11 août 2018

Le Coin de la conjoncture du 12 août 2018

Accélération insuffisante de la croissance au 2e semestre

La Banque de France a présenté son estimation de croissance pour le 3e trimestre qui pourrait atteindre 0,4 %, soit le double de celui enregistré au cours des deux premiers trimestres, mais insuffisant pour respecter l’objectif du gouvernement pour l’année 2018. En effet, le taux de croissance en 2018 ne devrait pas dépasser 1,6 % quand le Gouvernement espère 1,8 %. Malgré tout, la Banque de France a maintenu sa prévision annuelle à 1,8 %. En revanche, l’INSEE a revu la sienne à la baisse à 1,7 %.

L’activité économique a été pénalisée en début d’année par une consommation en baisse en raison des mesures fiscales, comme la hausse de la CSG et des taxes sur les carburants ainsi que sur les tabacs.  Pour obtenir le taux prévu par le Gouvernement, « il faudrait 1,3 % au quatrième trimestre, soit un taux que l’on ne connaît pas depuis des décennies » a expliqué Philippe Waechter, économiste chez Ostrum AM.

Le ralentissement économique rend plus difficile la réduction du déficit public à 2,3 % du PIB pour 2018. Le Ministre en charge des comptes publics, Gérald Darmanin, a néanmoins confirmé, il y a une semaine, cet objectif, jugé optimiste par la Banque de France, qui anticipe de son côté un déficit à 2,5 %. En l’état actuel, une réduction des dépenses de 1 à 3 milliards d’euros serait nécessaire pour éviter un dérapage du solde budgétaire. Au mois de septembre, dans le cadre des échanges avec la Commission de Bruxelles, le Gouvernement pourrait être amené à présenter plusieurs mesures pour respecter son engagement de déficit public, présentation qui prendrait acte du ralentissement de la croissance. Néanmoins, le Gouvernement espère un réel rebond de l’activité au cours du second semestre. En effet, 80 % des ménages bénéficieront à l’automne de la première diminution de la taxe d’habitation. Par ailleurs, le 1er octobre, les salariés bénéficieront de la deuxième phase de la suppression des cotisations salariales.

La poursuite de la hausse du prix du pétrole handicaperait l’économie française en pesant sur le niveau de vie des ménages et les marges des entreprises. La France continue de perdre des parts de marché à l’exportation toujours en raison de son mauvais positionnement économique et de coûts de production élevés. La poursuite du tassement des créations d’emploi serait également néfaste pour la croissance. Elle aurait une incidence négative sur la consommation qui est à la peine depuis le début de l’année.

La réorientation de l’économie française nécessite du temps. Elle est complexe car elle suppose une augmentation du niveau de qualification des actifs, la croissance de l’investissement dans des secteurs de pointe et une maîtrise des coûts. Dans les prochaines semaines, le Gouvernement devrait présenter son plan pour les dépenses publiques pour lesquelles la France détient le record au sein de l’OCDE.

 

Corse, résidences secondaires et résidences principales sont-elles antinomiques ?

La Corse est la région qui a enregistré un des plus forts taux de croissance tant économique que démographique au cours de ces dix dernières années. La progression de la population n’est portée que par le solde migratoire. La Corse s’urbanise, les habitants se concentrant sur les deux agglomérations d’Ajaccio et de Bastia. Les périphéries de ces deux villes enregistrent depuis 2010 une augmentation de leur population de plus de 2 %. À l’inverse, les communes du rural de moins de 250 habitants continuent à voir leur population s’étioler au fur et à mesure des années. Elles enregistrent une baisse annuelle moyenne de 0,3 %. Cette concentration des habitants est liée à celle de l’activité qui se tertiarise de plus en plus. Elle génère des problèmes de transports et d’hébergement.

Les nationalistes et indépendantistes qui ont gagné les élections pour la Collectivité de Corse (qui remplace la Collectivité territoriale et les deux conseils départementaux depuis le 1er janvier 2018) ont fait campagne notamment sur la nécessité d’instituer un statut de résident afin de permettre aux Corses d’accéder au logement, de freiner la multiplication des résidences secondaires et de ralentir le flux migratoire. Par ailleurs, ils insistent sur l’ardente obligation de développer une activité économique au sein des villages tant au nom du maintien de l’identité corse que pour éviter une désertification. Les nationalistes considèrent que la forte croissance du parc de résidences secondaires constitue une menace pour l’équilibre tant sociologique qu’économique du territoire. Une étude de l’INSEE sur le logement donne tout à la fois tort et raison à la majorité en place dans l’Île de Beauté.

Au 1er janvier 2015, la Corse comptait 242 100 logements. Depuis 2010, cet effectif  s’est accru de 2,2 % en moyenne par an (+ 5 020 par an). La région arrive en tête en France métropolitaine pour le taux de croissance du parc de logements devant l’Occitanie et les Pays de la Loire. Depuis un quart de siècle, une accélération de la croissance est constatée. Le taux de progression est ainsi passé de 1,2 % entre 1990 et 1999 à 2,2 % depuis 2010. Cette augmentation concerne tant les résidences principales (+ 11 870 entre 2010 et 2015) que les résidences secondaires (+ 13 630 sur la même période). En revanche, le nombre de logements vacants baisse (- 400).

La construction de logements destinés à la résidence principale demeure forte

En relation avec la progression de la population et les décohabitations provoquées par l’augmentation du nombre de divorces, le parc de résidences principales insulaire connaît une vive croissance. De 2010 à 2015, il s’est accru de 1,7 % en moyenne par an, soir près deux fois plus vite que pour l’ensemble de la France métropolitaine (+0,9 %). Deux tiers de cette hausse est imputable au dynamisme démographique (augmentation de la population de 1,1 % en moyenne chaque année contre +0,5 % en moyenne en France). Parallèlement, comme en métropole, la taille des ménages continue de diminuer. Dans la région, elle passe de 2,3 à 2,2 personnes par ménage.

Le parc de résidences principales se développe dans la majorité des communes mais des baisses sont enregistrées au sein des communes éloignées du littoral.  A Ajaccio et à Bastia, cette croissance est plus marquée en périphérie. En effet, elle s’établit, en moyenne annuelle, à 2,1 % et 2,3 % pour les couronnes d’Ajaccio et de Bastia contre 1,0 % et 1,5 % pour leurs pôles urbains respectifs.

La Corse bénéficie d’un fort pouvoir d’attractivité touristique conduisant à une progression du parc de résidences secondaires. Elle s’explique tant par l’acquisition de résidences par des continentaux que par le développement de logements détenus par des résidents corses en vue de leur location à titre saisonnier. Une part croissante des Corses possède une habitation au sein d’une des deux grandes agglomérations tout en conservant au village la maison familiale. Cette situation contribue à augmenter le nombre de résidences secondaires. Entre 2010 et 2015, il croît à un rythme annuel moyen de 3,3 %, soit trois fois plus rapidement que pendant la période 1990-1999. Il est deux fois plus élevé que le taux de croissance des résidences principales. La contribution des résidences secondaires à l’augmentation du parc de logements est plus importante que partout ailleurs en métropole : 54,3 % contre 11,2 % en moyenne métropolitaine. Avec 90 160 logements, la part des résidences secondaires est la plus élevée des régions métropolitaines (soit 37,2 % contre 9,6 % au niveau national). Elle dépasse largement celle de Provence-Alpes-Côte d’Azur et d’Occitanie (17,7 % et 15,7 %).

La répartition des résidences secondaires reflète tout à la fois le rôle de la location saisonnière et le facteur familial

Si sur le continent, le nombre de logements vacants augmente du fait de la diminution du retrait de logements du parc locatif privé et de la désertification rurale, il en est tout autrement en Corse. La pression démographique et la rentabilité de la location saisonnière ont pour conséquences une diminution de 1 % par an des logements vacants depuis 2015.

En 2015, 8 110 logements sont vacants en Corse. La région est la seule en métropole pour laquelle les logements vacants diminuent. Avec 3,3 % du parc de logements, leur part est faible au regard de la moyenne métropolitaine (7,9 %). Cependant, elle varie selon les territoires. Si celle-ci est encore plus faible dans les aires urbaines de Porto-Vecchio (1,2 %) et de Ghisonaccia (1,3 %), elle est plus importante dans celles de Calvi (5,3 %), de Corte (4,7 %) et de Bastia (4,4 %).

Le collectif prend le dessus

Compte tenu de la raréfaction du foncier à bâtir et des règles d’urbanisme en vigueur, l’accroissement du parc de logement passe de plus en plus par la construction d’appartements et de moins en moins par la maison individuelle. Depuis 2010, la proportion des appartements dans le parc de logements augmente. En 2015, elle est de 48,3 %, supérieure de 5 points à la moyenne métropolitaine. Ainsi, la région compte presque autant de maisons que d’appartements.

Le parc de résidences principales se distingue de celui des résidences secondaires : le premier est majoritairement composé d’appartements tandis que le second comprend davantage de maisons.

La Corse se caractérise par le plus faible parc de logements sociaux de France, 8,6 % des résidences principales contre une moyenne de 16,3 % pour la France métropolitaine. Néanmoins, ce parc a augmenté de 1 180 logements entre 2010 et 2015, soit 10,6 % de plus (+ 6,3 % en métropole).

La croissance démographique est, en grande partie, à l’origine des problèmes de logements que rencontrent la population à se loger. Les locations saisonnières contribuent à l’augmentation du prix des loyers. Les propriétaires ne sont pas, en effet, incités à louer à l’année quand, en quelques semaines, ils peuvent obtenir le même chiffre d’affaires. Un meilleur équilibre fiscal entre les différents types de location est sans nul doute à rechercher. Par ailleurs, le développement des résidences secondaires et de la location saisonnière devrait s’atténuer du fait des règles d’urbanisme et des contraintes liées aux transports.

 

Les États-Unis sont-ils sur le déclin ?

Les États-Unis dominent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La chute de l’URSS en 1991 leur a assuré une hégémonie sans précédent tant sur le plan économique que financier, culturel et militaire. Depuis le début du XXIe siècle, la montée en puissance des pays émergents, en premier lieu la Chine, change progressivement la donne. Ce rééquilibrage est accéléré par un déclin de la société américaine qui se matérialise à plusieurs niveaux.

Pendant plus d’un siècle, les États-Unis ont été la référence en ce qui concerne la productivité. Soutenues par le dollar, première devise mondiale, les entreprises américaines ont imposé leurs standards de fabrication à l’ensemble de la planète. Elles ont valorisé aux mieux les fruits de la recherche grâce à leur surface financière, à leur vaste marché intérieur et à un environnement sociologique porteur. Cet avantage comparatif de premier ordre semble disparaître. La productivité par tête est passée de plus de 2 % par an (en moyenne quinquennale) à 0,5 % de 1998 à 2018. La productivité globale des facteurs tend à stagner quand elle augmentait de plus de 2 % dans les années 80 et 90.

Ce déclin de la productivité trouve ses origines dans de multiples facteurs. Le premier est la mauvaise qualité du système éducatif. Les États-Unis sont en recul constant depuis l’an 2000. Un seul pays avancé recule encore plus vite que les États-Unis, la France.

Jusqu’à maintenant les États-Unis palliaient le faible niveau de leur système éducatif, en attirant des étudiants et des travailleurs immigrés de haut niveau. Or, les freins à l’immigration mis en œuvre par l’administration par plusieurs années  pèsent de manière négative sur le niveau d’éducation de l’ensemble de la population active américaine. Le flux d’immigration nette qui représentait annuellement en moyenne 0,6 % de la population dans les années 90 a baissé à 0,4 % en 2017.

L’effort de recherche des États-Unis n’a pas retrouvé son niveau d’avant crise de 2008. Il stagne depuis 2012. Les dépenses de recherche et développement ne s’élèvent qu’à 2,75 % du PIB en 2017 contre 2,8 % en 2008. Pour la R&D privée, les dépenses représentent 2 % du PIB. Cet effort apparaît insuffisant pour contrer le défi technologique qu’imposent les pays émergents. Par ailleurs, compte tenu de leur rendement décroissant, une stagnation des dépenses de recherche signifie, dans les faits, une baisse. Ce repli technologique est d’autant plus manifeste que l’industrie des Nouvelles Technologies est devenue mature aux États-Unis. L’emploi en son sein tend à diminuer ; les gains de productivité dans les Nouvelles Technologies sont nettement plus faibles que dans le passé (5 % par an actuellement quand ils dépassaient 20 % à la fin des années 90).

Les États-Unis comme les autres économies avancées enregistrent une augmentation du poids des services domestiques peu sophistiqués à faible productivité. Ces services représentent 33 % de l’emploi américain contre moins de 30 % dans les années 80. Dans ce secteur, les gains de productivité sont étales depuis le début du siècle.

La dégradation structurelle de la compétitivité américaine explique également la croissance du déficit commercial qui est de nature structurelle. La mise en place de droits de douane majorés ne modifiera guère la situation. En effet, le consommateur américain n’a pas possibilité de substituer des produits américains aux produits importés taxés.

 

Des interdépendances aux dépendances, le monde en proie aux doutes

En trente ans, les interdépendances économiques se sont fortement accrues. Autrefois les dépendances se limitaient à quelques produits comme les matières premières ou étaient d’ordre régional comme en Europe du fait de l’exiguïté des marchés nationaux. Depuis l’émergence des pays de l’Asie du Sud Est et la chute de l’URSS, l’avènement du digital et la financiarisation de l’économie, les interdépendances concernent tous les pays et tous les secteurs.

Les six interdépendances de l’économie mondiale

L’interdépendance des matières premières et de l’énergie

Les relations entre pays consommateurs et producteurs d’énergie et de matières premières sont devenues complexes. Les premiers ont logiquement besoin de prix bas pour obtenir un niveau de croissance correct. La reprise constatée à partir de 2016 doit beaucoup à la baisse des cours du pétrole. Mais une trop forte contraction des prix provoque des difficultés économiques, financières et sociales au sein des pays producteurs. Ces derniers sont devenus d’importants marchés de consommation. Ils sont des importateurs de produits de luxe et d’équipement fabriqués par les entreprises des pays de l’OCDE. Par ailleurs, les institutions financières occidentales sont fortement impliquées dans les pays producteurs et dans le secteur énergétique.

  • L’interdépendance financière

L’interdépendance financière se traduit par l’augmentation des tailles des actifs et dettes extérieurs bruts (de la détention croisée d’actifs et de dettes entre les pays). Le poids des actifs et des dettes extérieurs a été multiplié par plus de trois au sein des grands pays avancés. Ils sont ainsi passés en ce qui concerne les actifs extérieurs bruts de 50 à 150 % du PIB aux États-Unis de 1990 à 2018. Au Royaume-Uni, ils sont passés de 180 à 500 % du PIB, en France de 50 à 280 % et en Allemagne de 80 à 240 %

Si l’internationalisation des capitaux s’est ralentie depuis la crise de 2008, les pays émergents demeurent, en la matière, très actifs. Les entreprises chinoises multiplient les acquisitions afin de diversifier leurs actifs et de garantir tant leurs sources d’approvisionnement que d’assurer leurs marchés.

  • L’interdépendance de production

L’interdépendance entre les systèmes productifs des pays provient de la segmentation des chaînes de valeur. Avec l’ouverture à l’économie de marché des pays d’Asie et d’Europe de l’Est, avec la révolution des transports maritimes qu’ont rendu possible les porte-conteneurs, les processus de production sont éclatés entre les différents pays. Les entreprises recourent à de multiples sous-traitants situés dans un grand nombre de pays.  Cette segmentation de la production se mesure à la hausse de la taille du commerce mondial qui a été multiplié par plus de 4 entre 1990 et 2018. Il a progressé 50 % plus rapidement que le PIB mondial sur cette même période.

Certains pays ont misé sur cette interdépendance pour asseoir leur croissance. Les exportations de l’Allemagne, de la Corée du Sud, de Taïwan et des Pays-Bas représentent plus de 50 % de leur PIB.

  • L’interdépendance du travail

Les flux migratoires jouent un rôle de plus en plus important au sein des économies. Le Royaume-Uni, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Suisse, la Belgique, les pays du Golfe sont dépendants des travailleurs immigrés. Du fait de pyramides des âges déséquilibrés, les départs de jeunes actifs des pays en voie de développement ont certes un coût mais permettent de réduire les tensions sociales.

Une remise en cause de ces interdépendances pourrait provoquer une rupture économique de grande ampleur.

  • L’interdépendance technologique

Le réseau Internet génère une dépendance entre les différents pays. Les États-Unis en étant le gardien du temple digital disposent de moyens de pression sur l’ensemble de la communauté internationale. La Chine, la Russie et dans une moindre mesure l’Europe tentent de desserrer l’étreinte américaine. Le système de géo-positionnement Galileo mis en œuvre par les Européens est censé ainsi leur permettre de se soustraire à leur dépendance au GPS américain.

En matière de recherche et d’innovations, les équipes sont de plus en plus internationales, générant des dépendances croisées. Par ailleurs, le Japon, la Corée du Sud et les États-Unis ont dans certains domaines comme les microprocesseurs un avantage comparatif certain.

  • L’interdépendance culturelle

L’american way of life s’est imposé à une grande partie de la population mondiale que ce soit à travers les modes vestimentaires, le cinéma ou la musique. Depuis une vingtaine d’années, la mode est au multiculturalisme qui peut être perçu tant comme le moyen pour la culture occidentale de maintenir sa domination que la preuve de son déclin. L’interdépendance culturelle donne lieu à de nombreuses résistances en particulier dans les pays musulmans. Mais ils sont loin d’avoir le monopole de ce débat. En Europe, des tensions existent. La Chine en bloquant l’accès à de nombreux sites occidentales essaie également de se prémunir pour des raisons culturelles et politiques de l’influence américaine. Ce pays ainsi que l’Inde ont développé un important secteur cinématographique pour contrer l’industrie hollywoodienne.

Les dangers de l’isolationnisme financier

En cas de remise en cause de l’interdépendance financière, la mobilité des capitaux s’interrompt si les pays prêteurs ne voulaient plus détenir la dette des pays emprunteurs, il y aurait des ventes massives des actifs étrangers détenus. A défaut de pouvoir s’endetter, les pays emprunteurs devraient réduire leur demande intérieure , ce qui serait source de récession. Elle se répercuterait sur les pays prêteurs qui sont en règle générale ceux dont la croissance dépend de leurs exportations (Allemagne, Pays-Bas, Chine). La zone euro a expérimenté les conséquences de cette défiance. En effet, après la crise grecque, les pays du Nord ont réduit leurs flux de capitaux au profit des pays périphériques. Ces derniers ont été contraints de faire disparaître leur déficit extérieur au prix d’une forte baisse de leur croissance.

La malédiction du retour du protectionnisme commercial

Si le protectionnisme est mis en place, il désorganisera les chaînes de valeurs et la répartition de la production entre les pays. La taxation de l’acier importé aux États-Unis (en 2002, en 2018) rend plus difficile la production des entreprises utilisatrices d’acier aux États-Unis. Elle provoque une hausse des prix de l’acier aux États-Unis et une perte d’efficacité des entreprises qui utilisent cet acier.

Le tarissement des flux migratoires

Avec le Brexit, le Royaume-Uni pourrait expérimenter les conséquences du tarissement des flux de main d’œuvre. Certains secteurs d’activité, bâtiment, restauration, santé pourraient souffrir rapidement d’un manque de main d’œuvre. Avec le vieillissement de la population, les pays avancés, en premier lieu ceux de l’Europe, devraient faire face à des goulots d’étranglement en matière de recrutement. La stagnation voire le recul de la population active est, surtout, en période de faibles gains de productivité synonyme de décroissance.

Au sein de nombreux États, les Gouvernements mettent l’accent sur le raccourcissement des chaines de valeurs, sur la nécessité de produire local au nom de la défense de l’emploi et de l’environnement. La conséquence est un renchérissement des coûts de production et donc une diminution du pouvoir d’achat des ménages. Ce changement d’orientation mettrait un terme à la spécialisation des économies au nom des avantages comparatifs. Les pays exportateurs comme l’Allemagne, le Japon ou la Chine seraient les plus pénalisés. Le démontage des interdépendances n’est pas aisé. Il suppose une modification des flux financiers et une relocalisation de certaines activités. Or, pour certaines productions, certains États seront confrontés à des problèmes de compétences au niveau de leur population active.