24 novembre 2018

C’est déjà hier – 24 novembre 2018 – chômage – Agriculture – Protection sociale – pouvoir d’achat

Stabilité du taux de chômage en France

Au troisième trimestre 2018, le taux de chômage de la France (au sens du Bureau International du Travail) s’est élevé à 9,1 % de la population active comme au deuxième trimestre 2018, Il se situe 0,5 point au-dessous de son niveau du troisième trimestre 2017. Pour la France métropolitaine, le nombre de chômeurs a progressé de 22 000 au troisième trimestre, soit 2,6 millions de personnes. Le taux de chômage est resté stable à 8,8 % de la population active. Toujours en France métropolitaine, le taux de chômage augmente pour les jeunes, en particulier les hommes de 15 à 24 ans (+1,0 point). Il est stable pour les personnes de 25 à 49 ans et diminue un peu pour celles de 50 ans ou plus. Un million de chômeurs déclarent rechercher un emploi depuis au moins un an. Le taux de chômage de longue durée représente ainsi 3,4 % de la population active au troisième trimestre 2018 : il diminue de 0,2 point sur le trimestre et de 0,8 point sur un an.

En France métropolitaine, parmi les personnes inactives au sens du BIT, 1,5 million souhaitent un emploi sans être considérées au chômage au sens du BIT. Elles constituent le halo autour du chômage. Leur nombre est quasiment stable entre les deuxième et troisième trimestres 2018 (+ 8 000), et augmente de 48 000 sur un an.

Au troisième trimestre 2018, le taux d’emploi des 15-64 ans a augmenté de 0,1 point à 65,9 %, son plus haut niveau depuis le début des années quatre-vingt. Sur un an, la hausse est 0,8 point. Sur le trimestre, le taux d’emploi s’accroît de 0,5 point pour les 15-24 ans et est quasiment stable pour les autres.

Le taux d’emploi en contrat à durée indéterminée (CDI) des 15-64 ans est de 49,4 % au troisième trimestre 2018. Il augmente légèrement sur le trimestre (+0,1 point) et nettement sur un an (+0,6 point). Le taux d’emploi en contrat à durée déterminée (CDD) ou en intérim est quasi stable (-0,1 point). Il s’établit à 7,7 % au troisième trimestre 2018, 0,4 point en dessous de son plus haut niveau atteint au quatrième trimestre 2017.

Le taux d’emploi à temps complet s’établit à 54,1 % au troisième trimestre 2018. Il augmente de 0,3 point par rapport au trimestre précédent et de 0,9 point sur un an. Le taux d’emploi à temps partiel atteint 11,7 %. Il diminue de 0,3 point sur le trimestre, et de 0,2 point sur un an.

Au troisième trimestre 2018, 5,6 % des personnes en emploi sont en situation de sous-emploi. Il s’agit principalement de personnes à temps partiel souhaitant travailler davantage. Cette part diminue de 0,2 point sur le trimestre et de 0,6 point sur un an.

Le taux d’activité des 15-64 ans augmente légèrement (+0,1 point) à 72,3 % au troisième trimestre 2018, son plus haut niveau depuis le début de la série (en 1975). Il est en hausse de 0,4 point par rapport au troisième trimestre 2017.

 

La France, première puissance agricole européenne

Selon Eurostat, la valeur totale de la production agricole dans l’Union européenne s’établissait à 432,6 milliards d’euros en 2017, en hausse de 6,2 % par rapport à 2016. La valeur ajoutée agricole a fortement augmenté l’année dernières (+12,4 %) du fait d’un moindre coût des intrants et d’une meilleure valorisation de la production.

Avec 72,6 milliards d’euros, la production agricole française reste la première d’Europe. Elle représente, en 2017, 17 % du total. Elle était suivie de l’Allemagne (56,2 milliards d’euros, soit 13 %), de l’Italie (55,1 milliards d’euros, soit 13 %), de l’Espagne (50,6 milliards d’euros, soit 12 %), du Royaume-Uni (31,8 milliards d’euros, soit 7 %) et des Pays-Bas (28,9 milliards d’euros, soit 7 %).

En 2017, en raison de conditions climatiques meilleures que l’année précédente, la production agricole a augmenté dans la quasi-totalité des pays de l’Union. La plus forte augmentation, en termes relatifs, a été observée en Estonie (+18,2 %), devant l’Irlande (+13,6 %), la Roumanie (+13,2 %) et le Royaume-Uni (+12,6 %). Elle a diminué en Slovénie (-4,7 %) et à Malte (-3,1 %) ; elle est restée stable en Croatie et en Slovaquie. Parmi les États membres avec la plus forte production agricole totale, la valeur de la production agricole a progressé de 8,6 % en Allemagne, de 4,5 % en Espagne, de 3,2 % en France et de 2,2 % en Italie.

La progression de 6,2 % de la production agricole de l’Union en 2017 par rapport à 2016 est en grande partie imputée à l’augmentation de la valeur de la production animale (+10,3 %), elle-même essentiellement due à une hausse des prix (+10,3 %). La production en valeur s’est accrue de 20,2 % pour le lait, de 17,9 % pour les œufs et de 11,6 % pour les porcins. La valeur de la production végétale a progressé de 3,6 %, les volumes affichant une hausse de 1,7 % et les prix une hausse de 1,9 %. Cette hausse est essentiellement attribuable à des hausses de 10,2 % sur le blé et l’épeautre, ainsi que de 7,7 % sur les plantes industrielles.

 

Les dépenses de protection sociale : 33,8 % du PIB

Les dépenses de protection sociale (prestations + frais de gestion) ont atteint, en 2017, 775 milliards d’euros dont 728,2 milliards d’euros au titre des prestations. Elles représentent 33,8 % du PIB. Elles ont augmenté, en 2017, de 2,1 %. De leur côté, les seules prestations sociales ont progressé de 1,9 %, soit un rythme proche de celui de 2016 (+1,8 %).

Le risque vieillesse

Le premier poste de dépenses sociales est le risque « vieillesse-survie ». Il est à l’origine de 331,4 milliards d’euros de dépenses. Il représente plus de 45 % des prestations sociales servies en France. Les pensions de retraites de droit direct ont atteint 277,8 milliards d’euros en 2017, soit 84 % du risque vieillesse-survie. Ces dépenses ont augmenté de 2,1 % (après +1,9 % en 2016). Le relèvement de l’âge légal de départ à la retraite, issu de la réforme des retraites de 2010, continue de contenir les effectifs de bénéficiaires. Le nombre de nouveaux retraités du régime général a augmenté de 3,0 % en 2017, après +3,4 % en 2016. Cet effet devrait se tarir dans les prochaines années. La pension moyenne demeure tirée à la hausse par l’effet noria : les pensions des nouveaux retraités sont plus élevées en moyenne, du fait de carrières plus favorables par rapport à celles des retraités décédés au cours de l’année. La revalorisation des pensions, très légèrement supérieure en 2017 (+0,2 % en moyenne annuelle, après +0,1 % en 2016), n’a contribué, en 2017, que très faiblement à la hausse de ces dépenses. Les prestations liées à la survie, constituées quasi-exclusivement de pensions de droit dérivé (94 % du risque survie), s’élèvent à 38,6 milliards d’euros et augmentent de 0,4 %, comme en 2016. Il s’agit essentiellement des dépenses de réversion.

Le risque santé

Le risque santé représente 35 % de l’ensemble des prestations. Il comprend trois sous-parties : la maladie, l’invalidité ainsi que les accidents du travail et maladies professionnelles. Les dépenses de prestations afférentes à la maladie représentent plus de 80 % des dépenses du risque santé. Elles se sont élevées en 2017 à 208,3 milliards d’euros en hausse de 2 % comme en 2016. Les dépenses de soins de ville ont augmenté de 3,4 % en 2017, soit un taux supérieur à la moyenne des années 2010 et 2016 (+2,5 %). Cette progression s’explique par la mise en œuvre de la convention médicale de 2016 qui prévoit la revalorisation des honoraires. À l’inverse, les dépenses hospitalières ralentissent en 2017 (+0,9 %, après +1,9 % en 2016), du fait d’une moindre activité des établissements de santé. La croissance des prestations d’invalidité augmente de nouveau, de 3,1 % en 2017, après +2,6 % en 2016. Les dépenses liées aux pensions d’invalidité continuent de progresser sous l’effet du recul de l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans, qui se traduit par un maintien plus durable des bénéficiaires dans le dispositif d’invalidité et donc par une hausse de leurs effectifs (+2,6 %, après +3,5 % en 2016). Les prestations d’accidents du travail et de maladies professionnelles continuent de reculer en 2017 (-2,6 %, après -2,4 % en 2016), en raison de la poursuite de la baisse des volumes de rentes d’incapacité permanente et du nombre de malades de l’amiante.

La famille

Les prestations familiales représentent 55,4 milliards d’euros en 2017, soit 7,6 % des prestations sociales. Elles augmentent de 1,5 %, après deux ans de croissance atone. Les allocations familiales avaient, en 2015 et 2016, enregistré une stagnation du fait de la modulation de leur montant en fonction des ressources à compter de la mi-2015. En 2017, en revanche, les revalorisations dans le cadre du plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale ont contribué à la hausse de ce poste de dépenses.

Le risque emploi

Les prestations du risque emploi représentent 44,8 milliards d’euros, soit 6,1 % des prestations sociales. Elles n’ont augmenté que de 0,6 % contre +2,3 % en 2016. La stabilisation du nombre de chômeurs indemnisés explique cette évolution. Les prestations d’indemnisation du chômage représentent 91 % du risque emploi. La progression des dépenses pour l’emploi est freinée par le net recul des prestations d’insertion et réinsertion professionnelles. Celles-ci diminuent de 2,7 % en 2017 du fait de la fin du plan « 500 000 formations supplémentaires », dispositif qui avait conduit à leur importante progression en 2016 (+19,9 %).

Le logement

Les prestations logement ont augmenté de 1,2 % en 2017, contre +1,3 % en 2016. Elles se sont élevées à 18 milliards d’euros soit 2,6 % des prestations sociales. Deux facteurs ont joué en sens contraire :

–        Le nombre de bénéficiaires d’allocations logement a augmenté de +0,6 %, après -0,6 % en 2016 ;

–        La mise en œuvre, au 1er octobre 2017, de la baisse de 5 euros par mois des trois allocations logement (aide personnalisé au logement, allocation de logement à caractère familial et allocation de logement à caractère social).

La pauvreté

Les prestations de lutte contre la pauvreté ont atteint 23 milliards d’euros en 2017. Elles ont progressé de 5,0 %, après +4,5 % en 2016. Le « RSA socle » représente 48 % du montant global des prestations du risque pauvreté-exclusion sociale. Il stagne en 2017 (+0,5 %, après +3,1 % en 2016) en raison d’une baisse du nombre de ses bénéficiaires (–0,6 %, après -4,3 % en 2016) compensée par la hausse du montant moyen versé revalorisé de 2% par an dans le cadre du plan quinquennal de lutte contre la pauvreté, adopté en 2013.

Le retour à l’équilibre des comptes sociaux confirmé

Pour la première fois depuis 2008, la protection sociale dégage un excédent en 2017 de 6,2 milliards d’euros. Ce bon résultat est la conséquence d’une progression nettement plus rapide des ressources que des dépenses (respectivement +3,0 % et +2,1). Les ressources de la protection sociale, se sont élevées à 781,3 milliards d’euros en 2017. Leur progression est imputable à celle des cotisations sociales (+3,2 % après +1,1 %) et à celle des impôts et taxes affectés (+2,6 % après +0,5 %).

 

Le difficile effacement des stigmates de la crise de 2008

Le niveau de vie des ménages français n’a retrouvé puis dépassé son niveau de 2008 que l’année dernière. Depuis, l’accélération, toute relative, des prix et certaines augmentations de taxes et prélèvements ont amputé tout ou partie des gains de pouvoir d’achat enregistrés en 2017. Le ressenti des Français sur l’évolution de leur niveau de vie est, par ailleurs, très négatif. La faible revalorisation de leur rémunération en raison de l’affaissement de l’inflation entre 2012 et 2017, ainsi que la croissance des dépenses pré-engagées et des prélèvements obligatoires expliquent cette appréciation. Lors du précédent quinquennat, l’exécutif avait déjà été confronté à une grogne fiscale avec les « bonnets rouges ». Le mouvement des « gilets jaunes » intervient au moment où la France réalise un double record en matière de dépenses publiques (56 % du PIB) et de prélèvements obligatoires (45,3 % du PIB). Jamais la France n’a dépensé autant par le biais des pouvoirs publics, jamais le niveau des prestations sociales n’a été aussi élevé. D’un côté, les Français et les élus réclament le maintien des prestations et des dotations, de l’autre ils demandent des baisses d’impôts.

La sensation de la baisse du niveau de vie a été confirmée par une étude de l’OFCE publiée le 20 novembre dernier. Cette étude analyse l’évolution du niveau de vie des ménages entre 2008 et 2016 et ne prend donc pas en compte les mesures prises par le Gouvernement d’Édouard Philippe. Selon l’OFCE, le niveau de vie a bien été élimé par la crise mais a été compensé par le système de protection sociale qui a joué un rôle important d’amortisseur social au profit des Français les plus modestes.

Le revenu disponible moyen par ménage en euros constants aurait baissé de 1,2 % entre 2008 et 2016. Plusieurs facteurs expliquent, selon l’OFCE, cette évolution : la hausse des prélèvements fiscaux et sociaux, la hausse du chômage, la progression du travail à temps partiel, de l’intérim et des CDD et les évolutions démographiques avec une augmentation du nombre de ménages retraités et des familles monoparentales.

Les mesures nouvelles concernant les prélèvements décidés sur la période ont baissé en moyenne le revenu disponible brut de 750 euros par ménage et par an. La suppression des exonérations de charges sociales et d’impôt sur le revenu dont bénéficiaient les heures supplémentaires a également joué un rôle important dans la dégradation du revenu disponible en particulier pour les ménages de la classe moyenne. Les augmentations successives des cotisations retraite de base et complémentaire ont également amputé les revenus des actifs. Les prélèvements sociaux (cotisations sociales, CSG, CRDS hors taxation du patrimoine) ont augmenté de 530 euros en moyenne par ménage, soit 1,4 % de leur revenu disponible annuel, soit au total 14,9 milliards d’euros.

Les ménages les plus modestes ont été épargnés en grande partie grâce à la revalorisation des prestations sociales. Le revenu disponible des ménages figurant parmi les 5 % les plus modestes a augmenté en moyenne de 450 euros. Ces ménages ont bénéficié de revalorisations des minima sociaux supérieures à l’inflation, du renforcement des dispositifs d’aide aux actifs à bas revenu et des revalorisations de prestations familiales. En revanche, leurs revenus ont été amputés par les mesures visant à contenir la dépense en aides au logement (en moyenne 100 euros par ménage). Pour les ménages dont les revenus se situe dans le deuxième vingtile (dont les revenus se situent entre les 5 et 10 % les plus faible), les mesures fiscales et sociales ont augmenté leurs revenus de 890 euros. Cette hausse s’explique par le renforcement des dispositifs d’aide aux actifs à bas revenus, avec la création du RSA activité en 2009, puis de la prime d’activité en 2016 (en remplacement de la PPE et du RSA activité) ainsi que par l’augmentation des minima sociaux actée notamment.  Ils ont également perçu plus de prestations familiales. Ces facteurs jouent positivement en s’atténuant jusqu’au ménages dont les revenus sont inférieurs à 50 % de la moyenne. Au-dessus, c’est-à-dire pour les 50 % de ménages les plus aisés, les hausses des prélèvements sont supérieures à l’augmentation des prestations.

Si les pertes moyennes de revenu disponible restent modérées pour les ménages dont le niveau de vie est inférieur auquatorzième vingtile, elles sont significatives pour les ménages appartenant aux 35 % les plus aisés. En moyenne, ceux-ci ont vu leur revenu disponible amputé de 1 900 euros du fait des mesures nouvelles. La perte atteint 5 640 euros pour les 5 % de ménages les plus aisés (soit 5,1 % du revenu disponible pour ces derniers). La hausse des cotisations et contributions sociales explique les deux tiers de cette baisse, le reste étant lié aux augmentations d’impôts et à la baisse des prestations familiales. Entre 2008 et 2016, ils ont subi la hausse des cotisations sociales, la création d’une tranche d’impôt sur le revenu à 45 %, l’imposition au barème de l’impôt sur le revenu des revenus du capital, la baisse du plafond du quotient familial.

En revanche, les ménages les plus modestes ont bénéficié de certaines mesures sociales. Ainsi, les 5 % les plus modestes ont vu leur revenu disponible annuel enregistrer un gain de plus de 450 euros et les 5 % au-dessus ont gagné 890 euros de plus du fait des réformes des prestations (revalorisation des minima sociaux, création de la prime d’activité, etc.).

La crise et les dispositions fiscales qui ont été prises depuis ont provoqué un arrêt de la progression du revenu disponible des ménages. Entre 1999 et 2007, il avait enregistré une hausse sensible liée à la baisse du chômage, à l’augmentation des salaires et à la progression des revenus du patrimoine. Depuis 2017, compte tenu des premiers résultats disponibles, 1 % des ménages les plus aisés aurait vu leur situation s’améliorer tout comme ceux dont les revenus se situent parmi les 20 et les 40 % les plus modestes.