7 novembre 2015

C’est déjà hier !

La Commission de Bruxelles ne voit la vie en rose pour tout de suite

Malgré la baisse des prix pétroliers, la dépréciation de l’euro, la reprise reste modérée en 2015 selon la Commission qui néanmoins dans ses perspectives d’automne note que la croissance s’est maintenue cette année et qu’elle s’est étendue parmi les États membres.

Selon les prévisions de la Commission, le PIB réel de la zone euro devrait augmenter de 1,6 % en 2015, puis atteindre 1,8 % de croissance en 2016 et 1,9 % en 2017. Le PIB réel de l’Union européenne devrait quant à lui passer de 1,9 % de croissance cette année à 2,0 % en 2016 et 2,1 % en 2017.

La Commission européenne souligne que l’amélioration du marché du travail est lente et inégale. Elle mentionne que les pays qui ont réformé commencent à obtenir des résultats. Dans la zone euro, l’emploi devrait croître de 0,9 % cette année et l’année prochaine et gagner jusqu’à 1 % en 2017. Le taux e chômage devrait passer de 11,0 % cette année à 10,6 % l’année prochaine et à 10,3 % en 2017.

La Commission rappelle que de nombreuses incertitudes pèsent sur ses prévisions : le ralentissement de la croissance dans les marchés émergents, la normalisation attendue de la politique monétaire américaine sur les marchés émergents.

En 2015, le déficit public agrégé pour la zone euro devrait être de 2 % en raison des efforts d’assainissement menés par plusieurs pays, des faibles coûts d’intérêt de la dette publique et du retour de la croissance. En 2017, le ratio du déficit par rapport au PIB de la zone euro devrait tomber à 1,5 %. Le ratio de la dette par rapport au PIB de la zone euro devrait diminuer de son niveau record de 94,5 % en 2014 pour atteindre 91,3 % en 2017.

Du fait de la reprise économique et notamment de celle de la consommation, la Commission s’attend à une augmentation légère de l’inflation dans les prochains mois. L’inflation annuelle devrait passer de 0,1 % dans la zone euro et de 0 % dans l’Union européenne cette année, à 1,0 % et à 1,1 %, respectivement, l’année prochaine et à 1,6 % en 2017 tant en zone euro qu’au sein de l’UE.

Les perspectives pour la croissance mondiale et le commerce mondial se sont considérablement détériorées depuis le printemps du fait du ralentissement des économies émergentes. La croissance ne devrait que péniblement atteindre 3 % quand il était espéré plus de 3,3 %. Si jusqu’à présent, les exportations de la zone euro ont été largement épargnées par la détérioration des échanges mondiaux, principalement en raison de la dépréciation passée de l’euro, elles devraient enregistrer une moindre progression en 2016, avant d’augmenter légèrement en 2017.

 Selon la Commission de Bruxelles, les demandeurs d’asile pourraient avoir un léger impact économique positif. L’impact serait évidemment très différent en fonction des politiques d’accueil des Etats membres. L’Allemagne devrait en 2016 enregistrer une augmentation de sa croissance plus vive que prévu.

La France, toujours dans l’œil du cyclone

La Commission de Bruxelles a, une nouvelle fois, exprimé ses doutes sur la capacité de la France à redresser ses finances publiques et de respecter la barre des 3 % en 2017. Elle a réclamé de la part du Gouvernement de nouveaux efforts.

La Commission de Bruxelles prévoit, en effet, pour la France une croissance du PIB de 1,4 % en 2016 inférieure à sa prévision initiale et à celle du Gouvernement (1,5 %). Avec une inflation également moindre que prévu, l’institution européenne estime que le déficit ne serait ramené qu’à 3,4 % du PIB contre un engagement pris à 3,3 %.

La Commission estime que le respect des objectifs de déficit risque d’être de plus en plus difficile à respecter du fait que le Gouvernement éprouve les pires difficultés à réaliser de nouvelles économies et que les dépenses d’investissement pourraient être plus vigoureuses du côté des collectivités locales.

Pour 2017, Bruxelles prévoit un déficit de 3,3 %. La Commission pourrait ainsi s’inviter dans le débat présidentiel en exigeant la mise en place d’un réel plan d’économies budgétaires.

 France, petit mieux pour les crédits aux particuliers

Le taux de croissance annuel des crédits aux particuliers a été de 3,9 % en septembre contre 3,4 % en août. Ce sont les prêts à l’habitat qui ont contribué à ce mouvement avec une hausse de 3,6 %, après + 3,2 %. Il y a une légère reprise des nouveaux prêts sachant que jusqu’à maintenant le marché était dominé par des prêts issus de renégociations de taux. Ces derniers ont néanmoins représenté 9,7 milliards d’euros en septembre  après 9,9 milliards en août. Les crédits nouveaux à l’habitat ont atteint 20,6 milliards d’euros, après 20,2 milliards d’euros.

Les taux d’intérêt des crédits à l’habitat à long terme à taux fixe confirment leur légère hausse initiée le mois dernier (2,23 %, après 2,18 % en août et 2,16 % en juillet).

Le crédit à la consommation est également dynamique (+4,2%) ; le taux moyen des crédits amortissables à la consommation diminue (4,44 %, après 4,57 %).

L’investissement des entreprises françaises, toujours le maillon faible

L’INSEE et le Gouvernement espéraient une reprise de l’investissement pour le second semestre 2015 or, à en croire la dernière enquête de l’institut statistique, elle est différée au mieux à 2016. En effet, interrogés en octobre 2015, les chefs d’entreprise de l’industrie manufacturière ne prévoient pas de hausse de leurs investissements en 2015 par rapport à 2014, une petite hausse de 1 % étant attendue.

En revanche, en moyenne sur l’année 2016, les industriels anticipent une légère augmentation de leurs dépenses d’investissement, de 3 % par rapport à 2015. Cette hausse serait forte dans les secteurs des industries agro-alimentaires (+7 %) et dans la fabrication de biens d’équipements (+9 %).

La Commission de Bruxelles est moins optimiste que le Gouvernement sur le sujet de l’investissement même si elle admet qu’il repartirait à la hausse l’année prochaine. Néanmoins, la progression, en 2016, de l’investissement en équipement des entreprises ne serait que de 2,2 % et non pas de 4,9 % comme l’espère le gouvernement. La véritable reprise n’interviendrait pour Bruxelles qu’en 2017.