30 janvier 2016

C’est déjà hier (30 janvier 2016)

Croissance, la France aurait pu mieux faire !

Sans surprise, la croissance au dernier trimestre de l’année 2015 aura été de 0,2 % portant la croissance sur l’année à 1,1 % contre 0,2 % en 2014. Après trois années de stagnation, ce taux de 1,1 % constitue une avancée mais au regard des espoirs mis dans le fameux alignement des planètes (baisse du pétrole, des taux et de l’euro, CICE, pacte de responsabilité….), le résultat peut apparaître bien modeste. Le retard de la reprise de l’investissement, le ralentissement chinois, les effets des embargos avec la Russie…. ont pesé bien plus que prévu sur la croissance française. Ce taux de 1,1 % a été insuffisant pour réduire le chômage. Point encourageant à souligner pour 2016, l’investissement est en hausse pour tous les agents économique au cours du dernier trimestre ce qui n’était pas arrivé depuis longtemps.

La consommation a connu une belle progression après une longue période de stagnation. Elle a progressé, sur un an, de 1,4 % contre 0,6 % en 2014. Elle a été portée par les biens fabriqués qui ont connu une hausse de 2,5 %. La reprise des immatriculations de voitures neuves en est une des manifestations. En revanche, sur le dernier trimestre, la situation a été plus difficile avec un recul de 0,4 %. Le mauvais mois de novembre, marqué par les attentats, et des conditions climatiques peu favorables à l’achat de produits énergétiques et de vêtements d’hiver ont pesé sur les résultats.

L’investissement toujours en indélicatesse

Sur l’ensemble de l’année 2015, la FBCF est en léger recul de 0,1 %  contre -1,2 % en 2014. Ce mauvais résultat est imputable à l’investissement des ménages qui a fortement baissé de 3 % et à celui des administrations publiques (-3,1 %). Les ménages ont freiné leurs dépenses dans l’immobilier surtout en début d’année. Les élections départementales et régionales ont pesé sur les dépenses d’investissement des collectivités territoriales qui réalisent plus de 75 % de l’investissement public. Par ailleurs, la réduction des dotations de l’Etat aux collectivités territoriales explique également la baisse de ces investissements. Ceux des entreprises ont augmenté de 2 % soit le même taux qu’en 2014.

Au 4ème  trimestre, l’investissement, la formation brute de capital fixe (FBCF), s’est accélérée avec une progression de 0,8 % contre 0,1 % au trimestre précédent. Elle est positive pour tous les agents économiques, ménages compris.

Un commerce extérieur en demi-teinte

Sur l’année, le commerce extérieur aura joué négativement sur la croissance, -0,2 % du fait de la forte progression des importations, + 6,1 %. Les exportations ont connu une belle progression, +5,9 % mais insuffisantes pour compenser celle des importations. La France a indéniablement bénéficié de la dépréciation de l’euro mais elle a dû faire face au ralentissement du commerce international et à la concurrence accrue de pays comme l’Espagne qui ont pratiqué des politiques de de déflation salariale. En outre, l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages s’est concrétisée par une augmentation des achats de biens importés. Au cours du dernier trimestre, les exportations ont progressé de 0,6 % contre une baisse de 0,6 % au 3ème. Les importations ont augmenté de 1,6 % après +1,5 %. De ce fait,  le commerce extérieur a contribué négativement de 0,3 point à la croissance au 4ème trimestre contre une contribution négative de 0,7 point au 3ème.

Les variations de stock

Sur l’année, les variations de stock auront joué positivement sur la croissance, à hauteur de 0,2 point. Sur le dernier trimestre leur apport aura été positif de 0,5 point après +0,6 point au troisième. Ce gonflement des stocks pourrait être préjudiciable à la croissance du début de l’année 2016 si la consommation n’est pas rapidement de retour.

Progression indéniable de la production

La production totale de biens et services a progressé de 1,3 % en 2015 contre 0,7 % en 2014. Au cours du 4ème trimestre, la hausse a été de 0,5 % après +0,3 %. L’industrie manufacturière a connu une augmentation de 1,4 % en 2015 et de 0,9 % au 4ème trimestre.

La construction aura connu une année difficile avec un repli de 2,6 % soit plus important qu’en 2014, -2,4 %. Néanmoins, un rebond a été enregistré au cours du 4ème trimestre avec une hausse de 0,7 %.

Les services marchands ont enregistré une progression de 1,9 % en 2015 après +1,2 % en 2014.

  Taux de croissance

en volume de la France

en%

2000 3,9
2001 2,0
2002 1,1
2003 0,8
2004 2,8
2005 1,6
2006 2,4
2007 2,4
2008 0,2
2009 -2,9
2010 2,0
2011 2,1
2012 0,2
2013 0,7
2014 0,2
2015 1,1

 

La France continue de perdre du terrain par rapport à ses partenaires

L’Allemagne aura fait mieux que la France en 2015 avec une croissance de 1,7 %. Néanmoins, la croissance aura faiblement progressé outre-rhin car elle était de 1,6 % en 2014. L’Allemagne a souffert du tassement du commerce international. L’augmentation de la demande interne, générée par le relèvement des salaires et l’arrivée d’un million de migrants, s’est traduite par une progression des importations. L’Allemagne pourrait jouer un rôle plus important de la diffusion de la croissance en Europe ce qui serait une bonne nouvelle.

Le Royaume-Uni a obtenu une croissance de 2,2 % qui est en retrait par rapport à 2014 où elle avait été de 2,9 %. L’Espagne affiche, pour 2015, un taux de croissance de 3,2 %. Le taux de chômage a été ramené de plus de 24 à 20,9 %. Le nombre d’emplois s’est accru de 452 000 dans le secteur privé et de 73 100 dans le secteur public en 2015, ce qui porte à plus d’un million les créations d’emploi sur deux ans. Le PIB pourrait enfin dépasser le niveau de 2008, soit 1 116 milliards d’euros. Il n’était que de 1 058 milliards en 2014.

Les Etats-Unis, victimes du pétrole !

Les Etats-Unis ont connu une croissance de 2,4 % en 2015 soit le même taux qu’en 2014. Au 4ème trimestre, le PIB n’a progressé que de 0,7 % en rythme annualisé soit beaucoup moins que pour le troisième, + 2 %. Les dépenses de consommation qui constituent les deux tiers du PIB américain, ont progressé de 2,2 % après avoir gagné 3 % au trimestre précédent. Ce recul est moins important que prévu. La consommation semble résister aux annonces de retournement de cycle. En revanche, pour le deuxième trimestre consécutif, les investissements des entreprises ont diminué de 2,5 %. Les prix du pétrole sont responsables de cette contraction. En effet, les investissements dans le secteur minier et pétrolier ont diminué de 35 %, ce qui constitue le plus fort repli constaté depuis 1986. Par précaution, les entreprises ont puisé dans leurs stocks entraînant une perte de 0,45 point de croissance.

Les Etats-Unis sont pénalisés par l’appréciation du dollar. Les exportations américaines ont reculé de 2,5 % contre une hausse de 0,7 % au 3ème trimestre. Avec une progression des importations de 1,1 %, le solde du commerce extérieur a coûté 0,47 point de croissance sur le trimestre et 0,66 point sur l’année.

Du fait de la médiocre performance du dernier trimestre, le relèvement des taux par la FED pourrait être placé sur le mode « pause ». Une telle décision prouverait que  le retour à la normale en matière sera un long chemin.

Emploi quand cela ne veut pas…

La France, à la différence, de ses partenaires économiques, les Etats-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni mais aussi l’Espagne, n’aura pas réussi à réduire le nombre de ses demandeurs d’emploi au cours de l’année 2015. En un an, le chômage a progressé de 2,6 %. Sur le dernier mois de l’année, la progression a été de 0,4 %.

Fin décembre 2015, la France métropolitaine comptait 3 590 600 demandeurs d’emploi en catégorie A. Toutes catégories, le nombre de demandeurs d’emploi est de 5 475 700 personnes. La durée moyenne d’inscription des sortants est de 307 jours en progression de 17 jours en un an (-3 jours en décembre).

Au mois de décembre, le chômage (catégorie A) des moins de 25 ans repart à la hausse, + 0,7 %. Néanmoins, il baisse de 4 % sur un an. La progression des demandeurs d’emploi de plus de 50 ans est la plus inquiétante. Sur un an, la hausse atteint 8,4 % (+0,6 % sur le mois de décembre).

Le contexte favorable du début de l’année n’aura donc pas suffi pour juguler le chômage. Le fameux alignement de planète – baisse du prix du pétrole, baisse des taux d’intérêt, baisse de l’euro, baisse de la rigueur budgétaire, mise en place du pacte de responsabilité, CICE… a, au mieux, ralenti la progression du chômage mais n’a pas permis un retournement de la courbe. Le faible taux d’utilisation des capacités de production et la trop faible reprise de l’investissement expliquent le fait que les créations d’emploi n’ont pas été suffisantes pour absorber l’augmentation de la population active.

La population active augmentant de 100 000 par an, pour obtenir une diminution du nombre de demandeurs d’emploi, la France a besoin de créer au minimum le même nombre d’emplois. En 2015, la France a enregistré à la différence de 2014 des créations nettes d’emploi mais en nombre insuffisant, certainement moins de 75 000. Avec une croissance de 1,5 %, une stabilisation du nombre de demandeurs d’emploi est possible même si de nombreuses entreprises sont en sureffectifs au regard de leur niveau de productivité.

La lente décrue de la dette publique

La dette publique au sein de la zone euro représentait 91,6 % du PIB au troisième trimestre 2015. Pour l’ensemble de l’Union européenne, ce ratio est de 86 %. Elle est en légère baisse tant au sein de la zone euro qu’au sein de l’Union européenne.

La dette publique s’élève à 9 454 milliards d’euros pour la zone euro et à 12 439 milliards d’euros pour l’Union européenne.

L’Italie possède la dette publique la plus importante. Elle s’élevait à la fin du troisième trimestre 2015 à 2 192 milliards d’euros contre 2 151 milliards d’euros pour l’Allemagne et 2 103 milliards d’euros pour la France.

Rapportée au PIB, la dette publique est la plus importante en Grèce (171 %), en Italie (134 %) et au Portugal (130 %). Les plus faibles taux sont enregistrés en Estonie (9,8 %), en Hongrie (21,3 %) et en Bulgarie (26,9 %). En France, la dette publique représente 97 % du PIB, au Royaume-Uni, 88,6 % et en Allemagne, 71,9  %.

Sur un an, quinze Etats membres ont enregistré une baisse de leur ratio de dette publique et treize une hausse. Les baisses les plus importantes ont été enregistrées en Irlande (-13,2 points), en Grèce (-6,6 points), en Lettonie (-4,8 points), au Danemark (-4,6 points), à Malte (-4,5 points) et en Allemagne (-3,5 points). Les plus fortes hausses ont été relevées en Slovénie (+6,2 points), en Autriche (+4,6 points) et à Chypre (+4,1 points). En un an, la dette publique a progressé de 1,3 point en France.