6 mai 2016

C’est déjà hier (7 mai 2016)

Du coût du jour férié

Il fallait bien profiter du pont de l’Ascension car cette année, les jours fériés riment souvent avec dimanche : 1er et 8 mai mais aussi 25 décembre et 1er janvier 2016. Cela tranche avec l’année 2015 qui avait été marquée par une série de ponts au mois de mai. L’INSEE avait évalué le coût à 5 milliards d’euros pour l’économie française. En 2013, le coût n’avait été que de 2 milliards d’euros.

Contrairement à une certaine légende, la France n’est pas la championne du monde du nombre de jours fériés. En effet, dans notre pays, 11 jours sont fériés contre 15 en Finlande ou à Chypre. En Espagne et à Malte, 13 jours sont fériés.

En Allemagne, le nombre de jours fériés varie, selon les Länder de 9 à 13. L’Italie et la Suède ont également le même nombre de jours fériés que la France. En Europe, les pays les moins bien dotés sont le Royaume-Uni et les Pays-Bas (8 jours chacun).

Par ailleurs, jours fériés ne signifient pas arrêt du pays. Près du tiers de la population active travaillerait durant un jour férié. Cette proportion tend à augmenter du fait de l’ouverture croissante des commerces et du développement des services.

Il est dans les faits très difficile d’évaluer la perte d’une journée fériée. En effet, l’annualisation du temps de travail et le travail au forfait jour modifient la donne. Par ailleurs, il convient de prendre en compte l’impact sur les secteurs du tourisme et de la culture.

Les calculs de l’INSEE se fondent sur la création de richesse générée par une journée ouvrée classique or rien ne permet d’affirmer que la suppression d’un jour férié engendrerait le montant moyen de création de richesse d’une journée de travail. C’est pourquoi il est difficile d’extrapoler le calcul de l’INSEE en vertu duquel un jour ouvré contribuerait à accroître la croissance annuelle de la France de 0,07 à 0,08 point.

Ce qui compte c’est le temps de travail croisé avec la productivité horaire. Or, le temps annuel est en France de 1400 heures soit légèrement plus qu’en Allemagne avec une des meilleures productivités de l’Union européenne.

 

L’Europe, un optimisme très mesuré

La Commission européenne a dévoilé ses prévisions de printemps. Par rapport à celles de l’hiver, une légère révision à la baisse a été opérée. Le taux de croissance de la zone euro serait de 1,6 % cette année et de 1,8 % en 2017 (en baisse de 0,1 point par rapport aux estimations de cet hiver). La Commission met en avant la dégradation de l’environnement économique international pour expliquer la correction. Elle a également mentionné comme élément perturbant l’incertitude qui pèse sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne.

L’Allemagne qui est directement touchée par le ralentissement du commerce international ne devrait connaître qu’une croissance de 1,6 % en 2016 et 2017 (en hiver, la prévision était de 1,8 %). En Italie, la croissance devrait être de 1,1 % quand au Royaume-Uni, elle serait de 1,8 % contre 2,1 % initialement prévue.

Pour la France, le taux de croissance n’a pas été révisé à la baisse. Notre pays est moins exposé aux aléas du commerce international. La croissance serait de 1,3 % cette année et de 1,7 % en 2017. L’inflation resterait quasi-nulle cette année (0,1 %) avant de remonter à 1 % l’année prochaine. Le chômage diminuerait très faiblement passant de 10,4 à 10,1 % de 2015 à 2017. A en croire les services de la Commission de Bruxelles, le Gouvernement n’arriverait pas à passer en dessous de la barre des 3 % du PIB de déficit public en 2017. Il serait de 3,2 % contre 3,4 % en 2016. En 2015, il s’est élevé à 3,5 % du PIB. Dans ces conditions, la dette publique continuerait de se rapprocher dangereusement des 100 % du PIB. Elle serait de 96,4 % du PIB en 2016 et de 97 % du PIB en 2017 contre 95,4 % l’année dernière.

 Trou d’air pour le commerce de détail en Europe au mois de mars

Au mois de mars, le commerce de détail a reculé de 0,5 % au sein de la zone euro et de 0,7 % pour l‘ensemble de l’Union européenne. Ce résultat a été jugé décevant même s’il ne remet pas en cause la vitalité de la reprise sur un an. Il faudra néanmoins scruter l’évolution du commerce du détail dans les prochains mois pour apprécier la force de la croissance enregistrée au cours du premier trimestre, croissance qui repose en grande partie sur la consommation.

Cette baisse est imputable pour la zone euro aux diminutions de 1,3 % des ventes du secteur « alimentation, boissons, tabac », de 0,5 % de celles du secteur non-alimentaire et de 0,4% de celles des carburants.

Le recul a été très net au Portugal (-5,2 %), au Danemark (-3,9 %) ainsi qu’en Estonie (-1,8 %), en revanche, des hausses ont été enregistrées en Finlande (+1,1 %), en Slovaquie (+0,9 %) et en Bulgarie (+0,8%). En France, le recul a été de 0,7 %.

Sur un an, le bilan reste positif avec une progression du commerce de détail de 2,1% du volume des ventes pour la zone euro. Pour l’Union européenne, la hausse est de 2,4 %.Le commerce sur un an le plus dynamique est enregistré en Roumanie (+18,4% ), au Luxembourg (+14,8%), en Bulgarie (+6,2 %) ainsi qu’en Irlande (+6,1 %), tandis que les baisses les plus marquées ont été notées au Danemark (-4,9 %) et en Belgique (-2,2 %). La France a connu de son côté une hausse de 4,6 %.

 La France toujours à la peine avec son commerce extérieur

La déficit commercial ne s’est pas, au cours du 1er trimestre 2016, amélioré pa rapport au 4ème trimestre de l’année dernière et cela malgré un contexte très favorable. La baisse du prix du pétrole et la dépréciation de l’euro concourent à réduire tout à la fois le coût des importations et à améliorer la compétitivité des produits à l’exportation. Or, les gains sont plus faibles que prévu d’autant plus que la France comme ses partenaires souffrent du ralentissement du commerce international provoqué par les difficultés rencontrées par certains pays émergents.

Au 1er trimestre, le déficit des échanges de biens est resté stable à -13,1 Md€ contre  13,0 Md€ au trimestre précédent. Le déficit hors énergie poursuit sa dégradation. Le recul des exportations en valeur et en volume touche la plupart des produits manufacturés et en particulier l’aéronautique. Le déficit manufacturier a été de 18 Md€ au 1er trimestre contre 17,4 Md€ au trimestre précédent.

La contraction des importations d’énergie provoquée par une nouvelle baisse du prix du pétrole, permet néanmoins de neutraliser l’impact sur le solde commercial. L’excédent des services progresse légèrement mais reste faible (1,5 Md€). Le déficit courant se dégrade fortement (passant de 2,9 Md€ à 7,7 Md€), principalement du fait d’un recul des revenus d’investissements perçus de l’étranger.

En termes géographiques, notre déficit se creuse de 1,2 Md€, vis-à-vis de l’Union européenne (à 8,3 Md€). Nos exportations reculent vers l’Allemagne et subissent le contrecoup des livraisons exceptionnelles à l’Espagne et la Finlande dans le secteur aéronautique au trimestre précédent. Les importations diminuent également mais dans une moindre mesure (73,9 Md€ en baisse de 0,2 Md€).

L’excédent se détériore de 0,6 Md€ vis-à-vis du Proche et Moyen-Orient (à 1,1 Md€), en raison de la baisse des exportations aéronautiques. Les exportations vers les pays exportateurs de pétrole dans leur ensemble reculent de 20% sur le 1er trimestre. Le déficit s’accroit légèrement vis-à-vis de l’Asie (8,2 Md€ après 7,9 Md€) dans un contexte de légère contraction des échanges. La France redevient déficitaire vis-à-vis de l’Amérique (-1,0 Md€ après +0,2 Md€), dégradation s’expliquant notamment par le repli des exportations vers le Brésil et les Etats-Unis. Les importations progressent fortement (+0,8 Md€), en particulier en provenance des Etats-Unis où elles passent de 8,7 à 9,7 Md€ (turboréacteurs, avions et satellites).

L’excédent progresse de 0,5 Md€ vis-à-vis de l’Afrique (à 1,4 Md€), en raison du recul des importations énergétiques notamment depuis l’Algérie, le Nigeria et la Libye et malgré une nouvelle contraction des exportations (-2,0% après -5,7% au trimestre précédent).