11 juillet 2020

C’est déjà hier

Rebond attendu de la production industrielle en France

Au mois de mai, selon l’INSEE, la production manufacturière a enregistré une hausse de +22,0 %, faisant suite à une contraction de -22,3 % en avril. Pour l’ensemble de l’industrie, les taux respectifs sont +19,6 % et −20,6 %. Par rapport à février (dernier mois avant le début du confinement), la production reste néanmoins en net retrait dans l’industrie manufacturière (−23,4 %), comme dans l’ensemble de l’industrie (−21,2 %)

Sur trois mois, la production baisse très fortement dans l’industrie manufacturière (−25,9 %), comme dans l’ensemble de l’industrie (−23,4 %). Le secteur des matériels de transport a été fortement touché avec une baisse de -50,7 %. Les biens d’équipement, de leur côté, ont connu une diminution de leur production de -27,7 %.

La production des trois derniers mois est nettement inférieure à celle des mêmes mois de 2019 (−27,7 %), comme dans l’ensemble de l’industrie (−25,4 %).

Sur cette période, la production chute dans les matériels de transport (−53,3 %), la cokéfaction-raffinage (−47,8 %), les « autres industries » (−25,9 %) et les biens d’équipement (−31,5 %). La baisse est moins marquée dans les industries extractives, énergie, eau (−12,3 %) et dans les industries agro-alimentaires (−7,1 %).

Le rebond de la production industrielle du mois de mai est assez logique. Les entreprises ont dès le mois d’avril mis en œuvre des procédures de redémarrage qui se sont concrétisés au mois de mai. Le déconfinement intervenu à partir du 11 mai a facilité la montée en puissance. Il n’en demeure pas moins que l’arrêt a été brutal et que l’écart avec le niveau normal reste conséquent. Les mesures de distanciation sociales, les ruptures d’approvisionnement et l’importance des stocks pèsent encore sur la production.

Accident du travail, handicap et pénibilité

En 2016, 660 300 accidents du travail (AT) avec arrêt ont été reconnus par le régime général et le régime agricole de la Sécurité sociale, soit en moyenne 21,0 par million d’heures de travail. Parmi ces AT, 39 000 (soit 5,9 %) ont occasionné une incapacité permanente partielle et 577 ont été mortels.

Le régime général et le régime agricole ont reconnu en 2016 plus de 50 700 nouveaux cas de maladies professionnelles (MP), dont 26 200 ayant occasionné une incapacité permanente partielle. Dans 71 % des cas, les personnes concernées sont des ouvriers. Selon le service des études du Ministère du Travail, les affections liées à l’amiante ont particulièrement touché les ouvriers tout comme les surdités (secteur du bâtiment et des travaux publics). Ces deux types de pathologies concernent essentiellement des hommes, alors que les femmes sont majoritaires parmi les cas reconnus de troubles musculosquelettiques.

En 2016, 42 % des ouvriers déclarent avoir reçu une information ou une formation au cours des 12 derniers mois. En revanche, les employés de commerce et de service sont relativement moins bien informés que les cadres (31 % contre 39 %), bien que davantage exposés.

74 % des salariés ont passé une visite médicale avec un médecin du travail ou de prévention au cours des deux dernières années, mais 7 % déclarent n’en avoir jamais rencontré (18 % dans la fonction publique de l’État).

En 2016, les employés de commerce et de service (20 %) et les ouvriers (16 %) déclarent plus souvent être limités dans leurs activités ordinaires par un problème de santé que les cadres (11 %). Les agents de la fonction publique déclarent plus souvent des limitations que les salariés du privé. Les employés administratifs (27 %) et les employés de commerce et de service (25 %) sont plus nombreux à déclarer souffrir d’un déficit de bien‑être psychologique, contre 22 % des professions intermédiaires et des cadres et 18 % des ouvriers.

Parmi les 26,8 millions de personnes de 15 à 64 ans en emploi, 3,8 % (soit 1,0 million de personnes) disposent d’une reconnaissance administrative de leur handicap. La plupart d’entre elles bénéficient de la loi sur l’obligation d’emploi des travailleurs handi­capés. En tenant compte des personnes qui ont un problème de santé durable, accompagné de difficultés depuis au moins six mois dans les activités quotidiennes, la part des personnes dites « en situation de handicap » dans la population en emploi est estimée à 10,4 %, soit 2,8 millions de personnes.

En 2019, selon l’enquête Emploi, seules 44 % des personnes de 16 à 65 ans ayant un handicap sont considérées en France comme actives (en emploi ou au chômage), contre 72 % pour l’ensemble de la population de cette tranche d’âge. Cette faible insertion sur le marché du travail s’observe à tous les âges, mais plus particulièrement chez les plus de 50 ans. Parmi les personnes actives dont le handicap est reconnu administrativement, 16 % sont au chômage, contre 8 % pour l’ensemble de la population active.

La population handicapée en emploi est nettement plus âgée que la moyenne. Les individus en emploi reconnus handicapés occupent plus souvent des professions peu qualifiées (65 % d’entre eux sont employés ou ouvriers, contre 47 % pour l’ensemble). Les personnes handicapées travaillent plus fréquemment à temps partiel, particulièrement en cas de reconnaissance administrative de leur handicap.

Absences au travail, la France en tête

Avec l’épidémie de la Covid-19, les États européens ont eu recours aux arrêts maladie et au chômage partiel pour réduire autant que possible l’envolée du chômage. Cette politique a eu pour conséquence une augmentation des taux d’absence au travail. Parmi les États membres, les taux d’absence du travail les plus élevés au premier trimestre 2020 ont été observés en France (18,1 %), en Suède (16,2 %) et en Autriche (15,0 %) et les taux les plus faibles en Roumanie (2,5 %), à Malte (3,3 %) et en Bulgarie (4,4 %). Par rapport au quatrième trimestre 2019, tous les États membres, à l’exception de la Finlande, ont connu une hausse du nombre total d’absences du travail. Les absences dues à une mise à pied temporaire ont augmenté dans tous les États membres pour lesquels les données sont disponibles, et ont plus que décuplé en France, à Chypre et en Espagne. Les personnes absentes du travail sont considérées comme employées s’il existe un lien officiel à l’emploi. Il peut s’agir, par exemple, du maintien du paiement d’un salaire ou d’un traitement et d’une assurance de retour au travail (ou d’un accord quant à la date de retour) après la fin de la situation exceptionnelle. Les personnes peuvent être absentes du travail pour différentes raisons, parmi lesquelles le congé légal, le congé de maladie (du salarié personnellement) ou la mise à pied temporaire. Les personnes en mise à pied temporaire sont considérées comme des personnes employées si elles ont l’assurance d’un retour au travail dans un délai de 3 mois ou si leur employeur leur verse 50 % de leur salaire ou traitement.

Toujours en raison de la crise sanitaire, le nombre total d’heures travaillées effectives a chuté fortement dans l’UE entre le quatrième trimestre 2019 et le premier trimestre 2020. Tous les États membres, pour lesquels les données sont disponibles, ont enregistré une baisse du nombre total d’heures travaillées effectives entre le quatrième trimestre 2019 et le premier trimestre 2020 à l’exception de la Finlande (+0,2 %). Les baisses les plus importantes ont été observées en Italie (-9,7 %), en Slovaquie (-8,7 %) et en Autriche (-7,9 %). Pour la France la baisse a été -5,6 % durant le premier trimestre. Les résultats du deuxième trimestre devraient amplifier ces tendances, compte tenu des mesures de confinement.

Covid-19, plus de décès chez les personnes nées à l’étranger

La crise sanitaire liée à la propagation de la Covid-19 s’est traduite par un excédent des décès durant les mois de mars et d’avril ; 129 000 décès ont été enregistrés sur cette période en 2020 contre 102 800, soit +25 %. L’INSEE, dans une étude, a souligné que les décès de personnes nées à l’étranger ont augmenté deux fois plus que ceux de personnes nées en France : +48 % contre +22 %. De mars à avril, entre 2019 et 2020, la proportion de décès d’étrangers est passée en France de 13 à 15 %.

Le surcroît de décès concerne essentiellement la population d’origine africaine, +54 % pour les personnes nées dans les pays du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) et +114 % pour celles nées dans un autre pays d’Afrique. La hausse est également élevée pour les personnes originaires d’Asie (+91 %). Pour les personnes nées en Europe (hors France) et les personnes nées dans un pays d’Amérique ou en Océanie, la hausse des décès est proche de celle observée pour les personnes nées en France.

L’Île-de-France, une surmortalité des immigrés avérée

En Île-de-France, la hausse des décès des étrangers atteint 92 %. En Seine-Saint-Denis par exemple, où la hausse des décès a été particulièrement forte (+127 % de décès), le nombre de décès de personnes nées en France y a augmenté de 95 % quand celui des personnes nées au Maghreb a augmenté de 191 %. Pour les personnes nées en Afrique hors Maghreb, la hausse des décès atteint même 368 %.

Dans le Grand Est, deuxième région la plus touchée par la Covid-19, la hausse des décès en mars-avril 2020 par rapport à mars-avril 2019 a atteint 120 % pour les personnes nées au Maghreb et 121 % pour l’ensemble des personnes nées en Afrique ou en Asie, contre 52 % pour celles nées en France, soit un écart plus important qu’en Île-de-France.

Cette situation s’explique par la densité de la population en Île-de-France et en particulier en Seine-Saint-Denis. Dans d’autres métropoles, ayant des fortes densités, les immigrés ont connu également des taux de mortalité plus élevés que la moyenne nationale.

Dans les communes de densité intermédiaire, si des différences selon les pays d’origine sont constatées, elles sont toutefois moins marquées que dans les communes densément peuplées.

L’environnement des personnes (conditions de logement, utilisation des transports en commun, profession exercée, etc.) a sans doute joué un rôle dans l’ampleur de la hausse des décès pendant la pandémie et sur les possibilités de distanciation physique. Les immigrés de dernière génération vivent en règle générale dans des logements plus petits (respectivement 1,3 pièce par occupant contre 1,8 pour l’ensemble des habitants) utilisent plus fréquemment les transports en commun pour aller travailler que l’ensemble de la population (respectivement 49 % en 2016, contre 15 %).

Les professions exercées peuvent également expliquer la surmortalité constatée. Ils sont nombreux à occuper des emplois d’aides-soignants ou d’ambulanciers. Ils sont également surreprésentés parmi les personnels de la Poste et des transports publics. Enfin, ils occupent fréquemment des emplois de livreurs, de buralistes, d’agents de nettoyage ou de caissiers.

Une surmortalité également chez les seniors étrangers

L’âge est un facteur clé de l’excédent des décès constaté en mars-avril 2020. Parmi les 26 200 décès en plus par rapport à mars-avril 2019, 25 100 décès concernent des personnes de 65 ans ou plus. Pour toutes les origines, la hausse des décès a été plus forte chez les personnes âgées. Pour les personnes nées à l’étranger hors Europe, le nombre de décès de personnes de moins de 65 ans a fortement augmenté (+30 % entre mars-avril 2019 et mars-avril 2020 pour les personnes nées dans un pays du Maghreb, +96 % pour celles nées dans un autre pays d’Afrique), alors qu’il est quasiment stable pour les personnes nées en Europe (+3 % pour les personnes nées en France). Ainsi, avant 65 ans, la hausse a été environ 30 fois plus forte pour les décès de personnes nées en Afrique hors Maghreb ou en Asie que pour ceux de personnes nées en France, et 10 fois plus forte pour ceux de personnes nées au Maghreb. À partir de 65 ans, les écarts sont moindres, avec une hausse de 2 à 5 fois plus forte pour les décès de personnes nées hors d’Europe que pour ceux des personnes nées en France. Si la population étrangère est plus jeune que l’ensemble de la population, la proportion de décès des plus de 65 ans y est relativement plus élevée.

Les hommes nés à l’étranger plus exposés que les femmes

Si pour les personnes nées en France, la hausse des décès au cours de cette période est quasi identique quel qu’en soit le sexe (+25 % pour les décès de femmes et +26 % pour ceux des hommes), elle est en revanche plus marquée chez les hommes pour les personnes nées dans un pays du Maghreb (+61 % de décès entre mars-avril 2019 et mars-avril 2020 pour les hommes, +44 % pour les femmes). Il en est de même que pour celles nées dans un autre pays d’Afrique (+131 % pour les hommes, +88 % pour les femmes), ou encore pour celles nées en Asie (+101 % pour les hommes, +79 % pour les femmes). Les hommes étrangers occupent des postes exposés en plus grand nombre que les femmes. Ils ont également eu tendance à moins se protéger, ce qui expliquerait ce surcroît de mortalité.

Le suroccupation des logements, le recours fréquent aux transports publics et les emplois exposés au contact avec le public sont des facteurs expliquant la surmortalité des personnes résidentes en France et nées à l’étranger face à la Covid-19. La moindre application des gestes barrières et du masque est également mise en avant. L’endiguement de l’épidémie suppose certainement des actions ciblées sur les populations d’origine étrangère vivant dans les périphéries des grandes villes. Ces politiques ciblées sont toujours difficiles à mettre en œuvre car elles peuvent être jugées humiliantes voire être associées à une forme de discrimination.

Un rebond du commerce de détail en Europe

Selon Eurostat, avec le déconfinement au mois de mai, le volume des ventes du commerce de détail corrigé des variations saisonnières a augmenté de 17,8 % dans la zone euro et de 16,4 % dans l’Union européenne (UE) par rapport au mois d’avril, mois durant lequel le volume du commerce de détail avait diminué de 12,1 % dans la zone euro et de 11,4 % dans l’UE. Sur un an, le recul atteint respectivement 5,1 % et 4,2 % dans chacune des deux zones.