15 juillet 2016

C’est déjà hier (16 juillet 2016)

Pas de bulle d’endettement en France malgré la politique de quantitative easing

La Banque Centrale Européenne, depuis 2015, réalise des achats d’actifs obligataires et a décidé d’abaisser ses taux directeurs à un niveau historiquement bas. Les détracteurs de cette politique de taux bas mettent en avant le développement de bulles notamment en matière d’endettement. Pour le moment, en France, il n’y a pas de réels signes d’une telle menace. Ainsi, à la fin du mois de mars, la dette des agents non financiers privés rapportée au PIB a même enregistré une baisse de 0,4 point. Le taux d’endettement des Sociétés Non Financières diminue de 0,4 point, pour atteindre 68,7 % du PIB. Deux facteurs sont à l’origine de cette évolution ponctuelle. D’une part, le PIB en valeur augmente de de 0,6% au premier trimestre. Par ailleurs, la hausse des crédits bancaires est compensée par une réduction de l’encours des titres de dettes.

De son côté, le taux d’endettement des ménages est de 55,9 % du PIB. Il est stable sur les trois premiers mois de l’année. Exprimé en part de revenu disponible, il est en hausse de 0,1 point (87,2% après 87,1%. Enfin, le ratio de dette des administrations publiques s’élève à 97,4% du PIB. Ce ratio est quasi-stable sur un an (+ 0,1 point).

 

C’est bien connu, c’était mieux avant !

La Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques a réalisé une enquête sur l’appréciation des Français sur leur situation par rapport à celle qu’ont connue leurs parents.

Sans trop de surprise, près de la moitié des Français (46 %) considère, en 2014, que leur situation globale est moins bonne que celle de leurs parents. Ce taux était de 36 % en 2004. Par ailleurs, un quart des Français estiment que leur situation est identique à celle de leurs parents. En revanche, seulement 29 % des Français trouvent que leur situation s’est améliorée par rapport à celle de leurs parents. En 2004, ce taux était de 42 %.

Plus de la moitié des personnes âgées de 25 à 59 ans estiment que leur situation s’est dégradée. Les chômeurs sont évidemment plus enclins à considérer que leur situation s’est dégradée par rapport à celle de leurs parents (65 %) que les actifs en emploi (48 %).

Parmi les optimistes figurent les retraités et les étudiants qui sont majoritairement convaincus que la situation d’aujourd’hui est meilleure que celle qui prévalait il y a trente ou quarante ans. La situation des 18-24 ans doit toutefois être nuancée. Ils sont aussi nombreux que la moyenne de la population à se sentir déclassés, mais deux sous-populations se distinguent : d’une part, les étudiants, dont 36 % jugent leur situation moins bonne que celle de leurs parents ; d’autre part, les jeunes actifs, dont 51 % s’estiment déclassés.

Les étudiants considèrent, ce qui est en soi rassurant, que leur formation leur permettra d’avoir une situation meilleure que celle de leurs parents. En revanche, les personnes non-diplômées doivent faire face aux difficultés de l’insertion professionnelle. Par ailleurs, ces étudiants sont bien souvent obligés de faire appel financièrement à leurs parents (cohabitation, utilisation de la voiture….).

La période d’insertion professionnelle est très mal ressentie par les jeunes actifs. Elle est vécue comme un moment de désenchantement. Depuis les années 1990, les liens entre diplôme et salaire à l’entrée se sont en effet distendus. Il y a le sentiment que le diplôme n’ouvre plus les portes. De plus en plus de jeunes se considèrent comme « surdiplômés » par rapport à l’emploi qu’ils occupent.

Cette appréciation corrobore certaines statistiques. Ainsi, les sortants de l’enseignement supérieur long, munis d’un diplôme au moins égal à la licence, enregistrent une baisse de leur salaire médian de 7,5 % entre 1995 et 2007 (Eckert, 2011).

En ce qui concerne le niveau de vie, le sentiment de déclassement progresse ces dernières années. En 2014, environ quatre Français sur dix s’estiment financièrement déclassés par rapport à leurs parents. Cette part est légèrement inférieure à celle des personnes qui estiment que leur situation générale est moins bonne que celle de leurs parents (46 %).

À l’inverse, 35 % des personnes interrogées jugent que leur niveau de vie s’est amélioré, et 29 % que leur situation générale est meilleure que celle de leurs parents.

Cette enquête de la DREES souligne un profond sentiment d’inquiétude dans l’opinion publique, sentiment qui s’est accru avec la crise de 2008. Néanmoins, l’appréciation de déclassement par rapport à la génération précédente est exagérée comme le prouvent certaines données statistiques.

Les Français aimeraient tant retrouver les années soixante ou du moins l’image fantasmée qu’ils en ont. Les gendarmes de Saint-Tropez, Sean Connery jouant James Bond, Brigitte Bardot, les Stones jeunes et révoltées nous hantent jour après jour. Les années soixante, cinquante ans plus tard ont pris la forme d’un paradis terrestre au regard de la tristesse que véhiculent, à nos yeux, les années 2010 que nous n’osons d’ailleurs même pas nommer.

Pourtant, si par un curieux tour de passe-passe, nous étions tous renvoyés en 1960 ou même en 1969, nous serions nombreux à demander notre rapatriement immédiat pour le 21ème siècle. Nous crierions, sans nul doute, à l’escroquerie. Nous serions tentés, dans le cadre d’une action de groupe, de demander réparation à l’organisateur pour tromperie sur la marchandise. Plus d’un réviserait son jugement sur cette fameuse décennie. Il nous faudrait oublier Internet, les Smartphones, les tablettes, voire le téléphone tout court. De même, à la maison, il nous faudrait nous habituer à vivre sans micro-onde, évidemment, mais aussi sans le confort sanitaire. Avant 1973, plus de 40 % des logements en étaient privés contre 1,2 % en 2012.

Côté télévision, nous devrions nous contenter du programme unique de la première chaine en noir et blanc ; pour les vacances, pas de low-cost et au programme, un séjour chez les parents ou les grands parents, bien souvent à la ferme. Pour les plus nantis, peu nombreux par définition, il serait, certes, possible d’envisager la Côte d’Azur voire le Maroc ou la Tunisie. Les plus chanceux auraient le droit d’aller au ski durant l’hiver.

Pour la voiture, ne rêvez pas ; il y aurait un fort risque que vous n’en ayez point. En effet, le taux d’équipement des ménages ne dépassait pas 26 % en 1960. Certes en 1969, un ménage sur deux avait une voiture mais pour mémoire, en 2013, le taux d’équipement atteint 83 % et près d’un tiers des ménages a même deux voitures.

Nous serions très désappointés si nous devions nous contenter des salaires de l’époque, même en intégrant l’inflation. Depuis des années, les Français n’en finissent pas de répéter que la vie est de plus en plus dure mais notre pouvoir d’achat a été, en effet multiplié par plus de 3 depuis 1960. Côté patrimoine, nous sommes tous des nantis par rapport à ce que nous aurions possédé en 1960. Nous sommes, aujourd’hui, scandalisés par la soi-disant montée des inégalités et de la pauvreté. Or par rapport aux années 60, nous évoluons dans un pays de cocagne. En quarante ans, le taux de pauvreté est passé de plus de 18 % à 14 %. Le rapport entre les revenus des 10 % les plus riches et des 10 % les plus pauvres était de 1 à 5 en 1970 contre 1 à 3,5 en 2010.

En 1969, l’alimentation était le principal poste de dépenses des ménages. Elle représentait près de 20 % des dépenses de consommation contre 10 % aujourd’hui. En revanche, le logement pesait moins en 1969 qu’en 2014 dans le budget des ménages, 14 % contre 20 %. Par ailleurs, le poids des dépenses d’habillement a été divisé par trois (près de 9 % en 1969 contre 3 % en 2014). Les dépenses de santé et surtout les dépenses liées à la culture et aux loisirs ont explosé durant ces quatre dernières décennies.

Les retraités n’étaient pas à la fête. Les pensions de retraite étaient faibles et l’inflation grignotait, année après année, le capital. À l’époque, plus de 2 millions de retraités devaient se contenter du minimum vieillesse quand ils sont moins de 600 000 en 2014.

 

La Corse, championne de France de la croissance

L’INSEE a publié une étude sur la croissance du PIB des régions françaises depuis 1990. Ce sont les régions de la façade ouest et également du pourtour méditerranéen qui s’en sortent le mieux. Dans la majorité des régions, le produit intérieur brut est presque revenu à son niveau d’avant-crise. Néanmoins, les régions de l’Est de la France n’ont pas encore réussi à revenir au niveau de 2007. C’est le cas en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, en Bourgogne-Franche-Comté et dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie. La présence de secteur d’activités à forte productivité du travail, les taux d’activité et les évolutions démographiques contribuent aussi à ces écarts régionaux.

Dans la décennie 1990, la croissance a été soutenue dans l’ensemble des régions françaises. Le produit intérieur brut (PIB) a augmenté en moyenne de 2 % par an en France et de 1,6 % à 2,6 % selon les régions. La croissance des régions a été moins homogène à partir des années 2000. Ces dernières ont vu le décrochage des régions de l’Est de la France ainsi que le retour en force de l’Île-de-France. La crise de 2008 a accentué cette tendance. Il faut souligner que la région Bourgogne-Franche-Comté a enregistré le plus fort recul régional au niveau du PIB, – 1 % par an entre 2008 et 2013.

Pour la France métropolitaine, c’est en Corse que la croissance est la plus rapide depuis 2000. La croissance de cette région est portée par le Programme d’Équipement et d’Investissement, par la bonne tenue du secteur immobilier et du tourisme ainsi que par l’augmentation de la population.

Depuis la crise, les PIB de Mayotte et de la Guyane, les moins élevés parmi les régions françaises, augmente à un rythme annuel très important (+4 %). Ces régions étaient déjà les plus dynamiques entre 2000 et 2008.

Des écarts importants au niveau des PIB par habitant

À l’issue de cette période, en 2013, les PIB régionaux par habitant se situent à des niveaux très différents : de 8 000 euros à Mayotte à 53 600 euros en Île-de-France.

Pour déterminer, la puissance économique d’une région, il est utile de regarder la création de richesses générée par emploi.

En 2013, le PIB par emploi est de 105 300 euros en Île-de-France, de 70 300 euros pour le reste de la métropole et de 64 700 euros dans les départements d’outre-mer. Seules deux régions ont un PIB par emploi supérieur à la moyenne de province : Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur. La première se distingue par une industrie qui reste dynamique et un poids important des activités de services aux entreprises et de recherche. Les activités de transport et entreposage sont, quant à elles, plus nombreuses en Provence-Alpes-Côte d’Azur. À l’opposé, le PIB par emploi en Bretagne est le plus faible de la métropole (66 500 euros). Les industries agroalimentaires et l’agriculture sont fortement représentées dans cette région et dans ces secteurs d’activités, la productivité apparente du travail est relativement faible.

L’autre point important, pour mesurer la croissance régionale, réside dans la prise en compte le nombre d’emplois. Ainsi, entre 1990 et 2013, le ratio emploi par habitant a nettement progressé en Corse, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Pays de la Loire et Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Dans ces quatre régions, cette hausse est surtout liée à celle du taux d’activité. La croissance du taux d’activité des femmes entre 1990 et 2013 en est la principale explication. En France métropolitaine, ce taux a augmenté de 7 points en Île-de-France et jusqu’à 18 points en Corse. À l’inverse, avec le vieillissement de la population, l’effet démographique est négatif dans toutes les régions métropolitaines et commence à peser sur le taux de croissance.