29 février 2020

C’est déjà hier

Quand la bulle d’endettement commence à inquiéter

Avec les taux d’intérêt bas, les entreprises ont tendance à privilégier l’endettement au détriment des fonds propres. Ainsi, selon l’OCDE, le volume de la dette des entreprises a atteint, en termes réels, le niveau sans précédent de 13 500 milliards dollars en 2019. Les instances économiques et financières internationales s’inquiètent de la détérioration de la qualité globale de cette dette d’autant plus que les menaces qui pèsent sur l’économie mondiale augmentent. Un peu plus de la moitié (51 %) des nouvelles obligations de catégorie investissement émises en 2019 ont reçu la note de crédit BBB, soit la notation la plus faible. Pendant la période 2000-2007, 39 % seulement des émissions d’obligations de catégorie investissement s’étaient vu attribuer cette note. La part des émissions d’obligations de la catégorie spéculative a également augmenté. Depuis 2010, au moins 20 % de la totalité des émissions obligataires ont été classées dans cette catégorie qui a représenté 25 % des émissions totales d’obligations par des sociétés non financières en 2019. La part des émissions d’obligations de la catégorie spéculative n’était jamais restée aussi élevée pendant une période aussi longue depuis 1980, ce qui donne à penser que les taux de défaut, en cas de récession à venir, seraient vraisemblablement supérieurs à ce qu’ils ont été pendant les cycles précédents. En 2019, 30 % seulement de l’encours mondial de la dette obligataire des sociétés non financières a obtenu la notation A ou une notation supérieure, et il s’agissait d’obligations émises par des sociétés d’économies avancées.

L’augmentation de l’encours de la dette obligataire des sociétés va de pair avec une hausse des obligations de remboursement, tant en valeur absolue que relative. Le montant des emprunts obligataires émis par des sociétés non financières à rembourser ou à refinancer dans les trois ans a atteint le chiffre sans précédent de 4 400 milliards de dollars fin 2019, soit 32,4 % de l’encours total des obligations de sociétés, c’est-à-dire un pourcentage record, en hausse d’environ 25 % sur les dix dernières années.

Ce développement de l’endettement ne s’accompagne pas à due concurrence de l’investissement. Les grandes entreprises réalisent des rachats d’actions afin de récompenser leurs actionnaires. En outre, ce recours à l’emprunt n’est pas associé à une remontée des gains de productivité et donc à de la croissance potentielle. Dans ce contexte, les économistes de l’OCDE jugent nécessaire et urgent de renforcer les fonds propres des entreprises. Ils invitent les États à adopter des mesures visant à améliorer la capacité des marchés d’actions à renforcer les bilans des entreprises et à soutenir les investissements à long terme.

La France, toujours championne des dépenses publiques

Selon Eurostat, en 2018, l’ensemble des dépenses publiques dans l’Union européenne (UE) représentait 46,7 % du produit intérieur brut (PIB). Cette part a régulièrement diminué depuis 2012, lorsqu’elle s’élevait à 49,7 % du PIB. La France reste en tête du classement pour les dépenses publiques avec un taux de 56 %. Elle devance la Finlande (53,1 %) et la Belgique (52 %). À l’opposé, les dépenses publiques ne s’élevaient qu’à 25 % du PIB en Irlande. En Allemagne, ce taux est de 44 %. Le faible montant en Irlande s’explique par la part limitée de la retraite obligatoire. La France, en revanche, se démarque, par un haut niveau de dépenses dans tous les domaines de l’action publique (protection sociale, emploi, logement, etc.).

Source : Eurostat

Les dépenses de la sphère sociale en nette augmentation

Parmi les dépenses des administrations publiques dans l’Union européenne, la protection sociale (hors santé) est de loin la fonction la plus importante. Elle représente, en moyenne, 19,2 % du PIB en 2018. Viennent ensuite, par ordre d’importance, les fonctions « santé » (7,0 %), « services généraux des administrations publiques » (6,0 %) tels que les affaires étrangères et les opérations concernant la dette publique, « enseignement » (4,6 %) et « affaires économiques » (4,4 %). Les fonctions « ordre et sécurité publics » (1,7 %), « défense » (1,2 %), « loisirs, culture et culte » (1,1 %), « protection de l’environnement » (0,8 %) ainsi que « logements et équipements collectifs » (0,6 %) ont un poids moins important.

La « protection sociale » et la « santé » sont les deux seules fonctions au sein des dépenses publiques qui sont en hausse en lien avec le vieillissement de la population. Pour l’ensemble de l’Union, les dépenses de protection sociale sont passées de 38,7 % à 41,2 % de l’ensemble des dépenses, alors que les dépenses de santé ont augmenté de 14,3 % à 15,0 %. À l’inverse, les dépenses publiques pour les « services généraux », par exemple, ont reculé de 15,0 % des dépenses totales en 2007 à 12,9 % en 2018. Au cours de cette période, les dépenses publiques pour « l’ordre et la sécurité publics » et la « protection de l’environnement » sont restées inchangées.

La France en deuxième position pour la protection sociale

Le ratio des dépenses des administrations publiques en matière de protection sociale varie d’un État membre de l’Union à l’autre, s’échelonnant de moins de 10 % du PIB en Irlande (9,0 %) à près d’un quart du PIB en Finlande (24,1 %) et en France (23,9 %). Les écarts sont en grande partie liée au rôle des dépenses publiques consacrées à la retraite. Ce pôle représentait 10,4 % du PIB dans l’Union en 2018. Ce taux atteint 13,6 % en Finlande, 13,3 % du PIB en France et en Italie. À l’inverse, les parts les plus faibles ont été enregistrées en Irlande (3,2 %), suivi de Chypre (6,1 %), de la Lituanie (6,2 %) et des Pays-Bas (6,4 %).

La France dans le trio de tête pour les dépenses de santé

Avec des parts d’au moins 8 % du PIB en 2018, le Danemark (8,3 %), l’Autriche (8,2 %) et la France (8,1 %) sont les États membres dans lesquels les dépenses publiques consacrées à la santé sont les plus élevées.

Les dépenses pour l’environnement en pointe aux Pays-Bas

Les Pays-Bas consacrent 1,4 % du PIB à la protection environnement. Ils sont suivis par la Belgique et la Grèce (1,3 %). Avec 1 %, la France se place au 5e rang.

Défense et ordre intérieur, des dépenses en stagnation en Europe

La Lettonie a consacré 2,1 % de son PIB à la défense, l’Estonie et la Grèce, 2,0 % chacune. La France se place au 5e rang avec un taux de 1,8 %. La moyenne communautaire s’élève à 1,2 % soit nettement en-deçà de l’objectif des 2 % retenus par les dirigeants européens.

Les dépenses des administrations publiques consacrées à l’ordre public et à la sécurité les plus élevées ont été observées en Bulgarie (2,5 %), en Croatie (2,4 %) et en Hongrie (2,3 %). La France est dans la moyenne avec un taux de 1,7 % du PIB.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

L’éducation, une spécialité de l’Europe du Nord

Les pays qui consacrent le plus à l’enseignement public se situent en Europe du Nord. La France se place au 13e rang. Les dépenses consacrées à l’enseignement y représentent 5,1 % du PIB, contre 6,9 % du PIB.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Les comparaisons de dépenses publiques au sein de l’Union européenne sont biaisées par le caractère public ou non de certaines d’entre elles. Ainsi, les retraites complémentaires ne sont pas intégrées dans les dépenses publiques quand elles ne sont pas dites obligatoires. C’est le cas en Allemagne ou en Irlande à la différence de la France. Dans ce dernier pays, les dépenses scolaires sont en quai totalité prises en charge par la sphère publique quand, dans d’autres pays, la part du privé est plus importante.

L’inflation globalement stable en février en France

Sur un an, selon une première estimation de l’INSEE, les prix à la consommation augmenteraient de 1,4 % en février après +1,5 % le mois précédent. Le ralentissement marqué des prix de l’énergie et, dans une moindre mesure, des prix alimentaires expliquent cette légère décrue. En revanche, les prix des produits manufacturés, ceux des services et du tabac, seraient en hausse.

Sur un mois, les prix à la consommation seraient stables, après -0,4 % le mois précédent.

Sur un an, l’indice des prix à la consommation harmonisé augmenterait de 1,6 %, après +1,7 % en janvier. Sur un mois, il serait stable, après -0,5 % le mois précédent.

La consommation en panne au mois de janvier à cause des voitures

L’année 2020 débute avec un recul marqué de la consommation, -1,1 % faisant suite à une contraction de 0,3 % en décembre. Les grèves des transports ont certainement joué un rôle dans cette contreperformance. Le recul des achats a concerné en premier lieu les biens fabriqués (-2,7 %). En janvier, les dépenses en biens durables chutent (-5,1 %) après trois mois de hausse. La consommation de matériels de transport (en particulier l’achat de voitures) a diminué de 7,1 %. Cette baisse est notamment due au contrecoup de l’entrée en vigueur au 1er janvier 2020 de nouvelles modalités encadrant le malus écologique sur les voitures, qui avaient été anticipées au mois de décembre. Les dépenses en habillement-textile se replient de nouveau nettement (-1,2 % après -1,3 %).

En revanche, les achats alimentaires ont légèrement augmenté (+0,2 % après –0,4 %) tout comme les dépenses en énergie (+0,1 %).

Ce mauvais résultat de la consommation constitue une mauvaise nouvelle pour la croissance du premier trimestre d’autant plus que les prochaines semaines pourraient s’avérer délicates avec la diffusion du COVID-19.

Cercle de l’Épargne – données INSEE