1 décembre 2018

C’est déjà hier 1er décembre 2018 – inflation-consommation – tourisme -prélèvements

Baisse attendue du taux de l’inflation en novembre

Avec la baisse de plus de 22 % en un mois du cours du baril de pétrole, l’indice des prix à la consommation, en France, enregistre un ralentissement. Son taux passe de 2,2 à 1,9 % d’octobre à novembre, selon l’estimation provisoire réalisée en fin de mois par l’INSEE. Cette décrue est également provoquée par l’évolution des prix des services, de l’alimentation et du tabac. En revanche, ceux des produits manufacturés reculeraient un peu moins que le mois précédent. La baisse des prix de l’énergie intervient après sept mois de hausse. Sur un mois, les prix à la consommation diminueraient de 0,2 %, après une augmentation de +0,1 % en octobre.

Sur un an, l’indice des prix à la consommation harmonisé ralentirait à +2,2 %, après +2,5 % en octobre. Sur un mois, il se replierait de 0,2 %, après +0,1 % le mois précédent.

Rebond bienvenu de la consommation en octobre

Après une brutale contraction de 2 % en septembre, les dépenses de consommation des ménages ont progressé de 0,8 % au mois d’octobre. Ce bon résultat a été obtenu avant le début des manifestations des « gilets jaunes ». Ce rebond est notamment porté par l’augmentation de la consommation alimentaire (+0,9 %) et de biens fabriqués (+0,8 %). Ce résultat encourageant risque d’être démenti par celui de novembre compte tenu des évènements en cours et de la baisse de moral des ménages.

 

La ville avant la plage, les étrangers avant les Français

La saison touristique en France a été correcte, sans être exceptionnelle. Les régions de montagne ont enregistré un recul tout comme le Sud de la France à l’exception de la Corse. Durant les six mois de la dernière saison d’été, les hébergements collectifs touristiques de France métropolitaine ont enregistré, selon l’INSEE, 311 millions de nuitées, soit une hausse de 1,3 % par rapport à la saison estivale de 2017. Un net ralentissement a été constaté par rapport à 2017 qui avait été une année de rattrapage après le recul enregistré en 2016 du fait des attentats. La hausse est imputable aux étrangers dont le nombre de nuitées progresse de 4,3 % quand celle des résidents français est en baisse de 0,1 %. L’année dernière, malgré la concurrence des locations saisonnières par Internet, les hôtels ont enregistré une hausse de leur fréquentation de de 1,8 %. En revanche, la progression des campings et des autres hébergements collectifs touristiques (AHCT) est plus faible avec des taux de respectivement de +1,1 et +0,9 % de croissance.

Les villes continuent à attirer de plus en plus de touristes en période estivale. L’Île-de-France profite de cet engouement. Ainsi, les zones urbaines qui représentent plus d’un tiers de la fréquentation estivale ont enregistré une augmentation en 2018 de +3,7 % du nombre de nuitées après +7,6 % en 2017. La hausse atteint +7,7 % pour l’Île-de-France, contre +1,1 % pour les zones urbaines de province. Ce sont les étrangers qui contribuent à l’augmentation de la fréquentation à Paris. Tous les types d’hébergement parisiens ont profité de cette augmentation du nombre de touristes étrangers.

Sur le littoral, la fréquentation estivale croît de 1,1 % en un an, après +5,9 % lors de la saison d’été précédente. Les campings connaissent une hausse de +2,0 % pour le nombre de nuitées davantage que les hôtels (+0,5 %), tandis que la fréquentation baisse dans les AHCT (-1,0 %). Comme en milieu urbain, la croissance a reposé sur les non-résidents dont le nombre de nuitées a augmenté de 4,5 %. Cette dernière est stable pour les résidents français. La fréquentation est la plus dynamique sur les littoraux du Nord, de Normandie et de Bretagne, surtout dans les campings. À l’inverse, la fréquentation stagne en Nouvelle Aquitaine et se replie en Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Dans les massifs de haute montagne, les nuitées baissent de 6,8 %, avec une nette désaffection de la clientèle résidente. La baisse est marquée dans les Alpes, comme dans les Pyrénées. Ce recul est lié à un retour de la clientèle sur le littoral qu’elle avait fui durant la période des attentats. Par ailleurs, les vacanciers, en raison de la canicule qui a été vive durant la période estivale, ont privilégié la mer cette année.

Dans les « autres espaces », qui regroupent les zones rurales et les zones de moyenne montagne, la fréquentation est également en baisse (-0,5 %). C’est le cas dans les campings (-1,2 %) et dans une moindre mesure dans les hôtels (-0,4 %). Les résidents ont délaissé ces territoires après trois étés consécutifs d’augmentation pour les mêmes raisons que la haute montagne.

Au niveau des régions, l’Île-de-France connaît la plus forte hausse en raison du pouvoir d’attraction de la capitale. Le gain en termes de nuitées a été de +7,7 %. La Normandie enregistre un bon résultat avec une hausse de +5,3 %, tout comme les Hauts-de-France (+4,9 %) et le Grand Est (+4,1 %). La fréquentation est également en progression dans les Pays de la Loire et en Bretagne, avec environ 3 % de nuitées supplémentaires dans chacune de ces régions. Les nuitées progressent plus modérément en Centre-Val-de-Loire (+0,4 %).

Les nuitées baissent en revanche en Auvergne-Rhône-Alpes (-2,4 %) du fait du recul de la Haute Montagne. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, le recul atteint 2 % et en Occitanie 0,9 %.  (-2,0 %). Ces diminutions sont liées à la diminution de la clientèle française (-3,3 %). Ces régions avaient connu une forte progression en 2017 du fait du contexte géopolitique anxiogène. Les résidents avaient préféré rester en France. En 2018, l’amélioration de la situation a eu un effet inverse. La concurrence de la Croatie et de la Grèce est, par ailleurs, de plus en plus vive. Les prix et la sur-fréquentation constituent des éléments expliquant le fait que le nombre de nuitées en Provence-Alpes Côte d’Azur soit inférieur en 2018 à celui de 2015. La Corse est la seule région du Sud à enregistrer une progression qui fait suite à deux très bonnes années en 2016 et 2017.

Parmi les régions dont la fréquentation diminue, il faut citer la Bourgogne-Franche-Comté (-1,4 %), surtout dans l’espace urbain.

En 2018, les grèves des transports ont eu peu d’impact sur la fréquentation touristique. En avril / mai, elle a augmenté de 3,1 % par rapport à la même période de 2017. En revanche, elle a fléchi en juin du fait du temps maussade. Cette tendance s’est poursuivie en juillet (-0,5 %). Les vacances scolaires tardives, la coupe du monde de football et la nécessité pour les entreprises de rattraper le retard après les grèves expliquent que les résidents soient partis plutôt en août. La fréquentation durant ce mois a été en progression de +1,7 %. Avec le prolongement des conditions météorologiques très favorables, le mois de septembre est particulièrement bon, avec 3,1 % de nuitées supplémentaires par rapport à septembre 2017. Septembre se caractérise par un nombre important de nuitées réalisées par les retraités et par les couples sans enfant. Il devient de plus en plus un mois clef dans la saison touristique.

 

Prélèvements, la France fait la course en tête

Au sein de l’Union européenne, le ratio de prélèvements obligatoires a atteint 40,2 % du PIB en 2017, en hausse par rapport à 2016 (39,9 %). Dans la zone euro, ces prélèvements représentaient 41,4 % du PIB en 2017, soit légèrement au-dessus du taux de 41,2 % de 2016.

Selon les calculs d’Eurostat qui diffèrent légèrement de ceux de l’INSEE, le ratio de recettes fiscales s’élève pour la France à 48,4 % du PIB, soit le taux le plus élevé de l’Union européenne. La France devance la Belgique (47,3 %), le Danemark (46,5 %) et la Suède (44,9 %). Les pays ayant les taux de prélèvement les plus faibles sont l’Irlande (23,5 %), la Roumanie (25,8 %) et la Bulgarie (29,5 %). Ces comparaisons doivent être toujours maniés avec circonspection. En effet, certains prélèvements peuvent être classés comme des dépenses privées dans certains États et comme obligatoires dans d’autres. C’est en particulier le cas avec les cotisations aux systèmes de retraite complémentaire qui sont classées comme prélèvements obligatoires en France à la différence de l’Allemagne.

La France se caractérise par la progression continue de ses prélèvements qui ont gagné 0,7 point sur la seule année 2017. Les autres pays européens ont engagé plus tôt que la France l’assainissement de leurs finances publiques. Par ailleurs, cet effort a été mené à la fois sur les dépenses et les recettes quand la France a privilégié le second volet.

Les pays européens, en fonction de leur histoire et du poids de la protection sociale, ont des modes de financement des dépenses publiques différents.

En 2017, les impôts sur la production et sur les importations représentaient la plus grande partie des recettes fiscales au sein de l’Union, en moyenne 13,6 % du PIB, suivis de près par les cotisations sociales nettes (13,3 %) et les impôts sur le revenu et le patrimoine (13,1 %). L’ordre d’importance des catégories fiscales était légèrement différent dans la zone euro. La plus grande partie des recettes fiscales provenait des cotisations sociales nettes (15,2 %), devant les impôts sur la production et sur les importations (13,2 %) et les impôts sur le revenu et le patrimoine (12,8 %).

En 2017, la part des impôts sur la production et sur les importations était la plus élevée en Suède (où ils représentaient 22,7% du PIB), en Croatie (19,6 %) et en Hongrie (18,2 %), tandis qu’elle était la plus faible en Irlande (8,5 %), en Allemagne (10,7 %) et en Slovaquie (11,1 %).

S’agissant des impôts sur le revenu et le patrimoine, la part de loin la plus élevée a été enregistrée au Danemark (29,7 % du PIB), devant la Suède (18,9 %) et la Belgique (16,9 %). À l’inverse, la Lituanie (5,4%), la Bulgarie (5,7%), la Roumanie (6,1%) et la Croatie (6,3%) ont enregistré les impôts sur le revenu et le patrimoine les plus faibles en pourcentage du PIB. La France se caractérise par le poids très élevé des cotisations sociales et cela malgré la montée en puissance de la CSG. Elles représentent 18,8 % du PIB. Elles sont la conséquence du poids des dépenses sociales qui s’élèvent à plus de 33 % du PIB. Le poids des cotisations sociales est également élevé en Allemagne (16,7 %) et en Belgique (16,1 %). Il est le plus bas au Danemark (0,9 % du PIB) et en Suède (3,3 %) dont le système social est financé essentiellement par les impôts.