14 février 2015

Ca c’est passé durant la semaine du 7 au 15 février 2015

France, quand le surplace annonce des jours meilleurs

La croissance française, pour la troisième année consécutive, a atteint, en 2014, 0,4 %. Ce résultat a été obtenu grâce à un petit 0,1 % de croissance au quatrième trimestre. La France fait moins bien que l’ensemble de la zone euro dont le taux de croissance a atteint 0,9 % l’année dernière. Pour l’Union européenne, il s’est élevé à 1,4 %.

L’investissement en berne

L’année 2014 s’est caractérisée, pour la France, par un net recul de l’investissement, -1,6 % contre -0,8 % en 2013. Le recul est marqué pour l’investissement des ménages avec -5,8 % et pour les administrations publiques, -2,1 %. La consommation des ménages a été un peu plus forte qu’en 2013 avec une progression de 0,6 % contre 0,3 % en 2013. Le commerce extérieur a joué contre la croissance avec des importations qui ont progressé plus vite que les exportations, respectivement 3,8 et 2,7 %.

Le pouvoir d’achat en hausse grâce à la désinflation

Le pouvoir d’achat des ménages s’est amélioré grâce à la baisse des prix ce qui n’a pas, pour autant, entraîné une progression de la demande en fin d’année. En effet, les dépenses de consommation des ménages n’ont augmenté que de 0,2 % au 4ème trimestre après +0,3 % au 3ème trimestre 2014. Sur l’ensemble de l’année, du fait de la baisse des prix de l’énergie et des températures clémentes, les dépenses d’énergie ont reculé de 5,7 %.

Le bâtiment souffre

Au niveau de la production, il faut souligner le net recul, en 2014, de la construction, -2,9 % après une baisse de 1,2 % en 2013. Les services non marchands ont bien résisté avec une hausse de 1,6 %. Les services marchands ont augmenté de 1,2 % quand la production de biens manufacturés est restée étale.

67 000 emplois détruits dans le secteur marchand

Si au quatrième trimestre 2014, l’emploi dans les secteurs marchands non agricoles est quasiment stable. Une perte de 5 100 emplois a été enregistrée contre une perte de 55 200 emplois au troisième trimestre 2014. Sur un an, l’emploi salarié est en recul pour le secteur marché avec -67 600 postes. La chute demeure forte pour l’industrie avec la disparition de 38 900 emplois soit une perte de 1,2 % sur l’année. La perte atteint 43 400 pour la construction soit une contraction de 3,1 %. Le tertiaire n’a créé que 14 700 emplois sur l’année soit un petit gain de 0,1 %.

Un léger mieux pour les exportations en fin d’année

La balance commerciale française a enregistré, en 2014, un déficit de 53,8 milliards d’euros en baisse de 7 milliards d’euros par rapport en 2013. Cette baisse de 11 % du déficit est la troisième de suite depuis le record de 2011, année où le déficit avait été de 74,5 milliards d’euros. L’amélioration de 2014 est imputable à l’allègement de la facture énergétique de 11 milliards d’euros.

Le déficit hors énergie et matériel militaire, s’est élevé à 16,7 milliards d’euros en hausse de 4,3 milliards par rapport à 2013 mettant fin à deux années d’amélioration.

En 2014, les ventes de véhicules automobiles, la chimie et les machines ont progressé comme les livraisons aéronautiques et les produits de luxe. En revanche, les exportations agricoles ont diminué en raison de la baisse des cours. Les ventes de produits pharmaceutiques sont également en repli.

A la fin de l’année dernière, la baisse de l’euro a commencé à produire ses effets avec une accélération des exportations, +2,3 % au quatrième trimestre contre 0,7 % au troisième. Les exportations de matériels de transports ont augmenté de 10 %. Le commerce extérieur a ainsi contribué à la croissance à hauteur de 0,1 point au dernier trimestre pour la première fois de l’année.

De quoi sera fait demain ?

La poursuite de la baisse de l’euro, la diminution du prix du pétrole, le pacte de responsabilité, le CICE devraient produire leurs effets dans les prochains mois.

Il ne faut toutefois pas surestimer certains de leur impact. Ainsi, si la dépréciation de la monnaie unique a été de 20 %, depuis le mois de mars 2014, contre le dollar, elle n’est que de 5 % mesurée en taux de change effectif nominal (c’est-à-dire en tenant compte des variations de l’euro contre les autres devises et de la structure du commerce extérieur de la zone). La France réalise la plus grande partie de son commerce extérieur au sein de la zone euro ou avec des pays ayant lié leur monnaie avec l’euro. De ce fait, les entreprises françaises tireront peu profit de la dépréciation de la monnaie commune. Nous payons notre faible ouverture sur le lointain.

La baisse de l’euro augmente le prix des importations renchérissant d’autant les coûts de production et les prix à la consommation. Certes, cet effet est atténué par la baisse des cours des matières premières. Cette inflation importée contribue même à réduire le risque de déflation.

Il ne faut pas surestimer le quantitative easing car les taux d’intérêt sont déjà faibles en France et qu’il n’y a pas de réels problèmes d’accès au crédit. Du fait de la faible appétence des Français pour les actions, l’effet richesse sera relativement limité à la différence de ce qui a été constaté au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis. Les agents économiques pourraient se désendetter en profitant des faibles taux d’intérêt tout en n’investissant pas. Le QE pourrait accentuer la tendance déflationniste sur le modèle de ce qui a été constaté au Japon.

En ce qui concerne le pétrole, la baisse des cours pourrait être plus courte que prévue avec un marché en dent de scie du fait de l’engagement d’un cycle de sous-investissement de la part des compagnies pétrolières.

Néanmoins, il est admis que les facteurs positifs l’emportent sur les facteurs négatifs. Les économistes tablent sur un surcroît de croissance de 0,5 point en 2015 et en 2016. De ce fait, la croissance française pourrait atteindre 1 % cette année et se rapprocher de 2 % l’année prochaine.

Quand le Made in Germany devient excessif

L’Allemagne se fera-t-elle sanctionner pour excédents excessifs ? La Commission de Bruxelles devra sans nul doute traiter, avec doigté, ce dossier au moment où l’opinion publique allemande émet quelques doutes sur l’intérêt de la monnaie commune.

Selon les chiffres publiés par l’Office fédéral des statistiques (Destatis), l’Allemagne a exporté, en 2014, pour 1.133,6 milliards d’euros, battant ainsi son précédent record de 2012. L’excédent commercial s’est, dans ces conditions, établi à 217 milliards d’euros, soit 22 milliards de plus qu’en 2013… L’excédent représente 7,4 % du PIB. Le seuil de sanction a été fixé à 6 % du PIB par les autorités européennes. Le précédent record datait de 2007 avant la crise. La balance des comptes courants (solde de tous les transferts avec l’étranger), a affiché de son côté un solde positif de 215,3 milliards d’euros l’an passé, en hausse par rapport à 2013 (189,2 milliards d’euros), toujours selon des chiffres provisoires diffusés par l’institut statistique allemand.

L’Allemagne tire toujours profit de son positionnement sur le haut de gamme. Elle a réussi à compenser la diminution des exportations par un accroissement des ventes au sein de l’Europe. Les autorités allemandes sont contraintes de reconnaître que la baisse de l’euro a amélioré le solde commerciale, les entreprises d’outre-rhin ont ainsi gagné des parts de marché à l’extérieur de la zone euro.

Bruxelles rendra ses conclusions sur la procédure d’excédents excessifs le 27 février prochain. Pour la Commission, ce déséquilibre commercial récurrent aussi louable soit-il, traduit certaines inefficacités économiques allemandes nuisant à l’équilibre de la zone euro. La Commission met en avant la faiblesse de l’investissement et les augmentations de revenus contenues. Le Gouvernement répond que l’excédent n’est pas de 7,4 mais de 6,5 % en 2014 après 5,8 % en 2013. L’office statistique germanique n’a pas les mêmes bases d’analyse qu’Eurostat ; il retient une autre méthode de calcul, rapportant l’excédent commercial à la somme des échanges (exportations plus importations et non PIB).

Croissance, le retour du dragon irlandais

A l’exception de l’Italie, tous les pays de la zone euro sont sortis de la récession. L’Irlande a enregistré une croissance de 4,8 % en 2014. L’activité a bénéficié de la reprise des exportations. L’investissement a connu un fort rebond avec une augmentation de près de 20 % sur les neuf premiers mois de 2014 par rapport à la même période, l’année précédente. L’économie irlandaise a bénéficié de la reprise américaine, économie dont elle est très dépendante en raison du poids des échanges bilatéraux.

 

  Croissance

PIB – 2014

France 0,4 %
Allemagne 1,6 %
Royaume-Uni 2,6 %
Espagne 1,4 %
Portugal 0,9 %
Italie -0,4 %
Irlande 4,8 %
Grèce 0,8 %
Zone euro 0,9 %
Union européenne 1,4 %
Etats-Unis 2,4 %