15 juin 2019

C’est déjà hier 15 juin 2019

Inflation, baisse confirmée au mois de mai

En mai, selon l’INSEE, l’indice des prix à la consommation a enregistré une hausse de 0,1 % sur un mois, après +0,3 % en avril 2019. Ce ralentissement s’explique par le repli des prix des services sur le mois considéré (−0,2 % après +0,5 %). En revanche, les prix des produits alimentaires accélèrent nettement (+0,7 % après +0,1 %). Ceux des produits manufacturés (+0,2 % après +0,1 %) et du tabac (+0,3 % après +0,1 %) augmentent, eux aussi, davantage que le mois précédent. Enfin, les prix de l’énergie croissent au même rythme qu’en avril (+0,6 %).

Sur un an, les prix à la consommation n’ont progressé que de 0,9 %, après +1,3 % en avril. Cette baisse de l’inflation s’explique par un moindre dynamisme des prix des services, de l’énergie et de l’alimentation et une baisse plus prononcée des prix des produits manufacturés. L’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), retenu pour les comparaisons internationales et pour la fixation de certaines prestations, croît de 1,1 % après +1,5 % le mois précédent.

Sur un an, l’inflation sous-jacente (inflation abstraction faite des biens enregistrant de fortes variations) poursuit son repli à +0,5 %, après +0,7 % en avril.

Dissection de la consommation des ménages en 2018 

Selon l’INSEE, en 2018, la dépense de consommation n’a progressé que de 0,9 % en volume, contre +1,4 % en 2017 et +1,8 % en 2016. Son évolution est nettement inférieure au rythme d’avant-crise (+2,4 % en moyenne par an entre 2000 et 2007). En 2018, elle a été conforme à la moyenne constatée lors de ces dix dernières années. La consommation progresse moins vite que le revenu disponible brut. Ce dernier a augmenté de 2,7 %, en 2018 après +2,2 % en 2017 et +1,8 % en 2016). En prenant en compte l’inflation, la progression est de 1,5 % en 2018. Le pouvoir d’achat des ménages par unité de consommation enregistre une moindre hausse (+0,7 %, après +0,8 % en 2017), mais sa progression reste relativement élevée pour la période post-crise (+0,1 % en moyenne par an depuis 2008, contre +1,7 % entre 2000 et 2007). Si la consommation croît moins vite que le pouvoir d’achat, le taux d’épargne augmente. En 2018, il s’est accru de 0,3 point, après une stabilité en 2017. Il s’établit désormais à 14,2 % du revenu, c’est-à-dire au même niveau qu’avant la crise (14,3 % en moyenne entre 2000 et 2007) et à un demi-point inférieur à son niveau post-crise (14,8 % en moyenne entre 2008 et 2018).

Moindre progression des achats de biens durables

Depuis plusieurs années, les Français modèrent leurs achats de biens durables (électroménagers, meubles, etc.). Les achats en biens durables représentent 8,4 % de la consommation des ménages. Certes, les ventes de téléviseurs ont progressé en 2018 en raison de la Coupe du Monde de Football, mais la consommation de biens durables ne progresse que de 1,6 % en volume en 2018, après +3,1 % en 2017 et +5,9 % en 2016.

Tout en restant un moteur de la croissance de la consommation, la dépense en transports reste assez dynamique en volume (+1,6 %, après +3,6 % en 2017). Cette croissance est principalement portée par la dépense des ménages en équipement automobile (+4,7 %) et par les achats de véhicules en leasing, même si ceux-ci ralentissent tendanciellement (+8,7 % en volume). Le marché de l’automobile a été en partie faussé par la mise en place de la nouvelle norme antipollution WLTP à partir du 1er septembre 2018. Les constructeurs ont effectué des ventes fictives au cours du premier semestre. De ce fait, les résultats du second semestre ont été en recul, les achats neufs étant transformés par des ventes en occasion.

La consommation de gasoil continue à reculer (-2,9 % en volume, comme en 2017) mais le prix s’accroît de 16,5 %, après +11,7 % en 2017. Portée par l’incitation à l’achat de voitures à essence au détriment des véhicules diesel, la dépense des ménages en super sans plomb progresse de 4,7 % en volume malgré un prix en hausse de 9,1 %. Le gasoil reste néanmoins le principal carburant consommé, représentant plus des trois quarts des livraisons de carburants.

En raison des trois mois de grèves SNCF au printemps, la dépense en transport ferroviaire se replie nettement (-6,0 % en volume, après +5,8 % en 2017), mais, à l’inverse, celle en transports en cars augmente très fortement (+26,0 %). Enfin, le transport aérien a enregistré une hausse de 5,0 % en volume, après +5,8 % en 2017.

Près de 30 % de dépenses pré-engagées

Les dépenses pré-engagées (réalisées par les ménages dans le cadre de contrats difficilement renégociables à court terme) représentaient 29,2 % de leur revenu disponible brut en 2018, soit une part en baisse de 0,1 point sur un an. L’essentiel des dépenses pré-engagées des ménages (77,7 % en 2018) correspond à l’effort financier réalisé pour se loger ainsi que pour chauffer et éclairer leur logement.

Les dépenses de logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles augmentent de 1,4 % en volume, après +0,7 % en 2017. Cette croissance est portée par celle des loyers (+2,1 % en volume).

La dépense en chauffage et éclairage se replie en volume au même rythme qu’en 2017 (-1,7 %). En effet, les températures ont été encore plus clémentes qu’en 2017 : l’année 2018 a été la plus chaude depuis le début du XXe siècle.

Les dépenses d’hôtellerie et de restauration en hausse

Les dépenses en hôtels-cafés-restaurants, en transports et en logement sont les principaux moteurs de la croissance en volume de la consommation en 2018. À l’inverse, les boissons alcoolisées et le tabac, ainsi que l’alimentation et l’habillement se replient nettement. Les autres produits contribuent plus modérément aux évolutions de la consommation.

La dépense en hôtels-cafés-restaurants reste très dynamique en volume (+4,3 %, après +5,3 % en 2017). Elle est principalement le fait de la restauration mobile (restaurants et services). En revanche, divers facteurs ont affecté la restauration à table cette année : grèves, mouvements sociaux, désaffection des restaurants lors de la Coupe du monde de football au profit de la restauration rapide. Les débits de boissons ont connu une forte hausse en 2018 (+9,1 % en volume en 2018). La progression de la restauration et de l’hôtellerie s’inscrit dans un contexte porteur avec une augmentation du nombre de touristes étrangers. Par ailleurs, les Français privilégient les repas à l’extérieur (en particulier pour le déjeuner). Le recours à des plats préparés se développe malgré les mises en garde des autorités sanitaires.

Les Français plébiscitent les loisirs

La dépense en loisirs et culture reste assez dynamique en volume (+1,5 %, après +1,6 % en 2017 et +1,6 % en 2016) dans un contexte de hausse des prix toujours modérée (+0,5 %, après +0,3 % en 2017). La consommation de presse, livres et papeterie diminue toujours fortement, -4,0 % en volume, après -3,7 % en 2017 et -3,5 % en 2016. La situation de la presse écrite se complique. Il pourrait en être de même pour l’édition d’ici quelques années en raison de la baisse du nombre de lecteurs assidus au sein des jeunes générations.

Les ménages consomment de plus en plus de services de télécommunication. En revanche, l’achat de bouquets de programmes de radio et de télévision se replie en volume (-1,0 %, après +0,5 % en 2017), notamment du fait de la chute des abonnements à certaines chaînes privées (Canal +). Le succès de Netflix modifie de manière assez rapide la donne en matière d’accès aux films. Il convient par conséquent de s’interroger sur une possible redistribution les cartes dans le secteur des loisirs.

Les dépenses de santé se maintiennent

La croissance des dépenses de santé est principalement portée par le secteur non marchand (dépense de consommation individualisable des administrations publiques), qui ralentit, tout en restant dynamique (+1,9 % en volume, après +3,2 % en 2017 et +3,9 % en 2016) dans un contexte de prix quasi stables. Les dépenses en sécurité sociale obligatoire s’accroissent de 0,2 % en volume, après -1,2 % en 2017.

Moins de tabacs et moins d’alcools

Les consommations de tabac, d’alimentation et de boissons alcoolisées sont en net repli en 2018. La dépense des ménages en tabac recule fortement en volume (-7,6 %), du fait de la hausse des prix (+14,2 % en 2018). Le prix du paquet de tabac a augmenté d’environ 1 euro au 1er mars 2018, étape vers le paquet à 10 euros à l’horizon 2020.

La dépense des ménages en vins d’appellation d’origine contrôlée et de qualité supérieure se replie fortement elle aussi (-9,5 % en volume), les jeunes se tournant davantage vers la bière.

Les Français consomment toujours moins de viandes (-2,4 % en volume, après -1,5 % en 2017 et -1,0 % en 2016) mais la dépense en fruits et légumes se replie davantage en volume qu’en 2017 (-2,5 %, après -0,3 %). Il est à noter que la consommation de pommes de terre est en chute récurrente.

L’habillement, pas de reprise du marché

La dépense en articles d’habillement et en chaussures baisse nettement en volume      (-2,6 %, après +1,4 % en 2017). Ce recul est le fait tant des dépenses en habillement   (-2,7 %) que des dépenses en chaussures (-2,4 %).

En 2018, les Français ont été plutôt frugales en privilégiant l’épargne. Quand ils ont opté pour la consommation, ils ont été assez prudents. Ainsi, les dépenses dites durables progressent faiblement, la prudence étant de mise. Le poids des dépenses pré-engagées comme celles liées au logement érode les marges de manœuvre des consommateurs. Plusieurs tendances de fonds se sont confirmées en 2018 avec le recul des achats de viande, de tabacs et d’alcools. Les ménages ne sacrifient pas, en revanche, les loisirs même si une réorientation est en cours avec un choix fait en faveur de la mobilité.

La création d’entreprise se porte toujours bien

D’avril 2018 à avril 2019, le nombre cumulé de créations d’entreprise a augmenté de 16,9 %. Tous les types de créations sont en hausse : les immatriculations de micro-entrepreneurs (+27,8 %), les créations d’entreprises individuelles classiques (+12,1 %) et, dans une moindre mesure, celles de sociétés (+6,0 %). C’est le secteur « soutien aux entreprises » qui contribue le plus à cette hausse.





Emploi, avantage aux régions côtières et à la Corse en particulier

En 2018, l’emploi salarié a augmenté en France de 0,6 % (+150 000 emplois). Cette augmentation n’est pas uniforme sur l’ensemble du territoire. Plusieurs régions ont connu de fortes hausses comme la Corse, les DOM (à l’exception de La Réunion) et l’Île-de-France, essentiellement grâce au dynamisme du tertiaire marchand. Ces régions bénéficient également de l’embellie conjoncturelle dans la construction. L’emploi en Corse est porté par l’essor démographique de l’île (deux fois plus rapide que l’ensemble de la France) et de la bonne santé du bâtiment, en particulier dans les deux grandes villes (Ajaccio et Bastia). L’activité est également tirée par les bons résultats de la fréquentation touristique. Les hôtels de Corse, malgré la concurrence des locations saisonnières, enregistrent des taux de marge autour de 28 %, les meilleurs résultats étant obtenus dans la catégorie « trois étoiles ».

Dans les autres régions du Sud (Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Provence-Alpes-Côte d’Azur), ainsi qu’en Bretagne et dans les Pays de la Loire, l’emploi salarié croît légèrement plus vite que la moyenne nationale, du fait, là encore, du dynamisme du tertiaire marchand et de la construction.

Dans le Grand Est, les Haut-de-France et en Normandie, l’emploi salarié évolue peu (de -0,1 % à +0,3 %). Il progresse modérément en Normandie (+0,3 %), principalement tiré par le tertiaire marchand et l’industrie, ce dernier secteur étant relativement plus présent dans la région qu’en moyenne. En revanche, le Grand Est et les Hauts-de-France, régions également plus fortement industrialisées, ne bénéficient pas de l’embellie générale dans ce secteur.

En Bourgogne-Franche-Comté, Centre-Val-de-Loire et à La Réunion, l’emploi salarié diminue nettement, notamment dans le secteur tertiaire, marchand ou non. À La Réunion en particulier, des hausses de l’emploi dans l’industrie et la construction ne compensent pas un recul dans le tertiaire non marchand.