11 septembre 2021

C’est déjà hier – emploi – création d’entreprises, production industrielle

La création d’entreprises, un miroir de la mutation de l’économie en période d’épidémie

En 2020, 848 200 entreprises ont été créées, soit 4 % de plus qu’en 2019, constituant un nouveau record malgré le faible nombre de créations durant le premier confinement. La vente à distance, la livraison à domicile, l’amélioration des logements sont, en 2020, les grands gagnants au niveau de la création d’entreprises

La livraison à domicile, en pointe

Avec 87 900 créations, la première activité en nombre de créations en 2020 est celle des « autres activités de poste et de courrier » qui comprend la livraison à domicile. 97 % de ces créations l’ont été sous la forme de micro-entreprises. Cette activité est dynamique depuis 2014. Avec la fermeture des commerces lors des confinements, ces créations ont augmenté de 46 % en 2020 par rapport à 2019 qui avait déjà connu une forte hausse (+25 %).

Si les créations de commerces et de restaurants ont fortement diminué en mars (-42 % par rapport à mars 2019) et en avril (-56 % par rapport à avril 2019), elles ont presque retrouvé leur niveau de 2019 en mai. Entre juin et décembre, le nombre de créations y est supérieur de 79 % à 120 % par rapport aux mêmes mois un an plus tôt.

Les créations dans les activités des agences immobilières ont également diminué en avril (-72 % de créations par rapport à avril 2019), avant de fortement rebondir entre juin et octobre (+35 % à +56 % par rapport aux mêmes mois en 2019), atteignant une hausse de 14 % sur l’année 2020. Le secteur de l’immobilier est porté par l’augmentation des prix et par la volonté d’un certain nombre de ménages de déménager afin de bénéficier d’un logement plus grand et plus adapté au télétravail. Les créations d’entreprises spécialisées dans l’installation électrique ou de la fibre optique ont également progressé. Depuis la fin du premier confinement, les particuliers ont accru leurs dépenses pour l’amélioration de leur habitat. Le plan France très haut débit prévoyant la diffusion de la fibre sur l’ensemble du territoire favorise la création d’entreprise dans ce secteur (+ 91 % en un an).

Sur l’ensemble de l’année 2020, le nombre de créations est multiplié par 3,4 dans les activités de création artistique relevant des arts plastiques. Cette évolution est principalement due à la réforme du régime social des artistes-auteurs, qui a entraîné des inscriptions massives dans ces activités à partir de novembre 2019.

Des baisses de création dans les transports et les loisirs

Dans certaines activités, les créations ont chuté depuis le premier confinement mi-mars et jusqu’à la fin de l’année 2020. La plus forte diminution concerne les activités de transport de voyageurs par taxi (-31 % en 2020). Avec l’absence de touristes internationaux, les restrictions de circulation, les créations dans ce domaine sont en forte baisse. Une diminution est également constatée, sans surprise dans les « activités récréatives et de loisirs » (-29 % en 2020). La baisse la plus forte en 2020 concerne les créations dans les loisirs évènementiels (-43 %) et les loisirs en intérieur (-37 %), tandis que les activités sportives et autres loisirs en extérieur sont relativement moins touchés (-18 %). Les créations sont également en fort repli dans l’enseignement de disciplines sportives et activités de loisirs (-21 % en 2020). La baisse du nombre de créations en 2020 y est particulièrement forte pour les moniteurs de ski (-42 %) et de natation          (-28 %).

Surprise, l’emploi a effacé la crise de 2020

À la fin du deuxième trimestre 2021, le nombre d’emplois salariés avait dépassé son niveau d’avant-crise, 25,7 millions contre 25,5 millions fin décembre 2019. Par rapport au point bas du deuxième trimestre 2020, 840 000 emplois ont été créés. Pour le deuxième semestre, l’emploi salarié a augmenté dans le secteur privé de +265 100 et dans le secteur public de +24 300. Au total entre fin mars et fin juin 2021, l’emploi salarié a augmenté de 1,1 % (+289 400 emplois) après +0,6 % (+148 500) au trimestre précédent. Fin juin 2021, l’emploi salarié se situe 0,6 % au-dessus de son niveau de fin 2019 (+145 400).

INSEE

L’intérim toujours en-deçà de son niveau d’avant crise

L’intérim a joué au cœur de la crise la variable d’ajustement au niveau de l’emploi. Au premier trimestre 2020, il a enregistré une baisse de -40,3 %, soit -318 000 emplois. Avec la sortie du premier confinement, l’intérim a augmenté à nouveau, +22,1 %, +23,6 % et +5,2 % aux deuxième, troisième et quatrième trimestres 2020 (soit un total de +276 100 emplois). Au premier semestre 2021, l’emploi intérimaire augmente de nouveau mais à un rythme plus modéré, +0,2 % (+1 200) au premier trimestre et +2,4 % (+17 900) au deuxième trimestre. Ce dynamisme sur cinq trimestres consécutifs n’a pas effacé les pertes du premier trimestre 2020. Mi-2021 l’emploi intérimaire demeure inférieur de 2,9 % (-22 700) à son niveau d’avant-crise (fin 2019).

L’emploi salarié hors intérim dépasse son niveau d’avant-crise dans tous les secteurs d’activité sauf l’industrie

L’emploi industriel (hors intérim) est de nouveau quasiment stable au deuxième trimestre 2021 avec une progression de +0,1 % (soit +2 900 emplois) après +0,2 % au trimestre précédent (soit +5 900 emplois). Dans ce secteur, l’emploi est inférieur de 1,5 % à son niveau d’avant-crise (soit -48 600 par rapport à fin 2019).

Dans le tertiaire marchand hors intérim, l’emploi salarié augmente fortement au deuxième trimestre 2021, soit +2,0 % (+234 700 emplois), après une hausse de 0,7 % au trimestre précédent (+85 000). Avec la réouverture des établissements, les secteurs de l’hébergement-restauration créent de nombreux emplois (+11,7 % soit +118 300). Les emplois augmentent également dans le commerce (+1,4 %), l’information-communication (+1,8 %), les services aux entreprises (+1,3 %) et les services aux ménages (+2,2 %). Au total, mi-2021 l’emploi dans le tertiaire marchand hors intérim dépasse son niveau de fin 2019 de 0,3 % (+32 200).

Dans la construction, l’emploi salarié hors intérim ralentit nettement : +0,2 % après +2,1 % au trimestre précédent (soit +3 100 après +30 600). Il demeure au-dessus de son niveau d’avant-crise, +4,5 % par rapport à fin 2019 (+64 600).

L’emploi salarié dans le tertiaire principalement non marchand augmente de 0,4 % (+28 700), un rythme comparable à celui des deux trimestres précédents. L’emploi y dépasse largement son niveau mesuré un an auparavant, qui avait été affecté par le premier confinement, et excède aussi son niveau d’avant-crise (+1,4 % par rapport à fin 2019, soit +115 900), principalement dans le secteur de la santé (+4,0 % soit +63 700 emplois). L’emploi public, qui représente la majorité de ce secteur, augmente de 0,4 % sur le trimestre après une stabilité au trimestre précédent.

L’amélioration rapide de l’emploi traduit la force de la reprise. Le nombre de faillites d’entreprises reste très faible depuis le début de l’année, deux fois moins qu’en période normale. Dans les faits, la croissance pourrait être entravée non par le chômage mais par l’absence de personnes en capacité de travailler, ce qui est un changement par rapport à la période précédente. Il convient néanmoins de souligner qu’avant la survenue de la crise sanitaire, la situation de l’emploi s’améliorait rapidement en France, le départ de 800 000 actifs à la retraite chaque année y contribuant également.

L’industrie française, un retour à la normale pas à pas

En juillet, la production en France augmente de nouveau dans l’industrie manufacturière (+0,6 % après +1,0 %), comme dans l’ensemble de l’industrie (+0,3 % après +0,6 %). Par rapport à février 2020 (dernier mois avant le début du premier confinement), la production reste en net retrait dans l’industrie manufacturière (-5,5 %), comme dans l’ensemble de l’industrie (-4,8 %).

Compte tenu d’un « effet de base » important du fait du premier confinement de mars à mai 2020, la production des trois derniers mois est supérieure à celle des trois mêmes mois de 2020 dans l’industrie manufacturière (+10,7 %), comme dans l’ensemble de l’industrie (+10,1 %).

INSEE

industrielles. Elle est en fort recul dans les matériels de transport (-25,5 %), aussi bien dans l’industrie automobile (-27,6 %) que dans les autres matériels de transport (-24,1 %). Elle est également en net repli dans la cokéfaction-raffinage (-12,4 %). La baisse est plus contenue dans les « autres industries » (-3,3 %), dans la fabrication de biens d’équipement (-3,0 %) et les industries extractives, énergie, eau (-0,7 %). La production des industries agro-alimentaires est quant à elle supérieure à son niveau de février 2020 (+2,6 %).