21 novembre 2020

C’est déjà hier

Augmentation relative du nombre de bénéficiaires des minimas sociaux

Fin 2019, il existe dix minima sociaux : le revenu de solidarité active (RSA), l’allocation aux adultes handicapés (AAH), les allocations du minimum vieillesse (ASV et ASPA), l’allocation de solidarité spécifique (ASS), l’allocation supplémentaire d’invalidité (ASI), l’allocation pour demandeur d’asile (ADA), l’allocation temporaire d’attente (ATA), le revenu de solidarité (RSO), l’allocation veuvage (AV) et l’allocation équivalent retraite de remplacement (AER-R).

A la fin 2019, la France comptait 4,30 millions de personnes allocataires de l’un des dix minima sociaux. L’augmentation du nombre de bénéficiaires dépend des conditions d’attribution et du montant des allocations. Ainsi, l’augmentation de 2019 (1,2 %) est liée à la forte revalorisation du minimum vieillesse bénéficiant à des seniors qui en étaient auparavant exclus.

Cercle de l’Épargne – données DREES

Près de deux millions de foyers bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA)

Après deux années de baisse en 2016 (-4,3 %) et 2017 (-0,5 %), le nombre d’allocataires du RSA continue d’augmenter en 2019 (+0,6 %) mais de manière légèrement moins importante qu’en 2018 (+1,1 %). Ces augmentations pourraient, en partie, s’expliquer par la mise en place d’une nouvelle forme de demande dématérialisée du RSA.

Cercle de l’Épargne – données DREES

Recul persistant l’allocation de solidarité spécifique (ASS)

Fin 2019, 351 500 personnes sont allocataires de l’ASS, le minimum social auquel sont éligibles sous certaines conditions les demandeurs d’emploi de longue durée ayant épuisé leurs droits à l’assurance chômage. Les effectifs baissent continûment depuis 2016. Fin 2015, 472 700 personnes étaient allocataires de l’ASS. Cette baisse est imputable à l’amélioration du marché du travail entre 2015 et 2019 et au meilleur contrôle des pouvoirs publics sur les modalités de son attribution.

Plus de 600 000 bénéficiaires du minimum vieillesse

Le minimum vieillesse est passé de 800 à 900 euros de 2018 à 2020. L’effet du plan de revalorisation entraine mécaniquement une augmentation du nombre d’allocataires. Celui a progressé de 2,8 % en 2018 et de 5,9 % en 2019. Ces hausses ont mis fin à long cycle de baisse du nombre des allocataires. La revalorisation du montant maximal du minimum vieillesse augmente en effet aussi le plafond de ressources, ce qui rend de nouvelles personnes éligibles à la prestation. Fin 2019, 601 600 personnes bénéficient du minimum vieillesse, soit un niveau qui n’avait plus été atteint depuis 2005.

Cercle de l’Épargne – données DREES

Hausse du nombre de bénéficiaires de l’AAH

Plus de 1,22 million de personnes ont bénéficié, en 2019, de l’allocation aux adultes handicapés, en hausse de 2,3 % en un an.

Cercle de l’Épargne – données DREES

Forte hausse de l’allocation pour demandeur d’asile (ADA)

Les effectifs de l’ADA ont enregistré, en 2019, une forte hausse, +8 % pour atteindre 108 200. Cette augmentation est imputable à la croissance du nombre de demandes d’asile. Toutefois, il s’agit de la croissance annuelle la plus faible depuis la création de cette allocation en 2015.

Les dépenses de minima sociaux en augmentation de près de 3 % en 2019

En 2019, les dépenses liées au versement des minima sociaux ont progressé de 2,9 % (en euros constants) et s’élèvent à 28,3 milliards d’euros, soit 1,2 % du produit intérieur brut (PIB). Le fait que les dépenses croissent plus vite que les effectifs est en partie dû aux plans de revalorisation de l’allocation aux adultes handicapés et du minimum vieillesse. Les dépenses d’allocation de l’AAH ont augmenté de 5,7 %, celles du minimum vieillesse de 13,5 %.

Forte augmentation des effectifs de la prime d’activité

Fin 2019, 4,50 millions de foyers bénéficient de la prime d’activité. En tenant compte des allocataires, des conjoints et des personnes à charge, 8,90 millions de personnes appartiennent à un foyer percevant la prime d’activité. La croissance du nombre d’allocataires est encore plus forte en 2019 qu’en 2018 (+42,7 % après +10,9 % en 2018), sous l’effet de la revalorisation de 90 euros du montant maximal de la bonification individuelle de la prime d’activité à partir du 1er janvier 2019, à la suite du mouvement des gilets jaunes. Les dépenses d’allocation de la prime d’activité s’élèvent à 9,8 milliards d’euros en 2019, alors qu’elles étaient de 5,6 milliards d’euros (courants) en 2018.

Inflation stable à -0,3 % au sein de la Zone euro

Selon Eurostat, le taux d’inflation annuel de la zone euro s’est établi à -0,3 % en octobre, stable par rapport à septembre. Un an auparavant, il était de 0,7 %. Le taux d’inflation annuel de l’Union européenne s’est établi à 0,3 % en octobre, stable par rapport à septembre. Un an auparavant, il était de 1,1 %. Les taux annuels les plus faibles ont été observés en Grèce (-2,0 %), en Estonie (-1,7 %) et en Irlande (-1,5 %). Les taux annuels les plus élevés ont quant à eux été enregistrés en Pologne (3,8 %), en Hongrie (3,0 %) et en Tchéquie (2,9 %). Par rapport à septembre, l’inflation annuelle a baissé dans quinze États membres, est restée stable dans deux, et a augmenté dans dix autres.

Rechute de la construction en Europe

En septembre, par rapport à août, la production dans la construction, corrigée des variations saisonnières, a diminué de 2,9 % dans la zone euro et de 2,5 % dans l’Union européenne, selon Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne. En août, la production dans la construction avait augmenté de 3,9 % dans la zone euro et de 3,5 % dans l’Union. Sur un an, la construction a reculé de 2,5 % dans la zone euro et de 2,7 % dans l’Union.

Les plus fortes baisses de la production dans la construction ont été, sur un mois, enregistrées en France (-8,4 %), en Italie (-8,1 %) et en Slovaquie (-3,0 %). Les hausses les plus marquées ont été observées en Slovénie (+2,6 %), en Roumanie (+1,7 %), en Bulgarie et en Allemagne (+1,5 % chacune).

Inégalités, entre ressenti et statistiques, la difficile convergence  

En France, année après année, l’opinion publique croit à l’aggravation des inégalités. De nombreuses associations soulignent, certainement, à juste titre qu’elles doivent faire face à une demande croissante de personnes en graves difficultés. Pour autant, sur le plan national, la France se caractérise par un faible taux de pauvreté et par une prise en charge importante des personnes en situation de vulnérabilité sociale. En outre, il convient de ne pas oublier que plus le niveau médian des revenus augmente, plus de personnes sont susceptibles d’être déclarées pauvre. En effet, selon la définition retenue par l’INSEE et par EUROSTAT, sont considérées comme pauvres, les personnes dont les revenus sont inférieurs à 60 % du revenu médian (montant des revenus partageant la population en deux).

En 2019, selon une première évaluation de l’INSEE, en France, les inégalités auraient diminué. L’indice de Gini qui les mesurent baisserait de 0,003, pour s’établir à 0,295, après une hausse de 0,009 en 2018. Le rapport entre la masse des niveaux de vie détenue par les 20 % de personnes les plus aisées et celle détenue par les 20 % les plus modestes (ratio S80/S20) diminuerait légèrement, de 0,1 point, pour s’établir à 4,3, après une augmentation de 0,1 en 2018. Le rapport interdécile D9/D1 resterait stable à 3,5, signifiant qu’après prestations et impôts, les 10 % les plus riches disposent de 3,5 fois plus de revenus que les 10 % les plus pauvres.

Un taux de pauvreté en baisse de 0,3 point en 2019

Le taux de pauvreté monétaire diminuerait de 0,3 point pour s’établir à 14,5 % de la population, après avoir augmenté de 0,7 point en 2018, en raison notamment de la baisse des allocations logement. En 2019, 9,1 millions de personnes seraient en situation de pauvreté monétaire, soit environ 210 000 personnes de moins qu’en 2018. Le taux de pauvreté calculé à partir d’un seuil fixé à 50 % du niveau de vie médian diminuerait plus faiblement (– 0,1 point).

Une réduction des inégalités générée par les prestations sociales

L’indice de Gini avant redistribution augmenterait légèrement (+ 0,001), principalement car les salaires les plus élevés croissent plus fortement, en particulier chez les cadres. La sous-indexation des pensions de retraites en 2019 n’aurait en revanche pas d’effet significatif sur l’indice de Gini et sur le niveau de vie relatif des retraités.

La hausse des inégalités de revenus avant redistribution serait donc plus que compensée par le système socio-fiscal, et en particulier par la hausse du montant de la bonification individuelle de la prime d’activité qui, à elle seule, aurait un effet de – 0,002 sur l’indice de Gini. Cette bonification a été attribuée après la crise des gilets jaunes. L’effet de la revalorisation de la prime d’activité serait le plus élevé pour les 40 % de personnes aux niveaux de vie les plus faibles. D’autres mesures contribueraient aussi à augmenter le niveau de vie des plus modestes et à diminuer les inégalités, comme les revalorisations exceptionnelles de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) et du minimum vieillesse (Aspa). À l’inverse, certaines mesures de 2019 contribueraient à augmenter les inégalités, comme l’exonération sociale et fiscale des heures supplémentaires qui avantagerait les 50 % les plus aisés, et dans une moindre mesure les sous-indexations de prestations (allocations logement, prestations familiales) qui affecteraient davantage les 50 % les plus modestes.

En 2019, le seuil de pauvreté augmenterait d’environ 3 % en euros courants, comme le niveau de vie médian. Cette hausse s’expliquerait pour plus de la moitié par celle du niveau de vie médian avant redistribution, en raison du dynamisme des salaires d’une part, et de la mise en place de la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (Pepa), d’autre part. Malgré la hausse du seuil de pauvreté, le nombre de personnes pauvres diminuerait nettement (– 2,2 %) car le niveau de vie des personnes modestes augmenterait plus vite que le niveau de vie médian, principalement en raison de la hausse de la prime d’activité. Ainsi, le taux de pauvreté baisserait en 2019 de 0,3 point.

Le calcul du taux de pauvreté et de l’indice d’inégalités n’intègre pas le chèque énergie, aide ciblée sur les dépenses d’énergie et la couverture maladie complémentaire (complémentaire santé solidaire en vigueur depuis la fin 2019).

Source Cercle de l’Epargne – INSEE

En 2020, la chute des revenus d’activité et l’augmentation des prestations sociales affectera les calculs du taux de pauvreté. Il est attendu en hausse en raison de la baisse d’activité notamment pour les travailleurs en intérim ou en CDD.