17 octobre 2020

C’est déjà hier

L’inflation toujours aussi fantomatique

En septembre, selon l’INSEE, l’indice des prix à la consommation (IPC) a reculé de 0,5 % sur un mois, après –0,1 % en août 2020. Les prix des services se sont contractés de 1,5 % (après +0,3 % en août). Ceux de l’énergie ont baissé de –0,7 % et ceux de l’alimentation de –0,5 %. En revanche, les prix des produits manufacturés ont connu une hausse de +1,6 % après une baisse de 1,2 % le mois précédent.

Corrigés des variations saisonnières, les prix à la consommation baissent de -0,2 % en septembre, après –0,5 % en août.

Sur un an, les prix à la consommation sont stables, après +0,2 % le mois précédent. Lors de ces douze derniers mois, cette stabilité résulte d’un ralentissement des prix des services et d’une baisse accentuée de ceux de l’énergie. Les prix du tabac augmentent légèrement moins sur un an qu’en août (+13,7 % après +13,8 % en août). Enfin, les prix de l’alimentation et ceux des produits manufacturés évoluent au même rythme que le mois précédent.

L’inflation sous-jacente, hors prix soumis à d’importantes fluctuations et hors tarifs réglementés, augmente au mois de septembre de 0,5 % sur un an, au même rythme que le mois précédent. L’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) recule de 0,6 % sur un mois, après –0,1 % le mois précédent ; sur un an, il est stable, après +0,2 % en août.

L’industrie européenne sur un plateau

En août la production industrielle corrigée des variations saisonnières a augmenté de 0,7 % dans la zone euro et de 1,0 % dans l’Union européenne par rapport à juillet selon les estimations d’Eurostat. En juillet, la production industrielle avait augmenté de 5,0% dans la zone euro et de 4,9 % dans l’Union européenne. En août, par rapport à août 2019, la production industrielle a diminué de 7,2 % dans la zone euro et de 6,2 % dans l’Union.

En août 2020, par rapport à août 2019, dans la zone euro, la production a reculé de 13,2 % pour les biens d’investissement, de 5,4 % pour les biens intermédiaires, de 3,9 % pour les biens de consommation non-durables et de 3,6 % pour l’énergie, tandis que la production a augmenté de 4,3 % pour les biens de consommation durables.

Dans l’Union, la production a diminué de 12,3 % pour les biens d’investissement, de 4,6 % pour les biens intermédiaires, de 4,0 % pour l’énergie et de 3,0 % pour les biens de consommation non-durables, tandis que la production a augmenté de 5,5 % pour les biens de consommation durables.

Parmi les États membres, pour lesquels les données sont disponibles, les baisses les plus marquées de la production industrielle ont été relevées au Luxembourg (-15,8 %), en Allemagne (-11,2 %) et en France (-7,3 %). Les seules hausses ont été observées au Portugal et en Lituanie (+2,1 % chacun) ainsi qu’en Pologne (+1,3 %).

Les Îles en première ligne face à la crise

Les deux régions françaises touchées par la crise économique générée par l’épidémie sont la Corse et l’Île de France. Si au niveau de la taille, du poids économique et de la structure des activités, ces deux régions ont peu de points communs, elles n’en demeurent pas moins toutes deux dépendantes du tourisme. Cette année, la Corse a dû faire face à l’absence de l’avant saison entre avril et juin et à une arrière-saison privée de ses seniors qui prennent en règle générale leurs vacances en septembre. L’Île de France est également une importante région touristique disposant des deux premiers aéroports de France. La région concentre une grande partie de l’activité de salons et de congrès. Par ailleurs, de nombreux sites comme Eurodisney figurent parmi les plus visités en France et en Europe. L’absence de la clientèle internationale a entraîné la fermeture de nombreux hôtels à Paris. Le nombre réduit d’étrangers durant la période estivale a également pénalisé l’activité touristique de la Corse.

La Corse à la recherche d’un nouvel essor

À la fin du 2ème trimestre 2020, la Corse totalise 109 840 emplois soit une perte trimestrielle de 6 840 emplois. La baisse est bien plus importante sur l’île (- 5,9 %) qu’en France hors Mayotte (- 0,9 %). Elle provient de la surreprésentation des activités touristiques dans le PIB régional. Sur un an, l’emploi diminue de 6,0 % en Corse contre 2,3 % au niveau national. La baisse se concentre avant tout dans le privé avec une chute de l’emploi de de 7,5 % par rapport au 1ᵉʳ trimestre 2020 et de 7,9 % sur un an contre – 0,8 % et – 2,6 % en moyenne nationale. Le tertiaire marchand a perdu 5 920 emplois (- 11,2 %). Pour le seul secteur de l’hébergement-restauration, la contraction atteint 31,6 % sur le trimestre, soit quatre fois plus que la moyenne nationale (- 7,6 %). Seul le secteur de la construction a pour le moment résisté. L’emploi a progressé, dans ce secteur, de 0,8 % en région et reste stable au niveau national.

Fin avril, 38,8 % des salariés en Corse étaient en chômage partiel. En mai, ils étaient encore 25 %. Fin juin, avec la réouverture des restaurants, cette proportion a baissé à 11,1 % contre 6,5 % en moyenne nationale. La Corse est alors la deuxième région la plus concernée par ce recours au chômage partiel derrière la Guyane (12,7 %). Comme les autres régions, la Corse a enregistré durant l’été une baisse du chômage. Après une baisse – 3,3 % en juin, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits en catégorie A, B et C décroît en juillet de 9,3 % sur un mois, prémices d’une reprise économique en région ; pour autant l’évolution sur un an reste forte (+ 18,2 %). En août, la baisse se poursuit plus modérément de 2,5 % sur un mois. Néanmoins, sur un an, la hausse du nombre d’inscrits s’établit encore à + 16,2 %.

En Corse, fin juin, 13,7 % des salariés étaient en activité partielle ou en arrêt de travail pour cause de maladie ou garde d’enfants. C’est aussi le niveau de recours le plus élevé des régions après la Guyane.

Au 2ème trimestre 2020 en Corse, 27 400 personnes sont inscrites à pôle emploi (catégorie A, B et C) et tenues de rechercher activement un emploi (données corrigées des variations saisonnières). Dans la région, le nombre de demandeurs d’emploi a augmenté de 29,9 % sur ce trimestre contre 6,7 % au niveau national. Sur un an, la croissance est même six fois plus importante sur l’île (+ 26,6 %) qu’en France entière (+ 4,2 %). Les moins de 25 ans sont les plus fortement impactés (+ 45,1 %), chez les 50 ans ou plus elle s’établit à + 22,7 %.

Si au niveau national, le déconfinement a permis un rebond rapide d’une partie de l’activité économique, celui-ci a été bien plus faible en Corse. La production de la France était revenue durant l’été à 95 % de son niveau normal mais avec des secteurs qui en étaient loin comme l’hébergement-restauration (- 23 % par rapport au niveau normal), le transport-entreposage (- 17 %) et la fabrication de matériel de transport (- 15 %). Par sa structure économique, la Corse est de ce fait la région où l’écart avec le niveau normal est le plus important. S l’activité dans le bâtiment a fortement repris dès le mois de mai, le nombre de logements autorisés à la construction, en cumul annuel, régresse nettement au 2ᵉ trimestre (- 19,9 %) pour s’établir à 3 600 permis fin juin. Sur un an, les autorisations de construire s’effondrent de 44,5 %. Une reprise des commandes semble se manifester depuis le mois d’août.

Au 2ᵉ trimestre 2020, le trafic total dans le transport maritime de fret s’établit à 475 700 tonnes transportées. En cumul annuel, la baisse atteint 5,7 % par rapport au trimestre précédent. Au mois de juin, par rapport à juin 2019, le transport progresse à nouveau de 4,9 % avec la France mais pas celui du ciment (- 15,6 %), des hydrocarbures (- 4,15 %) et de gaz (- 36,6 %). Le transport de fret du mois de juillet reste néanmoins ralenti par rapport à 2019 (- 8,8 %) malgré une progression du transport de ciment (+ 92,6 %). Dans le même temps, les hydrocarbures et le gaz chutent encore respectivement de 24,4 % et 43,8 %.

Durant l’été, la consommation en Corse a connu une vive croissance. En prenant en compte les paiements en cartes bancaires, elle serait en hausse de 15 % durant la troisième semaine de septembre par rapport à son niveau de 2019. Pour la France, la progression n’est que de 5 %. Les touristes auraient fortement consommé durant l’été privilégiant les repas à la maison afin d’éviter les restaurants. L’absence de lieux de spectacles a entraîné une réorientation des dépenses.

Pour éviter le développement d’un chômage de nature structurel, la région Corse a besoin d’un plan spécifique prenant en compte ses spécificités. La réalisation d’infrastructures longtemps repoussés pourrait générer de l’activité pour le secteur du bâtiment et des travaux publics. La réalisation d’un port pouvant accueillir des porte-conteneurs pourrait figurer dans les plans d’investissement tout comme celle d’un CHU. La modernisation du réseau ferré afin de mieux relier les deux capitales économiques de l’ile serait également utile sur le plan économique ainsi que social. L’accélération du plan « fibre » tout comme l’essor de sites de production d’énergies renouvelables constituent autant de pistes possibles que la Collectivité de Corse en relation avec l’État pourrait conduire.  

L’île de France, au cœur de la tempête

À la fin du deuxième trimestre 2020, soit six semaines après le début du déconfinement, l’Île-de-France a enregistré une perte de 78 000 emplois s’ajoutant aux pertes du premier trimestre (- 101 000). Les effectifs sont désormais en deçà de leur niveau de septembre 2017. La baisse de 1,3 % est plus marquée qu’au niveau national (- 0,9 %). Sur un an, par rapport au deuxième trimestre 2019, la baisse est équivalente à celle relevée sur l’ensemble de la France (- 2,3 %). Tous les secteurs sont en recul, à l’exception des activités pour la santé humaine, la construction et l’intérim. Dans ce dernier secteur, malgré un rebond sensible (+ 14,0 %), les effectifs salariés demeurent inférieurs à ceux relevés au quatrième trimestre 2019 (- 41 000). Au sein du secteur tertiaire marchand hors intérim, l’hébergement-restauration est évidemment en première ligne avec une baisse de l’emploi de 4,9 % par rapport au trimestre précédent (après – 3,3 % au premier trimestre). Ce secteur a perdu ainsi 15 000 emplois en trois mois. Avec 9 000 emplois détruits ce trimestre, les autres activités de services sont à nouveau durement touchées (- 2,5 %), mais de manière moins sévère qu’au premier trimestre (- 3,5 %). Sur l’ensemble du tertiaire non marchand, l’emploi se contracte de 1,5 %. La baisse est un peu moins forte dans le commerce (- 1,4 %), le transport-entreposage et les activités immobilières (- 1,3 %). Dans l’industrie, elle s’élève à – 1,1 %. L’information-communication (- 0,9 %) ainsi que les activités financières et d’assurances (- 0,8 %) font partie des secteurs qui résistent le mieux tout en perdant des emplois. Les départements les plus touchés sont le Val-D’oise, les Yvelines et les Hauts de Seine. Paris comme la Seine Saint Denis sont dans la moyenne.

Après avoir augmenté très nettement entre février et avril 2020 (+ 27,8 %), le nombre de demandeurs d’emploi franciliens n’ayant auparavant exercé aucune activité (catégorie A) diminue en mai (- 2,1 %) puis en juin (- 3,1 %). Avec 814 330 demandeurs en moyenne au deuxième trimestre, la progression par rapport au premier trimestre s’élève à + 21,8 % contre + 24,5 % en France métropolitaine. En retenant toutes les catégories de demandeurs d’emploi, l’Île de France connaît la même hausse que l’ensemble de la France métropolitaine (+ 6,7 %). Elle s’établit, en moyenne, à 1 044 990, son plus haut niveau depuis le début de 1996.

Au deuxième trimestre 2020, le confinement mis en place pour faire face à la crise sanitaire a fortement impacté la construction et la commercialisation des logements et locaux d’activité. Entre juillet 2019 et juin 2020, 68 600 logements ont été autorisés à la construction en Île-de-France, ce qui représente une baisse de 21,3 % en un an. La diminution est moins prononcée en France hors Mayotte, avec 404 800 logements autorisés, soit – 9,5 % sur un an. Durant la même période, le nombre de mises en chantier de logements en Île-de-France s’élève à 73 800, soit une baisse de 9,2 % par rapport aux douze mois précédents. Cette diminution est plus prononcée que sur l’ensemble de la France hors Mayotte (- 7,1 %). Le fléchissement amorcé au quatrième trimestre 2018 se poursuit donc et s’accentue ce trimestre. Sans surprise, les ventes des logements neufs s’effondrent au deuxième trimestre 2020 en Île-de-France, à – 54,7 % par rapport au deuxième trimestre 2019. Cette chute est plus prononcée qu’au niveau national (- 47,0 %). La construction de locaux d’activité poursuit la baisse amorcée le trimestre précédent dans la région, avec un peu moins de 4,8 millions de m² de surfaces de plancher autorisées entre juillet 2019 et juin 2020. Cela représente une baisse de -11,0 % par rapport à la même période de l’année précédente (- 13,5 % au niveau national). Le processus de baisse s’accélère en Île-de-France et de manière plus rapide que pour l’ensemble de la France.

L’Ile-de-France recherche désespérément ses touristes étrangers

En avril 2020, pendant le confinement, seulement 17,2 % des hôtels localisés en Île-de-France étaient ouverts contre 22,5 % en France métropolitaine. Cet écart s’est fortement creusé durant les mois suivants. En juin 2020, près de la moitié des hôtels franciliens étaient toujours fermés contre moins d’un quart au niveau national. L’hôtellerie et plus généralement le tourisme sont pénalisés dans la région par la moindre présence des visiteurs étrangers, du fait de la situation sanitaire mondiale. En effet, en Île-de-France, plus de la moitié des nuitées dans les hôtels sont effectuées par des clients ne résidant pas en France.

Au deuxième trimestre 2020, les hôtels franciliens ont ainsi enregistré seulement 1,5 million de nuitées, soit une chute de 92,1 % par rapport au deuxième trimestre 2019, plus forte que celle observée en France métropolitaine (- 86,2 %). Dans les hôtels classés 3, 4 ou 5 étoiles, la chute atteint près de 95 % contre 85 % dans les hôtels plus économiques (1 ou 2 étoiles ou non classés). Le taux d’occupation des hôtels franciliens est au plus bas . Il était de 19 % en avril et de 23 % en mai. En juin, la fréquentation des hôtels dans la région s’améliore, mais moins qu’en France métropolitaine. Avec 31,9 %, le taux d’occupation reste inférieur de 3 points à la moyenne nationale.

Par son poids, par la présence des sièges sociaux, par le rôle joué par les administrations centrales et par la diversité de son économie l’Île de France avait tendance à mieux résister que les autres régions aux crises. Avec l’épidémie de covid, la situation est un peu différente. La région parisienne est privée des touristes internationaux à forts revenus. L’activité de salons et les loisirs sont à l’arrêt. Par ailleurs, les déplacements sont plus compliqués même à l’intérieur de la France, ce qui pénalise la région capitale. Les difficultés rencontrées par l’automobile et l’aéronautique fortement implantés en Île de France pèsent également sur l’activité.