15 octobre 2016

C’est déjà hier (15 octobre)

Les Européens mettent de l’argent de côté

Les Européens ont préféré accroître leur épargne de précaution au début de l’année. Ainsi, le taux d’épargne est passé de 12,6 à 12,8 % de leur revenu disponible brut. Avec les Allemands, les Français figurent parmi les plus portés à mettre de l’argent de côté. Plusieurs facteurs conjoncturels jouent en faveur de l’épargne : crainte d’un nouveau ralentissement économique, contexte intérieur et international anxiogène, etc. Plusieurs autres facteurs jouent également en faveur de la hausse du taux d’épargne : vieillissement de la population, baisse du rendement des produits de taux par effet d’encaisse. Dans ce dernier cas, les ménages pour atteindre leurs objectifs patrimoniaux sont contraints d’accroître leurs flux d’épargne. Dans tous les cas, les ménages ont décidé de ne pas dépenser une partie de leurs gains de pouvoir d’achat.

Si les ménages ne relâchent pas leurs efforts en matière d’épargne, ils investissent un peu plus. Leur taux d’investissement est, en effet, passé de 8,6 % de leur revenu disponible brut au deuxième trimestre 2016 dans la zone euro contre 8,4 % au trimestre précédent. Les ménages européens ont renoué avec l’investissement qui est essentiellement immobilier (achat et rénovation) à partir du troisième trimestre 2015. Cette légère reprise peut être mise sur le compte de la baisse des taux d’intérêt. Le marché immobilier sert, de plus en plus, de valeur refuge en matière de placement (cf. infra pour la France).

Malgré cette légère augmentation, le taux d’investissement des ménages est loin d’avoir retrouvé son niveau d’avant crise. Il demeure 3 points au-dessous de son niveau de 2008.

Les entreprises européennes se pressent modérément pour investir

Malgré la très forte baisse des taux d’intérêt, les entreprises européennes ne se lancent qu’avec parcimonie dans de nouveaux investissements. Malgré plusieurs années de sous-investissement, il n’y a pas de rattrapage. Ainsi, au deuxième trimestre 2016, le taux d’investissement des entreprises s’est établi à 22,2 % de leur valeur ajoutée brute dans la zone euro contre 22,1 % au trimestre précédent. Par rapport à 2007, l’écart est de 2 points. Même des pays qui enregistrent de bons résultats comme l’Allemagne ne connaissent pas une forte augmentation de leur taux d’investissement. Au-delà des raisons conjoncturelles fréquemment avancées (faiblesse de la demande, incertitudes), des facteurs plus structurels pèsent sur l’investissement. La tertiarisation de l’économie limite les besoins d’investissement. En outre, l’industrie se trouvant essentiellement dans les pays émergents, ce sont ces derniers qui sont les principaux moteurs en la matière. Le ralentissement de ces pays limite les achats de biens d’équipement ce qui pèse par ricochet sur leurs fournisseurs européens et en particulier allemands. Le développement du digital (plateforme collaborative, distribution par le canal internet, etc.) entraîne des modifications importantes dans les chaînes de production. La saturation des équipements est moindre ; en outre, en permettant la mobilisation de biens sous-utilisés (logements, voitures, etc.), les plateformes conduisent à des reports d’investissement. Par ailleurs, plus une économie est riche et vieillissante, plus le renouvellement des équipements se ralentit, l’accent étant mis sur les services.

Les entreprises n’ont pas retrouvé leur forme d’avant crise

La part des profits des entreprises européennes est relativement stable depuis 2015. Elle était de 40,6 % de la valeur ajoutée au deuxième trimestre 2016 contre 40,5 % au premier trimestre 2016. Ce taux dépassait 43 % avant la crise de 2008.

L’immobilier français se réveille

Les ménages et les investisseurs sont de plus en plus sensibles aux sirènes de l’immobilier. La baisse des taux encourage tout à fois à l’endettement et à se détourner des produits de taux peu rémunérateurs.

Cette nouvelle appétence pour la pierre commence à se répercuter sur les prix qui étaient orientés à la baisse ces deux dernières années. Ainsi, au deuxième trimestre, les prix des logements sont en hausse par rapport au trimestre précédent (+0,6 %, en données brutes). Les prix des logements neufs augmentent de près de 1 % (0,9 %) et ceux des logements anciens de 0,5 %.

 

Sur un an, les prix de l’immobilier sont en hausse de 0,8 %. Cela fait désormais 6 mois que les prix sur un an progressent. Cette hausse est un peu plus marquée pour les logements neufs (+1,0 % sur un an) que pour les logements anciens (+0,7 %).