9 octobre 2021

C’est déjà hier – tourisme – pauvreté – niveau de vie – industrie

C’EST DÉJÀ HIER

Niveau de vie en hausse et pauvreté en baisse avant la crise sanitaire

Avant la crise sanitaire, le recul du chômage, les allégements de charges sociales, la revalorisation de la prime pour l’emploi et les dégrèvements de taxe d’habitation ont contribué à l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages ainsi qu’à la réduction du taux de pauvreté.

En 2019, selon l’enquête Revenus fiscaux et sociaux de l’INSEE, le niveau de vie annuel médian des Français est de 22 040 euros, soit 1 837 euros par mois. Ce montant partage la population en deux, la première moitié ayant un niveau de vie inférieur et la seconde un niveau de vie supérieur. Pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans, ce montant est de 3 857 euros par mois.

En 2019, le niveau de vie médian augmente de 2,6 % en euros constants, c’est-à-dire en corrigeant de l’évolution de l’indice des prix à la consommation. Cette hausse est la plus forte depuis 2001 et elle est très supérieure à la moyenne enregistrée depuis les vingt dernières années (+0,8 % en moyenne par an).

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La forte progression du niveau de vie médian s’explique par la faible inflation et par la progression des salaires qui a été relativement forte pour les personnes se situant entre le troisième décile et le neuvième décile de niveau de vie. Cette augmentation est en partie due à la fin de l’effet du basculement des cotisations chômage sur la contribution sociale généralisée (CSG) et aux mesures d’urgence économique et sociale telles que la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat adoptée à la suite de la crise des gilets jaunes. La suppression partielle de la taxe d’habitation a également profité à de nombreux ménages. À ces différents facteurs, il convient d’ajouter la bonne tenue du marché de l’emploi.

En 2019, le niveau de vie du premier décile a progressé de +3,2 %, à 11 760 euros quand celui des 10 % les plus aisés est d’au moins 39 930 euros (+1,0 %).

Une diminution des inégalités

Les principaux indicateurs d’inégalités de niveau de vie ont baissé en 2019. L’indicateur de Gini a diminué de 0,009 point à 0,289. Le rapport interdécile D9/D1, rapport entre le niveau de vie plancher des 10 % les plus aisés et le niveau de vie plafond des 10 % les plus modestes, est de 3,42 (-0,07 point sur un an). En 2019, les 20 % de personnes les plus aisées perçoivent 38 % de la masse totale des niveaux de vie et les 20 % les plus modestes, 9 %.

Les inégalités de niveau de vie avaient augmenté après la crise économique de 2008. Après un repli en 2012 et 2013 dû à la baisse plus tardive des plus hauts niveaux de vie, elles s’étaient stabilisées jusqu’en 2017. En 2018, dans un contexte de fiscalité plus favorable aux ménages les plus aisés qui avait notamment conduit à une hausse marquée des revenus financiers, les inégalités de niveau de vie ont augmenté. En 2019, la baisse des revenus financiers, la baisse du chômage et l’amélioration des salaires ont eu l’effet l’inverse.

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En France, le seuil de pauvreté monétaire fixé par convention à 60 % du niveau de vie médian a diminué en 2019.  9,2 millions de personnes vivaient en dessous de ce seuil, soit 80 000 personnes de moins qu’en 2018. Le seuil de pauvreté s’établissait à 1 102 euros par mois correspondant à un revenu disponible de 2 314 euros par mois pour un couple avec deux enfants de moins de quatorze ans.

Le taux de pauvreté monétaire était de 14,6 % en 2019, en baisse de 0,2 point par rapport à 2018.

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En 2019, le niveau de vie médian des personnes pauvres a évolué à un rythme proche de celui de l’ensemble de la population (+2,4 %). La moitié des personnes pauvres a un niveau de vie inférieur à 885 euros par mois.  En 2019, la part de chômeurs en situation de pauvreté monétaire était près de 5 fois supérieure à celle des actifs occupés (38,9 % contre 8,1 %), et cet écart s’accroît. Le taux de pauvreté des chômeurs a progressé de 1,1 point quand celui des personnes en emploi diminuait légèrement (-0,3 point).

Au sein des inactifs, le niveau de vie médian des retraités augmente de 1,5 %, une hausse moins élevée que celle des actifs (+2,7 %). Les retraités de niveaux de vie intermédiaires ont bénéficié du rétablissement à 6,6 % du taux de contribution sociale généralisée (CSG) sur les revenus de remplacement, qui avait augmenté de 1,7 point en 2018. L’ensemble des retraités, en particulier les plus pauvres qui n’étaient pas concernés par cette dernière mesure, ont été pénalisés par la non-revalorisation des pensions servies par le régime général. Le taux de pauvreté des retraités a augmenté de 0,8 point en 2019. Il demeure, cependant, très inférieur à celui de l’ensemble de la population (9,5 % contre 14,6 %).

Le taux de pauvreté des enfants de moins de 18 ans a, de son côté, diminué de 0,8 point et a atteint 20,2 % en 2019. Cette baisse traduit notamment les évolutions du taux de pauvreté des familles monoparentales (-2,5 points) et, dans une moindre mesure, celui des couples avec un ou deux enfants (-0,4 point). Cette amélioration est imputable à la baisse du chômage et à la hausse des salaires en bas de la distribution. Le taux de pauvreté des familles monoparentales reste élevé (32,8 %). Il est supérieur à celui des personnes seules (20,6 % lorsque la personne de référence a moins de 65 ans), à celui des couples sans enfant (7,2 %) ou à celui des couples avec un ou deux enfants (8,9 %).

Pour l’année 2020, le taux de pauvreté a dû légèrement augmenter avec la baisse des revenus salariaux même si l’État a compensé une grande partie des pertes. Le pouvoir d’achat des ménages a, en effet, continué à croître durant la crise. En 2021, une hausse record est même attendue. La reprise s’accompagne, par ailleurs, d’un fort mouvement de création d’emplois.

Tourisme, un été bleu blanc rouge

Compte tenu du nombre réduit de touristes internationaux durant l’été en France, la saison estivale a été relativement correcte. La fréquentation hôtelière de juillet s’est établie à 81 % de son niveau de juillet 2019. Ce résultat est supérieur à celui de juillet 2019 (65 %). Cette amélioration est à mettre sur le compte des résidents  qui sont à  l’origine, en juillet 2021, de 14,8 millions de nuitées hôtelières. En juillet 2021, les touristes (résidents et étrangers) ont passé 18,9 millions de nuitées dans les hôtels en France, soit 81 % du niveau d’avant-crise (23,4 millions de nuitées en juillet 2019. Selon l’enquête de suivi de la demande touristique, les résidents sont partis en vacances dans les mêmes proportions qu’en 2019 (31 %, contre 30 % en 2020). Les résidents sont davantage partis en France (123 millions de nuitées en juillet 2021 contre 117 en juillet 2020 et 112 en juillet 2019).

Le manque cruel de touristes étrangers

Les nuitées des touristes non-résidents sont en forte baisse en 2021 par rapport en 2019 (57 % de nuitées en moins) sans atteindre pour autant le point bas de juillet 2020 (68 % des nuitées en moins). Les Britanniques et les Américains ont été cinq fois moins nombreux à fréquenter la France cet été qu’avant la crise. Par rapport à l’année précédente, la progression du tourisme des non-résidents en juillet 2021 provient quasi-exclusivement des pays géographiquement proches (Belgique, Allemagne, Pays-Bas et Suisse). Le retour des clientèles italiennes et espagnoles est quant à lui resté très partiel (respectivement 40 % et 33 % du niveau de fréquentation de juillet 2019). La fréquentation chinoise, en particulier, s’est limitée à environ 20 000 nuitées hôtelières en juillet 2021, contre 400 000 en juillet 2019.

L’Île-de-France, première victime de l’absence de touristes internationaux

Le dynamisme du tourisme des résidents ne semble pas avoir bénéficié à l’Île-de-France, où la fréquentation hôtelière est apparue très en retrait en juillet (3,3 millions de nuitées hôtelières contre 6,7 en juillet 2019). Cette baisse de moitié par rapport à l’été 2019 est principalement le fait de l’absence d’une grande partie de la clientèle internationale qui est passée de 4,1 millions de nuitées en juillet 2019 à 1,1 en juillet 2021. À la différence des autres régions, les résidents n’ont pas compensé l’absence de touristes internationaux. En Île-de-France, le nombre de nuitées hôtelières des résidents est passé de 2,7 millions en juillet 2019 à 2,2 millions en juillet 2021. La situation de Paris est comparable à celle des autres grandes capitales.

La production industrielle toujours à la chasse de son niveau d’avant-crise

En France, au mois d’août, la production des trois derniers mois est supérieure à celle des trois mêmes mois de 2020 dans l’industrie manufacturière de +5,1 %, et de +4,9 % pour l’ensemble de l’industrie. Sur cette période, la production augmente nettement dans toutes les branches : les biens d’équipement (+6,0 %), les industries extractives, énergie, eau (+3,8 %), les industries agro-alimentaires (+3,4 %), les matériels de transport (+1,9 %) et la cokéfaction-raffinage (+7,9 %). Cette hausse s’explique évidemment par un effet base, l’été 2020 étant encore marqué par le choc du premier confinement.  Pour le seul mois d’août 2021, la production a augmenté de nouveau dans l’industrie manufacturière de +1,1 % après +0,7 % en juillet comme dans l’ensemble de l’industrie (+1,0 % après +0,5 %). Par rapport à février 2020 (dernier mois avant le début du premier confinement), la production reste en retrait dans l’industrie manufacturière (-4,5 %) ainsi que dans l’ensemble de l’industrie (-3,9 %).

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En août, la production a progressé dans les biens d’équipement (+1,8 %, après -0,3 %), dans les industries extractives, énergie, eau (+0,5 % après -1,0 %) et dans la cokéfaction-raffinage (+3,2 % après -7,4 %). Elle s’est, en revanche contractée dans les industries agro-alimentaires (-1,6 % après +1,7 %) et dans les matériels de transport (-1,6 % après +7,0 %).

En août 2021, la production demeure en retrait par rapport à son niveau de février 2020 dans la plupart des branches industrielles. Elle reste en fort recul en particulier dans les matériels de transport (-23,8 %), aussi bien dans l’industrie automobile (-20,1 %) que dans les autres matériels de transport (-26,3 %). Elle est également en net repli dans la cokéfaction-raffinage (-9,7 %). La baisse est plus contenue dans la fabrication de biens d’équipement (-2,6 %), dans les « autres industries » (-1,5 %), ainsi que dans les industries extractives, énergie, eau (-0,3 %). La production des industries agro-alimentaires est quant à elle supérieure à son niveau de février 2020 (+0,9 %).