16 avril 2016

C’est déjà hier ! (16 avril 2016)

Le FMI sort le parapluie

En fin d’année, le FMI a tendance à voir l’avenir en rose pour dégriser au cours du premier semestre de l’année suivante. Dans ses dernières perspectives de l’économie mondiale, le FMI a donc révisé en baisse, sans surprise, ses prévisions de croissance. La croissance serait en 2016 de 3,2 % contre 3,1 % en 2015). Pour 2017, le taux de croissance pourrait atteindre 3,5 %.

Les pays émergents et en développement assureront, toujours, une grande partie de la croissance de l’économie mondiale dans les prochaines années mais leur taux de croissance sera en rempli. Ainsi, en 2016 et en 2017, il sera inférieur de deux points au taux de ces dix dernières années. Cette faiblesse est imputable aux pays producteurs de pétrole et à la Chine. L’accélération de la croissance attendue pour 2017 sera essentiellement due à la sortie de la crise du Brésil et de la Russie qui représentent 5 % du PIB mondial. Les pays avancés devraient connaître une légère amélioration économique à l’exception du Japon qui pourrait renouer avec la récession du fait de l’augmentation de la TVA.

L’organisation internationale souligne que « la reprise de l’économie mondiale se poursuit mais de manière de plus en plus lente et de plus en plus fragile ». Elle met en avant plusieurs risques qui pourraient la remettre en cause : une réorientation trop brutale de l’économie chinoise qui s’accompagnerait de plusieurs secousses financières, des problèmes géostratégiques, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, la survenue de catastrophes naturelles en relation avec le phénomène El Nino…. Le FMI indique, par ailleurs, que les pays émergents et, en particulier les producteurs de matières premières et d’énergie, sont confrontés à des pertes de revenus importants ce qui pèse fortement sur leur croissance mais aussi sur l’ensemble des autres pays.

 

Etats-Unis, une croissance en voie d’européanisation

Le FMI souligne que les Etats-Unis devraient maintenir en 2016 et 2017, leur croissance autour de 2,6 %, croissance néanmoins contrainte par la baisse de l’investissement du secteur énergétique. Par ailleurs, la croissance potentielle du pays diminuerait du fait du vieillissement de la population et de la contraction de la productivité globale des facteurs de production.

 

Le ralentissement chinois pèsera sur la croissance mondiale

La Chine, en étant l’un des dix premiers partenaires commerciaux de plus de 100 pays qui représentent plus de 80 % du PIB mondial, influe désormais directement sur leur croissance. La part de la Chine dans le commerce international est supérieure à 10 %. Pour l’investissement, ce taux est de 25 %.

La contraction de 4 points des importations chinoises et de deux points de l’investissement ne peut pas être sans effet sur l’économie mondiale. Selon le FMI, une contraction d’un point de la production chinoise du fait d’une baisse de l’investissement réduirait d’un quart de point la croissance des pays du G20.

Du fait de son poids dans les achats et dans la production, la Chine fait le marché pour un certain nombre de biens. Pour les métaux, la Chine représente ainsi 40 % de la demande mondiale. Les excédents de capacité de production sont tels que la pression sur les prix risque de perdurer.

Le FMI prévoit une croissance de 6,5 % en Chine en 2016 et de 6,2 % en 2017.

Il faut parier sur l’Inde, l’Indonésie et les Philippines

Si la Chine ralentit, l’Inde semble accélérer. La croissance devrait atteindre 7,5 % en 2016 et 2017. La croissance y est portée par la consommation privée qui est soutenue par la baisse des prix de l’énergie et par l’augmentation des revenus. Une augmentation de l’investissement, en particulier dans le secteur industriel, est attendue.

Si la croissance devrait se ralentir en Malaisie et au Vietnam, elle devrait augmenter en Indonésie et aux Philippines, ce dernier pays connaissant une embellie assez intéressante (le taux de croissance devrait être de 6 %).

L’Amérique latine et les Caraïbes en dépression

Du fait de la crise du Brésil, la zone « Amérique latine et Caraïbes » devrait enregistrer en 2016 un recul de son PIB de 0,5 %. Le retour à des valeurs positives est attendu pour 2017 avec une croissance de 1,5 %. Les pays d’Amérique centrale et le Mexique s’en sortent mieux que l’Amérique latine.

La zone euro face à une croissance potentielle toujours faible

La zone euro est toujours confrontée aux stigmates des crises de 2008/2009 et de 2012. Le poids des endettements privés et publics se fait toujours sentir. La croissance potentielle est faible en raison de la faible progression de la population, du sous-investissement et de l’ampleur du chômage qui aboutit à une érosion des compétences.

Le FMI optimiste pour le Royaume-Uni

Le FMI fait fi des menaces qui planent sur le Royaume-Uni. Il parie sur une croissance de 1,9 et de 2,2 % respectivement en 2016 et 2017. Certes, elle serait en retrait par rapport à ces dernières années mais resterait supérieure à celle du vieux continent. La progression de la demande privée devrait compenser la chute des investissements provoquée par les incertitudes liées au référendum du 23 juin sur le maintien du Royaume-Uni au sein de l’Union européenne.

 

La Russie, fin de tunnel programmée

 

La croissance russe devrait être négative en 2016 (-1,8 %). Les embargos amplifient la récession générée par la baisse du prix du pétrole. Le FMI souligne que les problèmes structurels pèsent sur l’activité en Russie. Une amélioration pourrait intervenir en 2017 surtout si les cours du pétrole s’affermissaient.

L’Afrique sub-saharienne subit de plein fouet la baisse des cours des matières premières

En 2016, la croissance de l’Afrique sub-saharienne ne devrait pas dépasser 3 % en recul de 0,5 point par rapport à 2015 et inférieur de 1,3 point aux prévisions d’octobre dernier. En 2017, une accélération est espérée avec une croissance de 4 %. Les pays importateurs de pétrole n’ont pas dégagé une croissance suffisante pour compenser la perte d’activité enregistrée par les pays producteurs.

Un commerce international mal orienté

Le ralentissement de la Chine, les récessions du Brésil et de la Russie ainsi que les difficultés des pays producteurs de pétrole ont contribué à la moindre progression, l’année dernière, du commerce international. Le volume du commerce de biens et services a augmenté de 2,8 % en 2015 soit moins vite que le PIB mondial. En 2016, le FMI prévoit une hausse de 3,1 %. Une accélération est attendue en 2017 avec un taux de 3,8 %. En valeur, le commerce international a diminué en 2015. Il devrait se stabiliser cette année.

La baisse des matières premières et du pétrole a-t-elle coûté plus qu’elle n’a rapporté ?

Contrairement à certaines prévisions, les pertes des pays exportateurs de pétrole ont été plus élevées et plus concentrés que les gains des pays importateurs. Les pays exportateurs ont été contraints de réduire leurs investissements de manière très rapide. La consommation des pays concernés s’est étiolée. Chez les pays importateurs, il y a eu un effet indéniable mais plus faible qu’escompté. Plusieurs facteurs ont atténué l’impact de la baisse des cours du pétrole. Au moment de la chute en 2014, de nombreux pays avancés étaient en creux de cycle économique. L’effet d’entraînement du krach pétrolier a donc été moindre qu’en 1986 où l’économie repartait. En outre, à la différence des autres krachs pétroliers, la baisse des cours ne s’est pas accompagnée d’une réduction des taux d’intérêt par les banques centrales, ces derniers étant déjà à des taux plancher. Par ailleurs, la sensibilité des pays avancés au prix du pétrole est de plus en plus faible en raison de la désindustrialisation et de l’amélioration de l’intensité énergétique. Les Etats-Unis qui auparavant profitaient pleinement des baisses du prix du pétrole sont aujourd’hui touchés en tant que producteur. Les Etats-Unis sont confrontés à une chute des investissements et des profits dans le secteur énergétique qui se répercute sur l’ensemble de l’économie.

 Les finances publiques coincées entre Bruxelles et les élections

Le Gouvernement a présenté le 13 avril son programme de stabilité budgétaire pour 2016 et 2017. Le Ministre de l’Economie a confirmé que la France respecterait ses engagements en abaissant, en 2017, le déficit budgétaire à 2,7 % du PIB. Grâce au surcroît de croissance généré par la baisse du prix du pétrole et surtout à la diminution des taux d’intérêt, les déficits publics ont été de 3,5 % du PIB quand les pouvoirs publics avaient prévu un solde de -3,7 %.

Pour 2016, le déficit public devrait être de 3,3 % du PIB, soit un taux supérieur à la moyenne de la zone euro. Malgré le bon résultat de 2015, le Gouvernement n’a pas pris le risque de rehausser ses projections pour 2016 et 2017. Les pouvoirs publics auraient pu en conservant un objectif de réduction du déficit public de 0,5 point cette année, tel qu’il était prévu en loi de finances initiales descendre sous la barre des 3 % du PIB dès 2016. Ils ont préféré abaisser l’objectif de réduction à 0,2 point et conserver le calendrier initial.

Pour 2016 et 2017, le Gouvernement doit faire face à la faible inflation qui diminue mécaniquement le volume des recettes et à un possible ralentissement de l’économie. Il a retenu un taux de croissance de 1,5 % qui est au-dessus des prévisions de la grande majorité des instituts économiques. Le FMI table ainsi sur une croissance de 1,1 %. Un écart de 0,4 point pourrait provoquer une augmentation du déficit de 3 à 4 milliards d’euros.

Pour tenir compte de la faible inflation, le gouvernement devra réaliser, d’ici la fin de l’année, 4 milliards d’euros d’économie. 3 milliards d’euros de dépenses nouvelles ont été, par ailleurs, décidées nécessitant des arbitrages et des redéploiements. Les dépenses supplémentaires liées à l’effort de sécurité et de défense ainsi que l’augmentation de l’indice de la fonction publique devront être financés. Il faudra également ajouter les mesures en faveur des jeunes. Le Gouvernement ne pourra pas, par ailleurs, cette année, compter sur la baisse des taux d’intérêt qui avait permis en 2015 de réduire la facture du service de la dette de quelques milliards d’euros.

Avec le rapprochement des élections, les revendications corporatistes devraient se multiplier et déboucher sur une augmentation des dépenses. Le prochain Gouvernement sera, comme il est de tradition, amené à payer quelques factures impayées…

 

La France se maintient sur la crête des 10 % de chômeurs

Si les chiffres de Pôle Emploi demeurent, sauf mois exceptionnel, mal orientés, ceux du chômage calculés par le Ministère de l’emploi en ayant recours, à la définition du Bureau International du Travail, traduisent, en revanche, une légère amélioration. Ainsi, au 4ème trimestre 2015, le taux de chômage a reculé de 0,1 point pour s’établir à 10 %. Le nombre de chômeurs a reculé en trois mois de 47 000 et s’élevait à 2 860 000. Sur un an, le chômage est également en baisse de 0,1 point. En 2015, l’emploi total s’est accru de 0,6 % mais l’industrie et la construction ont encore enregistré des destructions d’emploi. Le nombre d’emploi a diminué de 1,2 % dans l’industrie (contre 1,3 % en 2014) et de 2,6 % dans la construction (contre 3,4 % en 2014).