C’est déjà hier (27 février 2016)
France, Toujours entre deux eaux
D’un côté, la consommation maintient son rythme de progression en effaçant le recul du mois de novembre ; le PIB a été revu à la hausse et le chômage baisse ; de l’autre les ménages ainsi que les chefs d’entreprise ne voient pas l’avenir en rose et le chiffre d’affaires de l’industrie est à nouveau en baisse.
Légère révision à la hausse du taux de croissance du dernier trimestre 2015
Le produit intérieur brut (PIB) en volume a augmenté de 0,3 % contre 0,2 % en première estimation. En moyenne sur l’année 2015, la croissance élève toujours à 1,1 % après +0,2 % en 2014.
Consommation, l’effet des attentats du mois de novembre s’estompe
Après un mauvais mois de novembre, la consommation semble se ressaisir. En effet, au mois de janvier, les dépenses de consommation des ménages progressent de 0,6 % en volume, confirmant le résultat du mois de décembre où la hausse avait été de 1,0 %. La progression est imputable aux dépenses en énergie et à la consommation en biens d’équipement du logement. Le retour à des températures d’hiver normales a conduit les ménages à se chauffer davantage et donc à accroître leurs dépenses en la matière. En janvier, les dépenses en énergie progressent, en effet, de 3,4 % après deux mois consécutifs de forte baisse.
Les Français restent pour autant chafouins en ce début d’année
Selon l’INSEE, au mois de février 2016, la confiance des ménages diminue de 2 points et atteint 95. L’indicateur s’écarte un peu plus de sa moyenne de longue période (100). Les incertitudes économiques semblent peser sur la confiance des ménages qui doutent de la reprise.
En février, l’opinion des ménages sur leur situation financière personnelle passée est quasi stable : le solde d’opinion perd 1 point. Leur opinion concernant son évolution future fléchit légèrement. Ces deux soldes restent au-dessous de leur moyenne de longue période. L’effet pétrole est de moins en moins perçu par les ménages qui ne considèrent pas que leur pouvoir d’achat s’accroisse.
Les ménages sont nettement moins nombreux qu’en janvier à considérer qu’il est opportun de faire des achats importants. Après un rebond de 8 points le mois précédent, le solde d’opinion recule de 6 points en février. Il reste néanmoins au-dessus de sa moyenne de longue période.
En février, l’opinion des ménages sur leur capacité d’épargne ne varie quasiment pas. Le solde d’opinion sur leur capacité d’épargne actuelle se maintient à son niveau moyen de long terme. Celui sur leur capacité d’épargne future est quasi stable (+1 point) et reste légèrement au-dessus de sa moyenne de longue période.
Les ménages sont de nouveau moins nombreux à considérer qu’il est opportun d’épargner : le solde baisse encore de 4 points en février et se trouve désormais à son niveau le plus bas depuis août 2015. Il continue ainsi de s’éloigner de sa moyenne de longue période. La baisse des taux semble impacter les épargnants tout comme la chute des cours des actions en ce début d’année.
Les chefs d’entreprise doutent sans tomber dans un pessimisme noir
Selon l’INSEE, au mois de février, le climat des affaires en France se contracte de deux points et retrouve son niveau de long terme (100). Le climat est stable dans l’industrie, perd un point dans le bâtiment et les services, et deux points dans le commerce de détail. En revanche, les chefs d’entreprise considèrent que l’économie devrait poursuivre son expansion dans les prochains mois. En effet, en dépit du repli du climat des affaires, l’indicateur de retournement pour l’ensemble de l’économie reste dans la zone indiquant une situation conjoncturelle favorable.
Le chiffre d’affaires de l’industrie mal orienté
Au mois de décembre, le chiffre d’affaires des entreprises de l’industrie manufacturière s’est contracté de 1,1 % après une hausse de 1,3 % en novembre. Il décroît également à l’exportation de 0,6 % après une progression de 1,4 %. De même, le chiffre d’affaires se contracte sur l’ensemble de l’industrie (–1,0 % après +1,1 %).
Au quatrième trimestre 2015, le chiffre d’affaires recule de 0,4 % par rapport au troisième trimestre, dans l’industrie manufacturière comme dans l’ensemble de l’industrie.
Dans l’industrie manufacturière, le chiffre d’affaires progresse légèrement sur un an (+0,2 %). Il augmente de façon un peu plus marquée pour l’ensemble de l’industrie (+0,6 %).
La baisse non conclusive du chômage
Le nombre de demandeurs d’emploi (catégorie A) a baissé de 27 900 au mois de décembre. Il s’élève désormais à 3 552 600. Sur trois mois, la baisse est de 0,8 % mais sur un an, elle cède la place à une hausse de 1,8 %.
Le résultat du mois de janvier est imputable à une forte progression des radiations. Cela peut être imputable à des clarifications de situation menées tant par Pôle Emploi que par des demandeurs d’emploi ayant retrouvé une activité. Il peut également s’agir de personnes qui ont renoncé à effectuer des démarches pour se maintenir à Pôle Emploi. Le Ministère de l’Emploi a souligné qu’il n’était pas en l’état capable de donner des explications sur cette progression des radiations.
Le nombre de demandeurs toutes catégories confondues en s’élevant à 5 459 700 est en recul de 0,3 %. Il progresse en revanche de 0,4 % sur trois mois et de 4,2 % sur un an.
Le nombre de chômeurs parmi les jeunes de moins de 25 ans a enregistré un recul de 1,5 %. En revanche, les plus de 50 ans n’enregistrent pas de réelles améliorations. En un an, le nombre de demandeurs d’emploi de plus de 50 ans a progressé de 7,8 % (0,8 % sur trois mois et stabilité en janvier).
Plus noire, la durée moyenne du chômage continue de progresser. En janvier, elle était de 306 jours, en hausse de 2 jours par rapport à décembre et de 18 jours en un an.
Compte tenu du recul du niveau de confiance des consommateurs et des entreprises au mois de février, il n’est pas attendu une réelle accélération de croissance dans les prochaines semaines. Le chômage se situe sur une ligne de crête sans pour autant s’engager sur un véritable processus de baisse. Les sureffectifs sont encore nombreux dans plusieurs secteurs d’activité et l’absence de reprise franche n’incite pas les dirigeants d’entreprise à embaucher en CDI.
Les Etats-Unis n’en finissent pas de surprendre
Révision à la hausse de la croissance
Le consensus tablait sur une révision à la baisse du taux de croissance américain pour le dernier trimestre 2015. Or, c’est l’inverse qui s’est produit. La croissance a été de 1 % et non de 0,7 % comme cela avait été mentionné en première estimation. Pour l’ensemble de l’année 2015, l’expansion demeure à 2,4 % comme en 2014.
Les dépenses d’investissements des entreprises, notamment dans les équipements, ont moins reculé que précédemment estimé. Elles se sont contractées de 0,7 % au lieu d’une baisse de 2,5 % annoncée initialement. Les importations ont ralenti de 0,6 %, pesant moins sur la croissance quand elles étaient, en première estimation, prévues en hausse de 1,1 %. Les stocks ont moins pesé sur l’économie.
En revanche, les dépenses de consommation qui représentent les deux tiers du PIB, n’ont augmenté que de 2 % au lieu de 2,2 %, selon la 1ère estimation. La progression était de 3 % au 3ème trimestre.
Les exportations se sont plus fortement contractées avec un recul de 2,7 % au 4ème trimestre au lieu d’une baisse de 2,5 % pour la 1ère estimation. L’impact de l’appréciation du dollar est réel.
Les dépenses publiques enfin ont été bien moins fortes que prévu avec un recul de 0,1 % au lieu d’une progression de 0,7 % pour la 1ère estimation et de 1,8 % au 3ème trimestre. Les investissements des États et des collectivités locales ont diminué de 1,4 %.
Confiance des consommateurs en baisse mais pas complètement entamée
La confiance des consommateurs américains en février, mesurée par l’Université du Michigan baisse plus faiblement qu’escomptée. L’indice s’établit à 91,7 contre 92 en janvier mais il était attendu à 91. De même, les dépenses de consommation des ménages ont progressé de 0,5 % dépassant également les prévisions.
Après quelques semaines de pessimisme, les économistes américains parient sur un rebond de la croissance au premier trimestre 2016, autour de 2,5 %. Pour l’ensemble de l’année, le taux de croissance pourrait être une nouvelle fois de 2,4 %.