2 janvier 2021

C’est déjà hier

Le premier confinement responsable du nombre de bénéficiaires des minimas sociaux

Fin octobre 2020, 2,07 millions de foyers perçoivent le revenu social d’activité (RSA), soit une augmentation de 8,5 % par rapport à octobre 2019. Le nombre d’allocataires du RSA a été relativement stable entre janvier 2017 et février 2020, oscillant entre 1,87 et 1,93 million. Le taux de croissance a été très important durant le premier confinement. Le nombre d’allocataires est toujours en hausse depuis le début de l’été mais de manière plus modérée.

Cercle de l’Épargne – données DREES

En baisse depuis 2015, le nombre d’allocataires de l’allocation spécifique de solidarité repart à la hausse

L’allocation de solidarité spécifique (ASS) est accordée aux personnes ayant épuisé leurs droits au chômage. Les ressources mensuelles ne doivent pas dépasser un plafond : 1 182,30 euros pour une personne seule ou 1 857,90 euros pour un couple. Cette allocation peut être maintenue en cas de reprise d’activité, sous conditions.

Fin septembre 2020, le nombre d’allocatairesde l’ASS s’élève à 380 400 personnes, soit une hausse de 6,0 % par rapport à septembre 2019. Les effectifs de l’ASS étant très peu marqués par la saisonnalité, les évolutions sont ici analy­sées de manière infra-annuelle et non en glissement annuel. De janvier 2017 (la tendance a débuté en 2015) à février 2020, le nombre d’allocataires de l’ASS diminue de manière continue : 454 300 allocataires en janvier 2017 contre 350 800 en février 2020. Lors du premier confinement, cette ten­dance s’est interrompue, les effectifs res­tant à peu près stables. Depuis juin 2020, ils repartent à la hausse (+10,7 % d’allocataires entre mai et septembre 2020).

Cercle de l’Épargne – données DREES

La stabilisation des effectifs durant le premier confinement est la conséquence des mesures exceptionnelles de prolongation de durée d’indemnisation prises par le gouvernement qui a abouti à neutraliser les entrées et les sorties du dispositif. La hausse des effectifs depuis juin résulte en partie de la dégradation du marché du travail, qui limite les sorties de l’ASS et augmente les entrées de personnes en fin de droits à l’assurance chômage. Une partie des demandeurs d’emploi ayant épuisé leurs droits à l’assurance chômage lors du confinement et bénéficié de la mesure de prolongation ont cessé de percevoir leur indemnité à partir de juin et sont entrés dans l’ASS.

Les effectifs de la prime d’activité ont diminué à la fin du premier confinement

Fin octobre 2020, 4,49 millions de foyers bénéficient de la prime d’activité, soit une légère hausse de 1,7 % en un an. En raison de la revalorisation de la prime d’activité depuis le 1er janvier 2019, les effectifs de la prime ont très fortement augmenté (+42,7 % entre décembre 2018 et décembre 2019). Les effectifs ont un peu augmenté durant le premier confinement (+1,4 % entre février et mai 2020). Après la sortie du premier confinement, les effectifs de la prime d’activité ont baissé (-3,5 % entre juin et septembre 2020).

La croissance en glissement annuel du nombre d’allocataires de l’AAH est un peu plus élevée depuis juin 2020

Fin octobre 2020, 1,20 million de personnesbénéficient de l’Allocation aux adultes handicapés, l’AAH, soit une augmentation de 2,9 % en glissement annuel (d’octobre 2019 à octobre 2020). Si la hausse des effectifs de l’AAH est une tendance constatée sur le long terme, avec notamment un glissement annuel qui était compris entre +1,4 % et +2,7 % entre janvier 2019 et mai 2020, elle est un peu plus forte depuis juin 2020. Le taux de croissance en glissement annuel des allo­cataires de l’AAH est ainsi passé à +3,3 % en juin 2020 et reste à un niveau similaire depuis.

Le taux de croissance en glissement annuel des effectifs des allocataires d’une aide au logement est redevenu positif depuis mai 2020

Fin octobre 2020, 6,44 millions de foyersperçoivent une aide au logement, soit une augmentation de 2,4 % en un an. Alors que le taux de croissance en glissement annuel était négatif chaque mois depuis octobre 2018 (compris entre -1,3 % et -0,4 %), signe d’une lente baisse des effectifs, il est nul en avril 2020 (+0,1 %) et redevient positif en mai (+0,5 %). Il augmente légèrement depuis.

Une très forte baisse des entrées initiales dans la Garantie jeunes pendant le premier confinement

Fin juillet 2020, 80 200 jeunes bénéficient d’un accompagnement dans le cadre de la garantie jeunes, contre 88 800 un an auparavant, soit une baisse de 9,7 %. Entre janvier 2017 – date de la généralisation du dispositif à l’ensemble du territoire – et fin 2018, le nombre de bénéficiaires de la garantie jeunes a fortement augmenté. Depuis 2019, la croissance des effectifs se poursuivait, mais à un rythme plus lent. Le premier confinement a quasiment interrompu les entrées dans le dispositif : seulement 300 entrées initiales en avril 2020 et 1 800 en mai (contre respectivement 8 600 et 7 900 en avril et mai 2019). D’après les résultats d’une enquête de la direction de l’Anima­tion de la Recherche, des Études et des Statistiques (Dares), cette chute est en partie liée à la fermeture au public des missions locales.

Après le premier confinement, les entrées initiales sont ensuite reparties à la hausse (9 200 en juin et 7 700 en juillet), à des niveaux même plus élevés que l’année précédente(8 600 en juin 2019 et 6 400 en juillet), mais cela n’a pas suffi à rattraper, pour la période observée dans ce tableau de bord, le niveau des effectifs de jeunes accompagnés avant la crise (89 800 en février 2020).

Cercle de l’Épargne – données DREES

Population française, entre vieillissement et métropolisation

Au 1ᵉʳ janvier 2018, la France comptait, selon l’INSEE, 66 733 000 habitants (hors Mayotte). Entre 2013 et 2018, la population a augmenté de 0,4 % par an en moyenne, soit 233 600 habitants supplémentaires chaque année. Le solde naturel induit une hausse de 0,3 % de la population en moyenne chaque année. La hausse portée par le solde migratoire apparent est proche de 0 %. La croissance de la population française faiblit, elle était de +0,5 % entre 2008 et 2013.  Ces dernières années, l’excédent naturel atteint son niveau le plus bas depuis 1945. Cette évolution est imputable à la hausse des décès occasionnée par l’arrivée à des âges avancés de générations plus nombreuses et par la baisse de la natalité. Depuis 2013, l’évolution de la population est marquée par un recul de Paris et par une augmentation sensible des autres métropoles ainsi que des territoires du Sud de la France.

Ouest et Sud même combat

En France métropolitaine, la Corse est la première région en termes de croissance démographique avec un taux de croissance de 1,1 % en rythme annuel. Cette région compte désormais plus de 338 000 habitants, contre 227 000 en 1975. La progression démographique y repose exclusivement sur le solde migratoire. La Corse précède les Pays de la Loire et l’Occitanie. Trois régions ont connu sur la période 2013 – 2018 une diminution de leur population, la Martinique, la Guadeloupe et la Bourgogne-Franche Comté.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

La population est stable en Normandie, Grand Est, Centre-Val de Loire et Hauts-de-France, Dans les autres régions, le rythme de croissance de la population atteint ou dépasse 0,4 % par an. En Île-de-France (+ 0,4 %) et à la Réunion (+ 0,5 %), l’évolution résulte d’une combinaison des deux facteurs, le solde naturel y est le plus élevé et le solde migratoire particulièrement négatif. Pour les autres, le solde migratoire est excédentaire, ce qui accentue leur rythme de croissance.

Paris en perte de vitesse

20 départements enregistrent une baisse de leur population, contre 11 entre 2008 et 2013. La population diminue désormais à Paris, en Dordogne et dans le Territoire de Belfort. Ces départements font partie des six qui perdent au moins 0,6 point de croissance par rapport à la période 2008-2013.

Paris perd annuellement 0,5 % de ses habitants entre 2013 et 2018 alors qu’il en gagnait 0,2 % par an durant les cinq années précédentes. Paris bénéficie pourtant d’un fort excédent des naissances sur les décès (soit + 0,7 % par an de croissance naturelle sur chacune des deux périodes). Les actifs ayant des enfants et les retraités quittent Paris. Le déficit migratoire est passé de -0,6 % par an entre 2008 et 2013 à – 1,1 % par an entre 2013 et 2018. Ce repli de la population modifie la composition de la population parisienne. Il s’accompagne du départ de nombreux sièges sociaux. Paris dépend de plus en plus des activités administratives et touristiques. Si les premières sont relativement insensibles à la conjoncture et à la crise sanitaire, les secondes sont à l’arrêt depuis le mois de mars 2020 mettant à mal les finances de la ville. Paris pourrait ainsi connaître le destin de Washington dont l’activité est liée à son rôle de capitale politique. Le caractère jacobin de la France fait que, pour le moment, de nombreuses entreprises maintiennent leur siège en Île de France à défaut d’être à Paris intramuros.

Les départements enregistrant une forte baisse du solde naturel sont localisés dans le quart nord-est, dans le centre, le Massif central, et en Normandie. Pour ceux situés au sud de la Loire, l’excédent migratoire est insuffisant pour compenser un déficit naturel, héritage d’une population âgée. Au centre et à l’est, les départements connaissent, à l’inverse, un déficit migratoire et un excédent naturel. La population baisse fortement dans le Cher, l’Orne, les Vosges, la Haute-Marne et la Nièvre, qui cumulent déficits naturel et migratoire.

Entre 2013 et 2018, la population augmente d’au moins 1,0 % par an dans 9 départements, contre 17 entre 2008 et 2013. Cinq de ces départements cumulent excédents naturel et migratoire, du fait de la présence d’une grande métropole (Haute-Savoie, Hérault, Haute-Garonne, Gironde, Loire-Atlantique). La Guyane enregistre une croissance de population due au solde naturel record (+ 2,4 %). En Seine-Saint-Denis, la hausse de population est uniquement due au solde naturel. En Corse-du-Sud et en Haute-Corse, elle est uniquement due au solde migratoire.

Les grandes métropoles de province ont le vent en poupe

La population de l’aire de Paris, la plus peuplée avec 13 millions d’habitants en 2018, augmente comme en moyenne nationale (+ 0,4 % par an entre 2013 et 2018). En revanche, elle est à la traine par rapport aux autres métropoles qui enregistrent un taux de croissance de 0,9 % par an.

La croissance dépasse ou atteint 1,0 % par an pour les aires de Genève-Annemasse (partie française, + 1,8 %), Nantes (+ 1,4 %), Montpellier (+ 1,4 %), Bordeaux (+ 1,4 %), Toulouse (+ 1,3 %) et Rennes (+ 1,1 %). Hors l’aire de Lyon (+ 0,9 %), le dynamisme démographique des autres aires de cette catégorie est plus faible pour Strasbourg (+ 0,6 %), Marseille-Aix-en-Provence (+ 0,4 %), Lille (+ 0,3 %) et pour Grenoble (+ 0,2 %).

Cercle de l’Épargne – données INSEE

En deçà de 700 000 habitants, la croissance de la population diminue avec la taille de l’aire, jusqu’à devenir négative dans certaines aires. Les baisses de population se concentrent parmi les aires les moins peuplées. La moitié (54 %) des aires de moins de 50 000 habitants perdent au moins 0,2 % de leur population, contre 29 % des aires de 50 000 à 200 000 habitants et seulement 4 % des aires de 200 000 habitants ou plus. Les grandes agglomérations perdant le plus d’habitants sont Fort-de-France, Les Abymes, Dunkerque et Cannes-Antibes.

La croissance de la population se concentre en périphérie des grandes agglomérations au détriment du cœur. Dans les couronnes, l’excédent des arrivées sur les départs est le principal moteur de cette croissance, même si le solde naturel y est positif. Les cœurs d’agglomération perdent des habitants par effet migratoire tout en conservant par ailleurs un solde naturel positif. Le prix du logement explique en grande partie l’exode de la population des centres d’agglomération vers les périphéries. Ces centres ont connu, depuis une dizaine d’années, une forte progression des locations saisonnières et des logements sociaux pour lesquels ils avaient du retard. Ce changement d’affectation des logements influe sur la structure des populations. Dans les agglomérations de l’Ouest de la France, du fait de leur plus faible taille et de superficie plus importante, les villes centres enregistrent une augmentation de leur population (Rennes, Angers, Nantes, Bordeaux).

Avant même le confinement, l’attractivité de l’agglomération parisienne semblait être sur le déclin en prenant en compte le critère démographique. Les façades océanes et méditerranéennes, au contraire, attirent un nombre croissant de personnes. Les grandes métropoles de province enregistrent des taux de croissance important ce qui n’est pas sans poser des problèmes au niveau du logement ou des transports. Le transfert du pouvoir aux communautés urbaines peut faciliter la gestion des relations entre villes centres et périphéries. La difficile gestation du Grand Paris constitue sans nul doute une des faiblesses majeures de la région parisienne. Les retards accumulés au niveau des transports publics et le fort déséquilibre territorial entre emplois et logements entravent le développement de la région Île de France.

Avec le confinement de novembre, le nombre de demandeurs d’emploi augmente

Le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A (sans activité) a enregistré une hausse de 0,9 % en novembre, soit 34 400 inscrits supplémentaires, pour s’établir à 3,828 millions, selon les chiffres du ministère du Travail. Cette hausse intervient après six mois consécutifs de baisse qui s’expliquait avant tout par des bascules de chômeurs ayant repris une activité réduite (catégories B et C). Elle s’explique par le retour du confinement qui a conduit des entreprises à ne pas reconduire des CDD et des missions d’intérim. Le nombre de déclarations d’embauche de plus d’un mois (hors intérim) est reparti nettement à la baisse (-19,8 %), après une hausse de 2,5 % en octobre. L’intérim s’est également dégradé en novembre, avec l’équivalent de 110 000 emplois détruits sur un an contre 80 000 en octobre, selon la fédération patronale du secteur. En incluant l’activité réduite (catégories B et C), le nombre de demandeurs d’emploi en France (hors Mayotte) est quasi stable en novembre (+0,1%, soit +5 800) et s’établit à 6,010 millions.

Pour la catégorie A, la hausse concerne toutes les tranches d’âge mais est plus forte chez les jeunes (+2,1 %, soit +10 700 pour les moins de 25 ans) que chez les 25-49 ans (+0,7 %) et les 50 ans ou plus (+0,9 %). Le nombre de chômeurs en catégorie A est supérieur d’environ 10 % (+341 800) à celui de fin février, avant le début de la crise sanitaire.

Cercle de l’Épargne – données DARES

L’industrie automobile entre la covid 19 et la transition énergétique

En 2020, l’industrie automobile a été confrontée à des vents contraires de forte amplitude. La crise sanitaire qui a contraint à la fermeture des concessions et la transition énergétique qui a conduit les ménages à être attentistes, ont provoqué une baisse des ventes de véhicules neufs de 25,5 % ; le marché est ainsi revenu à son niveau de 1975, selon des chiffres publiés le 1er janvier par le Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA). 1,65 million de voitures particulières neuves ont été mises en circulation l’année dernière, contre 2,2 millions en 2019. Les livraisons se sont effondrées de 72 % en mars et de 88,8 % en avril, avant de se redresser pendant l’été et de mieux résister au second confinement. En décembre, le nombre d’immatriculations s’est élevé à 186 000, en baisse de 11,8 % par rapport à un excellent décembre 2019.

La transition énergétique est devenue une réalité pour l’automobile. La part des voitures hybrides et électriques neuves vendues en France a triplé l’année dernière par rapport à 2019, atteignant 21,5 % des immatriculations totales. Les ventes de voitures particulières diesel ont continué de baisser avec 30,6 % des mises en circulation contre 34,1 % en 2019, soit une chute de plus de 50 % depuis 2014.

Les ventes de voitures 100 % électriques représentent près de 7 % des ventes totales, contre 1,9 % un an plus tôt, selon le CCFA. En 2020, 14,8 % des ventes ont concerné des modèles hybrides, contre 5,7 % en 2019. .

Les fabricants français PSA (Peugeot, Citroën, Opel) et Renault ont légèrement mieux résisté que le marché, mais leurs livraisons ont tout de même été amputées respectivement de 25,1 % et 24,9 % par rapport à 2019, tandis que les constructeurs étrangers ont vu leurs immatriculations se contracter de 26,1 %.

Le marché pourrait connaître, en 2021, un rebond mais qui ne compensera pas les pertes de 2020. L’attentisme restera de mise durant le premier semestre. Les ventes des véhicules électrique sou hybrides devraient continuer à progression avec un élargissement de l’offre et en raison de l’augmentation des malus sur les autres modèles.