28 octobre 2023

Coin des tendances – punaises – banques américaines

La guerre des punaises est engagée

L’épidémie de punaises à Paris, ces dernières semaines, est devenue une affaire d’État. Une polémique est née tant sur ses causes de cette invasion que sur les moyens pour éradiquer ses petits insectes dont le risque pour la santé humaine est faible. Ils provoquent des démangeaisons mais ne sont pas à l’origine d’infections secondaires. Leur effet réel est avant tout d’ordre psychologique. Les punaises en se propageant sur les lits posent un problème d’altérité. Elles proviennent de l’extérieur. Elles renvoient à des peurs multiséculaires. Elles seraient la conséquence d’une mauvaise hygiène. La mondialisation, le surtourisme seraient à l’origine de leur propagation. La multiplication des échanges n’est certainement pas sans rapport avec leur présence insistante à Paris. D’autres facteurs doivent néanmoins être pris en compte comme le réchauffement climatique et la résistance des punaises aux insecticides.

Les punaises ne sont pas que parisiennes. Elles ne respectent aucune frontière. À Zurich, le nombre de logements infectés en dix ans a été multiplié par cinq. À New York, le même phénomène est constaté. Dans toutes les grandes villes du monde, la punaise tisse sa toile. Les punaises cohabitent avec les humains depuis des centaines de milliers d’années. Elles étaient déjà présentes dans les grottes et se nourrissaient du sang des chauve-souris.Elles recherchent des endroits chauds et sombres. Les villes et leurs immeubles sont parfaits pour leur prolifération. Les insectes s’abritent dans les recoins des meubles, dans les coutures des matelas ou dans les fissures des murs et sortent pour se nourrir la nuit. Le chauffage et l’humidité accélèrent leur cycle de vie.

L’introduction et l’utilisation généralisée d’insecticides tels que le DDT au lendemain de la Seconde Guerre mondiale a éradiqué de nombreux insectes au point de porter atteinte à la biodiversité. Mais, le recours aux produits chimiques a amené un processus de sélection génétique favorisant l’émergence d’insectes plus résistants. Les punaises de lit modernes sont des mutantes et sont presque devenues invulnérables à certains insecticides. Par ailleurs, de nombreux insecticides jugés dangereux pour l’environnement et pour les êtres humains ont été interdits à la vente rendant plus difficile l’élimination des nuisibles.

Jusqu’à maintenant, la lutte contre les punaises a faiblement mobilisé les entreprises d’insecticide car les nuisances générées par cet insecte étaient faibles et que le marché était étroit. La médiatisation des invasions urbaines de punaises pourrait changer la donne et déboucher sur de nouveaux traitements. Les professionnels de la lutte contre les insectes proposent de nouvelles méthodes d’élimination : la terre de diatomées, une poudre de silicate blanc pouvant tuer les insectes en les desséchant, les sprays de polymères qui les piègent, la diffusion de chaleur sèche au-delà de 45°C. Ces traitements ont l’inconvénients d’être onéreux.

Banques, quand les États-Unis veulent s’aligner sur l’Europe

Après la crise des subprimes de 2007/2009, la réglementation prudentielle avait été renforcée aux États-Unis comme en Europe pour renforcer la solidité des établissements financiers. Au printemps dernier, les difficultés rencontrées par certains d’entre eux conduit les législateurs à s’interroger sur l’efficacité des mesures prises il y a une dizaine d’années. Aux États-Unis, de nouvelles propositions se font jour dont une visant à imposer aux banques d’accroître de 16 % leurs fonds propres de haute qualité. L’idée serait d’aligner la réglementation américaine sur celle pratiquée en Europe. Le débat outre-Atlantique est sur ce sujet houleux entre les tenants de la législation actuelle et ceux qui exigent un renforcement de la sécurité.

La Silicon Valley Bank qui disposait de 212 milliards de dollars d’actifs, a été acculée à la faillite en mars après avoir subi des pertes importantes sur son portefeuille obligataire en raison de la hausse des taux d’intérêt. La banque détenant moins de

700 milliards de dollars d’actifs, n’était pas tenue d’évaluer son portefeuille obligataire aux prix du marché pour le calcul de son coussin de sécurité. Si elle avait été soumise à cette obligation, le régulateur aurait pu constater, avant la faillite, que son coussin de sécurité était insuffisant compte tenu des caractéristiques des obligations que la banque possédait. La proposition de loi américaine prévoit d’abaisser le seuil des actifs à 100 milliards de dollars. Ce changement de seuil obligera les banques à renforcer leurs fonds propres. Pour les grandes banques, les exigences resteront identiques. Elles ont été préservées de la crise du printemps dernier. Elles ont même récupéré les dépôts en provenance des petites institutions financières. La hausse des taux d’intérêt a amélioré leurs profits en augmentant le montant qu’elles peuvent exiger sur les prêts. Dans les rapports sur les résultats publiés en octobre, JPMorgan, Bank of America et Citigroup ont enregistré une hausse des marges nettes d’intérêts au troisième trimestre.

Les nouvelles règles prudentielles ont néanmoins quelques inconvénients. Elles pourraient renchérir le coût de l’intermédiation financière et la rendre plus difficile.  Si les régulateurs négligent le shadow banking, celui-ci pourrait se développer. Malgré tout, compte tenu du coût des crises financières, le durcissement du cadre prudentiel est souhaitable. Aux États-Unis, la crise de 2007/2009 aurait coûté à chaque habitant plus de 70 000 dollars. Les krachs bancaires sont les plus douloureux et les plus longs à résorber.

Le système financier américain n’est pas à l’abri de nouvelles turbulences d’autant plus que le nouveau cadre prudentiel n’a pas été encore adopté. Les portefeuilles obligataires continuent de se déprécier. Fin juillet, les pertes latentes sur titres des banques s’élevaient à 558 milliards de dollars. Avec le maintien de taux élevés durant une période assez longue, aucune détente n’est attendue sur ce front. Face à cette situation, les établissements en difficulté n’auront d’autre solution que de se faire racheter à bas prix par des institutions financières disposant de fonds propres suffisants.