6 février 2016

C’est déjà hier! (6 février 2016)

Ce n’est pas une erreur, le chômage a baissé en 2015 en France

A défaut d’avoir pu obtenir une décrue du nombre de demandeurs d’emploi en 2015, le gouvernement français pourra toujours souligner que le taux de chômage a  baissé et qu’il est inférieur, à la moyenne de la zone euro, 10,2 contre 10,4 %. En revanche, en élargissant le périmètre, la France passe au-dessus de la moyenne de l’Union européenne qui est de 9 %. Le taux de chômage est passé de 10,5 à 10,2 % de fin 2014 à fin 2015. Cette baisse demeure néanmoins bien plus faible que celle constatée dans l’ensemble de la zone euro. Le taux de chômage y a reculé de 1 point passant de 11,4 à 10,4 %. Pour l’ensemble de l’Union européenne, la contraction a été de 0,9 point.

La baisse du chômage en France s’explique par un effet « base ». La population active ayant augmenté plus rapidement que le nombre de demandeurs d’emploi, cela a réduit d’autant le taux de chômage. Par ailleurs, la définition retenue par la Commission de Bruxelles diffère légèrement des modes calcul de ministère du travail. La Commission retient la définition du Bureau International du Travail. Est ainsi considérée comme chômeur toute personne sans emploi, immédiatement disponible et qui a activement recherché un emploi durant les quatre semaines précédentes.

Les plus fortes diminutions du taux de chômage ont été enregistrées en Espagne avec un recul de 2,8 points, en Slovaquie (2,2 points) et au Portugal (1,8 point). Les plus fortes hausses ont été rencontrées en Finlande (+0,5 point), en Autriche (+0,2 point) et en Lettonie (+0,1 point).

Le taux de chômage demeure le plus élevé en Grèce avec un taux de 24,5 %. Suivent l’Espagne (20,8 %), la Croatie (16,5 %) et Chypre (15,7 %). Parmi les pays ayant le taux de chômage le plus faible se trouvent la République tchèque (4,5 %), l’Allemagne (4,5 %), Malte (5,1 %) et le Royaume-Uni (5,1 %). De manière générale, les pays à faible taux de chômage sont au nord et ceux à taux de chômage élevé sont au sud.

Le taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans est de 22 % en zone euro et de 19,7 % au sein de l’Union européenne. Les taux les plus faibles sont enregistrés en Allemagne (7 %), au Danemark (10,3 %) et en République tchèque (10,9 %). Les taux les plus élevés sont rencontrés en Grèce (48,6 %), en Espagne (46 %), en Croatie (44,1 %) et en Italie (37,9 %). Le taux de chômage des jeunes est de 25,9 % en France, 3,9 points au-dessus de la moyenne de la zone euro. Ce taux a progressé de 1,2 point par rapport à 2014. En revanche, selon les statistiques de Pôle Emploi, il a reculé… Toujours une question de définition…

 La balance commerciale française sauvée par l’euro et le pétrole

Pour la quatrième année consécutive le déficit commercial s’est, en France, réduit. Il a été, en 2015, de 45,7 milliards d’euros en baisse de 21,6 % par rapport à 2014, selon le Ministère de l’Economie et des Finances.

Ce bon résultat est avant tout la conséquence de la réduction de la facture énergétique et de la dépréciation de l’euro.

Les exportations ont progressé plus vite que le commerce mondial (+ 4,3 % contre + 2,6 %). Le nombre d’entreprises françaises exportatrices a augmenté, passant de 121 000 à 125 000. Si un léger mieux a constaté en 2015, les parts de marché de la France à l’exportation ont connu une nette érosion ces vingt dernières années. Elles sont passées de près de 5,7 % fin 1992 à moins de 3,5 %.

Sans surprise, ce sont les commandes aéronautiques qui dégagent le plus fort excédent, plus de 22 milliards d’euros quand l’industrie agro-alimentaire obtient un solde positif de 6,6 milliards d’euros. Au niveau des déficits, celui des produits énergétiques s’élève à 28,8 milliards d’euros même si la facture pétrolière a été divisée par deux en 2015. La chute du prix du baril a permis un allégement de 14,6 milliards de cette facture. Le déficit des produits industriels atteint plus de 31 milliards d’euros. Le solde pour l’automobile est déficitaire de 6,4 milliards d’euros.

 Le Royaume-Uni retient son souffle

Sur fond de ralentissement de croissance, le débat sur le référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni prend forme. Ce dernier qui pourrait intervenir en juin ou en septembre sera à l’ordre du jour du Sommet européen des 18 et 19 février prochains. Pour le moment, Le Premier Ministre britannique, David Cameron, considère que les concessions européennes sont insuffisantes. Sa position est d’autant plus dure que les sondages donnent le Brexit vainqueur. A la chaîne Sky, il a prononcé le 29 janvier dernier une palissade : « si l’accord est bon, je le prendrai, s’il ne l’est pas, je ne le prendrai pas ».

Cette discussion sur le référendum intervient au moment où la croissance outre-manche tend à s’étioler. Le Royaume-Uni souffre de la stagnation du commerce international. Par ailleurs, les incertitudes financières commencent à peser sur la conjoncture de notre voisin.

Le Royaume-Uni entre dans le rang

La croissance britannique qui a figuré, ces dernières années, parmi les plus fortes de l’Union se tasse. La Banque d’Angleterre a même dû réviser en baisse jeudi 3 février ses prévisions. La BoE prévoit une croissance de 2,2 % cette année soit le même taux qu’en 2015 quand elle anticipait 2,5 % en novembre, de 2,3 % en 2017 (2,6 % en novembre) et de 2,4 % en 2018 (2,5 %). L’inflation mesurée par les prix de détail devrait rester inférieure à 1  % en 2016, selon la BoE. Le retour à 2 % devrait intervenir d’ici deux ans.

Le Royaume-Uni est touché par la chute des marchés pétrolier et boursier. Par ailleurs, comme les autres pays européens, il doit faire face au vif ralentissement des pays émergents.

L’augmentation des taux directeurs par la Banque centrale est donc repoussée à plus tard. La Banque d’Angleterre (BoE), a décidé, à la totalité de ses neuf membres, le maintien de son taux d’intervention à un plus bas record de 0,5 % qui est en vigueur depuis près de sept ans. Ce statuquo n’a pas empêché le comité monétaire de réaffirmer que les taux d’intérêt devraient augmenter progressivement sur les trois ans. En revanche, aucun calendrier n’est avancé.

Les voies et moyens pour rester dans l’Europe

Le Premier Ministre, David Cameron, souhaite obtenir des concessions de la part des autres Etats membres afin de pouvoir appeler à voter en faveur du maintien du Royaume-Uni au sein de l’Union.

Les Britanniques demandent des avancées de la part des autres pays membres sur quatre points :

  • une Europe plus compétitive ;
  • un mécanisme de protection pour les pays hors zone euro, afin que les décisions prises par la zone n’aient pas d’impact négatif ;
  • des progrès en matière de souveraineté, notamment un renforcement des pouvoirs des Parlements nationaux ;
  • la possibilité d’exclure pendant quatre ans, les ressortissants des autres pays européens de certaines prestations sociales quand ils s’installent dans un autre Etat membre et en premier lieu au Royaume-Uni.

Sur les trois premiers sujets (compétitivité, souveraineté, protection contre les décisions de la zone euro), les Etats membres pourraient trouver des compromis. En revanche, les mesures anti-immigration en remettant en cause le principe de libre circulation font l’objet d’un refus de la part de la Commission de Bruxelles.

Donald Tusk, Président du Conseil européen a formulé, début février, les propositions de l’Union. Ce dernier a rappelé que les Etats membres disposent déjà de larges marges de manœuvre en matière de circulation des personnes. Il a également souligné que les non membres de l’UEM n’auraient pas à se conformer aux règles de la zone euro et que les ressources de leurs contribuables ne seraient jamais utilisées pour venir en aide à la zone euro. Au sujet de la compétitivité, il a mentionné que la Commission travaille déjà sur un certain nombre de projets visant, en particulier, à améliorer les des marchés de capitaux et à la simplification de la réglementation. Au sujet de la souveraineté, M. Tusk soutient le principe de subsidiarité et propose une solution assez proche des exigences britanniques avec un système de « carton rouge » qui permettrait à un groupe de parlements nationaux de bloquer un projet de loi européen.

La négociation la plus difficile porte sur la création d’un dispositif dérogatoire, un « frein d’urgence » qui  pourrait être activé dans le cas où les services publics seraient débordés et ne pourraient plus faire face à des demandes massives.

Le calendrier

 D’ici la fin février, le balai diplomatique devrait s’intensifier. Ainsi, David Cameron devrait défendre son dossier à Varsovie et à Hambourg dans les prochains jours et s’exprimer au Parlement européen le 16 février.

David Cameron a prévu de soumettre à la Chambre des Communes un texte de loi probablement début mars. Il est possible que le référendum prévu le 23 juin soit décalé à septembre à la demande des Premiers ministres d’Ecosse, d’Irlande du Nord et du Pays de Galles, où des élections auront lieu le 5 mai prochain. Au sein de la majorité, les lignes bougent entre les tenants de la sortie et du maintien. Ainsi, Theresa May, ministre de l’Intérieur qui appartenait au camp des Brexit, a jugé les propositions de M. Tusk de « très intéressantes ». Les milieux d’affaire commencent à se mobiliser en faveur du maintien et tenter de s’opposer à la majorité qui se dégage au sein de l’opinion en faveur de la sortie de l’Union.