29 juillet 2016

C’est déjà hier (30 juillet 2016) – PIB France, FED, Royaume-Uni

Etats-Unis, la croissance patine

La croissance n’a atteint que 1,2% au deuxième trimestre, en rythme annualisé soit bien moins qu’escompté. Par ailleurs, la croissance du premier trimestre a été revue à la baisse à 0,8 % contre 1,1 % initialement. De ce fait, la croissance américaine est désormais inférieure à 2 % et cela depuis trois trimestres.

La consommation des ménages qui représente plus des deux tiers du PIB demeure vive avec un taux de croissance de 4, 2 % d’avril à juin alimentée par la chute du chômage à 4,9 %. Le rythme élevé des ventes de logement et l’amélioration de la production industrielle le mois dernier constituent deux autres points positifs. Toutefois la chute des stocks et à la baisse de l’investissement des entreprises ont freiné la croissance au printemps. Les dépenses d’investissement privé ont connu leur plus forte chute depuis sept ans (− 9,7 %). L’investissement des entreprises a diminué de 2,2 % pour le troisième trimestre de suite, tandis que celui des particuliers dans l’immobilier n’a été que de 6,1 %, après avoir progressé de 7,8 % au cours des trois premiers mois de l’année.

 

L’Etat et les collectivités ont également contribué au ralentissement de la croissance américaine, en réduisant leurs dépenses de 0,9 % par rapport au premier trimestre, un recul sans précédent depuis deux ans.

 

 

France, coup de froid au printemps

Après avoir atteint 0,7 % au premier trimestre, la croissance du PIB, en France a été nulle au deuxième. C’est une déception car elle était attendue à 0,2 %.  voire 0,3 % La France a donc fait du surplace durant le printemps.  Le contexte économique international marqué par le ralentissement des émergents mais aussi les grèves liées à la loi Travail ont pesé sur l’activité. La France renoue ainsi avec une croissance en dents de scie qui avait été de mise ces dernières années, un mauvais trimestre succédant à un bon.

La France fait ainsi moins bien que la moyenne de la zone euro dont la croissance a été de 0,3 %. Cette dernière est néanmoins en retraite de 0,3 point par rapport au 1er trimestre.

Le moteur principal de la croissance, les dépenses de consommation des ménages, s’est enrayé (+0,0 %) après avoir connu une forte progression au 1er trimestre, +1,2 % , tandis que la formation brute de capital fixe (FBCF) totale se replie (-0,4 % après +1,3 %).

L’investissement en construction se remet à diminuer (-0,4 % après +0,4 %), ainsi que celui en produits manufacturés (-0,9 % après +3,5 %) et celui en services marchands (-0,2 % après +1,1 %).

Au total, la demande intérieure finale (hors stocks) stagne : sa contribution à l’évolution du PIB est nulle (après +1,0 point au premier trimestre).

Les importations sont en repli (-1,3 % après +0,5 %) quand  les exportations baissent modérément (-0,3 %, comme au trimestre précédent). De ce fait,  le solde extérieur contribue positivement à l’évolution du PIB (+0,3 point, après -0,2 point). En revanche, le comportement de stockage des entreprises y contribue de nouveau négativement (-0,4 point, après -0,1 point).

Au deuxième trimestre 2016, la production totale de biens et services baisse de 0,2 % après une hausse de 0,7 %. La production de biens manufacturés recule nettement de 1 point après  0,0 % du fait principalement de la chute de la production dans les raffineries, affectées par des mouvements sociaux en mai et juin. La production se replie également dans la construction (-0,6 % après +0,3 %). Dans les services marchands, elle se stabilise (0,0 % après +1,1 %) et dans l’énergie elle ralentit (+0,5 % après +1,0 %).

La croissance française n’a pas réussi à maintenir le rythme du premier trimestre. Cela était attendu mais le freinage a été plus rapide que prévu. L’attentisme est la règle. Au cours du deuxième trimestre, la France a cessé de bénéficier de la chute des cours du pétrole. De ce fait, les ménages n’ont plus enregistré  de gains de pouvoir d’achat ce qui a pesé sur la consommation. Le retour en territoire négatif de l’investissement est évidemment une mauvaise nouvelle témoignant que les responsables des entreprises n’entrevoient pas d’amélioration durable de la conjoncture. Les capacités d’auto-alimentation de la croissance ne sont, en France, pas encore au rendez-vous. Le troisième trimestre qui intégrera la rentrée de septembre et la saison touristique devrait donner lieu à une petite croissance mais en-deçà des prévisions initiales. Elle pourrait se situer autour de 0,1 /0,2 %. Le troisième trimestre pourrait être marqué par le Brexit et par les attentats.

L’objectif de croissance de 1,5 % reste néanmoins atteignable compte tenu de l’acquis du 1er trimestre.

 Chômage, la France toujours à la peine

Au mois de juin, en France métropolitaine, le nombre de demandeurs d’emploi (catégorie A) s’élève à 3 525 700 en hausse de 0,2 % par rapport au mois de mai (+5 400 personnes). Certes, le mois de juin est rarement bon du fait de la fin d’un certain nombre de CCD, de missions d’intérim et de stages (néanmoins, les chiffres corrigées des variations saisonnières prennent en compte ces points). Sur un an, il est néanmoins en recul de 0,7 % (–24 600 personnes). Au mois de mai 2012, le nombre de demandeurs d’emploi était de 2,922 millions. La hausse a été de plus de 20 %.

Sur trois mois, le nombre de demandeurs d’emploi augmente de 0,6 % pour les moins de 25 ans (+0,8 % sur un mois et –5,7 % sur un an). Les dispositifs de soutien à l’emploi des jeunes semblent s’essouffler. De son côté, toujours sur trois mois, le nombre de demandeurs d’emploi recule de 0,3 % pour ceux âgés de 25 à 49 ans (stable sur un mois et –1,2 % sur un an) et de 0,2 % pour ceux âgés de 50 ans ou plus (+0,2 % sur un mois et +3,8 % sur un an).

Au total, le nombre de demandeurs d’emploi en catégories A, B, C est de 5 434 600 fin juin 2016. Ce nombre diminue sur trois mois de 0,4 % (soit –19 500 personnes), progresse de 0,1 % sur un mois (+6 300 personnes) et de 0,9 % sur un an (+48 100 personnes).

Ce deuxième mois consécutif de hausse traduit la prudence des entreprises. Par ailleurs, la croissance demeure insuffisante pour générer un flux d’emploi suffisant. Les évènements en cours risquent de peser sur l’activité surtout si la saison touristique se déroule dans un contexte de fréquentation moyenne. Ce résultat plus que moyen peut être également la conséquence de la succession de grèves qui ont gêné de multiples secteurs d’activité (transports, raffinerie, ports…).

Les ménages français un brin anxieux

Selon l’enquête de l’INSEE réalisée en grande partie avant les attentats de Nice et de Saint Etienne du Rouvray, la confiance des ménages marque en juillet une petite baisse. En effet, l’indicateur de confiance des ménages pour le deuxième mois consécutif perd 1 point. A 96, il demeure de ce fait au-dessous de sa moyenne de longue période (100).

Au mois de juillet, les ménages considèrent négativement leur situation financière personnelle passée baisse. Leur appréciation est au plus bas depuis août 2015. Leur opinion sur leur situation financière future demeure stable avec un gain d’un point. Ces deux indicateurs sont en-deçà leur moyenne de longue période.

En revanche, après une forte baisse en juin, la proportion de ménages estimant qu’il est opportun de faire des achats importants progresse à nouveau (+4 points). Depuis janvier 2015, le solde se maintient ainsi au-dessus de sa moyenne de long terme.

En juillet, le solde d’opinion des ménages sur leur capacité d’épargne actuelle est stable à son niveau moyen de longue période pour le quatrième mois consécutif. Celui concernant leur capacité d’épargne future est quasi stable (-1 point), au-dessous de son niveau moyen de long terme. En juillet, la proportion de ménages estimant qu’il est opportun d’épargner est quasi stable (+1 point). Il reste encore nettement inférieur à sa moyenne de longue période.

Le haut niveau du chômage et la stagnation des revenus minent le moral des ménages. Si jusqu’au début de l’année 2016, ils ont profité de la baisse des cours de l’énergie, ce n’est plus le cas depuis quelques mois. De ce fait, le taux d’insatisfaction tend à remonter.

 

La FED veut passer un mois d’août tranquille

La FED aurait pu légitiment décider de remonter ses taux lors de sa séance du 27 juillet. En effet, les derniers résultats économiques sont bons. Les créations d’emplois se sont élevées à 287 000 en juin effaçant le mauvais score de mai. Les mises en chantier ont augmenté de 4,8 % et la production industrielle a augmenté de de 0,6 %, après s’être contractée de 0,3 % en mai. Pour le moment, le Brexit n’a pas provoqué de tsunami sur les marchés.

La FED a souligné que la situation était meilleure qu’en juin. « Les risques à court terme sur les perspectives économiques ont diminué ». Pour autant, elle a décidé de temporiser et d’attendre la rentrée. Elle ne juge pas les marchés capables d’absorber une hausse des taux. Elle ne souhaite pas, en plein été, que la remontée des taux américains, provoque un krach obligataire mondial… Par ailleurs, elle attend les décisions de la banque centrale d’Angleterre pour évaluer la situation. Elle prend, enfin, de plus en plus en compte l’effet de change dans la détermination de sa politique monétaire. L’incertitude est de mise pour savoir si la FED relèvera ses taux en septembre ou en décembre.

 Royaume-Uni, jusqu’à là, tout va bien Madame la Marquise

Contre toute attente, la croissance de l’économie britannique s’est accélérée au cours du deuxième trimestre grâce à la plus forte progression de la production industrielle enregistrée depuis 1999. La croissance a, en effet, atteint 0,6 % d’un trimestre sur l’autre, selon une première estimation. Ce résultat est supérieur aux attentes des économistes qui escomptaient une croissance de 0,4 % comme au premier trimestre.

En rythme annuel, la croissance s’est élevée à 2,2 % ce qui constitue sa meilleure performance depuis le deuxième trimestre 2015.

Évidemment étant donné que le référendum ayant conclu à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne s’est tenu le 23 juin,il n’a pas eu d’effet sur l’activité de l’économie britannique.

L’essentiel de la croissance a été obtenu en avril avec la progression de l’activité dans l’industrie, les services et la construction. Au cours des deux derniers mois du deuxième trimestre, un ralentissement a été noté. La très grande majorité des experts prévoit l’entrée en récession dans l’année à venir. La Banque d’Angleterre (BoE) devrait dans les prochains jours prendre la décision de baisser ses taux directeurs pour la première fois depuis 2009.