27 janvier 2018

C’est déjà hier (27 janvier 2018)

Croissance 2017, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, déception sans drame

Royaume-Uni, un lent atterrissage

Si en Europe, le temps est à l’accélération de la croissance (cf. article sur les prévisions du FMI ci-dessous), au Royaume, celle-ci décélère. Selon l’estimation préliminaire de l’Office National de Statistiques (ONS), en 2017, le PIB a augmenté de 1,8 % contre 1,9 % en 2016. Pour le seul quatrième trimestre, sa progression est de 0,5 %. Pour le dernier trimestre, l’activité a été soutenue par les secteurs des services et de l’industrie, compensant une nouvelle chute dans la construction.

Etats-Unis, pas si mal mais pourrait mieux faire

Aux Etats-Unis, la croissance du 4e trimestre a déçu. Elle aurait atteint 2,6 % quand elle était attendue à +2,9 %. Elle est en recul par rapport au 3e trimestre qui s’était soldé par un gain de 3,2 %.

Les dépenses réelles de consommation sont ressorties en croissance de 3,8 %, soit un taux plus élevé qu’escompté. La hausse du dernier trimestre est la plus forte de ces trois dernières années. Au 3e trimestre, ces dépenses avaient progressé de 2,2 %. Sur l’ensemble de l’année 2017, la croissance américaine a été estimée à 2,3 %, ce qui représente tout de même une nette accélération par rapport à l’expansion timide d’1,5 % observée en 2016. Il convient, en outre, d’être assez prudent car les premières évaluations donnent lieu au fil des semaines à des ajustements assez importants.

La croissance du dernier trimestre provient tout à la fois de la consommation qui représente deux tiers du PIB et de l’investissement. L’augmentation de la première a été de 3,8 % correspond à la plus forte accélération enregistrée lors de ces trois dernières années. Les ménages américains ont puisé dans leur épargne pour accroître leurs dépenses. L’épargne des ménages est tombée à 384,4 milliards de dollars au quatrième trimestre, contre 478,3 milliards sur les trois mois précédents. Le taux d’épargne s’est ainsi replié à 2,6 % contre 3,3 % précédemment.

L’investissement a quant à lui progressé de 11,4 %. Cette hausse est en partie la conséquence des annonces fiscales du Président américain. L’industrie pétrolière, un acteur important en matière d’investissement, renoue avec l’investissement du fait de la progression des cours du pétrole et de la politique de dérégulation de Donald Trump.

La croissance au quatrième trimestre a pâti de la contribution négative du commerce extérieur. Dans un contexte d’accélération, les importations américaines ont progressé en rythme annualisé de 13,9 %, ce qui est le plus taux enregistré depuis 7 ans. Les exportations ont augmenté moins vite ; les échanges extérieurs ont ainsi amputé la croissance de 1,13 point de pourcentage. L’autre explication du résultat moyen du dernier trimestre provient de la diminution des stocks qui a pesé sur la production.

Au cours du 4e trimestre, l’indice des prix des dépenses de consommation personnelles a progressé de 1,9 % contre 1,3 % durant la période précédente, ce qui est de bon augure pour l’inflation à venir qui devrait se rapprocher de la cible des 2 %.

Pour 2018, la croissance est attendue en forte hausse autour de 3 % aidée en cela par la réforme fiscale et la bonne tenue de l’économie mondiale. La baisse du dollar pourrait, par ailleurs, favoriser l’atteinte de ce taux surtout si le cours du baril restait durablement au-dessus de 70 dollars.

2017, une année paradoxale pour le chômage en France 

Fin décembre 2017, en France métropolitaine, 3 451 400 sont sans emploi (catégorie A) et 2 160 900 exercent une activité réduite (catégories B, C), soit au total 5 612 300 personnes. Au cours du mois de décembre, le nombre de demandeurs d’emploi a diminué de 0,1 % (-2 700). Sur trois mois de 0,7 % (–24 200). Sur un an, le nombre d’inscrits en catégorie A à Pôle emploi a baissé de 0,5 %

En France (y compris Drom), le nombre de demandeurs d’emploi s’élève à 3 709 500 pour la catégorie A. Sur trois mois, il diminue de 0,7 % (–0,1 % sur un mois et –0,3 % sur un an). Pour les catégories A, B, C, ce nombre s’établit à 5 920 600. Sur trois mois, il est stable (stable sur un mois et +2,7 % sur un an).

Le nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans a baissé sur un an de 3,5 % quand celui des plus de 50 ans est en hausse de 1,6 %. La situation est relativement étale pour les 25 /50 ans avec une baisse de 0,6 %. Le nombre de demandeurs d’emploi féminins a progressé de 1,8 % quand celui des hommes est en baisse de 2,6 %.

L’ancienneté moyenne au chômage (A, B, C) continue de progresser et s’élève désormais à 595 jours (+15 jours par rapport à décembre 2016). 45,1 % des chômeurs le sont depuis plus d’un an à fin 2017 contre 44,1 % fin 2016. Les seniors sont les plus concernés par cette augmentation de la durée de chômage, avec à la clef, un risque élevé de désocialisation. Les personnes sorties en décembre 2017 du chômage y ont passé, en France métropolitaine, 314 jours contre 296 jours en décembre 2016.

Les résultats de l’emploi en 2017 apparaissent décevants compte tenu du taux de croissance (près de 2 %) et du nombre de créations d’emploi évalué à 200 000. Ce paradoxe est imputable à la fin du programme de formation des chômeurs, de la réduction du nombre de contrats aidés et du taux de flexion en raison de l’amélioration de la conjoncture des personnes qui sont revenues sur le marché du travail. Le plan de 500.000 formations supplémentaires pour les chômeurs, lancé par François Hollande est arrivé à son terme au milieu de l’année 2017. Après avoir atteint un maximum de plus de 450 000, le nombre des contrats aidés est en diminution, 320 000 en 2017 et 200 000 en 2018.

La vigueur des créations d’emploi avec, en outre, une progression des contrats à durée indéterminée, constitue un gage d’amélioration de la situation dans les prochains mois. Ainsi, au quatrième trimestre 2017, 56 % des embauches dans le BTP ont été en CDI, un plus haut depuis 2006.  Pour l’industrie, ce taux est de 38 % selon COE-Rexecode. Le nombre de déclarations d’embauche (hors intérim) a augmenté de 3,4 % au quatrième trimestre 2017, selon l’Acoss, soit la hausse la plus importante depuis l’an 2000. Cette évolution provient de la forte augmentation des embauches en CDI (+ 6,4 %) et de la hausse plus mesurée des CDD de plus d’un mois (+ 0,8 %). Les déclarations d’embauche en CDD de moins d’un mois ont quant à elles augmenté de 1,8 % les trois derniers mois de 2017. Sur un an, les déclarations d’embauche de plus d’un mois ont progressé de 7,3 %, (+14,5 % pour les CDI et +1,4 % pour les CDD).

Décrue de la dette publique en Europe mais pas encore en France

À la fin du troisième trimestre 2017, selon l’institut statistique européen, Eurostat, le ratio de la dette publique par rapport au PIB s’est établi à 88,1 % dans la zone euro contre 89,7 % un an auparavant.  Pour l’ensemble de l’Union européenne, le poids de la dette publique est passé, sur la même période, de 82,9 % à 82,5 %.

Les ratios les plus élevés de la dette publique par rapport au PIB à la fin du troisième trimestre 2017 ont été enregistrés en Grèce (177,4 %), en Italie (134,1 %) ainsi qu’au Portugal (130,8 %). La France avec un ratio de 98,4 % figure au-dessus de la moyenne de la zone euro. Par ailleurs, notre pays compte parmi les trois dont la dette a progressé sur un an passant de 97,4 à 98,4 % du PIB en un an. Les deux autres pays ayant connu une augmentation du poids de leur dette publique sont l’Italie (+2,0 points) et le Luxembourg (+1,7 point). Les baisses les plus marquées ont été observées à Chypre (-7,4 points), aux Pays-Bas (-4,5 points), à Malte (-4,4 points) et en Allemagne (-4,1 points). Les plus faibles dettes publiques ont été constatées en Estonie (8,9 %), au Luxembourg (23,4 %) et en Bulgarie (25,6 %).

Cette baisse des dettes publiques est la conséquence du retour à l’équilibre des comptes publics au sein de l’Union européenne facilité par le retour de la croissance et des politiques d’assainissement mises en œuvre depuis plusieurs années. Ainsi, selon Eurostat, au troisième trimestre 2017, le ratio du déficit public par rapport au PIB, corrigé des variations saisonnières, s’est établi à 0,3 % dans la zone euro, en forte baisse par rapport au deuxième trimestre 2017 où il se situait à 1,0 %. Il s’élevait à 1,6 % il y a un an. La France demeure toujours en retrait en matière d’assainissement de ses comptes publics. Néanmoins, en un an, son déficit public est passé de 3,7 à 2,8 % du PIB. En moyenne, au sein de l’Union, le ratio du déficit public par rapport au PIB s’est établi à 0,6 %, contre 1,2 % au trimestre précédent et 1,7 % il y a un an.

Au sein de l’Union, neuf pays dégagent des excédents budgétaires. Ils s’élevaient à la fin du 3e trimestre 2017 à 4,2 % du PIB en Bulgarie ainsi qu’à Malte, à 2,5 % du PIB en Allemagne et à 2,4 % du PIB au Luxembourg.