16 mai 2020

C’est déjà hier

Inflation étale mais envolée des produits frais

Au mois d’avril en pleine période de confinement, l’indice des prix à la consommation (IPC) est stable, après +0,1 % le mois précédent. La baisse des prix de l’énergie (-4,2 % après -3,9 %) est compensée par le net rebond de ceux des produits alimentaires (+1,8 % après -0,1 %). En baisse de 0,2 % en mars, les prix des services sont stables en avril. Ceux des produits manufacturés sont également inchangés après +1,4 % en mars.  Corrigés des variations saisonnières, les prix à la consommation baissent de 0,1 % en avril, après -0,6 % en mars.

Sur un an, les prix à la consommation ralentissent pour le troisième mois consécutif, à +0,3 %, après +0,7 % en mars. La nette baisse de l’inflation résulte d’une accentuation de la baisse des prix de l’énergie et des produits manufacturés et d’un ralentissement des prix des services et du tabac. En revanche, les prix de l’alimentation enregistrent une hausse de 3,7 % sur un an après +1,9 %. Les produits frais connaissent une forte progression de leur prix (+17,8 % sur un an après +4,7 %). Les prix des légumes frais s’envolent à +30,3 % sur an après +4,8 %. Les prix des fruits frais augmentent de 10,8 % en avril et ceux des poissons frais de 19 %.

L’inflation sous-jacente est passée de 0,7 à 0,3 % de mars à avril. L’indice d’inflation sous-jacente est un indice désaisonnalisé qui permet de dégager une tendance de fond de l’évolution des prix. Il traduit l’évolution profonde des coûts de production et la confrontation de l’offre et de la demande. Il exclut les prix soumis à l’intervention de l’État (électricité, gaz, tabac…) et les produits à prix volatils (produits pétroliers, produits frais, produits laitiers, viandes, fleurs et plantes) qui subissent des mouvements très variables dus à des facteurs climatiques ou à des tensions sur les marchés mondiaux.

Qui sont les hauts revenus ?

Par très hauts revenus, l’INSEE entend les 1 % de foyers les plus aisés dont le revenu annuel avant impôts et versement des prestations est supérieur à 108 670 euros par unité de consommation. Au sein d’un ménage, le premier adulte compte pour une unité de consommation, puis 0,5 pour chaque adulte supplémentaire et 0,3 pour les enfants de moins de 14 ans. Un célibataire fait donc partie des 1 % les plus aisés s’il gagne 9 060 euros par mois. Ce seuil atteint 19 020 euros pour un couple avec deux enfants. Les « très aisés », soit les 0,1 % de plus riches, ont un revenu annuel par unité de consommation supérieur à 268 350 euros. Cela est équivalent à un revenu mensuel supérieur à 22 360 euros pour une personne seule et à 46 960 euros pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans.

La Corse arrive en deuxième position pour les ménages à très hauts revenus

Sans surprise, l’Île-de-France concentre une part très importante des ménages à très hauts revenus. 43 % des ménages à très hauts revenus résident en Île-de-France, région qui rassemble 19 % de la population française. 20 % vivent dans Paris et 10 % dans les Hauts-de-Seine. Cette surreprésentation de la région parisienne s’explique par le nombre important de sièges sociaux d’entreprises et par la forte proportion de cadres supérieurs et dirigeants. 30 % des emplois sont occupés par des cadres, contre 18 % à l’échelle nationale. Si 6 % des Parisiens font partie des 1 % les plus aisés, c’est le cas que de 0,3 % de la population de la Seine-Saint-Denis. Pour les très aisés, la prépondérance de l’Île-de-France est encore plus nette (54 %).

Cercle de l’Épargne –  données INSEE

En dehors de l’Île-de-France, les personnes à très hauts revenus se situent également dans certains départements frontaliers, en particulier la Haute-Savoie (2,0 % de très hauts revenus dans la population), l’Ain (1,3 %) et le Haut-Rhin (1,2 %) voisins avec la Suisse. Le département du Rhône, avec la métropole de Lyon (pas clair, deux entités désormais distinctes, la Métropole est riche, le département moins) comprend lui aussi plus de 1 % de très hauts revenus parmi ses résidents (1,3 %). Dans ce département, les cadres représentent 23 % des emplois, ce qui le situe à la 8ème place des départements français. Plus au sud, les départements du littoral méditerranéen de la Côte-d’Azur et de la Corse ont également une part de très hauts revenus plus élevée que la moyenne. La Corse qui se place parmi les régions les plus pauvres de France (taux de pauvreté de 19,6 % contre 14,3 % pour l’ensemble de la France) mais en deuxième position à égalité avec la région Auvergne-Rhône-Alpes pour la proportion de ménage à très hauts revenus. 1 % de ses ménages  figurent dans cette catégorie. 2 500 personnes vivent donc en Corse au sein de 1 160 ménages à très hauts revenus. Trois communes (Ajaccio, Bastia, Porto-Vecchio) concentrent 47 % des personnes à très hauts revenus de l’île contre 36 % des résidents fiscaux.

Des revenus d’origine variée chez les plus hauts revenus

Pour les ménages à très hauts revenus, comme pour l’ensemble des ménages, les activités salariées constituent l’origine principale des revenus initiaux. En particulier, près d’un ménage à très hauts revenus sur deux est dans ce cas. Cette proportion est la plus élevée en Île-de-France (57 %) et en Auvergne-Rhône-Alpes (51 %). 20 % des ménages à très hauts revenus tirent principalement leurs revenus des activités non salariées, contre 3 % pour l’ensemble des ménages. Cette proportion est particulièrement importante à La Réunion (39 %), en Corse (33 %) et en Bourgogne-Franche-Comté (31 %), les emplois de cadres étant notamment moins présents dans ces régions.

Les revenus du patrimoine constituent la principale source de revenus pour 22 % des ménages à très hauts revenus, et même 34 % des ménages très aisés, comparé à 5 % pour l’ensemble des ménages. Cette proportion est particulièrement importante en Corse et en Provence-Alpes-Côte-d’Azur (30 %).

Les très hauts revenus sont plus souvent des couples sans enfant ou des ménages âgés

La moitié des ménages à très hauts revenus comprend un référent fiscal de plus de 60 ans, contre quatre sur dix pour l’ensemble des ménages. 37 % des ménages à très hauts revenus sont des couples sans enfant, comparé à 24 % parmi l’ensemble des ménages. 86 % des ménages à très hauts revenus sont propriétaires de leur logement, contre 59 % parmi l’ensemble des ménages.

Les très hauts revenus payent 30 % d’impôts directs

L’INSEE souligne que les ménages à très hauts revenus reversent 30 % de leur revenu initial sous forme d’impôts directs, contre 15 % pour la moyenne de la population. Cette contribution atteint 35 % pour les 0,1 % de ménages les plus aisés. Au niveau régional, la plus forte proportion s’observe en Île-de-France, en Provence-Alpes-Côte-d’Azur et en Corse, où les très hauts revenus ont des revenus particulièrement élevés. À l’inverse, en Auvergne-Rhône-Alpes et à La Réunion, les très hauts revenus payent 27 % d’impôts directs. Cette plus faible proportion peut s’expliquer, en Auvergne-Rhône-Alpes, par l’importance de revenus imposés et perçus en Suisse, et par des revenus moins élevés à la Réunion.

Baisse de la production industrielle

En mars 2020, les mesures du confinement liées au Covid-19 largement mises en place par les États membres ont eu un impact significatif puisque la production industrielle corrigée des variations saisonnières a diminué de 11,3 % dans la zone euro et de 10,4 % dans l’UE, par rapport à février 2020, selon les estimations d’Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne. En février 2020, la production industrielle avait diminué de 0,1 % dans la zone euro et était restée stable dans l’UE. En mars 2020, par rapport à mars 2019, la production industrielle a diminué de 12,9 % dans la zone euro et de 11,8 % dans l’UE.

Source : Eurostat

En mars 2020, par rapport à février 2020, dans la zone euro, la production a diminué de 26,3 % pour les biens de consommation durables, de 15,9 % pour les biens d’investissement, de 11,0 % pour les biens intermédiaires, de 4,0 % pour l’énergie et de 1,6 % pour les biens de consommation non-durables. Dans l’UE, la production a reculé de 23,8 % pour les biens de consommation durables, de 15,1 % pour les biens d’investissement, de 9,9 % pour les biens intermédiaires, de 3,5 % pour l’énergie et de 1,2 % pour les biens de consommation non-durables. Parmi les États membres pour lesquels les données sont disponibles, les baisses les plus marquées dans le secteur de la production industrielle ont été enregistrées en Italie (-28,4 %), en Slovaquie (-20,3 %) et en France (-16,4 %). Les hausses les plus fortes ont été relevées en Irlande (+15,5 %), en Grèce et en Finlande (+1,9 % chacune) ainsi qu’en Lituanie (+0,7 %).

En mars 2020, par rapport à mars 2019, dans la zone euro, la production a diminué de 24,2 % pour les biens de consommation durables, de 21,5 % pour les biens d’investissement, de 11,8 % pour les biens intermédiaires, de 6,7 % pour l’énergie et de 0,8 % pour les biens de consommation non-durables. Dans l’UE, la production a reculé de 21,7 % pour les biens de consommation durables, de 20,0 % pour les biens d’investissement, de 10,1 % pour les biens intermédiaires, de 6,4 % pour l’énergie et de 0,3 % pour les biens de consommation non-durables. Parmi les États membres pour lesquels les données sont disponibles, les baisses les plus marquées dans le secteur de la production industrielle ont été relevées au Luxembourg (-32,7 %), en Italie (-29,3 %) et en Slovaquie (-19,6 %). Les plus fortes hausses ont été enregistrées en Irlande (+25,3 %), à Malte (+5,7 %) et en Finlande (+2,8 %).

Le chômage au 1er trimestre, un effet mirage

Pour la première fois depuis la fin de l’année 2008, le taux de chômage au sens du Bureau International du Travail (BIT) était revenu au cours du premier trimestre 2020 en-dessous de 8 % (7,8 %) pour l’ensemble de la France. La baisse sur un an a été de 0,9 point. Pour la France métropolitaine, le taux de chômage s’est établi à 7,6 %, ce qui constituait le meilleur résultat enregistré depuis la crise de 2008. Malheureusement, cette baisse du chômage est avant tout un effet d’optique. Elle résulte du fort recul du nombre de personnes sans emploi se déclarant disponibles ou en recherche active d’emploi. Pendant la période de confinement, par définition, de nombreuses personnes étaient dans l’incapacité à rechercher un emploi. De ce fait, les personnes se situant dans le halo du chômage augmentent. Parmi les personnes inactives au sens du BIT, 1,7 million souhaitent un emploi sans être considérées au chômage. Après avoir déjà enregistré une forte hausse le trimestre précédent (+65 000), leur nombre augmente de 43 000 par rapport à fin 2019. L’augmentation du halo concerne principalement les personnes inactives en recherche active d’emploi mais non disponibles (+70 000). La part du halo dans la population des 15-64 ans s’élève à 4,1 %, son plus haut niveau depuis que l’INSEE le mesure (2003).

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Avec le confinement, le sous-emploi a augmenté de 2,7 points en moyenne sur le trimestre, pour atteindre 8,0 % des personnes en emploi, un niveau sans précédent  depuis que l’INSEE le mesure (1990). Cette hausse est imputable au développement du chômage partiel. L’augmentation de la part du sous-emploi touche aussi bien les femmes (+2,0 points, à 9,8 %) que les hommes (+3,3 points à 6,4 %).

En moyenne au premier trimestre 2020, le taux d’emploi des 15-64 ans est stable, à 66,0 % après une augmentation de 0,7 point fin 2019 ; il progresse de 0,5 point sur un an. Il est stable pour les 15-24 ans et quasi stable pour les 25-49 ans et les 50-64 ans (+0,1 point). Cette stabilité d’ensemble reflète néanmoins de fortes différences entre hommes (+0,3 point) et femmes (-0,3 point).

Le taux d’activité des 15-64 ans diminue de 0,2 point au premier trimestre 2020, à 71,7 %, après une forte augmentation au quatrième trimestre 2019 (+0,4 point). Il est quasi stable sur un an (-0,1 point). Par rapport au quatrième trimestre 2019, la baisse du taux d’activité est plus prononcée pour les jeunes (-0,3 point) et les 50-64 ans (-0,2 point), en particulier les 55-64 ans (-0,4 point). Cette baisse en moyenne sur le trimestre s’explique principalement par la bascule de situation de chômage (situation d’activité) vers le halo autour du chômage (situation d’inactivité) pendant la période de confinement en fin de trimestre.

Le Ministère du Travail estime qu’après neutralisation du confinement, le taux de chômage serait resté stable au cours du premier trimestre à 8,2 %. Pour les deuxième et troisième trimestres, une forte dégradation est attendue avec un taux qui pourrait dépasser les 10 %.