10 octobre 2020

Le Coin des Tendances

La dépendance et le problème des aidants

En France, 8 à 11 millions de personnes soutiennent un proche dépendant. La loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement de décembre 2015 (loi ASV) reconnaît juridiquement la fonction d’aidant et un droit au repos a été institué. Depuis le 1er octobre 2020, le congé qui permet d’arrêter son activité professionnelle pour accompagner un membre de sa famille bénéficie d’une contrepartie financière. Le congé de proche aidant est un dispositif permettant aux salariés de s’absenter d’une entreprise pour accompagner un parent malade ou handicapé. En 2017, il a remplacé le congé de soutien familial. La durée maximale de ce congé est fixée par convention ou accord de branche ou, à défaut, par convention ou accord collectif d’entreprise. En l’absence de dispositions conventionnelles, sa durée est fixée à 3 mois. Il peut être renouvelé jusqu’à un an sur l’ensemble de la carrière du salarié. Si le salarié en fait la demande, à travers une simple téléprocédure, le congé de proche aidant lui donnera droit à une allocation.

Son montant est fixé à 43,83 euros par jour pour les personnes vivant en couple et 52,08 euros par jour pour une personne seule. Elle sera versée par les caisses d’allocations familiales et les caisses de la mutualité sociale agricole (MSA). Autre nouveauté : il ne sera plus nécessaire pour le salarié de justifier d’un an d’ancienneté pour accéder à ce nouveau droit.

L’Allocation journalière de proche aidant (Ajpa) est ainsi ouverte aux salariés, aux fonctionnaires, aux travailleurs indépendants et aux personnes en recherche d’emploi qui pourront faire le choix, pendant cette période, de suspendre leur allocation-chômage. Il convient de souligner que d’autres dispositifs existent. Depuis la loi du 9 mai 2014, dite « loi Mathys » du nom d’un petit garçon atteint d’un cancer, le don de jours de repos à un parent d’un enfant gravement malade est possible. En 2018 cette initiative a été élargie aux proches aidants de personnes âgées ou handicapées, en perte d’autonomie.

Les aidants du fait de leur âge sont exposés aux problèmes de santé et à la fatigue. Ils sont, en effet, surreprésentés dans la catégorie des 65-74 ans. Selon une récente étude du Crédoc et de la CNAV, les femmes sont nombreuses que les hommes à être identifiées en tant qu’aidantes (écart de 7 points). Elles réclament également plus fréquemment un appui extérieur que les hommes (écart de 6 points). 70 % des aidants le sont depuis au moins trois ans. La très grande majorité soutient principalement un membre proche de la famille : un parent (43 %) ou un conjoint (25 %). 65 % des plus de 75 ans sont aidants de leur conjoint. 25 % des futurs retraités sont multi-aidants et soutiennent plusieurs personnes. 9 % assurent une tutelle.

La mise en place d’un système d’aide génère souvent des tensions au sein des familles. 42 % des aidants sont dans une situation conflictuelle, que ce soit avec l’aidé ou les autres aidants, le plus souvent la fratrie. 25 % déclarent des relations difficiles notamment en raison du rôle de chacun dans la relation d’aide et des décisions à prendre. Si 35 % estiment que leur rôle les a rapprochés de la personne dont ils s’occupent, 25 % ont au contraire l’impression que les relations sont devenues délicates ou distendues. La décision d’une entrée en institution est source fréquent de conflits. 40 % des Français pensent que l’entrée en institution de leur proche se fera contre son gré. L’intensité de la charge mentale et la durée de l’aide influencent par ailleurs très directement la qualité des relations avec la personne aidée, celles entre aidants et celles au sein du couple de l’aidant avec son conjoint et ses enfants.

Le recours aux professionnels est le plus souvent à l’initiative des aidants par crainte ou refus des actes liés à l’intime comme la toi­lette ou le change par exemple (48 %) et par manque de temps pour les jeunes et futurs retraités notamment. Si l’aide professionnelle intervient avec l’aggravation de la dépendance, elle complète les services réalisés par les aidants familiaux.

Près d’un aidant sur deux (46 %) déclare être seul à assurer l’aide. Cette situation concerne en premier lieu les retraités les plus âgés aidant leur conjoint (80 %). Près de 39 % des retraités de plus de 75 ans n’ont personne pour les remplacer en cas d’absence ou de maladie (contre 28 % de l’ensemble des aidants interrogés par le Crédoc). 12 % des aidants déclarent par ailleurs avoir besoin d’aide d’eux-mêmes.

Plus d’un aidant sur deux est amené à faire des sacrifices. 62 % ont renoncé à voir des proches ou à partir en vacances (49 %). 60 % ont dû changer leurs horaires de travail prendre des congés (61 %) et anticiper leur départ à la retraite (54 %) pour s’occuper de leur proche. 31 % estiment que leur état de santé s’est dégradé par rapport à l’année passée, les futurs retraités semblant le plus affectés.

La majorité des aidants (60 %) estime ne pas avoir reçu d’informations pertinentes ou utiles lors de la montée en intensité de leur aide. Si les plus âgés sont informés par un travailleur social (27 % contre 19 % des futurs retraités), les plus jeunes ont réalisé les démarches pour la demande d’aide de leur propre initiative (42 % contre 29 % des plus de 75 ans). Le besoin d’accompagnement ou de conseil est élevé. Dans le cadre de la future branche « dépendance », les aidants devraient avoir accès à des conseillers permettant d’alléger le travail administratif et les épauler dans leur épreuve. La branche devrait jouer un rôle de plateforme agrégeant les différentes compétences qui sont utiles dans le cadre de l’appui aux personnes dépendantes.

Education, des inégalités persistantes renforcées par le digital

En 2018, dans les pays de l’OCDE, en moyenne, chaque élève de plus de 15 ans a accès à un ordinateur au sein de l’école à des fins éducatives. Malgré tout, dans de nombreux pays, les ordinateurs sont obsolètes et ne permettent pas aux élèves de réellement avoir accès à du contenu éducatif numérique. Les écarts entre établissements favorisés et défavorisés sont importants. Au Brésil, selon les chefs d’établissement, 68 % des élèves qui fréquentaient un établissement favorisé en 2018 avaient accès à des outils numériques suffisamment puissants, contre seulement 10 % des élèves d’établissement défavorisé. En Espagne, un écart de 40 points (70 %, contre 30 %) en termes d’accès à des outils numériques suffisamment puissants entre établissements favorisés et défavorisés est constaté. La capacité des enseignants à utiliser les technologies est très variable. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, 65 % des élèves de 15 ans fréquentaient en 2018 un établissement scolaire dont le directeur estime que les enseignants possèdent les compétences techniques et pédagogiques nécessaires pour intégrer les outils numériques dans l’instruction. Cette proportion varie considérablement selon le cadre socio-économique dans lequel s’inscrit l’établissement. En Suède, par exemple, c’est le cas de 89 % des élèves fréquentant un établissement favorisé, contre seulement 54 % des élèves inscrits dans un établissement défavorisé.

En moyenne, dans les pays de l’OCDE, environ 60 % des élèves de 15 ans fréquentaient un établissement dont le directeur indique que les enseignants disposent de suffisamment de temps pour préparer des cours intégrant des outils numériques, pourcentage. Au Japon, pays qui figure parmi les mieux placés à l’enquête PISA, ce taux varie de 10 à 90 %.

Certains élèves ne disposent pas à la maison des éléments fondamentaux nécessaires à l’apprentissage. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, 9 % des élèves de 15 ans n’ont pas, chez eux, d’endroit tranquille pour travailler. Même en Corée, dont les résultats au PISA sont également parmi les meilleurs, un élève sur cinq fréquentant l’un des 25 % d’établissements les plus défavorisés indique ne pas avoir d’espace où étudier à la maison, contre un élève sur dix dans les établissements favorisés.

Le rapport compare également d’autres aspects essentiels des politiques scolaires et de l’équité. Dans l’ensemble, les résultats du PISA 2018 révèlent des disparités considérables entre établissements favorisés et défavorisés, principalement dues à des pénuries de personnel éducatif et de ressources matérielles, notamment numériques. Les résultats du PISA soulignent que de nombreuses écoles étaient confrontées à un manque de moyens. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, 27 % des élèves étaient inscrits en 2018 dans des établissements dont le directeur estime que l’apprentissage est entravé par un manque de personnel enseignant, ce problème étant signalé beaucoup plus souvent par les chefs d’établissement défavorisé.

Les résultats montrent également que les bases de la réussite scolaire se dessinent à un stade précoce. Les élèves qui avaient auparavant été préscolarisés pendant une période plus longue ont obtenu de meilleurs résultats au PISA que ceux qui n’avaient pas été préscolarisés avant le primaire. Entre 2015 et 2018, la proportion d’élèves de 15 ans ayant suivi trois années d’école maternelle a augmenté dans 28 pays. Malgré cet avantage, dans 68 systèmes éducatifs sur 78 disposant de données comparables, les élèves qui n’avaient pas été préscolarisés étaient beaucoup plus susceptibles de venir d’un milieu défavorisé et d’être inscrits dans un établissement plus défavorisé à l’âge de 15 ans.