27 mai 2017

C’est déjà hier – 27 mai 2017

France, l’inversion de la courbe, c’est maintenant ?

François Hollande a conclu son quinquennat par un résultat positif en ce qui concerne l’emploi. Pour la France métropolitaine, le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A a diminué de 36 300 soit 1 % au mois d’avril. Sur un an, une baisse de 1,3 % est enregistrée, mais sur les trois derniers mois, c’est une hausse de 0,1 % qui est constatée. En prenant en compte toutes les catégories A, B, C, ce nombre progresse de 0,6 % sur un mois, de 0,9 % sur trois mois et de 2,3 % sur un an.

En France (y compris les départements et régions d’outre-mer), le nombre de demandeurs d’emploi s’élève à 3 727 600 pour la catégorie A. En avril, une baisse de 1 % a été enregistrée. Si sur trois mois, une augmentation de 0,1 % a été constatée, sur un an, le nombre de demandeurs d’emploi a reculé de 1,2 %.   Pour les catégories A, B, C, ce nombre s’établit à 5 836 100. Sur trois mois, il augmente de 0,8 % (+0,5 % sur un mois et +2,2 % sur un an).

 D’avril 2012 à avril 2017, sur l’ensemble de la France, le nombre de demandeurs d’emploi est passé de 3 130 200 à 3 727 600, soit une hausse de 597 400. Pour la France métropolitaine, la hausse a été de 567 900. Cette progression s’est déroulée au début du quinquennat au moment où la croissance était étale et où les prélèvements obligatoires ont été fortement augmentés. À partir de 2014, les pouvoirs publics ont tout à la fois amplifié la politique de traitement social en augmentant sensiblement le nombre de contrats aidés et repris une politique de réduction du coût du travail. Si cette politique n’a pas réussi à retourner la courbe du chômage, elle l’a stabilisé. En consacrant deux points de PIB au soutien à l’emploi de plus que la moyenne européenne, la France obtient un piètre résultat en la matière. L’action sur l’offre exige du temps et donc de la persévérance. Par ailleurs, la politique sur les baisses de charges sociales a été ciblée sur les bas salaires freinant la montée en gamme de l’économie française. Cette politique repose sur un dogme en vertu duquel les aides à l’emploi sont les plus efficaces sur les emplois à faible qualification. Si statistiquement, à court terme, cela peut se vérifier, à long terme, il en va tout autrement. La France a un problème de compétitivité produit et non de sa force de travail. La politique d’allègement de charges spéciales conduit à une mauvaise spécialisation et à une désindustrialisation au profit de services utilisant une main d’œuvre faiblement rémunérée.

La baisse du nombre de demandeurs d’emploi s’inscrit dans le mouvement de recul du taux de chômage constaté au premier trimestre 2017 (-0,4 point, à 9,6 % de la population active). Depuis le milieu de l’année 2015, le taux de chômage a baissé d’un point ce qui lui permet de repasser franchement sous la barre des 10 %. Il est au plus bas depuis cinq ans. Une telle diminution est rare en France. Il faut remonter à la période 99/2000 ou à celle 2006/2007 pour retrouver des contractions comparables. À l’époque, le taux de croissance était vigoureux ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. La baisse de 2016/2017 est imputable à une moindre progression de la population active du fait du vieillissement et du retrait d’un certain nombre de personnes en âge de travailler. Le taux de chômage de longue durée n’a diminué que de 0,1 point sur le trimestre et de 0,2 point sur un an (à 4,1% de la population active) ; le sous-emploi est stable (à 6,2 % des personnes en emploi) ; le halo autour du chômage demeure très important.

 

Un G7 en rodage en Sicile

La moitié des dirigeants du G7 qui se tenait en Sicile, ce week-end, en étaient à leur première participation Plusieurs des dirigeants présents avaient des sujets de préoccupation variée pas toujours en lien avec l’ordre du jour du sommet : Donald Trump empêtré dans ses relations avec la Russie, Theresa May devant gérer l’épineux dossier du Brexit, Emmanuel Macron à la recherche de sa majorité parlementaire et l’Italien Paolo Gentiloni qui devra faire face à ces élections législatives délicates en fin d’année. De son côté, Angela Merkel participait à son 12e sommet. Ce dernier a été avant tout un lieu de prises de contacts à haut niveau. Désormais, c’est plutôt le G20 (le prochain se tiendra A Hambourg au mois de septembre) auquel participent les principaux pays émergents– qui donne le « La » de la coopération diplomatique et économique. Le G7 est avant tout le forum des puissances occidentales d’autant plus que la Russie depuis l’affaire de la Crimée en a été bannie.

Figuraient à l’ordre du jour de ce sommet deux thèmes potentiellement contrariants pour le nouveau Président américain, l’environnement avec les suites à donner à l’accord de Paris et le commerce international. Or, Donald Trump devrait dans les prochaines semaines indiquer si les États-Unis se désengagent ou pas de l’accord de Paris. En matière de commerce international, après avoir tenu des propos très protectionnistes, le Président américain semble être plus accommodant même si l’aggravation du déficit de la balance commerciale pourrait entraîner des rétorsions au niveau des échanges.

Afin d’encourager les États à poursuivre leurs efforts en matière de lutte contre le réchauffement climatique, l’OCDE a publié une note soulignant que ces derniers  auraient un impact positif sur la croissance. Ils permettraient une hausse du PIB des pays du G20 de 1 % d’ici 2021 et 2,8 % d’ici 2050.

Après plusieurs années de stagnation, le commerce international renoue avec la croissance, mais le maintien de forts déséquilibres commerciaux continue de générer de forts sentiments protectionnistes. Face à l’Allemagne et aux tenants du libre-échange, Paris et Washington partagent certaines positions comme le besoin de réciprocité des accords commerciaux, la possibilité de prendre des mesures anti-dumping pour protéger leurs secteurs économiques touchés par une concurrence déloyale mais, les deux États divergent sur les solutions. Washington est partisan de prendre des mesures bilatérales quand Paris privilégie les accords multilatéraux négociés dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce.