30 avril 2022

C’est déjà hier – croissance – inflation – emploi – industrie – salaires

France, une stagnation imprévue du PIB au premier trimestre

La Banque de France espérait un taux de croissance, en France, de 0,3 % pour le premier trimestre. Dans les faits, le PIB a stagné en raison d’un recul marqué de la consommation au mois de mars. La vague omicron en début d’année et le conflit en Ukraine depuis le mois de février ont eu raison de la croissance française. La hausse des prix érode le pouvoir d’achat. Par ailleurs, les ménages sont attentistes face à la montée des incertitudes économiques et géopolitiques. Néanmoins Il ne faut pas  surinterpréter le résultat du premier trimestre qui intervient après un bon dernier trimestre 2021. Il n’en demeure pas moins qu’il marque une inflexion et l’entrée de la France dans une deuxième phase post-covid avec le retour aux fondamentaux.

INSEE

Au premier trimestre 2022, le PIB français est resté, selon l’INSEE, étale après avoir connu une hausse de 0,8 % au dernier trimestre 2021. La consommation des ménages a reculé de 1,3 % (après +0,6 %), tandis que la formation brute de capital fixe (FBCF) n’a progressé que de 0,2 %, après +0,3 %. Au total, la demande intérieure finale hors stocks a contribué négativement, à hauteur de –0,6 point, à l’évolution du PIB (après +0,5 point le trimestre précédent).

Les échanges extérieurs, bien qu’en ralentissement, continuent de progresser. La hausse est davantage marquée du côté des exportations (+1,5 % après +3,5 %) que des importations (+1,1 % après +3,2 %). La contribution du commerce extérieur à l’évolution du PIB est légèrement positive ce trimestre, +0,1 point, après avoir été nulle au trimestre précédent. La contribution des variations de stocks à l’évolution du PIB a été positive au premier trimestre (+0,4 point après +0,3 point au quatrième trimestre 2021).

La production totale (biens et services) ralentit au premier trimestre (+0,5 %), après +1,0 % au trimestre précédent. Ce ralentissement provient notamment de la production en services marchands (+0,4 % après +1,8 %), en particulier dans l’hôtellerie-restauration (–4,0 % après +1,2 % au trimestre précédent) vraisemblablement sous l’effet de la vague épidémique de Covid-19 notamment en janvier (hausse du télétravail, baisse de la fréquentation des établissements, etc.). À l’inverse, la production poursuit sa progression dans la branche « information-communication » (+1,9 % après +2,0 %). La production de services aux entreprises retrouve quant à elle un rythme plus modéré (+0,8 % après +1,4 %). Enfin, la production se redresse légèrement dans les services non marchands (+0,3 % après –0,1 %), en particulier dans les soins de santé en lien avec la vague épidémique. Cet effet est partiellement compensé par la réduction en volume des services d’éducation liée à la fermeture de certaines classes. La production dans la construction ralentit quant à elle pour le troisième trimestre consécutif mais demeure en hausse (+0,3 % après +0,5 %). La production en biens est plus dynamique ce trimestre, +1,1 %, après deux trimestres consécutifs de stabilité. La production des branches manufacturières augmente nettement (+2,2 % après +0,2 %), notamment pour les « autres produits manufacturés » (pharmacie, métallurgie, chimie, etc.). À l’inverse, la production en énergie, eau, déchets » recule de nouveau nettement ce trimestre (–2,6 % après –1,3 %), notamment la production d’électricité.

La baisse de la consommation a été marquée dans l’hébergement–restauration (–5,3 % après +0,9 %). Les achats de biens ont également reculé (–1,7 % après +0,1 %). En lien avec la contraction des dépenses d’hébergement et de restauration, la consommation ralentit dans les services de transport (+1,9 % après +8,4 %) et les services récréatifs (+0,5 % après +3,3 %).

La hausse de l’investissement a été portée par celle du secteur des services informatiques et d’information (+3,4 % après +2,8 %) et des biens d’équipement (+4,5 % après –1,2 %). À l’inverse, l’investissement en matériels de transport a diminué de nouveau ce trimestre (–7,8 % après –5,7 %), tandis que celui du secteur de la construction s’infléchit (–0,2 %, après +0,7 %).

La reprise du commerce extérieur se poursuit, à un rythme toutefois moins soutenu que le trimestre précédent. Les exportations ont progressé de 1,5 % après +3,5 % quand les importations ont augmenté de 1,1 % après +3,2 %. Les exportations de matériels de transport ont connu une vive croissance (+9,2 % après –0,7 %) en raison de la livraison d’un navire de croisière. En revanche, les exportations d’énergie, eau, déchets se sont contractées de 15,2 % après +4,9 % et celles de pétrole raffiné ont diminué de –18,1 % après +7,2 %).

Du fait des hausses de prix, les importations d’énergie, d’eau et de déchets sont en hausse de +17,3 % après +1,8 %. Les importations de services de transport augmentent de +8,6 % après +5,2 %. Au total, la contribution des échanges extérieurs à la croissance du PIB est légèrement positive ce trimestre (+0,1 point, après une contribution nulle le trimestre précédent).

Légère croissance pour la zone euro

Le taux de croissance du PIB de la zone euro a, selon Eurostat, augmenté de 0,2 % au sein de la zone euro et de 0,4 % pour l’ensemble de l’Union européenne par rapport au trimestre précédent Au cours du quatrième trimestre 2021, le PIB avait augmenté de 0,3 % dans la zone euro et de 0,5 % dans l’Union.

En comparaison avec le même trimestre de l’année précédente, le PIB corrigé des variations saisonnières a enregistré une hausse de 5,0 % dans la zone euro et de 5,2 % dans l’Union au premier trimestre 2022, après +4,7 % dans la zone euro et +4,9 % dans l’UE au trimestre précédent.

Parmi les États membres pour lesquels les données pour le premier trimestre 2022 sont disponibles, le Portugal (+2,6 %) a enregistré la hausse la plus importante par rapport au trimestre précédent, suivi de l’Autriche (+2,5 %) et de la Lettonie (+2,1 %). Des baisses ont été enregistrées en Suède (-0,4 %) et en Italie (-0,2 %). Les taux de croissance par rapport à l’année précédente ont été positifs pour tous les pays.

Eurostat
Eurostat

Etats-Unis, de l’emploi, de la consommation mais moins de croissance

Aux Etats-Unis, le PIB a reculé de 1,4 % en rythme annualisé au premier trimestre, selon les résultats publiés par le Bureau of Economic Analysis (BEA), le service statistique du département du Commerce. Le consensus tablait sur une hausse autour de 1 % en rythme annualisé.

La contraction du PIB s’explique par le recul de l’investissement privé dans les stocks, des exportations et des dépenses des administrations publiques. La hausse des importations a également pénalisé la croissance. La consommation des ménages a, en revanche, continué à progresser, avec un gain de 2,7 % en rythme annualisé.

BEA

Les tensions inflationnistes aux Etats-Unis demeurent alimentées par une forte demande intérieure qui provoque également une forte hausse des importations. En mars, le déficit de la balance commerciale pour les seuls biens a atteint un niveau record, à 125,3 milliards de dollars.

La contre-performance du PIB alimente les craintes d’une récession dans les prochains mois dans un contexte de durcissement de la politique monétaire. Si l’activité fléchit, le marché américain de l’emploi reste vigoureux, avec un taux de chômage presque revenu à son niveau d’avant-pandémie, à 3,6 % de la population active, et le taux de participation au marché du travail est en progrès à 62,4 % en mars, avec un gain de près d’un point en un an.  En mars, 431 000 emplois nets ont encore été créés, notamment dans les services.

Inflation, la hausse continue en Europe

En Europe, l’inflation continue de progresser, mettant sous pression les gouvernements. La baisse du pouvoir d’achat commence à se faire ressentir au niveau de la consommation.

Sur un an, selon l’estimation provisoire de l’INSEE, le taux d’inflation en glissement annuel s’est élevé à 4,8 % en avril en France, après +4,5 % le mois précédent. Cette hausse de l’inflation serait due à une accélération des prix des services, de l’alimentation et des produits manufacturés. Les prix de l’énergie resteraient en forte hausse sur un an. Sur un an, l’indice des prix à la consommation harmonisé augmenterait de 5,4 %, après +5,1 % en mars. Sur un mois, il croîtrait de 0,5 %, après +1,6 % le mois précédent.

INSEE

Sur un mois, les prix à la consommation augmenteraient de 0,4 %, après +1,4 % en mars. Sur le seul mois d’avril, les prix de l’énergie se replieraient en lien avec la baisse des prix des produits pétroliers. La hausse des prix des produits manufacturés ralentirait. De leur côté, les prix des services accéléreraient, notamment en raison d’un net rebond saisonnier des prix des services de transports. La hausse des prix de l’alimentation serait plus soutenue que le mois précédent.

Allemagne, l’inflation toujours au-dessus des 7 %

En Allemagne, les prix à la consommation ont progressé de 0,8 % sur un mois en avril et de 7,4 % sur un an, selon les premières estimations de l’Office fédéral de la statistique (Destatis). Ce taux est le plus élevé constaté depuis l’automne 1981. En Allemagne, les prix de l’énergie ont augmenté de 35,3 % sur un an en avril. Quant à ceux des biens, ils ont progressé de 12 %. Le prix des denrées alimentaires a par ailleurs enregistré une hausse de 8,5 %, tandis que celui des services a progressé de seulement 2,9 %.

L’inflation Outre-Rhin pourrait atteindre près de 10 % d’ici l’été avec un taux sur l’année qui pourrait dépasser 8 %, soit deux points de plus que les dernières prévisions du Gouvernement. Les produits alimentaires et les voyages enregistrent des augmentations à deux chiffres. Dans plusieurs secteurs. Les revendications salariales se manifestent au sein de plusieurs secteurs. IG Metal a réclamé une « augmentation décente » de salaire de 8,2 % pour les 68 000 employés du nord-ouest de l’Allemagne et pour les quelque 8 000 sidérurgistes de l’est de l’Allemagne. Contrairement à la France dont l’inflation est endiguée par l’intervention directe du gouvernement sur les prix avec le bouclier tarifaire, Berlin a préféré verser des aides directes aux ménages pour compenser la hausse des dépenses d’énergie. La persistance d’une inflation élevée en Allemagne, la première économie de la zone euro met sous pression la Banque centrale européenne pour durcir sa politique monétaire.

Moral toujours en berne pour les ménages français

En avril, selon l’INSEE, la confiance des ménages a continué de diminuer, mais moins fortement qu’en mars. À 88, l’indicateur qui la synthétise est en retrait de deux points et reste ainsi au-dessous de sa moyenne de longue période (100). Il est à un niveau voisin des points bas atteints fin 2018 lors du mouvement des gilets jaunes et en 2020 lors des confinements. Le conflit ukrainien et la hausse des prix qui en résulte mine le moral des ménages.

INSEE

En avril, la proportion de ménages estimant qu’il est opportun de faire des achats importants recule nettement, le solde correspondant perd neuf points et se situe au-dessous de sa moyenne de longue période.Le solde d’opinion des ménages relatif à leur situation financière passée perd quatre points et reste au-dessous de sa moyenne de longue période. Le solde relatif à la situation financière personnelle future des ménages augmente de trois points, après une forte baisse en mars, et reste au-dessous de sa moyenne.

Les ménages français entendent, dans un contexte complexe, rester en mode épargne. En avril, le solde d’opinion des ménages relatif à leur capacité d’épargne future augmente de deux points. Celui relatif à leur capacité d’épargne actuelle baisse de quatre points. Le solde d’opinion concernant l’opportunité d’épargner augmente de deux points. Ces trois soldes demeurent bien au-dessus de leur moyenne de longue période.

INSEE

La part des ménages qui considèrent que le niveau de vie en France s’est amélioré au cours des douze derniers mois diminue. Le solde correspondant perd sept points et reste nettement au-dessous de sa moyenne de longue période. La proportion des ménages qui considèrent que le niveau de vie en France va s’améliorer au cours des douze prochains mois progresse après une forte baisse en mars. Le solde correspondant regagne cinq points mais reste très nettement inférieur à sa moyenne.En matière d’emploi, l’optimisme demeure. En avril, les craintes des ménages concernant l’évolution du chômage augmentent à peine. Le solde correspondant progresse d’un point, tout en demeurant nettement au-dessous de sa moyenne de longue période.

Les ménages ont revu à la hausse leur opinion sur l’évolution passée des prix, mais ils sont moins nombreux que le mois dernier à considérer que la hausse va être plus rapide au cours des prochains mois. En avril, la part des ménages qui considèrent que les prix ont augmenté au cours des douze derniers mois progresse nettement. Le solde correspondant gagne sept points et se situe au plus haut depuis l’été 2008. La part des ménages estimant que les prix vont accélérer au cours des douze prochains mois diminue nettement

Les salaires en 2020, une augmentation atypique

En 2020, année marquée par la crise sanitaire et ses confinements, un salarié du secteur privé a, selon l’INSEE, gagné en moyenne 2 518 euros nets par mois en équivalent temps plein (EQTP). Dans un contexte d’inflation modérée, le salaire net moyen en EQTP a augmenté de 3,2 % sur un an en euros constants. Cette augmentation s’explique par des modifications temporaires dans la composition de l’emploi, imputables à la crise sanitaire. Lorsqu’ils ne sont pas mesurés en équivalent temps plein mais rapportés à la durée contractuelle des emplois, les salaires perçus par les salariés au titre de leur activité ont diminué de 4 % en 2020 (en euros constants). Cette baisse a néanmoins été compensée par les indemnités versées dans le cadre du recours au chômage partiel, si bien que les revenus professionnels des salariés ont globalement augmenté en 2020 de 0,8 %.

INSEE

En 2020, les femmes ont gagné, en moyenne, 15,2 % de moins que les hommes en EQTP. Cet écart s’est réduit de 0,9 point par rapport à 2019 et de 5,7 points depuis 2008. En 2020, environ la moitié de l’écart salarial entre femmes et hommes est dû au fait que la structure des emplois par secteur d’activité, taille d’entreprise, âge, catégorie socioprofessionnelle et condition d’emploi (temps complet ou temps partiel), n’est pas la même pour les femmes et pour les hommes.

Toujours en lien avec la crise sanitaire, le salaire net moyen en EQTP en 2020 a varié entre les différentes catégories socioprofessionnelles de manière plus fortes que lors des années précédentes. Il a augmenté de 2 % pour les cadres (après − 0,7 % en 2019), de 1,9 % pour les employés (après + 1,9 %), de 1,4 % pour les professions intermédiaires (après + 1,3 %) et de 0,7 % pour les ouvriers (après + 2,0 %). Les employés ont notamment davantage bénéficié de la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (Pepa), reconduite en 2020, et, dans les établissements privés de santé, de la prime « Covid ». En 2020, les primes ont contribué au total pour 1,0 point à la hausse de leur salaire net moyen, davantage que pour les professions intermédiaires (+ 0,5 point) et les ouvriers (+ 0,4 point).

En 2020, le salaire net mensuel moyen s’est élevé dans l’industrie à 2 773 euros, à 2 275 euros dans la construction et à 2 485 euros dans le tertiaire. Fort logiquement, le salaire moyen est plus élevé dans les secteurs employant un grand nombre de cadres. Il atteint ainsi 3 750 euros dans le secteur des services financiers et 3 583 euros dans celui de l’information-communication. En revanche, il est plus faible dans le secteur des activités scientifiques et techniques (1 681 euros), qui concentre une forte proportion d’ouvriers. En 2020, le salaire net moyen a augmenté de 2,3 % en euros constants dans l’industrie, de 2,2 % dans la construction et de 3,5% dans le tertiaire. Comme dans l’ensemble du secteur privé, ces hausses sont en partie dues à la modification de la structure des emplois.

Le salaire horaire net moyen s’établit à 16,3 euros pour l’ensemble des salariés du secteur privé en 2020. Celui des cadres a atteint 28,3 euros nets en moyenne, soit 2,5 fois plus élevé que celui des employés (11,6 euros) et des ouvriers (12,0 euros). Le salaire horaire moyen a augmenté de 3,6 % en euros constants sur un an, dont + 1,9 point lié aux modifications de structure des emplois. Cette hausse a concerné toutes les catégories socioprofessionnelles : de + 1,2 % pour les ouvriers à + 2,4 % pour les employés.

En 2020, le salaire net médian en EQTP est de 2 005 euros. La moitié des salariés du secteur privé perçoit moins que ce montant. Le salaire médian est inférieur de 20,0 % au salaire moyen, ce qui traduit une plus forte concentration des salaires dans le bas de la distribution. 80 % des salariés ont un salaire net mensuel compris entre le Smic (1 219 euros) et 3 400 euros.

Les 10 % des salariés les plus modestes gagnent moins de 1  343 euros nets par mois (1er décile), tandis qu’un sur dix perçoit plus de 4 033 euros (9e décile). Un salarié sur cent gagne plus de 9 638 euros nets (99e centile), soit environ 8 fois le Smic. En 2020, les disparités salariales, mesurées par le rapport interdécile D9/D1, ont augmenté. Cet accroissement de l’écart est imputable à la crise sanitaire qui a réduit le nombre d’heures supplémentaires et les primes pour les salariés les plus modestes. Sur longue période, entre 1996 et 2020, le 1er décile a augmenté au même rythme que le 9e (+18,5 % contre + 19,1 %).

INSEE

17 millions de retraités

Fin 2020, selon le service des statistiques du ministère des Solidarités et des Santé, 16,9 millions de personnes en France étaient des retraitées de droit direct des régimes français. Leur nombre a augmenté de 1,2 % par rapport à fin 2019. Ce taux reste inférieur à celui observé entre 2005 et 2010 mais se situe dans la tendance des dernières années. Les femmes représentent 53 % des retraités.

Parmi les retraités d’un régime de base, 83 %, soit 14,1 millions de retraités, perçoivent une pension de droit direct de la CNAV. 12,0 millions reçoivent une pension complémentaire du régime unifié des salariés Agirc-Arrco. Tous régimes confondus, 716 000 retraités ont liquidé un premier droit direct à la retraite en 2020.

Fin 2020, 4,3 millions de personnes bénéficient d’une pension de retraite de droit dérivé (aussi appelée « pension de réversion »). Pour 1,0 million de ces bénéficiaires, cette pension de réversion constitue leur unique pension de retraite – certains d’entre eux peuvent avoir des droits directs de retraite mais ils n’ont pas encore liquidé leur pension. Les femmes, plus souvent veuves, représentent 88 % des bénéficiaires d’une pension de droit dérivé. Le régime général verse 2,8 millions de pensions de droit dérivé et l’Agirc-Arrco 3,0 millions.

Fin 2020, le montant mensuel moyen brut de la pension de droit direct des retraités résidant en France, après la prise en compte de l’éventuelle majoration pour trois enfants ou plus, s’élève à 1 509 euros (soit 1 400 euros nets des prélèvements sociaux). Pour l’ensemble des retraités des régimes français, y compris ceux résidant à l’étranger, ce montant est de 1 444 euros bruts. Les femmes résidant en France ont une pension de droit direct (y compris l’éventuelle majoration pour trois enfants ou plus) inférieure de 40 % à celle des hommes.

Le montant moyen de pension a diminué de 0,7 % en euros constants depuis 2015, en raison notamment de revalorisations ponctuellement inférieures à l’inflation sur la période dans certains régimes. En 2020, la pension brute moyenne a progressé de 0,3 % en euros courants et de 0,4 % en euros constants par rapport à 2019, car les prix à la consommation sont restés quasi stables entre la fin 2019 et la fin 2020. Cette évolution reflète la revalorisation différenciée des retraites de base (les pensions ont été revalorisées de 1,0 % au 1er janvier pour les retraités dont la pension tous régimes est inférieure à 2 000 euros bruts par mois, et de 0,3 % pour les retraités dont la pension tous régimes est supérieure à ce seuil) et l’absence de revalorisation des retraites complémentaires Agirc-Arrco. La pension nette moyenne augmente également, de 0,5 % en euros constants entre fin 2019 et fin 2020.

Depuis la réforme des retraites de 2010 fixant l’âge légal à 62 ans, l’âge de départ à la retraite a augmenté de 1 an et 9 mois. Fin 2020, l’âge conjoncturel de départ à la retraite s’élève à 62 ans et 4 mois pour les retraités de droit direct résidant en France. Les femmes liquident leurs droits à la retraite en moyenne 7 mois après les hommes en 2020. Elles prennent leur retraite en moyenne à 62 ans et 7 mois, contre 62 ans pour les hommes. L’écart se réduit toutefois progressivement au fil des générations. Les femmes du fait de périodes non travaillées sont contraintes de poursuivre leurs activités afin d’obtenir le nombre de trimestres suffisants ou atteindre 67 ans, âge à partir duquel la retraite est accordée à taux plein sans référence aux trimestres.

Chômage en baisse, une nouvelle carte de l’emploi émerge

Au cours du premier trimestre, la décrue du nombre de demandeurs d’emploi s’est poursuivie à un rythme rapide de -5 %. La bonne tenue de l’activité conduit à de nombreuses créations d’emploi. Un nombre croissant d’entreprises rencontrent des difficultés à recruter. La guerre en Ukraine qui a commencé le 24 février dernier a eu peu d’incidences sur le chômage en France.

En moyenne au premier trimestre 2022, selon le Ministère du Travail, en France métropolitaine, le nombre de personnes inscrites à Pôle emploi et tenues de rechercher un emploi (catégories A, B, C) s’élevait à 5 244 200. Parmi elles, 2 962 800 personnes sont sans emploi (catégorie A) et 2 281 400 exercent une activité réduite (catégories B et C).

En France métropolitaine, le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A a baissé de 5,3 % (-164 700) ce trimestre et de 16,5 % sur un an. Le nombre de personnes exerçant une activité réduite courte (catégorie B) augmente de 2,1 % par rapport au trimestre précédent et sur la même période celui des personnes en activité réduite longue (catégorie C) est stable. Au total, le nombre de demandeurs d’emploi en catégories A, B, C a diminué de 2,8 % sur ce trimestre (- 150 000) et de 8,4 % sur un an.

En France (y compris les départements-régions d’outremer, hors Mayotte), le nombre de demandeurs d’emploi s’élève à 3 192 800 pour la catégorie A. Il diminue de 5,0 % sur le trimestre (-15,7 % sur un an). Pour les catégories A, B, C ce nombre s’établit à  5 532 700. Il diminue de 2,7 % sur ce trimestre et de 8,2 % sur un an.

DARES

Plusieurs agglomérations au plein emploi

Plusieurs villes sont en situation de quasi plein emploi. Rennes, Aix en Provence, Dijon, Bordeaux, La Rochelle, Annecy, Colmar figurent parmi les villes où chaque demandeur d’emploi est en état de se voir proposer un poste.

A Pôle Emploi à la fin du premier trimestre, un million d’offres étaient disponibles avec en parallèle 3,19 millions de demandeurs d’emploi. L’inadéquation entre offre et demande d’emplois s’amplifie. Les compétences, le montant des salaires et les conditions de travail expliquent ce phénomène. Au premier trimestre, 57,9 % des projets d’embauche sont jugés difficiles par les employeurs selon Pôle emploi.

A Rennes, le nombre des postes proposés par Pôle Emploi représente 84 % des demandeurs d’emploi. Ce taux est le plus élevé de France. Rennes bénéficie depuis plusieurs années d’un fort dynamisme tout comme l’ensemble de l’Ouest de la France. Même les Cotes d’Armor qui depuis longtemps souffraient du déclin de la technopole de Lannion connaissent une embellie. La chambre de commerce et d’industrie Bretagne a comptabilisé 11 000 offres d’emploi tout au long du premier trimestre 2022. Dans cette région, 46 % des projets de recrutement concernent le secteur des services, suivi par l’industrie avec 28 % des offres.

En termes d’emplois disponibles, Annecy se classe au deuxième rang. Les offres de Pôle emploi représentent 83 % des demandeurs.  L’agglomération bénéficie de la reprise de l’activité touristique. L’hôtellerie, restauration, commerces et professionnels de la montagne figurent parmi les plus importants pourvoyeurs d’emplois. Près de deux tiers des postes proposés à Annecy sont des CDI, les entreprises souhaitant sécuriser leur recrutement. Lyon se classe parmi les villes qui offrent le plus de CDI. Les secteurs de la santé et des services créent de nombreux emplois stables. 75 % des emplois proposés le sont en CDI. Lyon devance ainsi la région parisienne dont l’activité pâtit de la léthargie de l’industrie automobile et du lent retour des touristes internationaux. En termes de dynamisme d’emplois, la ville de Paris, est doublée par des villes ou territoires de la périphérie de la région parisienne comme Aubervilliers, Nanterre, Bagneux ou le Plateau de Saclay.

Chiffre d’affaires en France en hausse sur fond de hausse des prix

En février, le chiffre d’affaires a progressé de 0,3 % dans l’industrie manufacturière (après +0,6 % en janvier) et 0,7 % dans l’industrie (après +2,2 % en janvier). En revanche, le chiffre d’affaires à l’exportation a été en baisse de 7,1 % après +4,4 % en janvier.

En février, le chiffre d’affaires est en hausse dans presque tous les secteurs. Il a augmenté pour les industries agro-alimentaires (+1,9 % après une stabilité) et dans les biens d’équipement (+1,7 % après +2,2 %). Le chiffre d’affaires a progressé aussi dans la cokéfaction et raffinage (+0,6 % après +5,5 %) et est de nouveau en nette hausse dans les industries extractives, énergie, eau, gestion des déchets et dépollution (+2,0 % après +7,5 % en janvier). Au contraire, il a diminué fortement dans les matériels de transport (–6,6 % après +1,0 % en janvier).

Sur un an, le chiffre d’affaires de l’industrie manufacturière est en forte hausse (+14,0 %), avec des effets prix importants. La hausse atteint 21 % pour l’ensemble de l’industrie. La hausse concerne tous les grands secteurs, quoiqu’avec une ampleur variable qui reflète avant tout la dispersion des hausses de prix. Sur un an, la hausse est ainsi particulièrement forte dans les industries extractives, énergie, eau, gestion des déchets et dépollution (+51,2 %), ainsi que dans la cokéfaction et raffinage (+70,0 %). La hausse est également vive dans les industries agro-alimentaires (+9,4 %), dans les matériels de transport (+8,8 %), et dans les biens d’équipement (+7,9 %).

INSEE