8 février 2020

C’est déjà hier

Le difficile assainissement des comptes publics

Avec la réintroduction du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) dans la grille des cotisations sociales, occasionnant une dépense en double en 2019, le déficit a été en hausse l’année dernière. Ainsi, le solde budgétaire de l’État s’est établi à -92,837 milliards d’euros, se creusant par rapport à son niveau de 2018 (-76,002 milliards d’euros), selon les données publiées mardi 4 février par le ministère de l’Action et des Comptes publics. Si le déficit a augmenté en 2019 par rapport à 2018, le Ministre de l’Action et des Comptes publics a souligné que le déficit en fin d’exercice est inférieur de 4,9 milliards d’euros par rapport à celui prévu en loi de finances initiale.

Cercle de l’Épargne – Source Ministère de l’Action et des Comptes Publics

L’année dernière, les dépenses ont augmenté de 1,9 % et se sont élevées à 397,98 milliards d’euros contre 390,69 milliards en 2018. Pour les dépenses, L’État a bénéficié de la baisse des taux d’intérêt, ce qui a réduit les charges de la dette. Ces dernières ont diminué de 3,1 % à 40,256 milliards d’euros. En revanche, les dépenses de personnel progressent de 1,6 % (à 131,6 milliards d’euros), celles d’investissement de 5,1 % (à 12,4 milliards d’euros) et les dépenses d’intervention de 6,2 % (à 95,75 milliards d’euros). 

La hausse des dépenses n’a pas été compensée par une augmentation des recettes, qui ont diminué de 4,1 % sur la période, passant de 313,78 de 301,07 milliards d’euros en raison des mesures fiscales mises en œuvre et le ralentissement constatée en fin d’année. Les recettes fiscales nettes à fin décembre 2019 sont en baisse de 14,1 milliards d’euros par rapport à fin décembre 2018. Cette baisse est liée à celle des recettes nettes de taxe sur la valeur ajoutée de 27,8 milliards d’euros par rapport à fin décembre 2018. La TVA a fait l’objet d’un transfert au profit des organismes de Sécurité sociale au titre de la compensation du CICE. Les recettes de l’impôt sur le revenu sont également en repli de 1,7 % à 71,743 milliards d’euros en raison des mesures prises après la crise des Gilets jaunes (exonération des heures supplémentaires, exonération des primes Macron). 

La forte hausse du solde des comptes spéciaux, de 0,82 à 4,07 milliards d’euros, s’explique notamment par les recettes issues de la privatisation de la Française des Jeux. Les comptes spéciaux recensent notamment les flux financiers liés aux avances consenties aux collectivités territoriales dans le cadre du recouvrement par l’État des impôts locaux et les participations financières de l’État.

Plus de dix ans après la crise de 2008, la France n’arrive toujours pas à assainir ses finances publiques et cela malgré une forte réduction du service de la dette rendue possible par la baisse des taux d’intérêt. La France se démarque des autres États de la zone euro qui ont consenti des efforts plus importants au point que le déficit public des États membres de la zone euro n’a été que de 0,5 % du PIB en 2019 contre 3,3 % pour la France. De nombreux gouvernements des États membres de l’Union européenne s’inquiètent des reports successifs du retour à l’équilibre des comptes publics français. Les dernières tergiversations sur les l’évolution des régimes de retraite ne les rassurent pas davantage. La dette publique française qui, a franchi la ligne des 100 % du PIB en 2019, n’est pas encore stabilisée plus de dix ans après la crise de 2008. Les baisses d’impôt décidées depuis deux ans ne sont pas compensées par des économies, ce qui se traduit immanquablement par une augmentation du déficit.

210 000 emplois créés en France en 2019

Sur l’ensemble de l’année 2019, l’emploi salarié privé a augmenté de 1,1 % (soit +210 000). Ce résultat est meilleur que celui de 2018 obtenu malgré une croissance plus forte (+163 000). Il est, en revanche, inférieur à celui de 2017 (+329 800). Hors intérim, l’emploi salarié privé a augmenté de 1,2 % sur un an (+216 300).

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Au quatrième trimestre 2019, l’emploi salarié du secteur privé en France a augmenté de 0,2 %. Alors que le PIB se contractait de 0,1 %, cette progression est réconfortante pour l’économie française. Elle est supérieure à celle du trimestre précédent. 40 700 créations nettes d’emploi ont été ainsi enregistrées après 33 200 au troisième trimestre.

L’emploi salarié privé progresse de nouveau solidement dans la construction : +0,6 % au quatrième trimestre 2019, comme au trimestre précédent (soit +8 100 après +8 900). L’emploi industriel est quasi stable : -0,1 % (soit -1 700), après 0,0 %. Sur un an, l’emploi salarié privé s’accroît de 42 200 dans la construction et de 7 900 dans l’industrie.

Dans les services marchands, l’emploi privé augmente de 0,3 % (soit +31 800), après +0,2 % (soit +22 500) le trimestre précédent, portant à +1,3 % sa hausse sur un an (soit +155 000). Hors intérim, sa progression sur le trimestre est similaire (+0,3 %) et à peine plus dynamique sur l’année (+1,4 %). L’emploi privé dans les services non marchands est quasi stable ce trimestre (+0,1 %) et stable sur l’année (0,0 %). La baisse de l’emploi intérimaire se poursuit, -0,9 % après -0,4 % le trimestre précédent (soit -7 400 après -3 500). Sur un an, il baisse de 0,8 % (soit -6 300).

La longue marche vers la neutralité carbone

En 2018, la consommation d’énergie dans l’Union européenne à 27 est restée stable, traduisant l’amélioration de l’efficacité énergétique de la croissance. La consommation d’énergie primaire a atteint 1 376 millions de tonnes d’équivalent pétrole (Mtep), soit 0,71 % de moins que l’année précédente, tandis que la consommation d’énergie finale a atteint 990 Mtep, soit 0,02 % de plus par rapport à 2017. La consommation d’énergie primaire mesure la demande d’énergie intérieure, tandis que la consommation finale d’énergie représente l’énergie consommée par les utilisateurs finaux. Cette stabilisation est en retrait par rapport aux objectifs poursuivis par l’Union européenne en matière de transition énergétique.

Pour 2030, l’Union vise une consommation d’énergie primaire qui ne devrait pas dépasser 1 128 Mtep et une consommation d’énergie finale qui ne devrait pas dépasser 846 Mtep. La différence concerne principalement les besoins du secteur énergétique pour lui-même ainsi que les pertes dans la transformation et la distribution.

En 2018, la consommation d’énergie primaire dans l’Union était de 4,9 % supérieur à l’objectif d’efficacité énergétique pour 2020 et de 22,0 % éloigné par rapport à l’objectif de 2030. Depuis 1990, la première année pour laquelle des données sont disponibles, la consommation d’énergie primaire a beaucoup fluctué. Elle atteint un pic en 2006 (1 511 Mtep représentant un écart de 15,2 % par rapport à l’objectif de 2020), tandis qu’un des niveaux les plus bas a été enregistré en 2014 (1 332 Mtep représentant un écart de 1,5 % par rapport à l’objectif de 2020). Ces fluctuations sont liées à l’évolution de la croissance et du climat (chauffage).

Les DOM, des territoires à part pour la consommation ?

L’insularité, l’éloignement, le climat, et les différences de revenus sont autant de facteurs qui peuvent contribuer à des écarts de consommation entre la France métropolitaine et ses territoires d’outre-mer.

En 2017, selon l’INSEE, les ménages de Guadeloupe, de Martinique, de Guyane et de La Réunion ont des niveaux moyens de dépenses de consommation entre 22 800 et 23 800 euros par an contre 27 600 euros en métropole, soit un écart de 14 % à 17 %. Les dépenses des ménages mahorais sont nettement inférieures. Leur niveau de dépense est de 14 300 euros par an, soit moitié moins qu’en métropole. Les écarts de dépenses entre les ménages les plus aisés et les plus modestes sont plus accentués dans les DOM qu’en métropole. Les 20 % de ménages les plus aisés ont un niveau de dépenses 2,4 fois plus élevé que les 20 % de ménages les plus modestes, alors que ce ratio atteint 3,1 en Guadeloupe, 3,6 à La Réunion et jusqu’à 4,7 à Mayotte. Ces écarts de consommation s’expliquent par ceux des revenus qui sont plus importants qu’en métropole.

La proportion élevée de familles nombreuses joue sur le niveau de consommation

À Mayotte, en Guyane et à La Réunion, les familles comptent plus d’enfants qu’en métropole. En raisonnant par unité de consommation pour neutraliser l’effet lié à la taille du ménage, les écarts sont encore plus importants avec la métropole. La dépense annuelle de consommation par UC atteint en moyenne 15 000 euros, 14 000 euros à La Réunion, 12 000 euros en Guyane et moins de 7 000 euros à Mayotte. Les familles monoparentales consomment nettement moins que les autres ménages. Par UC, elles dépensent 35 % de moins que la moyenne locale à Mayotte, 25 % de moins à La Réunion et 17 % de moins en Guyane. En Martinique, l’écart est moindre : 13 % (soit légèrement moins qu’en métropole, 16 %).

Pour les personnes seules, la situation est contrastée. Comme en métropole, leur niveau de consommation est légèrement inférieur à la moyenne des ménages en Guadeloupe et à La Réunion (respectivement -10 % et -5 % en raisonnant par UC), et à peine supérieur en Martinique. La Guyane et surtout Mayotte se démarquent avec un niveau de consommation des personnes seules largement supérieur à la moyenne des ménages (respectivement +35 % et +80 %). Dans ces territoires, plus du quart des personnes seules font partie des 20 % des ménages les plus aisés, contre moins d’un sur cinq dans les autres DOM et en métropole. Il s’agit notamment des cadres du centre spatial de Kourou ou de fonctionnaires.

Des comportements de consommation proches de la métropole

Les quatre principaux postes de dépenses sont identiques dans les DOM à ceux de la métropole, les transports, le logement, l’alimentation et les biens et services divers (assurances principalement et coiffeur, rasoir, sèche-cheveux, produits de beauté, etc.).

La hiérarchie peut être différente. En Martinique, à La Réunion et en Guadeloupe, les transports constituent le poste de dépenses le plus lourd avec près d’un cinquième du budget. En Guyane, le logement arrive en tête en raison du prix élevé des loyers. L’alimentation arrive en deuxième ou en troisième poste de dépenses dans ces quatre DOM. Elle représente entre 16 % et 17 % du budget. Le poste « communications » est plus élevé dans les DOM, reflétant un surcoût des services téléphoniques et Internet. Mayotte se distingue des quatre DOM historiques. Du fait d’un plus faible niveau de vie, l’alimentation qui constitue un poste incompressible constitue le premier poste de dépenses (24 % du budget de consommation), devant les transports et le logement. Autre spécificité mahoraise, les « articles d’habillement et chaussures » constituent le quatrième poste de consommation et représentent un dixième du budget, soit deux fois plus qu’en métropole et dans les autres DOM.

Biens d’équipement, quelques spécificités

Les ménages vivant aux Antilles et à La Réunion sont autant dotés des biens électroménagers classiques (réfrigérateurs, machine à laver, télévision) que les ménages résidant en France métropolitaine. Les ménages à Mayotte sont bien moins équipés.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

D’autres équipements tels que les appareils photos, les vélos ou les aspirateurs, sont moins répandus qu’en métropole. En 2017, moins d’un ménage sur cinq dans les DOM dispose d’un lave-vaisselle, et seulement 2 % à Mayotte, contre 58 % des ménages de métropole. La possession de cet équipement est corrélée au niveau de revenus.

Pour l’équipement en voitures, l’écart entre la métropole et les DOM est de plus de 10 points. En 2017, sept ménages sur dix ont une voiture en Martinique, en Guadeloupe et à La Réunion. C’est le cas de six ménages sur dix en Guyane et seulement trois sur dix à Mayotte, contre huit ménages métropolitains sur dix.

La possession de deux voitures ou plus est moins fréquente dans les DOM, y compris pour les couples avec enfants. À peine plus d’un ménage sur deux est dans ce cas aux Antilles et à La Réunion, quatre sur dix en Guyane, et un sur dix à Mayotte, contre deux sur trois en métropole.

Les conditions climatiques propres aux DOM ont pour conséquence un taux d’équipement plus élevé en climatiseurs et en congélateurs. Les deux tiers des ménages possèdent ainsi un congélateur indépendant et même les trois quarts à Mayotte, contre la moitié des ménages métropolitains. Cet équipement est jugé indispensable pour la constitution de stocks pour faire face aux intempéries ou aux interruptions de livraison. Un tiers des logements des ménages domiens hors Mayotte sont équipés d’un climatiseur ou d’un déshumidificateur et un sur cinq à Mayotte, contre un sur dix en métropole. Ce dernier équipement progresse plus rapidement dans les DOM qu’en métropole, notamment en Guadeloupe et en Guyane où quasiment la moitié des ménages en sont équipés.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Les Domiens portés sur le téléphone

En 2017, 90 % des ménages possèdent au moins un téléphone portable, y compris à Mayotte, soit presque autant que les ménages métropolitains (93 %). Internet continue de se déployer mais demeure moins accessible aux ménages domiens qu’aux ménages métropolitains. L’équipement en tablettes tactiles progresse également nettement. Marginales en 2011 en métropole comme dans les DOM, ces tablettes concernent en 2017 trois ménages sur dix dans les DOM historiques, seulement un sur six à Mayotte, contre quatre ménages sur dix en métropole. Les ménages les plus âgés sont nettement moins équipés et de façon plus prononcée dans les DOM qu’en métropole.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Les différences de consommation entre les DOM et la métropole sont essentiellement dues aux écarts de revenus. L’autre facteur de différenciation est le climat. Le poids des dépenses de télécommunication au sein des DOM s’explique par la plus faible concurrence et par leur rôle plus important dans la vie quotidienne du fait de la présence de membres des familles en métropole que ce soit pour les études ou le travail. Les trois principaux DOM, la Guadeloupe, la Martinique et La Réunion ont des caractéristiques assez proches en matière de consommation à la différence de Mayotte dont la départementalisation est récente. Du fait de la forte pauvreté au sein de ce DOM, la consommation est structurée de manière différente.

Radioscopie des TPE françaises

Selon la DARES (service statistique du Ministère du Travail), en 2018, les très petites entreprises (TPE) regroupaient 19 % de l’emploi salarié du secteur privé en France. Plus d’un million d’entreprises de 1 à 9 salariés employaient ainsi 3,3 millions de salariés (hors intérimaires et stagiaires).

Les TPE emploient en moyenne 3 salariés mais plus de la moitié d’entre elles en emploient 1 ou 2. 77,1 % des salariés des TPE travaillent dans ce secteur, principalement dans les activités de commerce de gros et de détail, de transports, d’hébergement et de restauration. 13,5 % des TPE appartiennent au secteur de la construction (14,2 % des salariés) et 6,7 % au secteur de l’industrie (8,7 % des salariés). Les TPE des secteurs de la construction et de l’industrie sont pratiquement toutes des entreprises de l’artisanat. Au sein des TPE, l’artisanat représente 425 000 entreprises qui emploient 1,3 million de salariés (focus).

Les entreprises « mono-salarié » représentent 38,2 % des TPE. Dans le secteur tertiaire, ces entreprises sont particulièrement implantées dans « l’enseignement privé, la santé et l’action sociale », mais aussi dans les « activités immobilières » et dans les « activités spécialisées, scientifiques, de services administratifs et de soutien ». Les femmes représentent 48,6 % des salariés dans les très petites entreprises. Elles y sont proportionnellement plus nombreuses que dans l’ensemble des entreprises du secteur privé (44 %).

Le temps partiel plus développé dans les TPE

27,5 % des salariés des TPE travaillaient à temps partiel au mois de décembre 2018 contre 18 % pour l’ensemble de la population salariée. La proportion d’emplois à temps partiel dans les TPE varie de 10,8 % dans la construction à 52,0 % des salariés dans les activités de « l’enseignement privé, la santé et l’action sociale » du secteur tertiaire.

Un recours important aux CDD

Près de 440 000 salariés des TPE, soit 13,2 %, étaient en CDD. Le recours aux CDD est plus répandu dans les TPE que dans les entreprises de taille plus importante. Dans les entreprises de 10 à 19 salariés, 9,9 % des salariés étaient en CDD en 2018. 24,3 % des TPE – soit plus de 280 000 entreprises – employaient des salariés en CDD. Les femmes sont moins employées en contrat court que les hommes (12,2 % contre 14,1 %).

Une proportion élevée d’emplois aidés

14 % des TPE ont eu recours, en 2018, à des emplois aidés. Cela représentait 6,5 % des salariés travaillant au sein de cette catégorie d’entreprises. Ce taux était de 8,5 % en 2013. Le recul est notamment lié à la suppression des contrats de génération en 2017 et des emplois d’avenir en 2018.

Une durée de travail supérieur à 35 heures

En 2018, selon la DARES, la durée hebdomadaire moyenne de travail déclarée dans les TPE était de 36,3 heures. Elle est supérieure de près d’une heure à celle des entreprises de 10 salariés ou plus (35,6 heures). Les salariés des TPE sont ceux qui pus fréquemment ont une durée hebdomadaire de travail supérieure à 39 heures (24,5 % des salariés de TPE contre 8,8 % de ceux dépendant d’entreprises de 10 salariés ou plus). 2,4 % des salariés des TPE sont sous le régime du forfait jour ; ils n’ont donc pas de durée hebdomadaire fixe de travail.