30 janvier 2021

C’est déjà hier – croissance – emploi – Etats-Unis, les TNS

France, quoi de neuf docteur ?

L’économie française est malade de l’épidémie qui a dégradé de manière significative l’activité comme dans le reste du monde. L’évolution du PIB dépend des décisions prises par les experts en épidémiologie et les médecins. Depuis un an, le PIB est en mode « montagnes russes ». Avec les premiers résultats de 2020, un premier état des lieux peut être réalisé.

Les prévisionnistes tablaient sur une contraction du PIB de l’économie française, en 2020, se situant entre 9 et 10 %. Selon les premiers résultats de l’INSEE publiés vendredi 29 janvier, la baisse n’a été que de 8,3 %. Elle constitue, malgré tout, la plus forte diminution, en France, du PIB enregistrée depuis 1950. En soixante-dix, trois baisses du PIB avaient été enregistrées, la plus importante datant de 2009 avec un recul de 2,9 %. La moindre contraction du PIB que prévu en France est liée à la solidité de la consommation qui trouve son origine dans la relative stabilité du pouvoir d’achat des ménages.

Cercle de l’Epargne – données INSEE

Le recul du PIB en 2020 est avant tout imputable au premier confinement qui a été marqué par un arrêt brutal de l’activité. La fermeture des écoles doublée de la peur de la contagion ont amené de nombreuses entreprises à restreindre fortement leurs activités. Le deuxième confinement a eu des effets plus limités, son intensité étant moindre. Les entreprises se sont, par ailleurs, adaptées.

Après une baisse de près de 6 % au premier trimestre, le PIB a connu une contraction de 13,7 % au deuxième, suivi d’un net rebond au troisième de 18,5 %. Le confinement du mois de novembre et les couvre-feux se sont traduits par un nouveau recul du PIB de 1,3 %. 

Cercle de l’Epargne – données INSEE

Au quatrième trimestre 2020, le PIB est inférieur de 5,0 % à son niveau constaté un an auparavant alors que le recul sur un an s’élevait à 18,8 % au deuxième trimestre.

Des dépenses de consommation en dents de scie avec un record battu au mois de décembre

Sur l’ensemble de l’année 2020, la consommation des ménages diminue de 7,1 %, après une hausse de +1,5 % en 2019. La consommation en produits alimentaires a progressé de 1 % quand celle des services est en baisse de  -7,1 %. La consommation en produits énergétiques recule de 7,4 % et celle en produits manufacturés de 8,9 %.

L’évolution de la consommation des ménages est calquée sur celle de l’épidémie. En phase de confinement, elle recule mais rebondit rapidement dès que ce dernier s’arrête. Si les Français ont augmenté de manière importante leur effort d’épargne, ils ont retrouvé le chemin des magasins tant durant l’été qu’en décembre.

En décembre, les ménages ont souhaité se faire plaisir dans la perspective des fêtes de fin d’année. Après le recul de 18 % en novembre, les dépenses de consommation des ménages en biens ont progressé de 23 %. Elles ont ainsi battu un nouveau record et battu de 3,7 % leur niveau de décembre 2019. Ce surcroît de dépenses est imputable en grande partie aux biens fabriqués, avec des achats en hausse de +9,8 % sur un an. Les achats de biens durables ont progressé de +6,9 % et ceux en habillement-textile de +17,8 %. Cette forte hausse s’explique par la réouverture des magasins à partir du 29 novembre et par le report de  « Black Friday » en décembre. Avec les confinements, les Français dépensent davantage pour l’équipement de leur logement. En décembre, les achats en la matière ont augmenté de 38,3 % sur un an. Les Français ont, en particulier, acheté des appareils ménagers et des produits électroniques. En revanche, les achats de matériels de transport restent nettement en retrait (-10,0 % par rapport à décembre 2019).

Cercle de l’Epargne – données INSEE

Au quatrième trimestre, les dépenses de consommation des ménages ont néanmoins baissé de 5,4 % au quatrième trimestre après une hausse de 18,2 % au trimestre précédent. Si la consommation de biens alimentaires a connu une progression de +1,1 % au quatrième trimestre après -3,3 % au troisième, les biens fabriqués ont enregistré une baisse de 8,5 %, contre une augmentation 39,3 % au troisième trimestre. La consommation de services a baissé de 7,4 % après une progression de +21,0 %. La consommation en énergie a diminué de 3,9 % après une hausse de 15,9 % en lien avec la diminution des déplacements.

Une production qui relève la tête en fin d’année sauf pour les services

La production s’est contractée en France 8,6 % en 2020. La chute a été de 13,1 % pour l’industrie manufacturière et de 8,2 % pour les services. La construction a, de son côté, connu un recul de 13,2 %.

Pour le seul quatrième trimestre, la production totale (biens et services) a diminué de 0,7 %, après le rebond de +18,0 % au troisième trimestre. Néanmoins, la production de biens poursuit sa hausse ce trimestre (+2,3 % après +19,0 %), portée notamment par l’industrie manufacturière qui semble peu affectée par le deuxième confinement. En raison des fermetures, la production baisse nettement dans les services marchands (-2,2 % après +15,6 %). In fine, la production de biens durant ce trimestre poursuit son rapprochement vers son niveau d’avant-crise (-4,6 % en glissement annuel après -8,2 % au troisième trimestre), tandis que les services s’en éloignent à nouveau (-5,0 % en glissement annuel, après -3,4 % au troisième trimestre).

Fort recul de l’investissement en 2020

Sur l’ensemble de l’année 2020, l’investissement enregistre une contraction de 9,8 % après une hausse de 4,3 % en 2019. Il a baissé de 12,4 % pour l’industrie manufacturée, de 14,7 % pour la construction et de 2,4 % pour les services marchands.

La chute est essentiellement intervenue lors du premier confinement. Ainsi, la formation brute de capital fixe (FBCF) a continué à augmenter au quatrième trimestre  (+2,4 % après +24,0 %). L’investissement dans les secteurs des services marchands est resté bien orienté en fin d’année (+7,1 % au quatrième trimestre après +5,7 %), porté par un nombre particulièrement élevé de transactions immobilières. De même l’investissement en construction se maintient ce trimestre (+0,2 %) : bien que demeurant inférieur de 6,3 % à son niveau d’avant crise. Au deuxième trimestre, la chute avait atteint 32,4 % en glissement annuel.

Amélioration progressive de la situation du commerce extérieur

Pour le second trimestre consécutif, les exportations ont augmenté plus vite que les importations. Au dernier trimestre 2020, les exportations ont augmenté de 4,8 % quand les importations ne progressaient que de 1,3 %.

Avec les restrictions de circulation, la France importe moins de pétrole, ce qui contribue au rééquilibrage partiel de sa balance commerciale. En revanche, l’absence du tourisme international pèse lourdement sur la balance des paiements courants. Le déficit du solde correspondant s’est réduit de moitié au quatrième trimestre par rapport à son point bas observé au deuxième (-9,4 Md€ ce trimestre, contre -18,8 Md€ au deuxième). Les échanges extérieurs restent inférieurs à leur niveau d’avant-crise, -11,0 % en glissement annuel en volume pour les exportations ce trimestre, et -8,1 % pour les importations. Au quatrième trimestre, le commerce extérieur a contribué positivement à la croissance,  +0,9 point, après +0,8 point au trimestre précédent. Sur l’ensemble de l’année 2020, la contribution du commerce extérieur à l’évolution du PIB est largement négative (-1,5 point).

Les variations de stock ont joué en faveur de la croissance

Les variations de stocks ont contribué positivement à l’évolution du PIB au dernier trimestre (+0,4 point après -1,7 point). Sur l’année 2020, les variations de stocks contribuent pour +0,2 point à l’évolution du PIB.

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Ce recul historique du PIB en France s’est accompagné d’une augmentation sans précédent de l’endettement public. Avec le chômage partiel et les mesures de soutien à destination des entreprises et de certaines catégories de la population, les pouvoirs publics ont pris à leur charge une très grande part des effets de la crise. Les dépenses publiques ont dû représenter plus de 60 % du PIB, ce qui constitue un record. Le retour à la normale débutera avec le recul de l’épidémie, attendu au cours du deuxième trimestre 2021.

La croissance américaine à l’épreuve de la résilience

L’accélération de l’épidémie a pesé sur l’activité de l’économie américaine à la fin de l’année entraînant un net ralentissement de la croissance qui n’a été que de 4 % au quatrième trimestre en rythme annualisé, d’après la toute première estimation du produit intérieur brut (PIB) du Département du Commerce. En rythme trimestriel, la hausse n’a été que de 1 %. Au troisième trimestre, le PIB s’était accru de 7,5 %.

Sur l’ensemble de l’année 2020, le PIB a diminué de 3,5 %, contre +2,1 % en 2019.  Cette baisse, si elle est mesurée par rapport aux contractions enregistrées au sein de l’Union européenne, n’en demeure pas moins la plus importante depuis la Seconde Guerre mondiale.

Des indépendants en légère hausse

En 2019, en France, 1,8 million de personnes sont artisans, commerçants ou chefs d’entreprise, soit 6,7 % de l’emploi total. Après avoir été stable dans les années 1980, cette proportion a diminué dans les années 1990, passant de 8,3 % en 1990 à 6,1 % en 2002. Elle progresse depuis légèrement avec l’essor des activités de services domestiques.

Cercle de l’Epargne – données INSEE

En 2019, les artisans, commerçants et chefs d’entreprise représentent plus de la moitié des 3,3 millions de travailleurs dit indépendants en activité. Les autres indépendants (1,5 million de personnes) sont agriculteurs ou professions libérales. Les artisans représentent 49 % de la catégorie des indépendants non agricoles, non-professions libérales. 41 % sont commerçants ou assimilés et 10 % sont chefs d’entreprise de 10 salariés ou plus.

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Les artisans et les commerçants travaillent soit seuls (63 % des cas) soit à la tête d’une entreprise de moins de 10 salariés. Les artisans sont surreprésentés dans le secteur du bâtiment (plombiers, électriciens, maçons, etc.), ou dans les services (coiffeurs, esthéticiens, conducteurs de taxi, boulangers, bouchers, etc.). Les commerçants et assimilés dirigent des commerces, des cafés, des restaurants ou des hôtels, mais aussi des agences immobilières ou des agences de voyage.

Des professions très masculines

En 2019, 71 % des artisans, commerçants et chefs d’entreprise sont des hommes, contre 52 % pour l’ensemble des personnes en emploi. Au cours des quarante dernières années, la part des hommes a augmenté ; elle n’était que de 65 % en 1982 à contrario de l’évolution constatée au sein de la population active.

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La proportion d’hommes est plus élevée parmi les chefs d’entreprise (80 %) et les artisans (77 %) que parmi les commerçants (62 %). Les indépendants du secteur du bâtiment sont à 95 % des hommes. Au sein des artisans, les femmes sont, en revanche,  majoritaires pour les activités de services.

Une population vieillissante

En 2019, 44 % des artisans, commerçants et chefs d’entreprise ont 50 ans ou plus, contre 31 % pour l’ensemble des personnes en emploi. Cette part est plus élevée encore parmi les chefs d’entreprise et les commerçants (48 %, contre 40 % parmi les artisans). 12 % des artisans, commerçants et chefs d’entreprise ont 60 ans ou plus, contre 3 % des personnes en emploi. Ce groupe socioprofessionnel a la moyenne la plus élevée après celui des agriculteurs. Entre 1982 et 2019, la part des 50 ans ou plus a augmenté de 8 points. Le vieillissement des travailleurs indépendants est néanmoins moins rapide que pour l’ensemble des emplois où la part des 50 ans ou plus a augmenté de 10 points.

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Une population moins diplômée que la moyenne

Les artisans, commerçants et chefs d’entreprise sont, en moyenne, moins diplômés que l’ensemble des personnes en emploi. En 2019, 31 % sont ainsi diplômés de l’enseignement supérieur, contre 43 % des personnes en emploi. Les artisans, commerçants et chefs d’entreprise ont en revanche plus fréquemment un BEP ou un CAP (28 %, contre 22 % dans l’ensemble). C’est en particulier le cas des artisans (38 %).

La part des diplômés du supérieur est cependant beaucoup plus élevée parmi les chefs d’entreprise (57 %) et, dans une moindre mesure, parmi les commerçants (41 %) que parmi les artisans (17 %).

Le niveau de diplôme des artisans, commerçants et chefs d’entreprise a fortement progressé au cours des quarante dernières années, mais de façon moins marquée que pour l’ensemble des personnes en emploi. En 1982, 57 % des artisans, commerçants, chefs d’entreprise n’avaient aucun diplôme ou uniquement le brevet des collèges, soit une proportion comparable à celle de l’ensemble des personnes en emploi. En 2019, ils sont 17 % dans ce cas, soit 3 points de plus que l’ensemble des personnes en emploi.

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Un travail fréquent le week-end

Le travail le week-end, notamment le samedi, est fortement pratiqué par les artisans, commerçants et les chefs d’entreprise. En 2019, 76 % des commerçants, 63 % des artisans et 57 % des chefs d’entreprise de 10 salariés ou plus ont travaillé au moins un samedi sur une période de quatre semaines, contre 39 % pour l’ensemble des personnes en emploi. 31 % des artisans, commerçants et chefs d’entreprise ont travaillé au moins un dimanche sur une période de quatre semaines, contre 22 % pour l’ensemble des personnes en emploi. Le travail le dimanche est plus fréquent parmi les commerçants (44 %, contre 27 % pour les chefs d’entreprise de 10 salariés ou plus et 21 % pour les artisans).

1. Au moins une fois durant les quatre dernières semaines.
2. Au moins une fois entre minuit et 5 heures du matin durant les quatre dernières semaines.

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Des semaines de 45 heures

La durée hebdomadaire moyenne est, pour les artisans, les commerçants et les chefs d’entreprise de 45 heures par semaine en moyenne, soit huit heures de plus que l’ensemble des personnes en emploi (37 heures). Cette durée est plus élevée pour les chefs d’entreprise de 10 salariés ou plus avec respectivement 52 heures travaillées, contre 45 heures pour les commerçants et 44 heures pour les artisans. En prenant en compte les congés, la durée de travail effective est supérieure de 30 % chez les indépendants par rapport à l’ensemble de la population.

Le marché de l’emploi toujours en état d’apesanteur

Selon le Ministère de l’Emploi, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A qui n’ont aucune activité et qui sont en état de recherche, a baissé de 2,7 %, pour l’ensemble de la France, au quatrième trimestre 2020, pour atteindre 3,816 millions. Le chômage partiel et les dispositifs de soutien sectoriels expliquent que malgré le deuxième confinement, la situation de l’emploi ne se soit pas dégradée. Pour les catégories A, B et C qui rassemblent tous les inscrits recherchant un emploi, leur nombre s’élevait, en moyenne, au cours du dernier trimestre 2020, à 6 006 900 en baisse de 1,3 % sur ce trimestre. Sur un an, la hausse est de 7,5 % pour la catégorie A et de 4,5 % pour les catégories A, B et C. Pour la seule France métropolitaine, le nombre de personnes des catégories A,B et C s’élevait à 5 710 600, en baisse de 1,3 % du troisième au quatrième trimestre. Parmi elles, 3 574 300 personnes sont sans emploi (catégorie A) et 2 136 300 exercent une activité réduite (catégories B, C). Sur un an, la hausse de 8,1 % pour la catégorie A et de 4,8 % pour les catégories A, B et C.

Au mois de mars et avril dernier, la forte augmentation de la catégorie A provenait de la chute des emplois en CDD et de de ceux en intérim. Depuis, la tendance est à la baisse, celle du dernier trimestre étant en net retrait par rapport à celle du troisième. Avec les restrictions imposées par l’épidémie depuis le début du mois de janvier, le marché du travail devrait être peu dynamique au cours de l’ensemble du premier trimestre. Le maintien des dispositifs de soutien devrait empêcher une forte progression du chômage.