26 mars 2022

C’est déjà hier – fonction publique – climat des affaires – apprentissage

Le climat des affaires rattrapé par le conflit ukrainien

En mars, selon l’INSEE, le climat des affaires, en France, chute en lien avec le conflit en Ukraine. L’indicateur qui le synthétise, calculé à partir des réponses des chefs d’entreprise des principaux secteurs d’activité marchands, perd six points. À 107, il demeure néanmoins au-dessus de sa moyenne de longue période (100). Cette dégradation du climat des affaires tient principalement au recul des soldes prospectifs dans l’industrie et à la détérioration de la situation conjoncturelle dans le commerce de gros.

Dans l’industrie, le climat des affaires se détériore fortement. Tous les soldes d’opinion contribuent à cette détérioration, tandis que le solde sur les prix de vente prévus bat un nouveau record. Dans le commerce de gros, le climat bimestriel des affaires se dégrade lui aussi fortement par rapport à janvier 2022, du fait notamment de la forte baisse des soldes d’opinion sur les livraisons reçues de l’étranger et sur le volume des ventes passées, mais aussi de la poursuite du recul des soldes sur l’activité future.  Dans le commerce de détail, le climat des affaires se dégrade également et repasse légèrement au-dessous de sa moyenne de longue période, en lien notamment avec des perspectives générales d’activité jugées nettement moins favorables que le mois précédent. Les soldes d’opinion sur les prix passés atteignent de nouveaux records. Dans les services, le climat des affaires se détériore de façon plus modérée, principalement du fait du fléchissement des soldes d’opinion sur les perspectives d’activité. Dans le bâtiment, le climat des affaires reste stable. Les tensions sur l’appareil productif demeurent vives, comme en témoigne le rebond de la part d’entreprises déclarant rencontrer des difficultés d’approvisionnement.

En mars 2022, le climat de l’emploi n’est pas affecté par la crise en Ukraine. Il reste  stable à un niveau élevé (113). Le recul du solde d’opinion sur les effectifs prévus dans l’industrie est contrebalancé par la hausse du solde sur l’évolution récente des effectifs dans le commerce de détail.

INSEE

En 2020, l’emploi dans la fonction publique continue d’augmenter

Au 31 décembre 2020, en France hors Mayotte, 5,7 millions de salariés relèvement des différentes fonctions publiques, soit 33 900 salariés de plus qu’en 2019 (+0,6 %). L’emploi augmente dans la fonction publique hospitalière et, dans une moindre mesure, dans la fonction publique de l’État. Il diminue dans la fonction publique territoriale. Le nombre de contrats aidés est de nouveau en baisse (-31,4 %), avec 35 500 salariés sous ce statut fin 2020 dont 80,3 % travaillent dans la fonction publique territoriale. Hors contrats aidés, l’emploi augmente dans l’ensemble de la fonction publique (+0,9 %) et au même rythme qu’en 2019.

Forte croissance des effectifs dans la fonction publique hospitalière

Avec la crise sanitaire, les effectifs ont, en 2020, augmenté dans la fonction publique hospitalière, +21 400 salariés, soit +1,8 %, contre +0,3 % en 2019. L’accélération de l’emploi est particulièrement forte dans les hôpitaux (+1,9 % après +0,2 %). Le nombre de contractuels augmente de 23 800 (soit +9,6 %). Toutes les catégories de personnel connaissent une hausse de leurs effectifs, aides-soignants (+8 700), infirmiers (+3 300) et personnel médical hospitalier (+2 000).

Augmentation du nombre d’emplois dans la fonction publique d’État

La fonction publique d’État demeure le principal employeur de la fonction publique, quatre agents publics sur dix y travaillant. La hausse de l’emploi amorcée en 2019 (+0,2 %) s’accentue en 2020 (+0,8 %). Cette hausse est portée par les établissements publics (+4,4 %, soit +23 600). Les établissement connaissant une forte progression du nombre d’emplois relèvent de l’Éducation nationale et du Ministère du Travail (Pôle Emploi). Dans les ministères, l’emploi diminue faiblement, à un rythme similaire à celui de 2019 (-0,2 % après -0,3 %). Il continue de baisser dans les ministères économiques et financiers (-2,4 %, soit -3 300) et aux ministères de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires (-3,2 %, soit -1 600), mais poursuit sa hausse au ministère de la Justice (+2,0 %, soit +1 800).

Diminution de l’emploi dans la  fonction publique territoriale

En 2020, les effectifs de la fonction publique territoriale baisse de 0,4 %, après +0,5 % en 2019. Hors contrats aidés, l’emploi diminue de 0,2 %, après trois années de hausse. Le nombre de fonctionnaires se contracte de  0,9 % en raison notamment d’annulations et de reports de concours ayant vocation à titulariser les agents en interne.

En 2020, stabilisation du  volume annuel de travail rémunéré

En volume annuel de travail, y compris contrats aidés, la fonction publique emploie 5,3 millions d’équivalents temps plein (EQTP), soit 6 400 de plus qu’en 2019 (+0,1 % après +0,3 %). Dans la fonction publique hospitalière, le volume d’emploi augmente moins rapidement que le nombre de salariés en fin d’année, en raison de recrutements faits lors de la vague épidémique de fin d’année.

20 % des agents sont contractuels

Les deux tiers des agents publics sont fonctionnaires en 2020. ils sont 22 200 de moins qu’en 2019. La fonction publique territoriale compte 13 400 fonctionnaires de moins en 2020. À l’inverse, le nombre de contractuels continue d’augmenter dans les trois versants : ils sont 70 800 de plus en 2020 qu’en 2019 (soit +6,3 %) et représentent un agent public sur cinq. Une partie d’entre eux avaient le statut de contrat aidé en 2019 (14 600).

Sur l’ensemble de la fonction publique, les agents de catégorie C sont les plus représentés (45,2 %), en particulier dans la fonction publique territoriale où les trois quarts des agents relèvent de cette catégorie. En revanche, dans la fonction publique d’État, plus de la moitié des agents sont de catégorie A. Les agents de cette catégorie sont chaque année un peu plus nombreux dans la fonction publique. Ils représentaient, fin 2020,  37 % des effectifs (54,6 % pour la fonction publique d’État, 12,4 % dans la fonction publique territoriale et 39,4 % dans la fonction publique hospitalière).

Féminisation accrue au sein des fonctions publiques

En 2020, 63,0 % des agents de la fonction publique sont des femmes, soit 0,3 point de plus qu’en 2019. Cette part atteint 78,1 % dans la fonction publique hospitalière. 68,5 % des enseignants  sont des femmes tout comme  91,7 % des assistants maternels et  97,0 % des sage-femmes. À l’inverse 82,5 % des militaires sont des hommes.

L’âge moyen dans la fonction publique est de 43 ans et 7 mois. Par statut, les militaires sont les plus jeunes (34 ans en moyenne), suivis des contractuels (38 ans), tandis que les fonctionnaires sont les plus âgés (46 ans).

21,7 % des salariés des fonctions publiques travaillent en temps partiel. Ce dernier est particulièrement répandu dans la fonction publique territoriale, avec plus d’un quart des agents concernés. Les femmes représentent 81,4 % des agents à temps partiel. Les contrats aidés (77,3 %) et les contractuels (41,5 %) sont souvent à temps partiel.

Taux de rotation du personnel stable

Les entrées dans les fonctions publiques (hors militaires) se sont élevées en 2020, à 471 000, soit 8,8 % des présents fin 2020. 438 100 agents en sont sortis, soit 8,2 % des présents fin 2019). Ce taux de rotation est stable. En 2020, comme en 2019, le solde entre entrées et sorties dans la fonction publique continue d’être nettement positif pour les contractuels et négatif pour les fonctionnaires. Les entrées sous statut de contractuel augmentent à 336 200 (+12 000 entrées par rapport à 2019) et représentent désormais 71 % de l’ensemble des entrées (+2 points en un an). Celles sous statut de fonctionnaire sont stables, mais demeurent nettement inférieures aux sorties (75 500 entrées de fonctionnaires, contre 179 200 sorties en 2020).

L’apprentissage et la création d’emplois en France

Longtemps maillon faible du système de formation en France, l’apprentissage connait, depuis la réforme de 2018 un véritable essor au point de peser de plus en plus dans l’emploi salarié et d’expliquer une partie de la décrue récente du chômage.

1,6 million de contrats ont été signés ces trois dernières années selon la Dares. En prenant en compte les sorties, une fois que le jeune a obtenu son diplôme ou parce qu’il a abandonné, le stock d’apprentis se situait autour de 850 000, voire 870 000, fin 2021. Ils étaient 630 000 un an plus tôt, selon les chiffres du ministère de l’Education nationale.

Pour l’OFCE ou pour l’INSEE, l’augmentation du nombre de contrats d’apprentissage, expliquerait une grande partie des emplois créés en France depuis 2019. Cette évolution contribue à la baisse rapide du chômage des jeunes dont le taux est au plus bas depuis 1981. Ce succès n’est pas sans lien avec les subventions dont bénéficient les employeurs en recourant à des apprentis. Ces derniers bénéficient d’une exonération de charges sociales et de primes à l’embauche (5 000 euros pour un mineur, 8 000 euros au-delà de 18 ans jusqu’au 30 juin 2022). Ce dispositif provoquerait un effet d’aubaine de la part des entreprises qui l’utilisent en remplacement de CDD voire de CDI. Si certains soulignent le coût croissant de l’apprentissage pour les finances publiques, d’autres mettent en avant sa participation à la décrue des dépenses de chômage et à l’amélioration de la formation des jeunes.

Selon le cabinet de conseil, Goodwill, qui a analysé les 525 600 contrats d’apprentissage privés et publics signés en 2020, un contrat coûterait 15 602 euros aux finances publiques, entre les frais pédagogiques, les primes à l’embauche, les exonérations, ou encore les subventions aux régions. Ce même contrat en rapporterait 18 970 euros grâce à la meilleure insertion des bénéficiaires sur le marché du travail et à l’augmentation des cotisations sociales et des recettes publiques générée par le gain de pouvoir d’achat de l’apprenti. L’étude indique également que l’État réalise des économies en matière de formation, le cursus des jeune étant moins long et en partie assuré par les entreprises. Le bilan net de l’apprentissage se traduirait par contrat par un gain net de 3 368 euros. 1 euro investi dans l’apprentissage en rapporterait 1,21 euro aux finances publiques.

La future majorité devra revoir le montant des primes dont le barème arrive à échéance fin juin. Les subventions versée à France Compétences, en charge du financement de l’apprentissage, et en particulier la subvention versée par l’État qui dépasse 2,7 milliards d’euros, seront également à l’ordre du  jour des discussions. Le candidat Emmanuel Macron a prévu de fusionner cet organisme avec Pôle Emploi afin d’améliorer les synergies et régler les problèmes récurrents de financement. Quel que soit le futur Président ou la future Présidente, l’apprentissage ne devrait pas échapper à une nouvelle réforme.