19 novembre 2016

C’est déjà hier (19 novembre 2016)

La croissance allemande en mode diesel

Au 3e trimestre, l’Allemagne fait aussi mal que la France avec une croissance de   0,2 %. Le rythme est à la décélération ; au premier trimestre, en Allemagne comme en France, la croissance avait été de 0,7 % quand, au 2e trimestre, elle était de 0,4 %    (-0,1 % en France).

Sans surprise, ce sont les exportations qui sont à l’origine de la faible progression de l’activité au 3e trimestre. Avec le ralentissement des pays émergents qui sont des acheteurs de machines-outils et de voitures de luxe, l’industrie allemande a enregistré une moindre croissance. Les exportations ont reculé au cours du 3e  trimestre, les importations poursuivant leur progression, de leur côté. Le commerce extérieur a contribué négativement à la croissance.

Sur un an, le taux de croissance est de 1,5 % soit en-deçà de l’objectif de 1,8 % retenu par les autorités. Néanmoins, ces dernières considèrent qu’une accélération de l’activité est possible d’ici la fin de l’année, ce qui permettrait d’atteindre l’objectif fixé. La nouvelle faiblesse du cours du pétrole pourrait y aider. En revanche, pour 2017, il est prévu un ralentissement de la croissance qui ne devrait être que de 1,4 %. Cette hypothèse prend en compte un relèvement du prix de l’énergie mais n’intégrerait pas les effets du Brexit ni de l’arrivée de Donald Trump à la Présidence des États-Unis. Par ailleurs, en 2017, l’Allemagne sera également en campagne électorale, le renouvellement du Bundestag étant prévu au mois d’octobre, ce qui pourrait renforcer la tendance attentiste des dirigeants d’entreprises. Au 3e trimestre, l’investissement des entreprises est resté relativement étale. En revanche, durant ce trimestre, la population ayant un emploi a augmenté de 388 000 et a atteint 43,7 millions de personnes.

Le cycle économique qui s’annonce est moins favorable que le précédent. La réorientation de l’économie chinoise au profit de la demande interne ainsi que le vieillissement de la population pèseront sur les commandes en biens industriels dont profitent traditionnellement l’Allemagne. Ce sont les services qui portent de plus en plus la croissance en Chine.

Pour compenser l’affaiblissement du commerce extérieur, l’Allemagne compte sur sa demande interne. Mais, il faudra un peu de temps pour avoir en la matière des résultats. Les migrants ne disposent pas encore d’un réel pouvoir d’achat pouvant influer sur le niveau de la consommation. Les baisses d’impôt annoncées par Angela Merkel ne seront effectives qu’en 2018. En revanche, pour 2017, les revalorisations des pensions et des salaires devraient se faire sentir.

 

Le taux de chômage en France franchit à nouveau la barre des 10 %

 Conséquence du ralentissement de la croissance et de l’augmentation de la population active, le taux de chômage au sens du Bureau International du Travail (BIT) est de 10,0 % de la population active en France, après 9,9 % au deuxième trimestre 2016.

En France métropolitaine, le nombre de chômeurs augmente de 31 000, à 2,8 millions de personnes ; le taux de chômage augmente ainsi de 0,1 point par rapport au deuxième trimestre 2016, à 9,7 % de la population active. Il augmente chez les jeunes et les personnes âgées de 50 ans ou plus quand il diminue pour les hommes de 25 à 49 ans. Sur un an, le taux de chômage diminue de 0,4 point. Parmi les chômeurs, 1,2 million déclarent rechercher un emploi depuis au moins un an. Au troisième trimestre 2016, le taux de chômage de longue durée s’établit à 4,3 % de la population active, comme au trimestre précédent et un an auparavant.

Taux de chômage au sens du BIT

Estimation à +/- 0,3 point près du niveau du taux de chômage et de son évolution d’un trimestre à l’autre / Champ : population des ménages, personnes de 15 ans ou plus / Source : Insee, enquête Emploi

 

Malgré des moyens mis en œuvre pour lutter contre le chômage, la France demeure toujours au-dessus de la moyenne de la zone euro. Avec des structures de coût assez proche de celles de la France, des pays comme la Suède, le Danemark et l’Allemagne sont en situation de plein emploi ou de quasi plein emploi. Le positionnement économique et le niveau de gamme des produits sont plus importants que la problématique des charges sociales. Les pertes de marché de la France à l’exportation ces trois dernières années prouvent que la compétitivité de notre économie continue à se dégrader.

 

L’activité touristique française accuse le coup

Au cours du 3e trimestre, la fréquentation touristique dans les hébergements collectifs exprimée en nuitées, s’est contractée, selon l’INSEE, de 1,6 % par rapport à la même période de 2015. La chute est néanmoins moins violente que celle enregistrée pour le 2e trimestre (-5,2 %). Ce résultat est en grande partie imputable aux attentats qui ont dissuadé des touristes étrangers de se rendre en France.

Les nuitées de la clientèle étrangère ont diminué, au 3e trimestre de 5,7 % après une baisse de 9,2 %. La hausse de la fréquentation française, +0,4 %, n’a pas été suffisante pour compenser le recul des nuitées des étrangers.

Les hôtels de la région parisienne fortement touchés par la baisse des nuitées

La baisse des nuitées (-4,1 % au 3e trimestre contre -3,6 % au 2e trimestre) concerne avant tout les hôtels qui sont en première ligne dans l’accueil des touristes étrangers. En revanche, l’activité a légèrement progressé dans les campings au 3e trimestre.

La fréquentation de l’agglomération parisienne (–14,3 %) et celle du littoral (-1,2 %) reculent, probablement sous l’effet des attentats de fin 2015 à Paris et Saint-Denis puis du 14 juillet à Nice. La baisse s’accentue pour la clientèle étrangère (-10,6 % après -7,7 %), celle-ci continuant de déserter les hôtels de l’agglomération parisienne (-18,0 %) et évitant le littoral (-7,0 %).

La fréquentation progresse légèrement dans les hôtels des zones urbaines de province et des espaces ruraux ou montagneux. Au total, le taux d’occupation hôtelière (65,4 %) baisse de 2,6 points sur un an.

 

Le budget européen, peau de chagrin 

Pour 2017, le projet de budget de l’Union européenne prévoit 157,9 milliards d’euros en crédits d’engagement et 134,5 milliards d’euros de crédits de paiement, le tout pour une population de 510 millions d’habitants. À titre de comparaison, le budget général de l’Etat  pour 2017 prévoit 234 milliards d’euros de dépenses. De son côté, les dépenses du budget fédéral des États-Unis atteignent 3 900 milliards de dollars pour une population de 320 millions d’habitants.

Le budget européen sera en hausse de 1,7 % en 2017. La Commission européenne a souligné que près de la moitié des dépenses (74,9 milliards d’euros) sera consacrée à l’emploi et la croissance. Au sein de ces dépenses, 53,4 milliards d’euros financeront les actions de convergence des États membres via les fonds structurels et d’investissement européens.

L’aide à l’agriculture européenne bénéficiera d’une enveloppe de 42,6 milliards d’euros. 6 milliards d’euros sont prévus pour la protection des frontières extérieures et pour faire face à l’arrivée des migrants. La moitié de cette somme sert à participer au financement d’opérations visant à réduire les flux migratoires au sein des pays concernés. 200 millions d’euros sont budgétés pour la mise en place d’un nouvel instrument de politique humanitaire.

La Commission de Bruxelles a bâti son budget de 2017 en y intégrant le Royaume-Uni qui demeure membre à part entière de l’Union même si elle ne participe plus aux réunions les plus importantes (Conseils européens par exemple). Il continuera à verser en 2017 sa contribution au budget, soit 18,2 milliards d’euros contre 19 milliards d’euros pour la France. La contribution nette de la France (contribution moins les aides et subventions d’origine européenne) est de 6 milliards d’euros. Pour le Royaume-Uni, la contribution nette est de 7 milliards d’euros.