24 septembre 2016

C’est déjà hier (24 septembre 2016) France, Russie, Japon, Etats-Unis

Statuquo monétaire aux États-Unis avant l’élection présidentielle

La Fed a décidé mercredi 21 septembre, de maintenir ses taux d’intérêt inchangés dans la fourchette comprise entre 0,25 % et 0,5  %). Janet Yellen est en train d’inventer la notion du statuquo de mouvement. En effet, tout en disant qu’il était prudent d’attendre, elle a pris soin de semer sa conférence de presse de petits cailloux permettant de penser que la hausse des taux est prochaine.

Ce statuquo n’est pas que politique. La Fed veut être certaine que le trou d’air américain ne se transforme pas en récession. Par ailleurs, elle prend en compte la valeur de la monnaie américaine et les taux du marché interbancaire pour les transactions en dollars. Or, le dollar a tendance à poursuivre son appréciation et les taux sont également en hausse. Dans ces conditions, afin de ne pas surenchérir, la Fed préfère temporiser. En outre, elle craint d’être à contrecourant des autres banques centrales qui n’entendent pas de sitôt abandonner les taux négatifs (BCE et Banque du Japon).

Plusieurs voix discordantes se font à nouveau entendre au sein du comité monétaire de la FED. Elles réclament une hausse des taux afin de normaliser la politique monétaire et d’éviter la constitution de bulles spéculatives.

La prochaine réunion du comité est programmée au mois de  novembre mais elle aura lieu une semaine avant l’élection présidentielle ; ce qui incitera ses membres à la prudence. Le véritable rendez-vous est désormais fixé les 13 et 14 décembre prochains.

La politique monétaire japonaise ou l’histoire d’une fuite en avant

Si la Banque centrale du Japon a décidé, le mercredi 21 septembre, de laisser  son principal taux directeur inchangé à -0,1 %, elle a, en revanche modifié sa politique de rachats d’actifs afin de relancer l’activité économique et l’inflation dans le pays. La Bourse de Tokyo a accueilli cette mesure positivement. Le yen s’est déprécié ; ce qui tombe à propos au regard du déficit commercial du mois de août dernier. Le solde des comptes commerciaux s’est établi à -18,7 milliards de yens (162 millions d’euros), Les exportations de marchandises à l’étranger ont diminué de 9,6 %, signant leur onzième recul mensuel d’affilé. Les exportations japonaises sont handicapées tant par le ralentissement des pays émergents que par l’appréciation du yen qui a gagné 17 % par rapport au dollar en un an. Les exportations ont baissé de 14,5 % en direction des États-Unis, mais seulement de 5,6 % en volume. Les exportations vers la Chine et les autres pays émergents d’Asie se sont repliées de près de 10 %.

Pour soulager les banques qui souffrent des taux négatifs, la Banque du Japon a notamment abandonné sa cible de monnaie centrale en faveur d’un système de « contrôle de la pente de la courbe des taux ». La banque centrale veut peser sur les taux à long terme. Elle continuera à acheter des bons du Trésor à long terme à hauteur de 80 000 milliards de yen par mois. La base monétaire de la Banque du Japon poursuivra sa progression et les taux des obligations à 10 ans devraient rester en territoire négatif ; pour mémoire, ils s’élevaient à plus de 1,8 % en 2008.

Les autorités monétaires japonaises tentent une fois de plus d’atteindre la cible des 2 % d’inflation, cible qui n’avait été que temporairement atteinte il y a déjà plus de trois ans.

 

La France n’a pas aimé le printemps

L’INSEE a révisé à la baisse ses résultats du premier trimestre. Le PIB n’a pas stagné mais bien reculé de 0,1 % au deuxième trimestre 2016 après avoir enregistré une hausse de 0,7 % au premier trimestre.

La consommation et l’investissement ont été en berne. Les dépenses de consommation des ménages se replient légèrement au deuxième trimestre 2016      (-0,1 % après +1,1 %), de même que la formation brute de capital fixe (FBCF) totale (-0,2 % après +1,3 %).

En tenant compte des dépenses publiques, la demande intérieure finale (hors stocks) a une contribution nulle à la croissance du PIB au deuxième trimestre 2016 (après +0,9 point au premier trimestre).

Le solde extérieur a contribué positivement à la croissance, +0,2 % contre -0,4 % au premier trimestre. En effet, les importations reculent nettement (-1,8 % après +0,2 %), quand les exportations augmentent légèrement (+0,2 % après -0,4 %).

Le comportement de stockage des entreprises contribue, de son côté, négativement à la croissance : -0,7 point, après -0,1 point au premier trimestre.

Un pouvoir d’achat en toute petite hausse

Le pouvoir d’achat des ménages a augmenté de 0,2 % au deuxième trimestre. En termes nominaux, le revenu disponible brut (RDB) des ménages ralentit au deuxième trimestre (+0,3 % après +0,5 %), surtout du fait du ralentissement de la masse salariale reçue par les ménages (+0,4 % après +0,8 %).

Les ménages en mode fourmis

Les ménages ont mis de l’argent de côté au cours du deuxième trimestre. Le taux d’épargne est ainsi passé de 14,5 à 14,8 % du revenu disponible brut. Le taux d’épargne financière s’est élevé à 5,8 % contre 5,7 %. Les  Français semblent toujours très circonspects face à l’évolution de la conjoncture économique. Ils doutent de la reprise comme de la diminution du chômage.

Le taux de marge des entreprises en recul 

Au deuxième trimestre 2016, le taux de marge des sociétés non financières (SNF) diminue un peu, de 32,1 % à 31,7 %. La productivité apparente du travail,  en phase avec la valeur ajoutée et le rebond du prix du pétrole qui dégrade les termes de l’échange, se contracte. En revanche, la réduction des cotisations familiales depuis avril, dans le cadre du Pacte de responsabilité et de solidarité, atténue la baisse du taux de marge.

Les entreprises demeurent très sensibles à l’évolution des prix pétroliers. Les chefs d’entreprise après avoir repris le chemin de l’investissement au premier trimestre semblent renouer avec la prudence.

Un déficit public en réduction 

Au deuxième trimestre 2016, le besoin de financement des administrations publiques (APU) diminue de 0,2 point de PIB, atteignant 3,2 % du PIB (après 3,4 %). Les recettes des ventes des fréquences 4G contribuent à réduire ce déficit à hauteur de 0,1 point de PIB. Les recettes ont progressé de 0,6 % au deuxième trimestre après    -0,1 %  grâce au dynamisme de l’impôt sur les sociétés. Les dépenses publiques n’ont augmenté que de 0,2 % après une progression de 0,9 % au 1er trimestre imputable au financement de l’Union européenne.

 

La Russie face aux défis de la retraite, du pétrole et des sanctions

Avec 53 % des voix et 76 % des sièges à la Douma, le Parti « Russie unie », le parti de Vladimir Poutine, a remporté, sans surprise, les élections législatives du 18 septembre dernier. Ces élections se sont déroulées dans un contexte économique complexe. Après près de deux ans de crise, la Russie serait sur le chemin du retour à la croissance. Dans un climat très nationaliste, les électeurs ont plébiscité le pouvoir en place.

Au deuxième trimestre 2016, le PIB russe ne s’est contracté que de 0,6 % sur un an contre 1,2 % au premier trimestre et 3 % l’année dernière.

Des signes de reprise apparaissent dans l’industrie (production en hausse de +0,6 % en rythme annuel contre -5,5 % il y a un an). Les secteurs extractifs et alimentaires connaissent une évolution favorable. Mais, les ventes au détail ne se sont pas encore stabilisées, elles ont ainsi reculé de 6,1 % en mai. La consommation devrait rebondir car la baisse des salaires réels s’estompe (-0,5 % en mai contre -9,2 % il y a un an). En mai dernier, les prix n’ont augmenté que de 6,9 % quand l’inflation était de plus de 15 % au deuxième trimestre 2015.

Autre point positif pour l’économie russe, la banque centrale a pu abaisser son taux directeur à 10,5 % en baisse de 50 points de base. A ce taux, l’accès au crédit est difficile ; ce qui pèse fortement sur l’investissement. La reprise de ce dernier n’est attendue qu’en 2017.

En raison des faibles prix du pétrole et des élections législatives, le déficit budgétaire s’est accru au cours du premier semestre pour atteindre 4 % du PIB soit une hausse de près de 60 %. Les recettes publiques ont diminué de plus de 13 % en liaison avec la chute des recettes issues du pétrole et du gaz (-30 %). Ces recettes ne représentent plus que 36 % des recettes totales contre près de la moitié entre 2009 et 2014.

Le Gouvernement n’a réduit les dépenses que de 2,8 % quand l’objectif était de 10 %. L’armée a dû accepter une forte contraction de ses dépenses, (baisse de 24 % des dépenses) mais, dans le même temps, les dépenses de retraite ont progressé de 22 % en dépit d’une revalorisation de seulement 4 %, soit un rythme bien inférieur à la hausse des prix à la consommation. Plus de 33 % des dépenses du gouvernement fédéral a été consacrée au financement du déficit du fonds de retraite (contre 27 % sur l’ensemble de l’exercice 2015). Le taux de dépendance devrait fortement se dégrader d’ici 2050. Le ratio des plus de 65 ans aux actifs (de 15 ans et plus) était de 19,1 % en 2015 contre 17,7 % en 2010. Il pourrait atteindre, selon l’ONU, 22,8 % en 2020 et 34,1% d’ici 2050.

Pour éviter un accroissement sensible de l’endettement et limiter le déficit de l’ensemble des administrations publiques à moins de 4,5 % du PIB, les autorités russes n’ont pas d’autres solutions que de puiser dans le fonds de réserve dont le montant est passé en un an de 76 à 38 milliards de dollars (de mai 2015 à mai 2016). La Russie a été, malgré les sanctions européennes et américaines, en capacité de placer près de 2 milliards de dollars en obligations à un taux de 4,75 %. Pour autant, au rythme actuel des déficits, les fonds souverains pourraient être asséchés d’ici la fin de 2017. De ce fait, les marges de manœuvre commencent à se réduire d’autant qu’au vu des derniers évènements en Syrie, la détente entre la Russie et les États-Unis n’est pas encore à l’ordre du jour.