12 août 2017

C’est déjà hier (12 août 2017)

La difficile réduction du déficit budgétaire français

Malgré la croissance économique qui atteint depuis 18 mois, 0,5 % par trimestre, l’amélioration des comptes publics est lente à se dessiner. En effet, le solde général d’exécution du budget au 30 juin 2017 s’établit à -62,3 milliards d’euros contre -61,8 milliards d’euros à fin juin 2016. Les dépenses (budget général et prélèvements sur recettes) progressent de près de 4 % en atteignant 201,5 milliards d’euros contre 193,9 milliards d’euros au 30 juin 2016. Pour le seul budget général (à périmètre courant), la hausse est de 6,4 % (5,1 % à périmètre constant). Si les dépenses d’investissement sont étales, celles liées au fonctionnement sont en forte progression. Les collectivités territoriales contribuent désormais à la maîtrise relative des finances publiques. En effet, le prélèvement sur recettes à leur profit est en recul de 12,3 % sur les 6 premiers mois de juin.

Les recettes du budget général (nettes des remboursements et dégrèvements) s’établissent à 160,2 milliards d’euros contre 155,1 milliards d’euros fin juin 2016 en progression de 3,3 %. Les recettes fiscales nettes sont en augmentation de 5,9 milliards d’euros par rapport au 30 juin 2016 (+3,9 %). Les recettes de TVA sont notamment en hausse de 5,2 milliards d’euros par rapport à fin juin 2016. Cette progression est imputable au rebond de la consommation depuis le milieu de l’année dernière. La bonne tenue du marché automobile en est un des symboles. L’impôt sur les sociétés connaît une vigoureuse croissance, +19,4 %. Cette hausse s’explique par l’amélioration des résultats des entreprises, preuve que des entreprises en bonne santé ne nuisent pas aux finances publiques. La progression des bénéfices se traduit par une augmentation des recettes fiscales. Les pertes des années 2011/2013 pèsent de moins sur les résultats de l’IS.

La chute de la Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques est importante, -36,5 %. Ce recul n’est pas lié à la baisse du prix du pétrole car cette taxe est perçue sur les volumes vendus et non sur le prix de vente du produit. C’est donc un montant fixe en euros qui est perçu sur chaque unité vendue et non un pourcentage d’un prix. La moindre consommation de produits énergétiques durant le 1er semestre et peut être des problèmes de recueil des statistiques pourraient expliquer cette contraction.

Les recettes de l’impôt sur le revenu baissent de 1,9 % sur le premier semestre. Les allègements décidés par la précédente majorité pèsent sur le rendement de cet impôt qui n’est acquitté que par 47 % des ménages. La concentration de cet impôt se poursuit. Ainsi, 10 % des redevables de l’impôt sur le revenu en acquittent 70 %. Les contribuables déclarant plus de 10 000 euros de revenus annuels représentant 2 % des foyers fiscaux, ont acquitté plus de 40 % de l’IR en 2016. Les revenus de plus de 200.000 euros assurent  22 % des recettes de cet impôt tout en n’étant que 150 000 dans cette tranche (soit 0,4 % des foyers fiscaux).

 

L’inflation en mode poussif

Au mois de juillet, l’indice des prix à la consommation a reculé de 0,3 % après une stabilité en juin. Corrigé des variations saisonnières, il reste inchangé pour le deuxième mois consécutif. Sur un an, les prix à la consommation croissent au même rythme qu’en juin (+0,7 %). Après avoir connu une accélération à la fin de l’année dernière en raison de la hausse du prix du pétrole, le taux d’inflation se stabilise en-dessous de 1 %.

Sur le dernier mois, la baisse provient d’un repli marqué des prix des produits manufacturés dû aux soldes d’été et d’un nouveau recul des prix de l’énergie. En revanche, les prix des services accélèrent du fait de la hausse traditionnelle durant l’été des tarifs des transports aériens et des services d’hébergement pendant les vacances d’été. Les prix des produits alimentaires sont en légère progression.

Les prix des produits manufacturés baissent de manière saisonnière en juillet (−2,9 % comme en juillet 2016 ; −0,4 % sur un an) en raison des soldes d’été qui concernent avant tout l’habillement et les chaussures (−14,8 % contre −14,2 % en juillet 2016 ; +0,9 % sur un an). Dans une moindre mesure, les prix d’autres types de produits diminuent aussi avec les soldes, tels les articles de voyages (−5,0 % ; +0,8 % sur un an), les articles de ménage en textile (−2,9 % ; −0,1 % sur un an), les meubles et les articles d’ameublement (–2,5 % ; +0,3 % sur un an), les appareils ménagers (−1,3 % ; −2,3 % sur un an) et le matériel audiovisuel, photographique et de traitement de l’information (–1,0 % ; −2,3 % sur un an). En outre, les prix des produits de santé continuent de baisser légèrement (−0,1 % ; −2,0 % sur un an). Les prix des voitures neuves sont en légère progression +0,2 %) en raison notamment de changements tarifaires chez certains constructeurs.

 

L’emploi confirme et signe

Pour le onzième trimestre consécutif, la France enregistre un solde d’emploi positif. Ainsi, au cours du deuxième trimestre, l’emploi salarié privé a augmenté de +0,5 % après +0,3 %, soit 91 700 créations nettes d’emploi après 57 700. Sur un an, l’emploi salarié privé s’accroît de 1,5 % (soit +291 900). Hors intérim, il augmente de 0,3 % sur le trimestre (soit +64 000), comme au trimestre précédent, et de 1,0 % sur un an (+185 900). Cette hausse qui permet de se rapprocher de la barre symbolique des 300 000 emplois annuels s’inscrit dans un contexte de reprise économique. Même si la croissance reste modeste, elle est créatrice d’emplois.

L’emploi privé progresse comme au premier trimestre dans l’agriculture (+0,3 %, soit +900). Phénomène nouveau, les destructions d’emploi ont cessé dans l’industrie. L’emploi est stable dans ce secteur après avoir connu une contraction au cours du 1er trimestre. Il continue d’augmenter dans la construction (+0,4 %, soit +5 400, après +0,7 %). Sur un an, l’emploi privé diminue de 12 200 dans l’industrie, tandis qu’il s’accroît de 9 100 dans la construction.

Au deuxième trimestre 2017, dans les services marchands, l’emploi privé augmente de +0,7 % (soit +80 000), après +0,4 %. Hors intérim, les créations nettes d’emploi restent dynamiques dans ce secteur : +0,5 % sur le trimestre (soit +52 300, après +53 500 au premier trimestre) et +1,5 % sur un an (soit +163 800). L’emploi non marchand privé croît de 0,2 % sur le trimestre (soit +6 100), comme le trimestre précédent, et de 0,8 % sur un an (+21 100).

L’emploi intérimaire se redresse nettement au deuxième trimestre 2017 (+4,1 %, soit +27 700), après avoir modérément diminué au trimestre précédent (−0,8 %). Sur un an, il est en très forte hausse (+17,6 %, soit +106 000) ce qui traduit des besoins croissants de la part des entreprises.

Ce fort mouvement n’entraîne pas une baisse sensible du nombre de demandeurs d’emplois. Ce dernier connaît une évolution en dents de scie. La fin du plan de formation, l’arrivée à leur terme de nombreux contrats aidés, le retour sur le marché du travail d’actifs qui avaient renoncé, avec la crise, à effectuer des démarches pour retrouver un emploi,, ainsi que la progression naturelle de la population active expliquent ce décalage. La Ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a indiqué seulement 110 000 contrats aidés pour les six derniers mois de 2017 avaient été prévus, ce qui représente une chute de 40 % par rapport au premier semestre de l’année et deux fois moins que pour la seconde moitié de 2016. Si le processus de créations d’emplois se poursuit au cours du second semestre, le taux de chômage devrait s’abaisser plus vite que prévu Il pourrait revenir autour de 9,3 % en fin d’année contre 9,6 % actuellement.

 

Les hôtels résistent difficilement

Au deuxième trimestre 2017, en France métropolitaine, la fréquentation touristique dans les hébergements collectifs touristiques, exprimée en nuitées, augmente très fortement (+10,2 % par rapport à la même période de 2016). Cette progression est bien plus vive que celles des deux trimestres précédents et fait plus que compenser le net repli enregistré un an plus tôt (−5,3 %) durant la période post attentats. Ainsi, le nombre de nuitées dépasse de plus de 4 % celui du deuxième trimestre 2015. Cette reprise concerne tant la clientèle résidente qu’étrangère.

La hausse est particulièrement marquée dans l’agglomération parisienne (+12,6 % dans les hôtels et +27,6 % dans les autres hébergements touristiques). De plus, la fréquentation des campings en début de saison atteint un record historique (+18,7 %).

Au deuxième trimestre 2017, les nuitées dans l’hôtellerie augmentent pour le troisième trimestre consécutif. La hausse a atteint +6,3 % en glissement annuel, après +2,4 % au premier trimestre. Les effets des attentats sur la fréquentation s’estompent. Les touristes étrangers qui avaient déserté reviennent. La clientèle étrangère est en progrès de 10 % au cours du 2e trimestre. Les nuitées de clients étrangers s’accroissent très fortement en agglomération parisienne (+16,5 %) où elles retrouvent un niveau comparable à celui de 2015. Les hôtels du littoral connaissent également un début de saison excellent (+7,0 %). La fréquentation progresse dans une moindre mesure dans les autres zones. Cet afflux de touristes se traduit par une hausse de 2,4 points du taux d’occupation sur un an, qui s’établit à 63,5 %.En nombre de nuitées, les hôtels français plafonnent depuis 7 ans. La crise, les attentats et les plateformes collaboratives de location entre particuliers expliquent ce résultat.

Dans les autres hébergements collectifs touristiques, la fréquentation a enregistré une forte progression, +10,7 % sur un an, tant pour la clientèle française qu’étrangère. Là aussi, l’amélioration est très forte dans l’agglomération parisienne et sur le littoral. La fréquentation est également dynamique dans les zones montagneuses et les espaces urbains de province. En revanche, elle se replie dans les zones rurales. L’accroissement de la clientèle française est particulièrement important dans l’agglomération parisienne (+42,6 %), quand en montagne, ce sont les non-résidents (+43,4 %) qui tirent la fréquentation à la hausse. Ces bons résultats font progresser le taux d’occupation de 4,5 points sur un an à 57,7 %.

La fréquentation dans les campings augmente de 18,7 % en un an, grâce à un fort engouement de la clientèle française (+22,5 %) et dans une moindre mesure de la clientèle étrangère (+11,3 %). Elle est tirée par l’activité dans les hébergements les mieux classés (+24,2 % pour les 4-5 étoiles) et concerne les emplacements nus comme équipés. La fréquentation dans les zones littorales (+21,9 %) a bénéficié de conditions météorologiques très clémentes.

Après une calamiteuse saison 2016, la France devrait enregistrer de meilleurs résultats en 2017. Néanmoins, une part croissante du tourisme échappe aux acteurs traditionnels. La France est le deuxième pays d’implantation pour Airbnb après les Etats-Unis. Paris est même la première ville de la plateforme pour le nombre de lits proposés.