17 décembre 2016

C’est déjà hier (16 décembre 2016)

Pour l’INSEE, la croissance malgré tout

 Dans sa note de conjoncture du mois de décembre, l’INSEE a revu à la baisse le taux de croissance pour 2016 suivant ainsi l’exemple donné par la Banque de France il y a quelques jours. Il serait de 1,2 % et non de 1,3 % comme initialement prévu. La croissance française serait ainsi, cette année, inférieure à celle de la zone euro et des pays avancés (1,6 %).

 Pour le 4ème trimestre, la croissance s’accélèrerait légèrement avec un taux attendu par l’INSEE à 0,4 %. L’institut prévoit un taux de 0,3 % pour le 1er trimestre et de 0,4 % pour le 2ème trimestre.

 L’INSEE reste assez prudent pour 2017 en constatant que l’acquis de croissance sera de 1 %, soit le même niveau qu’en 2016. Il compte sur une contribution positive du commerce extérieur, ce qui serait une nouveauté au regard des résultats de ces deux dernières années (en 2016, le commerce a pesé à hauteur de -0,7 point sur la croissance). En effet, l’année prochaine, la France pourra compter sur un surplus de livraisons aéronautiques.

 L’emploi marchand continuerait de progresser d’ici à mi-2017, encore soutenu par les dispositifs publics (contrat d’avenir, etc.). Dans ces conditions, le taux de chômage devrait légèrement baisser pour revenir à 9,8 % à la mi-2017 (9,5 % pour la France métropolitaine). L’emploi total progresserait de 70 000 postes au premier semestre 2017 après +88 000 au second semestre 2016.

Depuis le printemps, l’inflation se redresse légèrement en atteignant +0,5 % sur un an en novembre 2016 contre –0,2 % en avril. Elle continuerait d’augmenter jusqu’à atteindre +1,0 % en juin 2017, essentiellement du fait de la composante énergétique. En revanche, l’inflation sous-jacente (inflation calculée en supprimant les biens soumis à de fortes fluctuations comme l’énergie) serait quasi stable (+0,7 % en juin 2017 contre +0,5 % en octobre).

 En 2017, l’INSEE considère donc que le rythme de la croissance française actuelle se maintiendrait en particulier en raison d’un climat des affaires stable, un peu au-dessus de sa moyenne de longue période. Il s’établit à 102 en novembre, un niveau compatible avec une croissance trimestrielle de l’ordre de +0,3 % à +0,4 %.

 Par ailleurs, l’INSEE parie sur une progression de l’activité dans le secteur de la construction. Après deux années de fort recul en 2014 et en 2015, les dépenses de travaux publics se relèvent et la construction de logements neufs s’améliore progressivement. L’activité du secteur du bâtiment devrait enregistrer une hausse de 1,9 % en 2016. Pour 2017, la Fédération Française du Bâtiment prévoit une croissance de 3,4 % en volume grâce à l’accélération de la reprise des constructions neuves (+7,00%). Ces bons résultats ne compensent pas la contraction de 21 % de l’activité entre 2007 et 2015.

 Le pouvoir d’achat sous le joug du baril de pétrole

 En 2016, le pouvoir d’achat du revenu des ménages progresserait de nouveau, à +1,8 % en moyenne annuelle après +1,6 % en 2015, grâce à l’accélération de l’emploi marchand et à la stabilité des prix. D’ici à mi-2017, les gains de pouvoir d’achat se feront plus rares du fait du regain de l’inflation. Ils pourraient passer de passer de 1,5 % à 0,6 %.

 L’INSEE s’attend à une petite reprise de la consommation après deux trimestres de stagnation. Au 4e trimestre, elle pourrait progresser de 0,5  %. La hausse serait de 0,3 % par trimestre au cours du premier semestre.

 Taux d’épargne des ménages, un repli attendu en 2017

 L’INSEE constate que la propension à épargner des Européens a tendance à augmenter malgré ou à cause de la baisse des rendements. Par effet d’encaisse, les ménages augmentent leur effort d’épargne.

 En 2016, le taux d’épargne des ménages français progresserait très légèrement en s’élevant à 14,7 % contre 14,5 % du revenu disponible brut en 2015. Le taux d’épargne financière est passé de son côté de 5,5 à 5,7 %. Pour 2017, l’INSEE s’attend à un léger repli de l’épargne des ménages à 14,5 % du fait de l’érosion des gains de pouvoir d’achat et du maintien d’un bon niveau de consommation. L’épargne financière reculerait de 5,7 à 5,3 %.

 L’investissement, l’INSEE croît à la reprise

 Après avoir fortement progressé fin 2015 et début 2016, l’investissement des entreprises s’est replié au cours des 2e et 3e trimestres de 2016. Néanmoins, l’INSEE espère une reprise d’ici mi-2017 : +0,5 % au quatrième trimestre 2016 puis +0,8 % au premier trimestre 2017 et +0,5 % au deuxième trimestre.

 L’investissement des ménages progresse régulièrement depuis un an, au rythme de +0,4 % en moyenne par trimestre. La récente hausse des permis de construire suggère que cette tendance se poursuivrait et s’amplifierait même un peu d’ici mi-2017 avec une croissance de l’ordre de +0,6%par trimestre.

 Des aléas mais pas de remise en cause de la tendance de fonds

 L’INSEE souligne que de nombreux aléas pourraient remettre en cause le scénario retenu. Les incertitudes politiques sont importantes du fait d’un grand nombre d’élections en Europe, de l’arrivée de Donald Trump à la présidence des États-Unis et de l’engagement du Brexit.

 En effet, le contexte international est en demi-teinte avec une reprise qui tarde à se faire sentir au sein des pays émergents. Si la Russie semble sortir de la récession, ce n’est pas le cas pour le Brésil. De ce fait, les importations des pays émergents ont quasiment stagné au troisième trimestre

 Au sein des pays avancés, l’accélération de la croissance reste très modeste et repose essentiellement sur celle des États-Unis. Malgré les faibles taux d’intérêt, la croissance de la zone euro est handicapée par la faiblesse de l’investissement des entreprises. La croissance a tendance à se ralentir en Espagne et en Allemagne, un léger mieux étant constaté au cours du 3e trimestre en Italie. Après le recul du PIB au 2ème trimestre, la France a renoué avec une faible croissance au 3ème trimestre (+0,2 %) La production manufacturière s’est redressée (+0,6 % après –1,0 %) avec la reprise d’activité dans les branches affectées par les mouvements sociaux au printemps (chimie, raffineries). La construction a nettement rebondi (+1,0 %après –0,4 %), aussi bien en travaux publics qu’en construction de logements. En revanche, la consommation des ménages est restée étale. L’investissement des entreprises a reculé pour le deuxième trimestre consécutif (–0,4 % après –0,2 %).

 L’INSEE prend en compte l’augmentation, aux États-Unis, des taux d’intérêt ainsi que l’éventuel retour des politiques budgétaires plus expansionnistes. En revanche, il souligne que les effets sur les taux en Europe resteront limités du fait du maintien d’une politique monétaire accommodante. Sur le cours du pétrole, l’institut statistique considère que le prix du baril ne devrait pas fortement progresser en raison de l’importance des stocks et de la croissance moyenne de l’économie mondiale. Le relèvement du prix du pétrole devrait peser sur l’activité des pays avancés sauf aux États-Unis.

 Les effets du Brexit commenceraient à se faire sentir au Royaume-Uni avec un ralentissement de la croissance provoqué par une baisse du pouvoir d’achat en raison de l’inflation importée.

 En 2016, la croissance du commerce mondial serait la plus faible depuis 2009 avec une progression de 1,2 %.environ, soit trois fois moins vite que la croissance de l’activité. Ce ralentissement tiendrait à la faiblesse des importations américaines et de celles des pays émergents. Avant crise, le commerce international augmentait plus que vite que le PIB.

 Hausse des taux par la FED, chronique d’une histoire annoncée

 Mercredi 14 décembre, la FED a relancé le processus de hausse des taux, engagé l’année dernière et interrompu depuis. Il a ainsi relevé d’un quart de point ses taux directeurs qui se situeront dans une fourchette de 0,50 % à 0,75 %. Trois hausses sont logiquement programmées en 2017, au lieu de deux prévues initialement.

 Cette hausse est l’histoire d’une chronique annoncée. La FED est d’autant plus incitée à relever les taux que le programme de Donald Trump pourrait conduire à une augmentation du déficit public. Il faut tout à la fois attirer les capitaux nécessaires au financement et freiner les ardeurs dépensières de la nouvelle administration.

 La FED a indiqué mercredi dernier que la politique budgétaire n’est néanmoins pas le seul facteur pris en compte pour la fixation des taux directeurs. La Présidente de la FED demeure très prudente sur l’évolution de la situation économique et financière. Janet Yellen a ainsi déclaré « en ce moment, nous évoluons dans un environnement d’incertitudes ».

 Sur la situation économique, la présidente de la Fed a estimé que l’état actuel du marché du travail, avec un taux de chômage de 4,6 %,  ne nécessitait pas de stimulus fiscal, comme le propose Donald Trump. Elle a néanmoins souligné que le taux de participation au marché du travail restait faible et que le nombre élevé de temps partiels subis était aussi élevé. Elle a indiqué qu’il fallait en revanche se préoccuper du niveau de la productivité.

 Janet Yellen a tenté de justifier ses positions face aux critiques de Donald Trump qui l’a accusé de maintenir artificiellement les taux bas pour favoriser les Démocrates. Elle a critiqué à demi-mot l’idée émise par la nouvelle équipe présidentielle de revenir sur la régulation financière. « Je crois que nous avons vécu une crise financière dévastatrice, qui a eu un coût énorme pour notre économie. La plupart des membres du Congrès et le public sont sortis de cette expérience avec la conviction qu’il était important de prendre une série de mesures qui aboutissent à un système financier plus sûr et plus fort » a-t-elle indiqué.

 Elle a souligné par ailleurs que sur l’emploi industriel, les destructions étaient liées aux évolutions technologiques plus qu’à la mondialisation. Elle a répété qu’elle avait  « l’intention de servir [son] mandat de quatre ans », tout en reconnaissant qu’il était possible qu’elle ne soit pas reconduite dans ses fonctions.

 Les hypothèses économiques retenues par la FED

 Pour la croissance

 La FED prévoit une croissance de 1,9 % pour 2016 (contre 1,8 % anticipé en septembre). Pour 2017, elle a légèrement relevé ses prévisions, à 2,1 % (contre 2 %). Le taux de croissance à long terme, lui, est estimé à 1,8 %,  ce qui est très éloigné de la promesse de Donald Trump de 3,5 % voire 4 %.

 Pour le chômage

 La FED compte sur un taux de chômage de 4,7 % en 2016 (contre une précédente anticipation de 4,8 % affichée en septembre),  de 4,5 % en 2017 (contre 4,6 %), de 4,5 % en 2018 (prévision inchangée), et de 4,5 % en 2019 (contre 4,6 %).

 Pour l’Inflation

 Les anticipations restent stables à 1,7 % en 2016, 1,8 % en 2017, 2 % en 2018 et 2 % en 2019.

 La France, un pays égalitaire ?

 Entre et au sein des différents des Etats européens, les inégalités de revenus sont variables allant d’un ratio de 1 à 2 à un ratio de 1 à 5. Ces inégalités s’expriment tant entre déciles qu’entre secteurs d’activité. Ainsi, les activités financières et d’assurance se classant parmi les secteurs les plus rémunérateurs dans tous les États membres de l’UE, tandis que le secteur de l’hébergement et de la restauration figure parmi les moins rémunérateurs.

 Les écarts de salaires horaires bruts au sein d’un même pays peuvent être mesurés en utilisant les déciles, et notamment le plus bas et le plus élevé, qui correspondent aux 10 % des salariés gagnant le moins (D1) et aux 10 % gagnant le plus (D9). Aussi, un ratio interdécile D9/D1 élevé indique de fortes disparités. Parmi les États membres de l’UE en 2014, le ratio de dispersion D9/D1 s’échelonnait de 2,1 en Suède à 4,7 en Pologne. En d’autres termes, les 10 % des salariés les mieux payés gagnaient au moins deux fois plus que les 10 % les moins payés en Suède, et environ cinq fois plus en Pologne. Après la Pologne, la Roumanie (avec un ratio de 4,6), Chypre (4,5), le Portugal (4,3), la Bulgarie (4,2) et l’Irlande (4,1) affichaient de fortes disparités de salaires horaires bruts. En revanche, les plus faibles ratios D9/D1 ont été relevés, après la Suède, en Belgique, au Danemark et en Finlande (chacun avec un ratio de 2,4), en France (2,7) ainsi qu’à Malte (2,9).

 La plus forte disparité sur la partie haute de la répartition des salaires horaires bruts en 2014 a été enregistrée au Portugal (avec un ratio D9/Médiane de 2,8). Cela signifie que les 10 % des salariés les mieux payés au Portugal gagnaient environ trois fois plus que le salaire médian. Le Portugal est suivi par la Bulgarie, Chypre, la Pologne et la Roumanie (tous avec un ratio de 2,5), la Lettonie (2,3), ainsi que l’Irlande, la Lituanie, le Luxembourg, la Hongrie et le Royaume-Uni (2,2 chacun). À l’inverse, le Danemark et la Suède (avec un ratio de 1,6 chacun), la Finlande (1,7), la Belgique, la France, Malte et les Pays-Bas (1,8 chacun) affichaient les plus faibles ratios.

 S’agissant de la partie basse de la répartition des salaires horaires bruts, les disparités, en 2014, étaient les plus marquées en Estonie (avec un ratio Médiane/D1 de 2,0). En d’autres termes, en Estonie, les 10 % des salariés les moins bien payés gagnaient la moitié du salaire médian. Après l’Estonie suivent l’Allemagne, l’Irlande et la Pologne (1,9 chacun), la République tchèque, Chypre, la Lituanie, la Roumanie et la Slovaquie (1,8 chacun). À l’autre extrémité de l’échelle, les écarts les plus faibles dans la partie basse de la répartition des salaires ont été relevés en Suède (avec un ratio de 1,3), en Belgique et en Finlande et (1,4 chacune), au Danemark, en France, en Italie ainsi qu’au Portugal (1,5 chacun).

 Sur la base des salaires mensuels bruts, les « Activités financières et d’assurance » se classaient parmi les 3 activités économiques les plus rémunératrices dans chacun des États membres de l’UE, sauf en Irlande (où elles se classaient 4e).

 Le secteur « Information et communication » était également largement représenté dans le top 3 des activités rémunératrices, à l’exception de la Belgique, de l’Espagne et des Pays-Bas (où il se classait 4e), en Italie et au Luxembourg (5e position) ainsi qu’à Chypre (6e place). La « production et distribution d’électricité, de gaz, de vapeur et d’air conditionné » représentait le secteur le plus rémunérateur en Belgique, en Allemagne, en Espagne ainsi qu’en Autriche, et se classait deuxième en Bulgarie, aux Pays-Bas, au Portugal, en Slovénie et en Finlande.

 Le secteur des « Industries extractives » occupait la première place au Danemark, aux Pays-Bas ainsi qu’au Royaume-Uni, et la deuxième place en Pologne et en Roumanie. S’agissant de « l’Enseignement », il figurait comme l’activité la plus rémunératrice au Luxembourg et se positionnait en deuxième position à Chypre. Enfin, les « Activités spécialisées, scientifiques et techniques » se situaient parmi les deux secteurs les plus rémunérateurs dans un seul État membre: la Belgique.

 En bas du classement, les activités « hébergement et restauration » ressortaient comme étant le secteur économique le moins rémunérateur en 2014 dans tous les États membres, sauf en Espagne, à Malte et en Slovénie. Les « Activités de services administratifs et de soutien » figuraient également souvent parmi les trois secteurs les moins rémunérateurs, à l’exception de la Hongrie, de Malte (4e en partant de la fin), de l’Estonie et de Chypre (5e en partant de la fin) ainsi que de la Lettonie.