligne.
Les contributeurs aux blogs, aux chats, aux forums, aux réseaux se retrouvent parmi les non-diplômées. Un moindre accès à d’autres formes de loisirs et de communication peut expliquer cette surreprésentation. Les titulaires de revenus plus aisés ont tendance à protéger plus fortement leur vie privée.
Disposant d’un tissu d’amis plus dense, les titulaires de revenus élevés ouvrent moins leurs portes de leurs amis virtuels à des inconnus. De même, la protection de leurs intérêts privés peut les porter à ne pas accepter des personnes ne figurant pas dans le réseau des amis réels.
Les catégories aisées utilisent davantage les réseaux sociaux pour obtenir de l’information et consolider leur réseau de relations professionnelles et amicales. Linkedin est avant tout utilisé à des fins professionnelles par les cadres moyens et supérieurs. Facebook qui commence à être abandonné par les plus jeunes sert avant tout à maintenir le contact avec la famille et les amis.