28 octobre 2017

C’est déjà hier (28 octobre 2017)

La croissance américaine, plus forte que les ouragans

Malgré les ouragans, la croissance de l’économie américaine s’est élevée à 3 % en rythme annuel au cours du 3e trimestre, selon les données, en première estimation, publiées vendredi par le département du Commerce.

Les économistes interrogés par Reuters prévoyaient une progression du Produit Intérieur Brut (PIB) des Etats-Unis de 2,5 % sur juillet-septembre après les 3,1 % annualisés du deuxième trimestre.

La hausse des stocks et la contraction du déficit commercial ont permis de compenser la moindre progression des dépenses de consommation des ménages, dépenses certainement freinées dans le Sud par les tempêtes. Le département du Commerce a néanmoins souligné qu’il lui était impossible d’évaluer les effets du passage des ouragans Harvey et Irma sur les chiffres trimestriels du PIB américain.

Hors constitution des stocks, la croissance de l’économie américaine a été de 2,3 % en rythme annualisé sur la période de juillet à septembre contre 2,9 % sur les trois mois précédents.

L’annonce du taux de croissance a favorisé l’appréciation du dollar vis-à-vis des autres monnaies. Il a atteint son plus haut niveau depuis le 20 juillet. Sur le marché obligataire, le rendement des Treasuries à 10 ans a brièvement atteint un pic à 2,47 %, avant de revenir autour de 2,455 %. Cette augmentation est liée au fait que les investisseurs privilégient les actions et qu’ils anticipent le futur relèvement des taux de la Banque centrale qui devrait intervenir à l’occasion de sa réunion du 1er novembre prochain.

 

La BCE ou l’art de l’atterrissage en douceur

Comme convenu, le Président de la Banque Centrale Européenne (BCE) a annoncé, jeudi 26 octobre, le passage du montant des achats d’actifs de 60 à 30 milliards d’euros à compter du mois de janvier 2018 et cela pour une période de neuf mois. Néanmoins, la BCE pourrait proroger ses achats après le mois de septembre prochain si l’inflation reste inférieure à 2 %, Mario Draghi a signifié que le montant des rachats pourrait être augmenté en cas de besoin. Il a également mentionné que les plus-values issues du portefeuille obligataire seraient réinvesties, ce qui signifie que le bilan de la banque centrale continuera à s’accroître dans les prochains mois. Pour la hausse des taux directeurs, Mario Draghi a précisé qu’elle ne pourrait intervenir que bien longtemps après la fin des achats. De ce fait, aucune hausse n’est attendue au cours de l’année 2018.

Les déclarations du Président de la BCE avaient été très largement anticipées. Elles ont été plutôt bien perçues par les investisseurs. La sortie de la politique monétaire non conventionnelle sera donc lente et sans à-coups. Les investisseurs sont rassurés par l’engagement pris par la BCE de relever le montant des achats en cas de problème. Cette sortie en douceur de la politique non conventionnelle de la BCE a profondément modifié le marché obligataire européen. La Banque centrale est devenue un acteur central en raison des volumes achetés. Ainsi, elle est devenue le premier acquéreur de titres obligataires français et détient désormais de 10 à 15 % du stock de la dette de l’Etat. Ses achats mensuels représentent près de 50 % des émissions réalisés par l’Agence France Trésor. Ses achats massifs pèsent sur les taux. En 2016, l’Etat français s’est endetté, en moyenne, à 0,37 %. Sur les emprunts de court terme, le taux a même été négatif, en moyenne – 0,48 %. Afin d’étaler et de profiter au mieux de la baisse des taux, l’Etat français a accru la maturité de sa dette. Entre 2014 et 2017, la maturité moyenne des obligations émises est ainsi passée de 8,9 ans à 13 ans. La contrepartie a été une diminution du stock de titres courts. La dette est ainsi devenue moins sensible aux mouvements de marché sur le court terme.

La chute des taux a également conduit certains investisseurs à se détourner des titres français ou allemands. La fin programmée des achats d’actifs par la BCE obligera donc l’Agence France Trésor à retisser les liens avec les anciens acheteurs. Cette capacité à les mobiliser sera d’autant plus importante qu’en 2018, la France émettra, pour 195 milliards d’euros de titre, nets de rachats, ce qui constituera un record.

 

Finances publiques, le bilan 2016

Si les pays de la zone euro ont réussi à réduire de manière drastique leur déficit public au cours de ces cinq dernières années, le chemin du désendettement sera, par définition, plus lent compte tenu de l’ampleur des stocks.

En 2016, le ratio du déficit public par rapport au PIB a, selon l’institut statistique européen Eurostat, baissé pour la zone euro passant de 2,1 % en 2015 à 1,5 % en 2016. Pour l’ensemble de l’Union européenne, le déficit public était de 1,7 % en 2016 contre 2,4 % en 2015.

Le reflux de la dette publique est plus lent. Le ratio de la dette publique par rapport au PIB a reculé dans la zone euro (88,9 % fin 2016 contre 89,9 % fin 2015). Pour l’Union européenne, les ratios respectifs sont 83,2 et 84,5%.

Neuf pays en excédent budgétaire, deux pays à l’équilibre et trois pays en déficit excessif

Neuf pays de l’Union européenne ont dégagé, en 2018, un solde budgétaire positif. Il s’agit du Luxembourg (+1,6 % du PIB), Malte ainsi que la Suède (+1,1 % chacun), l’Allemagne (+0,8 %), la République tchèque (+0,7 %), la Grèce et Chypre (+0,5 % chacun), les Pays-Bas (+0,4 %) et la Lituanie (+0,3 %). La Bulgarie et la Lettonie ont enregistré un solde budgétaire à l’équilibre.

Quatre pays ont des déficits publics proches de zéro : Estonie (-0,3 %), Danemark (-0,6 %), Irlande (-0,7 %), Croatie (-0,9 %).

Trois États membres ont affiché un déficit supérieur ou égal à 3 % du PIB: l’Espagne     (-4,5 %), la France (-3,4 %) ainsi que la Roumanie (-3,0 %).

Seize pays européens ne respectent pas le traité de Maastricht en matière de dette publique

À la fin de l’année 2016, les plus faibles dettes publiques par rapport au PIB ont été relevées en Estonie (9,4 %), au Luxembourg (20,8 %), en Bulgarie (29,0 %) et en République tchèque (36,8 %).

Seize États membres ont affiché un ratio de dette publique supérieur à 60 % du PIB, les plus élevés ayant été enregistrés en Grèce (180,8%), en Italie (132,0%), au Portugal (130,1 %), à Chypre (107,1 %) et en Belgique (105,7 %). La France se situe au 7e rang avec une dette publique de 96,5 % du PIB.

La France, championne d’Europe de la dépense publique

La France détient le record pour les dépenses à 56,4 % du PIB et devance la Finlande (55,8 %), le Danemark (53,5 %) et la Belgique (53,2 %). Le niveau de dépenses publiques est de 44,2 % en Allemagne.

Si la bataille des déficits au sein de l’Union est presque gagnée, il reste à remporter celle des dettes publiques. Le retour d’une croissance entre 2 et 3 % et d’une inflation autour de 2 % réduiraient, année après année, le poids de l’endettement par rapport au PIB. La question de la résorption des dettes souveraines dépendra également de l’évolution des taux. Une hausse d’un point du taux de l’Obligation Assimilable du Trésor français représente un surcoût de 10 milliards d’euros en trois ans.

 Petite déprime automnale des ménages français

Pour le 4e mois consécutif, le moral économique des ménages français est en recul. Au mois d’octobre, l’indicateur calculé par l’INSEE diminue d’un point et revient à 100, c’est à dire à sa moyenne de longue période. Il était au-dessus de ce niveau depuis le mois de mai dernier. La fin de la période électorale, l’annonce des premières mesures et la rentrée pèsent sur le niveau de confiance des Français.

Toujours selon l’INSEE, en octobre, les ménages sont nettement moins optimistes sur leur situation financière future. Le solde correspondant perd 3 points, comme en septembre, et est inférieur à sa moyenne de longue période. Les mesures fiscales et l’annonce de la diminution des Aides Personnalisées au Logement expliquent en partie cette évolution.

Par ricochet, la proportion de ménages estimant qu’il est opportun de faire des achats importants diminue en octobre (−3 points). Le solde correspondant se maintient néanmoins au-dessus de sa moyenne de long terme.

Avec le sentiment de baisse à venir des revenus, les ménages considèrent que leur capacité d’épargne future est en baisse, -5 points en octobre après −2 points en septembre. Le solde correspondant retrouve ainsi son niveau de long terme. La part de ménages estimant qu’il est opportun d’épargner baisse fortement en octobre : le solde correspondant perd 8 points, après −3 en septembre, et s’établit à un niveau très inférieur à sa moyenne de longue période.

En octobre, l’opinion des ménages sur le niveau de vie passé en France s’améliore légèrement : le solde correspondant gagne 2 points et demeure au-dessus de sa moyenne de long terme. Le solde d’opinion des ménages sur le niveau de vie futur en France se stabilise en octobre (−1 point) après trois mois consécutifs de baisse. Il demeure légèrement au-dessus de sa moyenne de long terme.

Les craintes des ménages en matière d’évolution du chômage sont presque inchangées en octobre : le solde correspondant recule de 1 point, après une hausse de 12 points en septembre. Il se maintient très au-dessous de sa moyenne de longue période.

En octobre, les ménages sont plus nombreux qu’en septembre à estimer que les prix augmenteront au cours des douze prochains mois : le solde correspondant augmente de 9 points et s’écarte encore davantage de sa moyenne de longue période.

Les ménages sont également plus nombreux qu’en septembre à estimer que les prix ont augmenté au cours des douze derniers mois. Le solde correspondant augmente de 3 points ; il demeure cependant très en deçà de sa moyenne de long terme. Si les prix ont augmenté en fin d’année 2016 et au début de l’année 2017, le taux d’inflation s’est depuis replié à 1 %.

La rentrée semble donc pénible aux Français après un été plutôt radieux. Ce changement d’état d’esprit est assez classique après une séquence électorale intensive. Les mauvais chiffres du chômage durant l’été ont un peu brouillé le message sur la reprise économique. Le débat sur la CSG, sur l’ISF et sur la flat tax peuvent peser sur le moral des Français toujours très épris d’égalité.

 

Une note positive pour l’emploi en France

Après un été décevant, le nombre de demandeurs d’emploi est en recul au mois de septembre. Ainsi celui des demandeurs inscrits en catégorie A est en baisse de 1,8 % (-64 800) sur un mois pour la France métropolitaine. Le nombre d’inscrits dans cette catégorie s’élève désormais à 3 475 600. La diminution est de 0,2 % sur un trimestre et de 0,5 % sur un an.

En retenant les catégories A, B et C, 5 615 900 personnes étaient, fin septembre, inscrites à Pôle Emploi en recul de 0,5 % sur un mois. Ce taux augmente sur trois mois de 1,0 % et progresse de 2,6 % sur un an.

En France (y compris Drom), le nombre de demandeurs d’emploi s’élevait à 3 734 100 pour la catégorie A. Il diminue de 1,7 % sur un mois, de 0,1 % sur un mois et de 0,4 % sur un an. Pour les catégories A, B, C, ce nombre s’établit à 5 922 000. Sur un mois, il baisse de 0,5 %. En revanche, il progresse de 1 % sur trois mois et de 2,5 % sur un an.

La baisse des inscrits est sensible pour les jeunes de moins de 25 ans (-5,3 % en catégorie A pour le mois de septembre). Sur trois mois, elle atteint -2,2 % quand le chômage des plus de 50 ans s’aggrave légèrement (+0,7 %). Sur un an, l’écart est encore plus net avec une baisse de -5,5 % pour les premiers et une hausse de +3 % pour les seconds. Les créations d’emploi, en particulier dans le secteur du digital, de la logistique et de la distribution, ont concerné, en premier lieu, les jeunes qui bénéficient également d’un nombre important de contrats aidés même si ces derniers sont en baisse.

En revanche, la durée du chômage continue à augmenter. Ainsi, en France métropolitaine, sur trois mois, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits en catégories A, B, C, depuis un an ou plus, a progressé de 1,8 % (+0,1 % sur un mois et +2,9 % sur un an). L’ancienneté moyenne des demandeurs d’emploi en catégories A, B, C est de 590 jours en septembre 2017 (+7 jours par rapport à juin).

Le marché de l’emploi se fluidifie légèrement avec une réduction de la durée moyenne d’inscription pour les demandeurs d’emploi sortant des statistiques. Elle est de 289 jours (–9 jours par rapport à juin). Sur un an, les reprises d’activité augmentent quand les entrées de stages diminuent d’un tiers.

Les entrées à Pôle Emploi sont liées à 20 % à des fins de contrats à durée déterminée et à 17 % à des retours sur le marché du travail. La reprise économique incite un certain nombre de personnes d’âge actif qui avait abandonné l’idée d’obtenir un emploi à s’inscrire à Pôle Emploi.

Les résultats du mois de septembre sont plus conformes à la croissance de ces derniers mois. La croissance proche de 2 % attendue pour 2017 devrait induire des créations d’emploi dans les prochains mois. Par ailleurs, la mutation économique en cours qui se traduit par un recours plus important aux CDD et à l’intérim conduit à une plus grande saisonnalité de l’emploi. Avec les vacances, les employeurs mettent fin aux contrats à durée déterminée et aux missions en intérim avant de recourir à nouveau à la rentrée.

 

Le Royaume-Uni fait de la résistance

Les résultats de la croissance au cours du premier semestre 2017 avaient montré qu’un affaiblissement était à l’œuvre. Son origine avait été imputée au Brexit. La croissance avait atteint au 1er semestre son plus mauvais niveau depuis 2012. Or, à la surprise générale, l’économie britannique a accéléré au troisième trimestre.

Le PIB britannique a ainsi augmenté de 0,4 % sur la période juillet-septembre après une croissance de 0,3 % au deuxième trimestre, selon l’Office national de la statistique (ONS). En rythme annuel, la croissance reste inchangée à 1,5 %. Si les services et le secteur manufacturier ont contribué à la croissance, celui de la construction s‘est en revanche contracté de 0,7 % sur la même période, soit son plus fort repli depuis le troisième trimestre 2012. Pour le seul mois d‘août, le secteur des services a progressé de 0,2 %, compensant une légère baisse en juillet.

Ce taux de croissance devrait conduire la Banque d’Angleterre (la BoE) à relever, pour la première fois depuis 10 ans, ses taux directeurs à l’occasion de sa réunion de la semaine prochaine. Selon une enquête Reuters publiée mardi, elle devrait passer son taux d‘intervention de 0,25 % à 0,5 %, le 2 novembre, en raison des craintes que les pressions inflationnistes ne freinent le développement de l‘activité économique.

La première estimation de la croissance, en grande partie fondée sur des données estimées, ne fournit pas d‘indications sur l’évolution des différentes composantes du PIB.