19 août 2017

C’est déjà hier (19 août 2017)

La lente décrue du chômage se poursuit

Au deuxième trimestre 2017, en France métropolitaine, le taux de chômage s’est abaissé à 9,5 % en recul de 0,1 point par rapport au 1er trimestre. Le taux d’emploi et le taux d’activité augmentent de 0,5 point. Cette amélioration est imputable à l’augmentation des créations d’emplois générées par le surcroît de croissance. Au cours du 2e trimestre 2017, le nombre de créations dans le secteur marchand a atteint 91 700 en net après 57 700 au 1er trimestre. Sur un an, l’emploi salarié privé s’est accru de 291 900.

 

En France métropolitaine, le nombre de chômeurs diminue de 20 000, à 2,7 millions de personnes ; le taux de chômage baisse ainsi de 0,1 point par rapport au premier trimestre 2017, à 9,2 % de la population active. Il diminue pour les personnes âgées de 25 à 49 ans et celles de 50 ans ou plus, mais augmente pour les jeunes. Sur un an, le taux de chômage baisse de 0,5 point.

Parmi les chômeurs, 1,2 million déclarent rechercher un emploi depuis au moins un an. Au deuxième trimestre 2017, le taux de chômage de longue durée s’établit à 4,0 % de la population active. Il diminue de 0,1 point par rapport au trimestre précédent et de 0,3 point sur un an.

En France métropolitaine, parmi les personnes inactives au sens du Bureau International du Travail (BIT), 1,5 million souhaitent un emploi sans être comptées comme chômeurs au sens du BIT : elles constituent le halo autour du chômage. Leur nombre diminue de 22 000 entre le premier et le deuxième trimestre 2017 et est quasi stable sur un an (+ 2 000).

Au deuxième trimestre 2017, le taux d’emploi des 15-64 ans augmente de 0,5 point et s’établit à 65,3 %, c’est-à-dire sa valeur la plus élevée depuis 1980. La hausse concerne toutes les tranches d’âge ; elle est toutefois plus forte pour les personnes de 50 à 64 ans. Sur un an, le taux d’emploi augmente de 0,7 point. Le taux d’emploi en équivalent temps plein atteint 60,4 % au deuxième trimestre 2017. Il s’accroît de 0,4 point sur un trimestre, et de 0,5 point sur un an. Le taux d’emploi à temps complet s’établit à 53,3 % au deuxième trimestre 2017. Il augmente de 0,3 point par rapport à début 2017, et de 0,5 point sur un an. Le taux d’emploi à temps partiel atteint 12,0 %. Il s’accroît de 0,2 point sur un trimestre et sur un an. Le taux d’emploi en contrat à durée indéterminée (CDI) des 15-64 ans atteint 48,9 % au deuxième trimestre 2017. Il augmente de 0,3 point par rapport au trimestre précédent, et de 0,1 point sur un an. Le taux d’emploi en contrat à durée déterminée (CDD) ou en intérim est stable à 7,8 %. Il augmente de 0,4 point sur un an.

Au deuxième trimestre 2017, 6,1 % des personnes en emploi sont en situation de sous-emploi, une part stable par rapport au trimestre précédent (et en baisse de 0,6 point comparée au 2ème trimestre 2016). Le sous-emploi concerne principalement des personnes à temps partiel qui souhaitent travailler davantage. Le chômage partiel représente quant à lui 0,3 % des personnes en emploi.

Le taux d’activité des 15-64 ans s’établit à 72,0 % au deuxième trimestre 2017, son niveau le plus élevé depuis 1975. Il augmente de 0,5 point par rapport au trimestre précédent et de 0,4 point sur un an.

Grâce à une croissance qui pourrait atteindre sur l’année 1,8 %, le taux de chômage devrait poursuivre sa baisse dans les prochains mois pour atteindre 9 % au début de 2018. Cela nous placera encore loin des bons élèves européens. Malgré un très bon niveau de créations d’emploi, la baisse du chômage sera contrariée par la fin de nombreux contrats aidés qui s’élèvent à plus de 1,5 million. Il en sera de même avec la fin du programme exceptionnel de formation des demandeurs d’emploi engagé par le précédent Président de la République. En outre, l’amélioration de la situation conjoncturelle devrait amener des personnes qui avaient, ces derniers temps, renoncé à chercher un emploi, à se remettre sur le marché du travail. Pourrait jouer positivement la progression des départs à la retraite. Ce sont les larges générations nées entre 1950 et 1955 qui liquident leurs droits à la retraite. Chaque année, plus de 700 000 personnes partent à la retraite quand entrent sur le marché du travail les jeunes nés entre 1990 et 1997. Les générations de la première partie des années 90 sont assez faibles, une remontée étant constatée à proximité du changement de siècle (le nombre de naissances a dépassé 800 000 en 2000). Avec un solde migratoire qui s’étiole depuis plusieurs années (inférieur à 100 000), la situation démographique peut apparaître à première vue favorable. Dans les prochaines années, sa progression devrait se ralentir. Ce point a priori positif devrait néanmoins peser sur la croissance économique. Moins de jeunes actifs signifient moins de demande intérieure.

 

Confirmation, la croissance est de retour en Europe

Selon l’estimation publiée par Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne, au cours du deuxième trimestre 2017, le PIB corrigé des variations saisonnières a augmenté de 0,6 % par rapport au trimestre précédent dans la zone euro (ZE19) ainsi que dans l’Union européenne. Au cours du premier trimestre 2017, le PIB avait crû de 0,5 % dans ces deux zones. En comparaison avec le même trimestre de l’année précédente, le PIB corrigé des variations saisonnières a enregistré une hausse de 2,2 % dans la zone euro et de 2,3 % dans l’Union au deuxième trimestre 2017. L’Europe fait désormais jeu égal avec les Etats-Unis. En effet, au cours du deuxième trimestre 2017, le PIB américain a augmenté de 0,6 % par rapport au trimestre précédent (après +0,3 % au premier trimestre 2017). Par rapport au même trimestre de l’année précédente, le PIB a progressé de 2,1 %.

Au 2e trimestre, ont enregistré les plus forts taux de croissance, la République tchèque avec 2,3 % et la Suède avec 1,7 %. En rythme annuel, le taux de croissance respectif de ces deux pays atteint 4,5 % et 3,9 %. Les Pays-Bas suivent de près avec une progression de leur PIB de 1,5 % au 2e trimestre portant la croissance annuelle à 3,8%. L’Espagne avec un taux de croissance de 0,9 % au 3e trimestre arrive en rythme annuel à se maintenir au-dessus de 3 % (3,1 %). Le Royaume-Uni est en décélération avec un taux annuel qui est désormais inférieur à la moyenne européenne (1,7 % contre 2,3 %). La France reste avec un taux de croissance de 0,5 % en-dessous de la moyenne européenne. En rythme annuel, le PIB croît de 1,8 % soit 0,3 point de moins que celui de l’Allemagne.

L’Allemagne, toujours solide sur ses pieds

La croissance économique allemande a légèrement décéléré au cours du 2e trimestre en atteignant 0,6 % contre 0,7 % au 1er. Ce résultat communiqué par l’institut statistique allemand, Destatis, a légèrement déçu les experts qui s’attendaient à un taux de 0,7 %. Au cours du 2e trimestre, la croissance a été essentiellement portée par la demande intérieure grâce notamment à la bonne  tenue de la consommation des ménages et des administrations publiques ainsi que de l’investissement, que ce soit dans les équipements ou les bâtiments. D’après les premières estimations, le commerce extérieur a été moins contributeur à la croissance qu’espéré dans la mesure où les importations à prix constants ont augmenté plus vite que les exportations.

Cette légère déception ne remet pas en cause la tendance de fond qui reste très positive. La reprise actuelle est la deuxième plus longue de ces 50 dernières années. L’augmentation de la demande intérieure a été saluée comme la preuve que l’économie allemande peut jouer un rôle moteur au sein de l’Union. L’augmentation de la consommation des ménages s’est logiquement accompagnée d’une progression des importations et permet, certes marginalement, la diminution de l’excédent exorbitant de la balance commerciale.

Pour le second semestre, la croissance devrait se maintenir autour de 1,8 à 2 %. Certains économistes considèrent néanmoins que l’appréciation de l’euro pourrait gêner les exportations et que les scandales concernant l’industrie automobile allemande pourraient nuire à cette filière clef. Dans ses prévisions annuelles, le Gouvernement allemand avait été prudent en retenant un taux de 1,5 %. La demande intérieure est actuellement alimentée par les augmentations de salaires de ces derniers mois (en particulier le SMIC qui a été généralisé à l’ensemble des actifs) et par les migrants (2 millions en 3 ans).

L’Italie dit-elle ciao à la stagnation ?

L’Italie figure parmi les Etats dont le PIB demeure inférieur à celui de 2008. Entre 2011 et 2014, l’Italie a connu une des plus longues récessions de son histoire. Sa fin ne s’est pas soldée par une forte reprise mais par une stagnation. La croissance du PIB de 0,4 % enregistrée au cours du 2e trimestre apparaît comme une bonne nouvelle. Le taux de croissance annuel s’élève désormais à 1,5 %, soit le taux le plus élevé enregistré depuis 2011. Au printemps, le gouvernement italien prévoyait une augmentation du PIB de 1,1 % cette année. La Commission européenne espérait au mieux 0,9 % quand le Fond monétaire international (FMI) ne retenait qu’un taux de 0,8 %. L’acquis de croissance à fin juin – le chiffre d’ores et déjà assuré dans l’hypothèse où l’économie nationale stagnerait aux troisième et quatrième trimestres – atteint 1,2 % selon l’institut statistique italien, l’Istat.

Dans ces conditions, le gouvernement de Paolo Gentiloni pourrait relever sa prévision de croissance 2017 à 1,4 % à l’occasion de la présentation du projet de budget à l’automne. Pour Lorenzo Codogno, chef économiste de LC Macro Advisors, le renforcement de la croissance italienne s’explique par l’amélioration du marché de l’emploi, de la reprise progressive de l’investissement et d’un début d’amélioration des conditions de crédit. La consommation des ménages est en progrès même si le niveau de confiance reste faible.

Les plans de sauvetage des banques italiennes gangrénées par un nombre important de créances douteuses contribuent à améliorer le climat économique même si, à terme, ils pèseront sur les finances publiques. Le coût est évalué à plus de 8 milliards d’euros pour la BMPS et jusqu’à 17 milliards pour les deux banques vénitiennes, soit l’équivalent de 1 % du PIB.

L’économie italienne reste suspendue aux résultats des futures élections législatives qui doivent intervenir d’ici à mai 2018. Le risque du blocage du Parlement est important en raison de la présence de trois blocs constitués du centre-gauche, du centre-droit et des populistes du Mouvement cinq étoiles. La crainte d’une arrivée au pouvoir de ce dernier mouvement anti-européen pourrait dissuader les entreprises d’investir et pourrait provoquer des fuites de capitaux.

L’actuelle accélération de la croissance constitue néanmoins une bonne nouvelle car elle permet d’atténuer la pression budgétaire sur le gouvernement. La Commission de Bruxelles a, de son côté, accepté un moindre effort de réduction du déficit public en 2018 afin de favoriser la reprise économique.  Bruxelles continue néanmoins d’exiger de l’Italie qu’elle prenne des mesures pour alléger le poids de la dette publique qui a atteint, en 2016, un niveau record de 132,6 % du PIB, le plus élevé de la zone euro derrière la Grèce.