13 février 2016

C’est déjà hier !

L’Italie fait trembler l’Europe

 ’Italie est redevenue un sujet de préoccupation avec l’émergence de doutes sur la santé de certaines de ses grandes banques. Par ailleurs, après avoir été confrontée à sa plus longue récession depuis 1945 (troisième semestre 2011, dernier trimestre 2014), l’Italie peine à retrouver un rythme correct de croissance.

 Une lente sortie de crise

 Durant le quatrième trimestre 2015, la croissance n’a été que de 0,1 % portant la croissance sur l’année à 1 % (contre un recul du PIB de 1,9 % en 2013 et de 0,4 % en 2014). Ce résultat est inférieur aux prévisions. Il était, en effet, escompté une croissance de 0,3 % pour le dernier trimestre et de 1,2 % sur l’année. Sur les derniers mois, la demande intérieure a faibli, la croissance n’étant sauvée que par les exportations.

 Depuis 1997, l’économie italienne est en panne. La progression du PIB par habitant est une des plus faibles de la zone euro sur ces vingt dernières années. Le déclin démographique et la lenteur des réformes pèsent sur l’activité transalpine. Néanmoins, le pays a réussi à réduire le déficit public qui se situe désormais en-deçà des 3 % et dégage un excédent commercial grâce à la bonne compétitivité du secteur industriel ainsi que e celle du secteur du luxe. En revanche, le taux de chômage se maintient à un niveau très élevé, 11,4 % au mois de décembre 2015 (10,1 % en France). Le taux de chômage des jeunes italiens (moins de 25 ans) reste préoccupant à 37,9 %. En 2015, le nombre de demandeurs d’emploi, a malgré tout, reculé de 254 000 soit une baisse de 8,1 % (la France a compté 90 000 demandeurs d’emploi en plus en 2015). L’Italie est, après la Grèce, le pays le plus endetté de la zone euro avec une dette de près de 135 % du PIB (171 % pour la Grèce).

 Une crise financière latente

 Le secteur financier italien est l’objet de toutes les attentions. Le secteur bancaire reste très éclaté et a tardé à opérer les restructurations nécessaires. Les retards pris pour la mise en place d’une structure de défaisance chargée de récupérer une partie des crédits non immédiatement recouvrables suscite bien des inquiétudes. Les révélations sur l’existence d’une demande d’information de la Banque centrale européenne concernant des créances douteuses détenues par certains établissements a mis le feu aux poudres d’autant plus que le sauvetage de quatre banques italiennes au mois de janvier avait déjà pénalisé de nombreux épargnants. Plusieurs manifestations ont contraint l’Etat à mettre en place un système d’indemnisation.

 Pour l’ensemble du secteur bancaire, les créances douteuses dépasseraient 250 milliards d’euros. Plusieurs banques dont Unicredit seraient fortement engagées sur des titres structurés (Cocos bond notamment), titres bénéficiant de fortes rémunérations (autour de 7 %). Les créances douteuses d’Intesa Sanpaulo représentent 17 % du bilan, celles d’Unicredit 14 % quand elles représentent moins de 7 % du bilan pour BNPPARIBAS. Pour couronner le tout et ce n’est pas sans lien, neuf banques italiennes sur 15 n’ont pas réussi les crash-tests de la Banque centrale européenne. Les banques transalpines n’ont pas, de ce fait, d’autres solutions que d’utiliser les facilités de la BCE pour nettoyer leur bilan et augmenter leurs fonds propres. Ces actions ont pour conséquences de réduire le volume de prêts aux ménages et aux entreprises et donc de pénaliser la croissance.

 En cas de défaillance bancaire, les ménages italiens seraient très exposés. En effet, ils détiennent, selon une note récente de la Banque d’Italie, 31 des 67 milliards d’euros d’obligations juniors émises par les banques. Ces titres en cas de problème, ne sont remboursés qu’après la dette dite senior. En contrepartie, ces titres offrent un meilleur rendement. 12 500 clients ont perdu 430 millions d’euros avec la faillite de quatre petites banques. Les banques italiennes les plus concernées par ces obligations sont : Unicredit (22,8 milliards d’euros), Intesa Saopaolo (14,4 milliards d’euros) et Banca Monte dei Peschi (4,3 milliards d’euros). Les obligations juniors italiennes sont également détenues à 20 % par des investisseurs étrangers ce qui explique pourquoi l’ensemble de la sphère bancaire a été touché par les révélations de la Banque d’Italie et de la BCE. La question que tous les investisseurs se posent comme au temps de la crise de la dette grecque, combien chaque établissement financier détient de ce type de dette dans ses lignes ?

La fin d’année poussive de l’industrie française

 La production industrielle a reculé de 1,6 % au mois de décembre après s’être déjà contractée de 0,9 % au mois de novembre. Néanmoins, sur l’ensemble de l’année 2015, la production industrielle a connu une hausse de 2 % contre un recul de 1,3 % en 2014. Elle reste très en-deçà de son niveau d’avant crise, niveau qui sera très difficilement atteignable à court et moyen terme au regard du processus de désindustrialisation qui a été constaté ces huit dernières années. Les mauvais résultats de l’industrie française en fin d’année sont imputables au ralentissement des commandes à l’exportation du fait du ralentissement des pays émergents ainsi que de la moindre croissance de la zone euro et des Etats-Unis. Le ralentissement de la consommation a, en France, également pu se faire ressentir.

Le Portugal sous étroite surveillance

Le Gouvernement socialiste portugais soutenu par les partis de la gauche radicale a dû s’y reprendre à deux reprises pour obtenir la bénédiction de la Commission de Bruxelles sur le plan budgétaire. Le 22 janvier, cette dernière avait rejeté le plan sous prétexte d’hypothèses de croissance trop optimistes. Elle avait également contesté le solde budgétaire proposé.

 Le Portugal était le dernier pays à ne pas avoir fait avaliser son programme budgétaire. Ce retard s’explique en partie par l’entrée en fonction tardive du nouveau gouvernement de gauche, intervenue le 26 novembre dernier après de longues négociations entre les partis de gauche.

 Les relations avec la Commission ont été tendues du fait que la nouvelle majorité entend changer l’orientation de la politique budgétaire. Ainsi, dans le cadre du programme présenté le 22 janvier dernier et rejeté par la commission, il était prévu de revenir sur les baisses de salaire des fonctionnaires et d’instituer à nouveau les 35 heures. Le Gouvernement prévoyait également de revaloriser certaines prestations sociales et de supprimer la surtaxe à l’impôt sur le revenu. Il souhaitait accroître l’investissement public de 4 % et abaisser la TVA applicable à la restauration à 13 % contre 23 % actuellement. Ce plan de relance était évalué à 0,7 % du PIB. Il devait être financé par une augmentation des droits de timbre et de la fiscalité sur les produits pétroliers ainsi que sur les tabacs.

 Le Gouvernement s’était engagé de ramener le déficit à 2,6 % du PIB en 2016 contre 4,2 % en 2015, la dette publique devant s’élever à 126 % du PIB en 2016 contre 128,5 % du PIB en 2015.

 L’hypothèse de croissance retenue pour bâtir le projet de budget, 2,1 %, est apparu aux yeux de Bruxelles comme irréaliste. Les Commissaires estiment que la croissance ne dépassera pas cette année, 1,6 %. Par ailleurs, elle anticipe toujours pour cette année un taux de chômage à 11,7 % et non à 11,2 % comme le prévoit le Gouvernement. De ce fait, la Commission a jugé que les recettes fiscales seront inférieures aux prévisions. Compte tenu des mesures annoncées par le Gouvernement portugais, la Commission a souligné que le déficit structurel se dégraderait de 0,5 point passant de 1,7 à 2,2 % de 2015 à 2016 quand elle demandait une amélioration de 0,6 point. C’est au nom de cet écart qu’elle a refusé d’avaliser le projet de budget.

 Le Portugal qui est toujours sous procédure de surveillance de la Commission a donc été contraint de revoir sa copie. Le Gouvernement a ainsi proposé une augmentation de la taxation sur l’achat d’un véhicule, sur le tabac et sur les produits pétroliers. Des exonérations d’impôts locaux ont été remises en cause. Par ailleurs, le Gouvernement a abandonné l’idée d’alléger les charges sur les bas salaires. L’effort consenti représente, selon la Commission, 0,5 point de PIB permettant de ramener le déficit (en comptabilité Commission) de 3,4 à 2,9 % du PIB. Le solde structurel s’améliorerait de 0,1 point à 0,2 point. Certes, cela reste bien en-deçà de l’objectif assigné par la Commission au Portugal (0,6 point) mais comme la dérive est inférieure à 0,5 point, cela permet de laisser passer le budget. L’honneur est sauf pour chacune des parties.

 La France a créé des emplois en 2015

 En 2015, les créations d’emploi n’ont pas suffi à compenser l’augmentation de la population active. Ainsi selon l’INSEE, l’emploi dans les secteurs marchands s’est accru de 47 000. Pour le  quatrième trimestre 2015, l’emploi a progressé de 26 400, soit +0,2 %, après -900 au troisième trimestre.

 Néanmoins, l’emploi continue de reculer dans l’industrie (-8 900 emplois, soit -0,3 % au quatrième trimestre) et dans la construction (-7 800, soit -0,6 %). Les baisses sont toutefois un peu moins fortes qu’au trimestre précédent. Sur un an, ces deux secteurs perdent un nombre comparable d’emplois (-41 400 dans l’industrie et -39 600 dans la construction).

 Inversement, l’emploi du secteur tertiaire dans son ensemble s’accélère au quatrième trimestre 2015 (+0,4 %, soit +43 100, après +0,2 % au troisième trimestre). Hors intérim, l’emploi du secteur tertiaire accélère également (+0,2 %, soit +23 900, après +0,1 % au trimestre précédent). Sur un an, l’emploi marchand hors intérim est quasi stable (+2 900). L’emploi intérimaire augmente au quatrième trimestre 2015 (+19 100, soit +3,4 %), à un rythme proche de celui du trimestre précédent (+3,0 %). Sur un an, l’emploi intérimaire est en nette hausse (+44 200, soit +8,2 %).