23 décembre 2017

C’est déjà hier du 23 décembre 2017

Trop ou pas assez de travailleurs?

En 2017, 200 000 emplois devraient être créés en France. Du fait de la croissance naturelle de la population active et du retour sur le marché du travail de personnes en âge de travailler ainsi que de la non reconduction de l’ensemble des contrats aidés, le taux de chômage ne baisse que faiblement.

Des goulets d’étranglement semblent freiner les embauches. Au mois d’octobre dernier, 38 % des entreprises déclaraient rencontrer des problèmes pour recruter. Ce taux atteignait 42 % dans l’industrie et 58 % dans le bâtiment. Il était de 34 % pour les services. Le taux de difficulté pour l’ensemble des entreprises est presque le même que celui qui prévalait avant la crise de 2008 (en octobre 2007, il était de 41 %). Pour certains, un tel taux est un signe de l’importance du chômage structurel. Avec l’évolution des techniques, une partie des demandeurs d’emploi ne serait pas employable en l’état, ce qui se traduit notamment par l’allongement de la durée du chômage.

Près d’un tiers des entreprises, selon l’INSEE, soulignent qu’elles n’arrivent pas à recruter du fait de l’absence de candidats compétents (32 %). Cette inadéquation entre offre et  demande de travail devance l’incertitude liée à la situation économique (25 %), les coûts liés à l’emploi (22 %) et la réglementation (17 %). Sans surprise, les PME éprouvent les plus fortes difficultés à trouver les bons profils. L’industrie et la construction sont les deux secteurs qui sont confrontés aux barrières les plus importantes pour recruter.

L’amélioration de la situation de l’emploi se traduit par une progression du nombre de postes à plein temps et prenant la forme de contrats à durée indéterminée. Selon le Ministère du Travail, à fin septembre, 84,4 % des salariés travaillent à temps complet dans les entreprises de 10 salariés ou plus, hors agriculture et emplois publics. Pour 14,1 % des salariés à temps complet, le temps de travail est décompté sous la forme d’un forfait en jours. Pour les autres, la durée hebdomadaire collective moyenne du travail est de 35,7 heures. C’est dans le secteur de l’hébergement et de la restauration, dans celui de la construction et dans celui des transports et entreposage que la durée hebdomadaire collective moyenne du travail est la plus élevée (plus de 36 heures par semaine).

Au 3e trimestre de l’année 2017, 81,6 % des salariés sont titulaires d’un contrat à durée indéterminée. La proportion des salariés titulaires d’un contrat à durée déterminée (CDD) s’établit à 8,4 %. Ce ratio est en légère baisse depuis 2016. Cette diminution est assez classique en période de croissance. Le poids des CDD varie avec la taille de l’entreprise : 10,7 % des salariés des entreprises de 10 à 19 salariés sont titulaires de ce type de contrat, contre 7,1 % de ceux des entreprises de 500 salariés ou plus. Le recours aux CDD dépend des secteurs d’activité. Il est faible dans les secteurs de la fabrication de matériel de transport et dans ceux de la fabrication d’équipements électriques, électroniques, informatiques et de machines (moins de 5 %). Il est élevé dans certains secteurs tertiaires où le taux peut atteindre 20 % (restauration, commerce, etc.).

La France s’est caractérisée, depuis la crise en 2008, par l’absence de baisses de salaires. Certes, le pouvoir d’achat a reculé du fait de l’évolution des prix et des prélèvements en 2011 et 2012. Avec la reprise de l’activité et la baisse du prix des pétroles, les salariés bénéficient depuis la fin de 2015 de gains de pouvoirs d’achat mais qui restent modestes au regard des périodes passées.

Sur un an, fin septembre, le salaire mensuel de base de l’ensemble des salariés a augmenté de 1,3 % quand l’indice des prix à la consommation (pour l’ensemble des ménages et hors tabac) a progressé de 0,9 % sur la même période permettant un léger gain de pouvoir d’achat de 0,4 %. Il est de 0,5 % dans l’industrie, de 0,6 % dans la construction et de 0,4 % dans les secteurs du tertiaire. Sur un an, le salaire mensuel moyen progresse de 1,6 % pour les cadres, de 1,4 % pour les professions intermédiaires, de 1,2 % pour les employés et de 1,3 % les ouvriers. En euros constants, il augmente de 0,7 % pour les cadres, de 0,5 % pour les professions intermédiaires, de 0,3 % pour les employés et de 0,4% pour les ouvriers sur la même période.

 

La fonction publique pèse un cinquième de la population active

En 2016, la population active était évaluée, en France à 29 millions de personnes de 15 ans dont 5,67 millions de salariés dépendaient, de la fonction publique, soit près de 20 %. La France est un des pays au sein de l’Europe où le poids de la fonction publique est le plus élevé. Cette situation est liée au rôle important joué par les organismes publics dans un certain nombre de domaines comme l’éducation ou la santé. Par ailleurs, le grand nombre de collectivités territoriales et la décentralisation mise en œuvre depuis 1982 ont contribué à la création de nombreux emplois publics.

Ramenée à la population active ayant un emploi, ce ratio atteint 22 %. Le nombre d’emplois dans la fonction publique a progressé de 20 400 en 2016 (+0,4 %). Les effectifs augmentent davantage hors contrats aidés (+0,5 %). En équivalent temps plein, le volume annuel de travail y compris contrats aidés augmente de 0,2 et atteint 5,30 millions.

Dans la fonction publique de l’État, l’emploi y compris contrats aidés a augmenté bien plus en 2016 qu’en 2015, + 1,0 % contre +0,1 %. Hors contrats aidés, les emplois dans la fonction publique d’État ont augmenté de 1,2 %. Les deux tiers de cette hausse ont eu pour origine l’éducation nationale, l’enseignement supérieur et la recherche. Les autres ministères qui ont enregistré une progression de leurs effectifs sont ceux qui sont en lien avec la sécurité, la Justice, la Défense et l’Intérieur. En revanche, dans les ministères économiques et financiers ou au ministère chargé de l’écologie, les effectifs étaient orientés à la baisse. Dans les établissements publics, les effectifs diminuent de 0,3 % en raison d’une forte réduction du nombre de contrats aidés (-5,4 %). Hors ces contrats, ils augmentent de 0,5 % dans ces établissements.

En hausse continue depuis les années 80, les effectifs de la fonction publique territoriale se sont quasiment stabilisés en 2015 (+0,1 %) et diminuent en 2016 (−0,4 %). Hors emplois aidés, ces évolutions sont plus nettes avec une diminution de respectivement 0,3 % et 0,2 %. C’est dans les organismes régionaux et départementaux que la baisse est la plus marquée : −1,0 % y compris contrats aidés, −0,7 % hors contrats aidés. La baisse dans le secteur communal (−0,2 %) est entièrement due aux contrats aidés dont les effectifs diminuent de 2,5 %.

Dans la fonction publique hospitalière, les effectifs continuent de ralentir en 2016 : +0,2 % après +0,3 % en 2015, y compris contrats aidés. Ils sont stables dans les hôpitaux mais restent dynamiques dans les établissements médico-sociaux (+2,1 % y compris contrats aidés et +2,5 % hors contrats aidés).

L’inflation, un retour bien modeste

En une année, pour la zone euro, le taux d’inflation annuel, selon Eurostat, a gagné près d’un point passant de 0,6 à 1,5 % au mois de novembre 2017. Pour l’Union européenne, le taux a atteint 1,8 % contre 0,6 % un an auparavant.

Les taux annuels les plus faibles ont été observés à Chypre (0,2 %), en Irlande (0,5 %) et en Finlande (0,9 %). Les taux annuels les plus élevés ont quant à eux été enregistrés en Estonie (4,5 %), en Lituanie (4,2 %) ainsi qu’au Royaume-Uni (3,1 %).  La France reste en deçà de la moyenne avec un taux de 1,2 %.

Les plus forts impacts à la hausse sur le taux d’inflation annuel de la zone euro proviennent des carburants pour le transport (+0,21 point de pourcentage), des combustibles liquides (+0,07 pp) ainsi que du lait, fromage et œufs (+0,05 pp), tandis que les télécommunications (-0,11 pp), les vêtements (-0,07 pp) et la protection sociale (-0,04 pp) ont eu les plus forts impacts à la baisse.

Même si l’Europe se rapproche du taux cible des 2 %, cela est avant tout dû à des facteurs extérieurs et conjoncturels comme la hausse des prix de l’énergie ou l’effet de la dépréciation de la livre sterling sur les prix britanniques. L’inflation sous-jacente reste nettement inférieure à 2 %, ce qui amène la Banque centrale à rester prudente sur les modalités de sortie de la politique monétaire non-conventionnelle.

 

La baisse en trompe l’œil de la dette publique

Au 3e trimestre 2017, la dette publique de la France selon les critères de Maastricht s’établissait à 2 226,1 milliards d’euros, en baisse de 5,5 milliards d’euros par rapport au trimestre précédent. D’un trimestre à un autre, cette dette connait des mouvements contradictoires. Ces variations sont liées au calendrier des émissions et de tombées des titres. Par ailleurs, le recouvrement d’une grande partie des recettes des collectivités publiques intervient en fin d’année (impôts locaux, impôt sur le revenu). De ce fait, les besoins d’endettements s’atténuent au cours du second semestre. En baisse apparente, il n’en demeure pas moins que la dette française continue sa marche en avant. Elle devrait progresser jusqu’en 2019 pour atteindre près de 100 % du PIB. Exprimée en pourcentage du produit intérieur brut (PIB), au 3e trimestre, elle diminue de 1,0 point par rapport au deuxième trimestre 2017, à 98,1 %.

Le patrimoine net des administrations publiques continue de son côté à diminuer et s’établissait à 190 milliards d’euros fin 2016, contre 255 milliards d’euros en 2015.