29 août 2020

C’est déjà hier

Les consommateurs sont-ils au rendez-vous ?

Au mois de juillet, la consommation en biens est revenue à son niveau d’avant crise mais les pertes enregistrées entre les mois de mars et mai n’ont pas été compensées par ce rebond.

Les dépenses de consommation des ménages en biens ont ainsi augmenté de 0,5 % en juillet par rapport à juin. Cette hausse modérée intervient après la forte progression des mois de mai et juin (+35,5 % et +10,3 % respectivement). En juillet, les dépenses des ménages en biens ont retrouvé leur niveau de novembre 2019. Les dépenses en énergie ont progressé de 4,5 %. Celles en biens fabriqués a, en revanche, ralenti (+0,3 %) quand celle en produits alimentaire a diminué (-1,0 %).

De son côté, la consommation en services serait toujours en-deçà de son niveau d’avant crise. Les ménages dépensent moins en loisirs et en déplacement qu’auparavant.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Inflation : pas de tension

Selon l’INSEE, sur un an, les prix à la consommation augmenteraient de +0,2 % en août 2020, après +0,8 % le mois précédent. Cette moindre hausse de l’inflation résulterait d’un repli des prix des produits manufacturés, en lien avec le décalage des soldes d’été, et d’un ralentissement de ceux de l’alimentation. En revanche, les prix de l’énergie baisseraient moins sur un an qu’en juillet. Enfin, les prix des services et du tabac augmenteraient au même rythme que le mois précédent.

Sur un mois, les prix à la consommation se replieraient de 0,1 %, après +0,4 % le mois précédent. Les prix des produits manufacturés baisseraient nettement, après une stabilité en juillet. Ceux de l’énergie et des services ralentiraient et ceux du tabac seraient stables. Enfin, les prix de l’alimentation rebondiraient légèrement dans le sillage des prix des produits frais, après une nette baisse le mois précédent.

Sur un an, l’indice des prix à la consommation harmonisé ralentirait à +0,2 %, après +0,9 % en juillet. Sur un mois, il se replierait de 0,1 %, après +0,4 % le mois précédent.

Cercle de l’Épargne – INSEE

Avec la crise, forte augmentation de la création d’entreprise

En période de crise, la création d’entreprise est traditionnellement en hausse. Les actifs perdant leur emploi ou en sous-activité montent leurs entreprises pour essayer de maintenir leurs revenus. Après avoir connu une forte chute pendant le confinement, en raison de la fermeture des Centres de Formalités des Entreprises, le nombre de créations est depuis le mois de juin en nette progression.

En juillet, le nombre total de créations d’entreprises tous types d’entreprises confondus a augmenté de +9,0 % après +38,1 % en juin, en données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables. Les créations d’entreprises classiques ont progressé de +13,4 % après +43,5 % tandis que les immatriculations de micro-entrepreneurs connaissent une augmentation de +4,6 % après +33,2 %.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Tous les secteurs d’activité sont concernés par ce rebond. La hausse la plus forte concerne les activités d’hébergement et de restauration (+42,2 %), essentiellement les activités de restauration rapide. Cette augmentation peut surprendre compte tenu de l’état du marché. Ces créations peuvent faire suite à des liquidations, les entrepreneurs fermant leur entreprise pour en créer une autre. La deuxième hausse la plus forte concerne les activités de services aux ménages (+15,9 %).

En données brutes, le nombre cumulé d’entreprises créées au cours des trois derniers mois (mai à juillet) est en hausse par rapport aux mêmes mois de l’année 2019 (+4,6 %). Le secteur du « transports et entreposage » est celui qui contribue le plus à cette hausse (+7 500 créations, soit une contribution de +3,8 points). Cet essor reflète notamment le développement des services de livraison à domicile.

Sur un an, la progression est de 2,9 %. En juillet, en données brutes, la part des immatriculations de micro-entrepreneurs dans le total des entreprises créées au cours des douze derniers mois augmente légèrement pour s’établir à 47,6 %.

L’emploi, un réel redémarrage

Au mois de juillet, en France hors Mayotte, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi n’ayant exercé aucune activité (catégorie A) a continué de baisser (-174 300, après -204 700 en juin et -149 900 en mai). Il demeure néanmoins à un niveau élevé (4 046 600).

Comme en mai et en juin, la diminution du nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A s’explique principalement par leur passage en activité réduite, de sorte que le nombre de demandeurs d’emploi ayant exercé une activité réduite au cours du mois (catégories B et C) continue d’augmenter (+129 400). Malgré tout, l’effectif des catégories A, B et C diminue (-44 900), pour la première fois depuis mars 2020, témoignant d’une reprise réelle de l’activité.

Les preuves que l’économie est en voie de redémarrage sont la légère diminution des entrées à Pôle Emploi (-11 500) et la nouvelle augmentation des sorties (+62 500 après +132 400 en juin) pour les catégories A, B et C.

Après une baisse le mois dernier (-19 500), le nombre de demandeurs sans emploi et non tenus de rechercher un emploi (catégorie D), en raison notamment d’une formation, d’une maladie ou d’un contrat de sécurisation professionnelle est en hausse en juillet (+38 600, soit +13,0 %), sous l’effet d’une augmentation du nombre de demandeurs d’emploi en formation. S’agissant des personnes inscrites en emploi et non tenues de rechercher un emploi (catégorie E), leur nombre continue de reculer (-6 800 après -8 300 en juin).

Cercle de l’Épargne – DARES

Une baisse tangible du chômage partiel

En juillet, 9 % des salariés sont dans une entreprise dont l’activité est arrêtée ou a diminué de plus de moitié, après 13 % en juin, 27 % en mai et 45 % en avril. Seuls 1 % des salariés travaillent encore dans une entreprise dont l’activité est totalement arrêtée. Cette amélioration est générale et particulièrement visible dans l’hébergement et la restauration (35 % à l’arrêt ou en baisse d’activité de plus de moitié en juillet après 57 % en juin) et dans les arts, spectacles et activités récréatives (38 % à l’arrêt ou en baisse d’activité de plus de 50 % en juillet après 58 % en juin). Ces activités sont évidemment celles qui demeurent les plus touchées par la crise.

Parmi les causes évoquées de réduction d’activité par les dirigeants d’entreprise figure la perte de débouchés (77 % après 64 % en juin), devant les fermetures administratives (12 % après 20 % en juin). Le manque de personnel pouvant travailler n’est un facteur cité que par 5 % des entreprises, contre 10 % en juin. Les difficultés d’approvisionnement ne concerneraient plus que 6 % des entreprises, ratio stable par rapport à juin. En raison d’une demande assez vive et de délais de livraison allongés, certains commerces doivent faire face à des ruptures de stock passagères. Par ailleurs, plus d’entreprises ont souligné en juillet des difficultés liées à la gestion des questions sanitaires. La généralisation du port du masque devrait accentuer cette problématique dans les prochaines semaines.

Pour le moment, les entreprises ne recourent que de manière modérée aux licenciements. Elles passent majoritairement par l’annulation ou le report d’embauches prévues. Néanmoins, les renouvellements des CDD s’effectuent de plus en plus difficilement et les ruptures conventionnelles sont en augmentation. Près de la moitié des entreprises dont les effectifs ont diminué anticipent que ces derniers ne retrouveront pas leur niveau normal. 39 % des entreprises ne se prononçant pas sur les évolutions de leurs effectifs. Seulement 6 % des entreprises interrogées en juillet pensaient embaucher dans les prochains mois contre 8 % en juin.

Le mois de juillet a confirmé le retour des salariés sur sites et le recul du télétravail. Fin juillet, six salariés sur dix travaillaient sur site (stable par rapport à fin juin, après la moitié fin mai, un tiers fin avril et un quart fin mars). Le nombre d’entreprises ayant recours au chômage partiel poursuit la baisse amorcée en juin. Fin juillet, 38 % des salariés sont dans une entreprise qui a mis au moins une partie de ses salariés au chômage partiel, après 58 % le mois précédent. Le profil des entreprises concernées a évolué depuis le mois de mars : jusqu’en mai, les petites entreprises avaient davantage recours au chômage partiel complet que les entreprises de grande taille. Depuis le mois de juin, le recours au chômage partiel ne diffère plus en fonction de la taille de l’entreprise. Le recours à la formation est assez faible pour les salariés en chômage partiel (16 %). Le nombre de salariés au chômage partiel en juillet est estimé (à partir de l’enquête Acemo-Covid et des demandes d’indemnisation pour juillet) à 2,4 millions de salariés (après 4,5 millions en juin), soit 0,9 million en équivalent temps plein, contre 1,5 million en juin, et 3,0 millions en mai. Le nombre de salariés en chômage partiel pour raison de vulnérabilité (ou pour garde d’enfants) est estimé à 120 000 (sur 2,4 millions), après 720 000 en juin (sur 4,5 millions). Le début des vacances scolaires a contribué à faire baisser cette catégorie. La baisse du nombre de salariés en chômage partiel demeure élevée, en juillet, dans la construction, le commerce, le transport-entreposage, l’hébergement-restauration, les activités spécialisées, scientifiques et techniques.

Au total, fin juillet, 4 % des salariés étaient en chômage partiel contre 7 % en juin. En revanche et de manière logique, la part des salariés en congés augmente nettement en juillet. La proportion de salariés en arrêt maladie s’est, par ailleurs stabilisée. Le télétravail est moins fréquent qu’en juin et ne concerne plus qu’un salarié sur dix.

Les entreprises anticipant un retour à l’activité normale d’ici 3 mois représentent 43 % de l’emploi salarié (après 44 % fin juin), celles qui ne voient pas de retour à la normale avant la fin de l’année sont moins nombreuses qu’en juin et en représentent désormais 27 % (après 35 %). L’incertitude, qui avait reflué en mai et juin, remonte à son niveau de fin avril. Les entreprises qui ne savent pas dater le retour à la normale représentent 30 % des salariés (après 21 % fin juin). En revanche, les entreprises qui n’anticipent aucune difficulté pour la reprise de leur activité sont, de plus en plus nombreuses (21 % après 17 % en juin, 10 % en mai et 6 % en avril). Les principales difficultés que les entreprises voient poindre restent le manque de débouchés, l’organisation de l’activité de manière à respecter la distanciation sociale et la disponibilité limitée de certains salariés.