12 janvier 2019

C’est déjà hier – 12 janvier 2019

Les ménages français ne voient pas la vie en rose 

Au mois de décembre, sans surprise, la confiance des ménages dans la situation économique a poursuivi sa baisse. La proximité des fêtes de fin d’année n’a pas changé la donne. L’indicateur de l’INSEE synthétisant le moral des ménages a perdu 4 points et a atteint 87, son plus bas niveau depuis novembre 2014. Il est au-dessous de sa moyenne de longue période (100). La crise des gilets jaunes explique, en partie, ce nouveau recul. La détérioration du climat économique et social influe sur le moral des ménages français. De ce fait, il n’est pas étonnant que la proportion de ménages estimant qu’il est opportun de faire des achats importants diminue de 15 points et atteint son plus bas niveau depuis juin 2013. Les difficultés d’accès aux centres commerciaux et aux centres-villes ont contraint les ménages à reporter certains de leurs achats.

Dégradation attendue de la situation financière des ménages 

L’indice des ménages mesurant leur opinion sur leur situation financière passée diminue de 5 points et reste inférieur à sa moyenne. De même, le solde d’opinion des ménages quant à leur situation financière future recule de 3 points et demeure inférieur à sa moyenne de longue période. 

Pas d’espoir réel en ce qui concerne le niveau de vie 

Le débat actuel suscité par le mouvement des gilets jaunes ne pouvait que se traduire par une diminution de la proportion des ménages qui considèrent que leur niveau de vie passé s’est amélioré au cours des douze derniers mois. Le solde correspondant perd 8 points, restant nettement au-dessous de sa moyenne de longue période. Le solde d’opinion des ménages sur le niveau de vie futur en France reste stable mais se situe toujours au-dessous de sa moyenne. 

Inflation, une baisse attendue 

Avec la baisse du prix des pétroles, les ménages anticipent un ralentissement de l’inflation. En décembre, les ménages estimant que les prix vont augmenter au cours des douze prochains mois sont bien moins nombreux que le mois précédent.

Le temps n’est plus à l’épargne pour les ménages 

Même si le taux d’épargne reste très élevé, l’enquête de l’INSEE souligne qu’en décembre, l’opinion des ménages sur leur capacité d’épargne diminue fortement. Le solde correspondant à la capacité d’épargne actuelle perd 5 points et celui correspondant à la capacité d’épargne future en perd 7. Ces deux soldes sont au-dessous de leur moyenne de longue période. La part des ménages estimant qu’il est opportun d’épargner diminue aussi très fortement : le solde correspondant perd 9 points et demeure au-dessous de sa moyenne de longue période. Cette diminution témoigne d’un manque de confiance en l’avenir et le refus de s’engager sur longue période.

Chômage, une montée des craintes

Les craintes des ménages concernant l’évolution du chômage augmentent à nouveau en décembre : le solde correspondant gagne 3 points (après 21 points en novembre). Il demeure néanmoins légèrement au-dessous de sa moyenne de longue période.

 

L’endettement sans fin

Depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, selon le Fonds monétaire international (FMI), jamais le niveau d’endettement n’avait été aussi élevé. La dette globale (publique et privée) des 190 pays membres de l’organisation internationale a atteint la somme de 184 000 milliards de dollars, soit 225 % de leur PIB cumulé.

En moyenne, la dette mondiale dépasse maintenant 86 000 dollars par habitant, soit plus de deux fois et demi le revenu moyen par habitant.

Le secteur privé est le principal contributeur à la hausse de l’endettement. En effet, sa dette a triplé depuis 1950. La dette est concentrée sur les trois premières économies mondiales, les États-Unis, la Chine et le Japon. Ils représentent plus de la moitié de la dette mondiale. Ces dernières années, ce sont les pays occidentaux qui ont contribué à la progression de la dette mondiale même si la Chine a, elle aussi, recouru fortement à l’endettement tant pour financer ses investissements que pour maintenir à un haut niveau sa croissance.

Le FMI a souligné que l’endettement des pays à faible revenu a atteint des niveaux proches de ceux observés quand ces pays demandaient un allégement de leur dette auprès des institutions internationales.

L’institution a également fait remarquer que les perspectives de désendettement restent incertaines dans un contexte de resserrement des conditions financières dans de nombreux pays, avec notamment la hausse des taux d’intérêt aux États-Unis.

Le niveau d’endettement devient problématique à partir du moment où la croissance est insuffisante pour permettre son remboursement et quand les épargnants refusent de prêter. Du fait de la montée de la dette dans tous les pays, la possibilité de sauter du train pour en prendre un autre, moins risqué, est difficile. Ces dernières années, par aversion aux risques, les épargnants ont privilégié les placements en obligations d’État et d’entreprise, ce qui a contribué à la baisse des taux. Les banques centrales ont été l’autre grand acteur de l’endettement à travers la mise en œuvre des politiques monétaires non conventionnelles. L’arrêt des rachats d’obligation et la réduction des bilans des banques centrales pourraient-ils provoquer des tensions sur le marché des dettes ? L’augmentation de la taille des bilans des banques centrales a été très rapide, ces dix dernières années facilitant le financement global des Etats. Les premières émissions réalisées de titres publics au sein de l’Union européenne ne démontrent l’existence d’aucune difficulté pour placer des obligations publiques.

Le taux d’épargne demeure élevé, aidé en cela par le vieillissement de la population. De ce fait, le risque de tension sur le financement des dettes est avant tout lié à celui d’une forte récession ou d’une crise politique ou sociale au sein d’un des grands pays de l’économie mondiale.

La progression de l’endettement est le produit de besoins de financement croissant de la part de tous les agents économique ces vingt dernières années. A partir du moment où la croissance s’est étiolée. L’endettement croissant accompagne le déclin des gains de productivité. L’économie mondiale a besoin d’une croissance de plus de 3 %. Or les gains de productivité tendent vers 1 %. L’augmentation des dépenses sociales liées notamment au vieillissement qui concerne tant les pays avancés que les pays émergents sont également à l’origine de la hausse de la dette publique. Ce phénomène devant se poursuivre jusqu’en 2060 sera une source de tensions financières en cas d’absence de rebond de la croissance.

 

Poursuite à petite vitesse de la baisse du chômage

Dans la zone euro, le taux de chômage corrigé des variations saisonnières s’est établi à 7,9 % en novembre, en baisse par rapport au taux de 8,0 % d’octobre 2018 et au taux de 8,7 % de novembre 2017. Il s’agit du taux le plus faible enregistré dans la zone euro depuis octobre 2008. Dans l’Union européenne, le taux de chômage s’est établi à 6,7 % en novembre, stable par rapport à octobre 2018 et en baisse par rapport au taux de 7,3 % de novembre 2017. Il s’agit du plus faible taux enregistré dans l’Union depuis le début de la série mensuelle sur le chômage en janvier 2000.

Parmi les États membres, les taux de chômage les plus faibles en novembre 2018 ont été enregistrés en Tchéquie (1,9 %), en Allemagne (3,3 %) et aux Pays-Bas (3,5 %). Les taux de chômage les plus élevés ont quant à eux été relevés en Grèce (18,6 % en septembre 2018) et en Espagne (14,7 %). La France, avec un taux de 8,9 %, arrive en cinquième position parmi les pays ayant le plus fort taux de chômage. Les pays se situant au-dessus de la moyenne de la zone euro sont tous des pays latins quand ceux ayant un très faible taux de chômage se situent au Nord et à l’Est (à l’exception de la Finlande et de la Lettonie).

Sur un an, le taux de chômage a baissé dans tous les États membres, à l’exception de l’Estonie où il est resté stable. Les baisses les plus marquées ont été observées en Croatie (de 10,0 % à 7,8 %), en Grèce (de 20,8 % à 18,6 % entre septembre 2017 et septembre 2018) et en Espagne (de 16,5 % à 14,7 %). En novembre 2018, le taux de chômage aux États-Unis s’est établi à 3,7 %, stable par rapport à octobre 2018 et en baisse par rapport au taux de 4,1 % de novembre 2017.

 

L’industrie en souffrance en France

Après une amélioration entre mi-2017 et mi-2018, l’industrie française enregistre depuis des mauvais résultats. Ainsi, au mois de novembre, la production dans l’industrie manufacturière a diminué de 1,4% comme dans l’ensemble de l’industrie (−1,3 %). Au cours des trois derniers mois, la production baisse dans l’industrie manufacturière (-1,0 %) comme dans l’ensemble de l’industrie (−0,9 %).

Par rapport aux trois mois précédents, la production recule nettement dans les matériels de transport (−3,1 %). Elle diminue dans les « autres industries » (−0,5 %), dans les industries agroalimentaires (−0,8 %), dans les biens d’équipement (−0,7 %) et dans les industries extractives, énergie, eau (−0,4 %). Elle se replie nettement dans la cokéfaction et raffinage (−3,9 %).

Sur un an, le recul est de 1,4 % pour l’industrie manufacturière et de 1,2 % pour l’ensemble de l’industrie. Les baisses les plus importantes ont été constatés dans les industries agroalimentaires (−2,4 %), dans les matériels de transport (−1,1 %) et dans la cokéfaction et raffinage (−4,7 %).