17 février 2018

C’est déjà hier (17 février 2018)

Embellie sur le marché de l’emploi

253 000 emplois créés, 300 000 chômeurs au sens du Bureau International du Travail en moins, l’année 2017 figurera dans les annales. Certains ont été étonnés des résultats publiés par l’INSEE concernant la situation du chômage qui est en décalage par rapport aux données de Pôle Emploi. Les inscriptions au chômage ne correspondent pas à l’évolution du marché de l’emploi. Les inscriptions correspondent plus à un état social (demande d’indemnisation, volonté de changement de travail, retour sur le marché) quand les statistiques de l’emploi sont de nature plus économiques. En outre, ces dernières années, il y a eu beaucoup de chassé-croisé en raison des différentes actions des pouvoirs publics (plan formation des demandeurs d’emploi, développement et recul des emplois aidés). Après avoir été réduit durant plusieurs années avec le passage de la retraite à 62 ans (67 ans pour la retraite à taux plein), le nombre de départs tend, par ailleurs, également à progresser, ce qui ne peut que jouer favorablement sur le taux de chômage.

Plus de 250 000 emplois créés en 2017

La France a créé 253 500 emplois en 2017 dont 208 000 hors intérim. En effet, au quatrième trimestre, l’emploi salarié privé a continué à s’accroître sur le même rythme qu’aux trimestres précédents : +0,3 %, soit 53 300 créations nettes d’emploi après 49 600 au troisième trimestre. Sur un an, la hausse a été de 1,3 % (+1,1 % sur un an hors intérim).

La France a donc créé plus d’emplois en 2017 qu’en 2016. Elle a été aidée en cela par l’accélération de la croissance. C’est le meilleur résultat de ces sept dernières années. Ces créations ont eu un impact modéré sur le nombre de demandeurs inscrits à Pôle Emploi. L’augmentation de la population active, la diminution du nombre de contrats aidés et la fin du programme de formation de 500 000 demandeurs d’emploi ont pesé défavorablement sur le taux de chômage. Par ailleurs, des personnes qui étaient sorties du marché du travail depuis le début de la crise ont pu y revenir et s’inscrire à Pôle Emploi.

À la fin de l’année 2017, le secteur privé employait près de 19,3 millions de personnes. La France revient ainsi au niveau d’emploi du secteur marchand non agricole qui était le sien avant la crise de 2008. L’intérim connaît toujours une forte progression. Sur un an, ses effectifs ont progressé de 6,6 % pour atteindre 734.400 postes fin 2017. Hors intérim, l’emploi salarié privé a progressé de 2 % dans l’agriculture avec 5 800 postes supplémentaires et dans la construction avec un gain de 1,6 %, soit 21 300 postes créés. Ces créations sont les premières dans ce secteur depuis 2008. En revanche, l’industrie est toujours à la peine avec une perte de 10 000 emplois en 2017. Les services marchands (hors intérim) ont été à l’origine de 178 000 créations d’emploi.

Forte baisse du taux de chômage en fin d’année 2017

Selon l’INSEE, en moyenne sur le quatrième trimestre 2017, le taux de chômage au sens du Bureau International du Travail s’est élevé à 8,9 % de la population active en France (hors Mayotte), son plus bas niveau depuis début 2009. En un trimestre, il a baissé de 0,7 point après +0,2 point au trimestre précédent. Par rapport au quatrième trimestre 2016, la baisse est de 1,1 point, la plus forte depuis le premier trimestre 2008.

En France métropolitaine, le taux de chômage revient à 8,6 %. Le nombre de chômeurs diminue de 205 000 au dernier trimestre 2017, à 2,5 millions de personnes. Dans le même temps, le taux d’emploi augmente de 0,6 point et le taux d’activité est quasi stable (+0,1 point). Le taux de chômage diminue pour toutes les tranches d’âge, en particulier les jeunes et les 25-49 ans.

Parmi les chômeurs, 1,1 million déclarent rechercher un emploi depuis au moins un an. Le taux de chômage de longue durée s’établit ainsi à 3,6 % de la population active. Il diminue de 0,6 point sur le trimestre et de 0,7 point par rapport à fin 2016

Forte augmentation du taux d’emploi

Au quatrième trimestre 2017, le taux d’emploi (nombre personnes ayant un emploi au sein des 15-64 ans) s’est élevé à 65,7 %, son niveau le plus élevé depuis le début des années quatre-vingt. Il augmente de 0,6 point par rapport au troisième trimestre, et de 1,0 point par rapport à fin 2016.

La part du sous-emploi diminue

Au quatrième trimestre 2017, 5,6 % des personnes en emploi sont en situation de sous-emploi. Il s’agit principalement de personnes à temps partiel souhaitant travailler davantage. Cette part diminue de 0,5 point sur le trimestre, et de 0,6 point sur un an.

2018, une bonne année a priori

Pour 2018, la baisse du chômage devrait se poursuivre avec toujours un fort volant de créations d’emplois. Selon le dernier baromètre de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) publié le 15 février dernier, entre 248 000 et 271 000 recrutements de cadres sont attendus en 2018 contre 240 000 en 2017. Compte tenu des démissions et licenciements, les effectifs de cadres ont progressé de 54 000 l’année dernière, soit un cinquième de la hausse d’emploi global. Pour 2018, ce nombre pourrait être de 60 000. En revanche, les cadres de plus de 50 ans éprouvent de plus en plus de difficultés à retrouver un emploi. La course aux compétences concerne essentiellement les cadres âgées de 35 à 45 ans. La digitalisation des entreprises et la maîtrise des coûts expliquent cette tendance.

Stagnation des investissements en faveur de l’environnement

En 2015, 40 % des établissements industriels employant 20 salariés ou plus ont réalisé des investissements ou des études pour protéger l’environnement pour un montant de 1,6 milliard d’euros (- 1 % par rapport à 2014, après -3 % l’année précédente).

Près de 90 % des établissements de 500 salariés ou plus ont engagé de telles dépenses antipollution contre 26 % des établissements de 20 à 49 salariés.

Les investissements constituent l’essentiel de la dépense (83 %, soit 1,3 milliard d’euros). Ils ont légèrement diminué en 2015 (- 2 % après – 3 % en 2014). Les montants consacrés aux études sont quasiment stables par rapport à 2014 (267 millions d’euros

Les sommes destinées aux investissements et aux études sont naturellement plus élevées pour les activités susceptibles d’avoir des impacts importants sur l’environnement. Ainsi, quatre secteurs concentrent 71 % des dépenses engagées : l’énergie (391 millions d’euros), la métallurgie et l’industrie des produits métalliques (275 millions d’euros), les industries agroalimentaires (260 millions d’euros) et la chimie (215 millions d’euros).

 En 2015, 39 % des investissements antipollution visent à éviter ou à limiter les effets de l’activité sur la qualité de l’air (337 millions d’euros) ou, via les émissions de gaz à effet de serre, sur l’équilibre du climat (182 millions d’euros). Pour mémoire, dans le cadre de la loi de transition énergétique de 2015, l’État français fixe l’objectif de diminuer de 40 % ces émissions d’ici à 2030, par rapport au niveau de 1990, soit au-delà de l’orientation européenne fixée à -20 % d’ici 2020. Les autres dépenses importantes concernent les eaux usées (251 millions d’euros), les sols (173 millions d’euros) et les déchets (166 millions d’euros).

Les « investissements spécifiques », c’est-à-dire l’achat de matériels entièrement dédiés à la protection de l’environnement, représentent 86 % des montants investis, loin devant les « investissements intégrés » (14 %). Ces derniers correspondent aux surcoûts liés à l’intégration, dans l’outil de production, de produits ou procédés moins polluants que ceux disponibles de manière standard sur le marché.

La prévention des pollutions est désormais le premier objectif des investissements spécifiques (46 % des dépenses), ce qui traduit une volonté des établissements d’agir en amont du processus de production. Cette tendance n’a cessé de progresser depuis 2013 (+ 11 points). Viennent ensuite (40 % des montants) les investissements spécifiques destinés au prétraitement, au traitement ou à l’élimination de la pollution : ils permettent aux établissements de réduire l’impact négatif de leur activité sur l’environnement

 

2,7 millions de travailleurs non-salariés (TNS)

En 2015, selon l’INSEE, la France comptait, 2,7 millions de personnes exerçant une activité non-salariée, hors secteur agricole, en tant qu’entrepreneurs individuels ou en tant que gérants majoritaires de société. 89 % de ces personnes exercent cette activité à titre principal, les autres tirant l’essentiel de leurs revenus professionnels d’une activité salariée

L’augmentation du nombre des TNS est imputable aux micro-entrepreneurs car les non-salariés classiques enregistrent une baisse de leurs effectifs. En 2015, la population non salariée a donc augmenté de 1,7 %, après + 0,2 % en 2014, +4,9 % en 2013.

Les non-salariés classiques représentaient donc 1,9 million de personnes fin 2015, dont 57 % d’entrepreneurs individuels et 43 % de gérants majoritaires de sociétés. Le nombre d’entrepreneurs individuels classiques continue de baisser comme cela est le cas depuis 2009 avec l’instauration du régime de l’auto-entreprise. Les effectifs de gérants de sociétés ont également diminué pour la deuxième année consécutive (-1,3 % après -1,1 % en 2014), alors qu’ils augmentaient de façon régulière entre 2009 et 2013 (+ 6,2 % par an en moyenne). Le nombre de non-salariés classiques baisse dans la plupart des secteurs, excepté la santé, les taxis (y c. voitures de transport avec chauffeur – VTC) et les activités juridiques et comptables. Le recul est particulièrement marqué dans le commerce de détail (hors magasin : -5,6 % et en magasin : -3,5 %), les arts et spectacles (-3,8 %), l’industrie (-3,7 %) et la construction (-3,7 %).

Fin 2015, 795 000 micro-entrepreneurs étaient classés comme actifs. Ils représentaient 29 % des non-salariés. Leurs effectifs continuent de progresser (+ 5,9 %), mais moins que les années précédentes (+ 8,2 % en 2014 et + 15,8 % en 2013). Ce ralentissement est imputable au changement de conditions d’accès au statut intervenu en 2014. La présence des micro-entrepreneurs s’étend dans presque tous les secteurs d’activité. Ils représentent plus de 60 % des non-salariés dans le commerce de détail hors magasin (en particulier dans le commerce non alimentaire), dans certaines activités spécialisées (photographie) ou encore dans les arts et spectacles.

Toutes catégories confondues, la moitié des non-salariés se concentre dans le commerce et l’artisanat commercial (19 %), la santé (17 %) et la construction (14 %). Leur poids au sein de ces trois secteurs est prépondérant. Ces derniers ne rassemblent, en effet, qu’un tiers des salariés du privé. Sans surprise, les non-salariés sont relativement nombreux dans les services : 13 % exercent dans les activités spécialisées scientifiques et techniques (professions juridiques, comptables, conseil de gestion, architecture, ingénierie, publicité, design, etc.) et 21 % dans les services destinés aux particuliers : restauration, hébergement, activités artistiques et récréatives, enseignement, coiffure, soins de beauté ou autres services personnels. En revanche, moins de 5 % des non-salariés travaillent dans l’industrie (hors artisanat commercial), soit une part trois fois moindre que celle des salariés du privé.

Le revenu d’activité moyen des non-salariés augmente de 2,5 % en 2015

En 2015, le revenu d’activité moyen des non-salariés classiques a progressé de 2,5 % en euros constants, après + 1,7 % en 2014. Il s’accroît de 3,0 % pour les entrepreneurs individuels (après + 1,9 % en 2014) et de 1,7 % pour les gérants de sociétés (après + 1,6 % en 2014). Celui des micro-entrepreneurs augmente de 6,1 % en 2015 après plusieurs années de baisse (– 1,9 % par an en moyenne entre 2009 et 2014). Ces augmentations sont liées à l’amélioration de la situation économique

La hausse est particulièrement marquée dans certains services aux entreprises ou services mixtes : conseil de gestion (+ 4,3 %), activités immobilières (+ 4,3 %), activités juridiques et comptables (+ 4,2 %) ou encore information et communication (+ 3,6 %). Le revenu moyen croît de façon soutenue dans le commerce de détail (+ 2,7 %) et dans les arts et spectacles (+ 2,5 %). À l’inverse, le revenu moyen baisse dans le commerce pharmaceutique (– 3,2 %), les taxis (y compris VTC, – 1,0 %) ainsi que l’architecture et l’ingénierie (– 1,0 %).

3 340 euros de revenus mensuels pour les non-salariés

En 2015, les non-salariés classiques ont retiré en moyenne 3 340 euros par mois de leur activité (3 610 euros pour les entrepreneurs individuels et 2 980 euros pour les gérants de sociétés). Les écarts de revenus sont plus importants chez les non-salariés que chez les salariés. Ainsi, en moyenne, près d’un non-salarié classique sur dix déclare un revenu nul car il n’a pas dégagé de bénéfices ou ne s’est pas versé de rémunération. Moins de 2 % des professionnels de santé et des pharmaciens sont dans cette situation quand ils sont plus de 20 % dans les arts et spectacles et les activités immobilières.

Parmi les non-salariés classiques qui perçoivent un revenu positif, un sur dix gagne moins de 480 euros par mois ; ce seuil est près de deux fois plus élevé pour les salariés du privé. Un sur quatre perçoit moins de 1 100 euros par mois et la moitié moins de 2 290 euros. Un non-salarié classique sur quatre gagne plus de 4 380 euros par mois et un sur dix plus de 7 960 euros. Ce montant est deux fois supérieur au rang équivalent chez les salariés du privé.

Les micro-entrepreneurs économiquement actifs ont récupéré, en moyenne, en 2015, 440 euros de revenus mensuels de leur activité, soit près de huit fois moins que les non-salariés classiques. Un sur quatre gagne moins de 70 euros par mois, la moitié moins de 250 euros et un sur dix plus de 1 160 euros.

Le faible revenu des micro-entrepreneurs est lié à la nature de ce régime qui impose des plafonds sur les chiffres d’affaires. Les micro-entrepreneurs exercent fréquemment cette activité à titre accessoire. 30 % d’entre eux cumulent cette activité avec un travail salarié, contre 10 % des non-salariés classiques. Le revenu d’activité global de ces pluriactifs (incluant leurs salaires) atteint 2 180 euros mensuels dont seulement 15 % proviennent de leur activité non-salariée. Les micro-entrepreneurs n’exerçant pas d’activité salariée perçoivent en moyenne 490 euros par mois.

Parmi les non-salariés classiques, le revenu global d’activité des pluriactifs s’élève à 5 860 euros mensuels, dont près de la moitié est issue de leur activité non-salariée. L’exercice parallèle d’une activité salariée est fréquent, notamment pour les non-salariés classiques exerçant dans l’enseignement, la santé et les activités artistiques et récréatives.

Un peu plus d’un tiers des non-salariés sont des femmes

Si, désormais, 50 % des salariés sont des femmes, ces dernières ne représentent que 36 % des non-salariés. Leur part s’accroît progressivement (+ 3 points en cinq ans). Elles sont de plus en plus nombreuses dans les métiers les plus qualifiés tels que médecin, profession du droit, architecte, mais aussi dans des activités où elles ont largement investi le micro-entreprenariat : industrie (habillement ou fabrication de bijoux fantaisie, par exemple), services administratifs et de soutien ou encore enseignement. Fin 2015, parmi les non-salariés ayant débuté leur activité en 2009 ou après, 41 % des micro-entrepreneurs sont des femmes, contre 36 % des non-salariés classiques.

Les femmes non salariées classiques gagnent en moyenne 22 % de moins que leurs confrères masculins en 2015 (2 820 euros contre 3 610 euros). Cet écart est voisin de celui constaté pour les salariés. Les femmes dirigent, en règle générale, des structures de plus petite taille que les hommes. Elles exercent, par ailleurs, leur activité de TNS plus fréquemment à temps partiel. L’écart de revenu entre femmes et hommes tend malgré tout à se réduire au fil des ans. Entre 2014 et 2015, le revenu des non-salariés classiques augmente ainsi de 3,2 % pour les femmes contre 2,4 % pour les hommes.

Le lourd repli de l’industrie française

En France, en décembre 2015, l’ensemble des secteurs marchands non agricoles (sources) compte 1,4 million d’établissements employeurs et 14,7 millions d’effectifs salariés. Avec 123 300 établissements et 2,7 millions de salariés, l’industrie manufacturière est le deuxième secteur employeur, derrière le commerce. Ce dernier l’a devancée à partir de 2009.

Entre 2006 et 2015, l’industrie manufacturière a perdu 27 300 établissements (-18 %). Le nombre de salariés a reculé de 530 000 (– 16 %). Dans l’ensemble de l’économie marchande non agricole, c’est le secteur dont le repli a été le plus fort sur cette période, loin devant le secteur de la construction. Pour ce dernier, 19 200 établissements ont disparu durant la même période (-9 %) et le nombre de salariés a diminué de presque 100 000 personnes (-7 %). En revanche, le nombre d’établissements et le nombre de salariés ont fortement augmenté dans les activités spécialisées scientifiques et techniques, de services administratifs et de soutien (respectivement + 19 100 établissements et +386 300 salariés) et dans l’hébergement et la restauration (respectivement +13 300 et + 124 000). Le nombre d’établissements employeurs et le nombre de leurs salariés baissent fortement pour toutes les classes de taille, de ceux employant moins de 10 salariés (-20 % d’établissements employeurs et -17 % de salariés) à ceux de 1 000 salariés ou plus (respectivement -10 % et -18 %).

L’industrie française a été fortement touchée par la récession de 2008/2009. Avant même cette crise, elle avait dû faire face aux surcoûts générés par les 35 heures. Son taux de marge s’était contracté. Elle avait perdu de nombreuses parts de marchés à l’exportation. Cette crise a accentué la tendance constatée depuis le début des années 70. En effet, la part de l’industrie manufacturière dans la valeur ajoutée de l’ensemble de l’économie a été divisée par deux entre 1970 et 2014. Le secteur perd des emplois depuis 1975. Ce recul de l’industrie est également lié à des effets de structures. Les entreprises industrielles ont externalisé au profit du secteur tertiaire de nombreuses activités (nettoyage, comptabilité, etc.).

Presque toutes les familles d’activités industrielles manufacturières sont en repli, qu’elles produisent des biens intermédiaires, d’équipement ou de consommation. Le secteur de la fabrication de textiles et des industries de l’habillement, du cuir et de la chaussure est le plus durement touché : entre 2006 et 2015, le nombre d’établissements employeurs et les effectifs salariés baissent de plus d’un tiers (– 3 200 établissements et – 54 000 salariés. La diminution du nombre d’établissements a été occasionnée par la montée en puissance de la production en provenance des pays émergents d’Asie mais aussi de Turquie, d’Europe de l’Est et du Maghreb. La faible concentration dans ce secteur a également joué en défaveur de l’activité en France.

Dans le travail du bois et les industries du papier et de l’imprimerie, les nombres d’établissements employeurs et de salariés diminuent de plus d’un quart entre 2006 et 2015 (-4 300 établissements employeurs et -63 000 salariés). Ce secteur est également peu concentré : neuf salariés sur dix travaillent dans un établissement de moins de 250 salariés et cinq sur dix dans un établissement de moins de 50 salariés. En raison de la digitalisation et des modifications des comportements des consommateurs, l’imprimerie et la reproduction d’enregistrements ont connu un fort recul tant en nombre d’établissements employeurs (-3 200, soit -37 %) qu’en effectifs salariés (-35 400, soit -38 %).

La plasturgie a également enregistré un réel déclin. Elle a perdu un cinquième de ses établissements employeurs et près d’un quart de ses salariés entre 2006 et 2015 (-2 300 établissements employeurs et -79 000 salariés).

Dans le secteur de la métallurgie et de la fabrication de produits métalliques, la baisse a été marquée pour les effectifs salariés (-65 000, soit -15 %) mais moins pour le nombre d’établissements employeurs (-800, soit -5 %). Dans la sidérurgie, les effectifs salariés ont diminué de près de 30 %.

Dans l’industrie automobile, le nombre d’établissements employeurs baisse de 16 % en 9 ans (– 340 établissements) et celui des salariés de 28 % (-80 000). Ce recul est très concentré, il concerne essentiellement les grands groupes.

Dans les autres activités manufacturières (principalement dans la fabrication de meubles ou dans la réparation et l’installation de machines et équipements), le nombre d’établissements employeurs diminue de 6 900 entre 2006 et 2015 (-23 %) et l’effectif salarié de 68 000 (-21 %).

Parmi les secteurs qui ont résisté figurent les industries alimentaires, l’aéronautique et l’aérospatiale.

Fin 2015, la baisse des effectifs dans les industries de fabrication de denrées alimentaires, de boissons et de produits à base de tabac a été limitée à 0,4 %. Ils employaient, en 2015, 560 000 salariés dans 43 600 établissements. Par rapport à 2006, le nombre d’établissements employeurs s’est contracté de 9 %. Le secteur se concentre légèrement et confirme en 2015 sa position prédominante dans l’industrie manufacturière, avec 35 % des établissements employeurs (32 % en 2006) et 20 % des salariés (17 % en 2006).

Au sein des industries alimentaires, les activités de boulangerie et de boulangerie-pâtisserie sont de loin les plus fréquentes, avec près de deux établissements employeurs sur trois fin 2015 et un quart des effectifs. Dans ces activités, le nombre d’établissements employeurs baisse de 6 % entre 2006 et 2015 (-1 500 établissements), mais les effectifs salariés augmentent de 12 % (+ 14 100). Sur la même période, le nombre d’établissements employeurs et les effectifs salariés diminuent dans les activités de charcuterie (respectivement -1 600 et -3 700). Il en est de même pour la préparation industrielle de produits à base de viande (respectivement -300 et -5 400) et la transformation et la conservation de viande de boucherie (respectivement -100 et -4 300).

La construction aéronautique et spatiale est la principale activité industrielle dont les effectifs salariés ont progressé entre 2006 et 2015. La hausse est de 24 % (+ 21 700) avec une quarantaine d’établissements supplémentaires. Elle compte ainsi au total près de 114 000 salariés fin 2015, travaillant dans environ 240 établissements.

Avec le développement des centres logistiques (Amazon par exemple), la fabrication de structures métalliques et de parties de structures a connu une forte expansion. Le nombre d’établissements employeurs y est en forte hausse (+ 1 000, soit + 53 %) ainsi que le nombre de salariés (+ 10 600, soit + 28 %).

La fabrication de produits pharmaceutiques de base, la fabrication d’articles de voyage, de maroquinerie et de sellerie ont enregistré une augmentation de leurs effectifs. Dans ces secteurs, le processus de concentration s’est accéléré avec la crise.

La désindustrialisation touche les territoires industriels !

Si le repli est général, il n’a pas épargné les bassins ayant une forte tradition industrielle. Les territoires les plus touchés se situent dans le bassin parisien, le Nord, l’Est et le Centre de la France. Entre 2006 et 2015, la zone d’emploi de Paris est l’une des plus durement affectées, en nombre d’établissements industriels employeurs (-31 %, soit -3 800 établissements) comme en nombre de salariés (-26 %, soit -54 200 salariés). Lors des crises précédentes, les bassins à structure économique diversifiée s’en sortaient mieux. La région parisienne a été profondément impactée par la réduction des effectifs dans l’industrie automobile (fermeture d’Aulnay pour PSA, réduction des effectifs à Flins pour Renault). Les autres bassins qui ont été confrontés au processus de désindustrialisation sont Lyon, Grenoble, Rouen, Belfort-Montbéliard, la Roche-sur-Yon, Rennes et Valenciennes.

De son côté, grâce à Airbus, Toulouse a enregistré une hausse de ses effectifs industriels ; en revanche, le nombre d’entreprises industrielles y a fortement baissé.

En 2015, l’industrie manufacturière ne représente plus de la moitié des salariés des secteurs marchands que dans neuf zones d’emploi : Sablé-sur-Sarthe, La Ferté-Bernard, Ambert, Segré, Saint-Claude, Oyonnax, Issoudun, La Vallée de l’Arve et Thiers. Toutefois, l’industrie manufacturière recule également dans ces zones, à l’exception de celles d’Issoudun et Ambert.

Ce rapide mouvement de désindustrialisation a généré un important chômage dans les banlieues des grandes agglomérations. Par ailleurs, la fermeture des établissements a privé de débouché professionnel de nombreux jeunes. La montée en gamme technologique de l’industrie, indispensable et souhaitable, a également entraîné un changement de profil des offres d’emploi. Pour les personnes sans qualification ou avec des qualifications faibles, les centres logistiques et le statut de micro-entrepreneurs (VTC) sont bien souvent les seules planches de salut.

Exploit, une deuxième année de croissance au Japon

La croissance du Japon a été de 1,6 % en 2017. L’archipel a réussi à enchaîner 8 trimestres d’expansion, ce qui n’était plus arrivé depuis 28 ans. Il s’en eût fallu de peu que cet exploit ne se réalisa pas car la croissance nippone n’a été que de 0,1 % au 4e trimestre.

Le Japon peut toujours compter sur les exportations favorisées par ailleurs par la dépréciation du yen. Si dans les produits finis électroniques, le pays est en fort recul, il demeure incontournable pour les composants à très haute technologie. Plusieurs firmes nippones sont en situation de quasi-monopole pour certains produits.

La croissance de l’année dernière a été également portée par les investissements que les entreprises financent facilement grâce à de très bons taux de marge.

En revanche, la consommation demeure atone. Elle a certes progressé au dernier trimestre (+ 0,5 %), mais après une baisse au trimestre précédent (- 0,6%). Elle est entravée par une démographie défavorable et par une stagnation des salaires. Malgré une situation de plein emploi avérée, les rémunérations ne progressent pas. L’absence de réel contrepouvoir syndical ne facilite pas l’expression des revendications salariales. La faible mobilité du personnel contribue également à la modération salariale.

Dans ces conditions, le Japon est condamné à compter sur ses exportations et sera donc très vigilant sur le taux de change de sa monnaie dans les prochains mois pour éviter une nouvelle diminution de son PIB.