15 avril 2017

C’est déjà hier (15 avril 2017)

L’inflation se dérobe

Certains ont cru au retour de l’inflation mais celui-ci était très circonstancié. Il était la conséquence de la hausse des cours du pétrole. La stabilisation du cours du baril entraîne partout en Europe son reflux. En Allemagne, après avoir atteint 2,2 %, le taux d’inflation est revenu en-dessous de la barre des 2 % en mars.

L’inflation sous-jacente (qui exclut les éléments volatils, tels que l’énergie) permet de bien apprécier l’absence de forces inflationnistes au sein de l’économie. Elle s’établissait à 0,7% en rythme annuel au sein de la zone euro, en mars, en baisse de 0,2 point par rapport à février. Le retard de production accumulé depuis 2008, qui se traduit par un chômage encore élevé dans de nombreux pays, pèse sur les prix. Les capacités de production inemployées en Asie demeurent élevées. Des facteurs structurels comme la digitalisation de l’économie conduit à réduire les pressions sur les prix. Les goulots de production sont plus rares dans le numérique que dans la vieille économie. Le vieillissement de la population qui a été longtemps comme une source d’inflation du fait d’une consommation plus grande de services pourrait avoir un effet inverse. Une population âgée achète moins de biens industriels et négocie plus les prix, les retraités ayant plus de temps pour effectuer des comparaisons voire pour recourir à des modes de consommation alternatifs. Dans ce contexte, la Banque centrale européenne devrait rester très prudente et pourrait maintenir quelques temps sa politique accommodante.

Finances publiques, la France en voie d’être la dernière

Le 12 avril dernier, le Gouvernement a décidé de réviser le montant prévisionnel du déficit public pour 2017 en le portant à 2,8 % du PIB contre 2,7 % initialement prévu. Ce taux sera adressé à la Commission de Bruxelles qui pourra toujours considérer que les autorités françaises font preuve d’un léger sens du réalisme. En effet, après avoir enregistré un déficit de 3,4 % du PIB en 2016, rares sont ceux qui considéraient l’objectif du Gouvernement comme crédible. Le nouveau solde ne devrait guère changer la donne. En effet, avant les éventuels changements de politique qui pourraient intervenir après les élections, un déficit à 3 % voire 3,2 % est considéré comme plus probable, plaçant la France dans les derniers de la classe de la zone euro. Depuis 2007, la France n’a pas réussi à revenir en-dessous de la cible des 3%.

Nos partenaires nous distancent dans l’assainissement des comptes publics. En effet, l’Espagne s’est engagée pour 2017 sur un solde public de -2,2 %. Le Portugal devrait être en mesure de limiter son déficit entre 1,6 et 2 % du PIB après avoir réussi le tour de force de le ramener à 2 % l’année dernière. En ce qui concerne l’Italie, pour 2016, le déficit public s’est établi à 2,4 % du PIB, contre 2,7 % en 2015, tandis que l’excédent primaire a été de 25,6 milliards d’euros, soit 1,5 % du PIB contre 1,4 % en 2015. L’espoir, pour la France, de ne pas terminer bonne dernière ne reposera que sur la Grèce qui devrait enregistrer un déficit de 3,5 % du PIB. Toutefois, compte tenu des mesures prises, il n’est pas impossible qu’elle fasse mieux que nous.

Le Gouvernement s’est refusé à modifier le taux de croissance prévisionnelle qui reste fixé à 1,5 %. La majorité des experts annonce au mieux une croissance de 1,3 %. Si les indicateurs de confiance sont bien orientés, en revanche les résultats du premier trimestre ne permettent pas d’espérer un réel rebond de l’activité.

 

L’immobilier en pleine forme en Europe

Les faibles taux d’intérêt et l’incertitude concernant leur éventuelle remontée qui dissuade les investisseurs à opter pour les obligations font le bonheur de l’immobilier en Europe. Le prix des logements, tel que mesuré par l’indice des prix des logements, a, en effet, augmenté de 4,1 % dans la zone euro et de 4,7 % dans l’Union européenne au quatrième trimestre 2016 par rapport au même trimestre de l’année précédente. Par rapport au troisième trimestre 2016, les prix des logements ont progressé de 0,8 % au sein de l’Union comme au sein de la zone euro au quatrième trimestre 2016.

Parmi les États membres pour lesquels les données sont disponibles, les plus fortes augmentations annuelles du prix des logements (en base annuelle) ont été enregistrées à Malte (+6,0 %), en République tchèque (+4,7 %), aux Pays-Bas (+3,2 %) ainsi qu’à Chypre (+3,1%). Les baisses les plus marquées ont été rencontrées au Danemark (-1,5%), en Croatie (-0,6%) et en Belgique (-0,4%).

Après un troisième trimestre marqué par une forte hausse, +2,1 %, les prix de l’immobilier en France se sont assagis en fin d’année avec un recul de 0,3 %. Un léger repli qui est dû aux logements anciens (−0,4 %). Cependant, les prix des logements neufs ont augmenté de nouveau (+0,7 %). Sur un an, les prix demeurent orientés à la hausse, soit +1,9 % contre +0,7 % à la fin du premier semestre 2016. Les prix des logements neufs s’accroissent plus vite (+2,9 % sur un an) que ceux des logements anciens (+1,8 %).

 

La croissance patine à cause de l’industrie

Pour 2017, la Banque de France prévoit une croissance de 1,3 %, puis de 1,4 % en 2018 et de 1,5 % en 2019. Ses prévisions pour le premier trimestre ont été revues à la baisse de 0,1 point du fait du recul de la production industrielle en janvier comme en février.  Le taux de croissance aurait atteint dans ces conditions 0,3 %. La Banque de France ne semble pas s’enivrer des bons indicateurs de confiance publiés ces dernières semaines. Certes, sa révision du premier trimestre n’a pas d’incidence sur le taux de croissance prévisionnel de l’ensemble de l’année. Ce dernier reste fixé à 1,3 % inférieur de 0,2 point à celui retenu par le Gouvernement (1,5 %, considéré comme très optimiste de la part de nombreux spécialistes). Pour l’inflation, la Banque de France a retenu un taux de 1,2 % en 2017, de 1,4 % en 2018 et de 1,5 % en 2019. Pour la prévision hors énergie et alimentation, les prévisions d’inflation sont de 0,8 % pour 2017, de 1,1 % en 2018 et  de 1,3 % en 2019.

La France n’est pas le seul pays à connaître une contraction de sa production industrielle en ce début d’année. L’Irlande et le Royaume-Uni sont les plus touchés par ce recul. Pour l’ensemble de l’Union européenne, la production industrielle a diminué de 0,3 %.

 

L’investissement reprend des couleurs

Si la production industrielle patine depuis quelques mois, l’investissement enregistre un rebond assez marqué en liaison avec les faibles taux d’intérêt. Au quatrième trimestre de l’année dernière, selon Eurostat, le taux d’investissement des entreprises s’est établi à 23,5 % dans la zone euro, contre 22,0 % au trimestre précédent et 21,8 % en 2015. Le taux d’investissement retrouve pour la première fois son niveau de 2008. Il avait connu un point bas à 20,9 % au quatrième trimestre 2009.