26 juillet 2024

Conjoncture – croissance – inflation – emploi – création d’entreprises – ascenseur social

États-Unis, la croissance avant tout

Selon le Bureau of Economic Analysis a publié, le taux de croissance des États-Unis, au deuxième trimestre, a atteint 2,8 % en rythme annuel. Ce taux est supérieur aux prévisions du marché (2,1 %). Le résultat du deuxième trimestre traduit une accélération de la croissance qui n’avait été que de 1,4 % au premier trimestre.

La situation américaine semble, sur le plan économique, idéale : un ralentissement de l’inflation, une légère augmentation du chômage et une activité qui reste bien plus dynamique qu’en Europe. Cette situation devrait permettre à la banque centrale de baisser ses taux directeurs à la rentrée.

La consommation des ménages américains a progressé de 2,3 % au deuxième trimestre contre une hausse de 1,5 % au premier. Elle a été soutenue par la désinflation et par les revalorisations salariales. L’index de la consommation individuelle (PCE) n’a crû que de 2,6 %, contre 4,3 % le trimestre précédent.

Seul point négatif, au deuxième trimestre, l’investissement des ménages dans le logement a diminué. Par ailleurs, une grande partie de la croissance du deuxième trimestre provient de la hausse des stocks ce qui peut conduire à un ralentissement au troisième trimestre.

Légère amélioration du moral des ménages en France

En juillet, la confiance des ménages augmente légèrement selon l’INSEE. À 91, l’indicateur qui la synthétise augmente d’un point mais reste bien au-dessous de sa moyenne de longue période (100 entre janvier 1987 et décembre 2023).

En juillet, l’opinion des ménages sur leur situation financière passée et future s’améliore. La proportion de ménages estimant qu’il est opportun de faire des achats importants est stable. Le solde associé reste bien au-dessous de sa moyenne de long terme. Avec une vision plus positive de leur situation financière à venir, les ménages estiment que leur capacité d’épargne future s’améliore. En revanche, la part des ménages considérant qu’il est opportun d’épargner diminue de nouveau. Le solde correspondant perd trois points, après avoir perdu un point en juin 2024, mais reste bien au-dessus de sa moyenne de long terme. Cette baisse peut s’expliquer par un regain de confiance dans l’avenir et donc par une diminution de la propension à l’épargne de précaution.

En juillet, l’opinion des ménages sur le niveau de vie futur en France est stable. Celle sur le niveau de vie passé s’améliore légèrement. Les craintes des ménages concernant l’évolution du chômage augmentent, en revanche, mais elles demeurent inférieures à leur moyenne de longue période.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Climat des affaires, un début d’été maussade

En juillet, le climat des affaires en France se dégrade fortement par rapport à juin. À 94, l’indicateur qui le synthétise, calculé à partir des réponses des chefs d’entreprise des principaux secteurs d’activité marchands, perd cinq points et se situe bien au-dessous de sa moyenne de longue période (100). Il atteint son plus bas niveau depuis février 2021. Tous les secteurs d’activité contribuent à cette détérioration. Ce trou d’air d’avant Jeux Olympiques est lié à une faible fréquentation touristique et par l’attentisme généré par la situation politique.

Cercle de l’Épargne – données INSEE

Le climat des affaires dans le commerce de gros, se dégrade entre mai et juillet, pénalisé par le recul des soldes d’opinion sur les ventes passées et les perspectives générales d’activité du secteur. Dans les services, le climat des affaires est en net recul en lien avec la baisse du tourisme. Dans le commerce de détail (y compris commerce et réparation d’automobiles), le climat des affaires se dégrade également à la suite de la détérioration des soldes sur les intentions de commandes et les perspectives générales. Dans l’industrie, le climat des affaires est aussi en retrait en raison de la baisse du solde d’opinion sur les carnets de commandes étrangers. Dans le bâtiment, l’indicateur de climat des affaires baisse légèrement et passe sous sa moyenne de longue période.

En juillet 2024, l’indicateur synthétique de climat de l’emploi se dégrade également nettement. À 96, il perd quatre points par rapport à juin et s’écarte de sa moyenne de longue période (100). Cette détérioration résulte principalement du recul des soldes d’opinion relatifs à l’évolution récente et à venir des effectifs dans les services (intérim, comme hors intérim).

La baisse du moral des dirigeants d’entreprise est en phase avec les mauvaises nouvelles en provenance de l’étranger : le ralentissement de l’économie chinoise, la croissance plus faible que prévu dans la zone euro, les incertitudes américaines. Les responsables économiques sont également inquiets de l’évolution de la situation économique et financière de la France après les élections législatives du 30 juin et du 7 juillet derniers. Ces derniers mois, la croissance avait été portée, en France, par les travaux rendus nécessaires par les Jeux Olympiques. Leur achèvement devrait provoquer un contrecoup à l’automne. La croissance pourrait donc s’affadir dans les prochains mois.

L’ascenseur social fonctionne encore pour les descendants d’immigrés

En 2019-2020, selon l’INSEE, 1,8 million de descendants d’immigrés, âgés de 35 à 59 ans, en emploi ou ayant déjà travaillé, vivent en France hors Mayotte. Ils ont majoritairement des origines européennes (Europe du Sud pour 44 % d’entre eux) ou maghrébines (35 %). La majorité des descendants d’immigrés occupe une position sociale différente de leurs parents. 69 % des hommes descendants d’immigrés âgés de 35 à 59 ans en emploi ou ayant déjà travaillé relèvent d’un groupe socioprofessionnel différent de celui de leur père, contre 65 % parmi ceux sans ascendance migratoire. Pour les femmes par rapport à leur mère, ces proportions sont respectivement de 73 % et 70 %.

La répartition des descendants d’immigrés selon le groupe socioprofessionnel est assez proche de celle des personnes sans ascendance migratoire, même si les premiers occupent plus souvent des positions moins qualifiées. 16 % des descendants d’immigrés âgés de 35 à 59 ans en emploi ou ayant déjà travaillé sont cadres, contre 20 % des personnes sans ascendance migratoire. 52 % des descendants d’immigrés sont ouvriers ou employés, dont 19 % non qualifiés, contre respectivement 46 % et 16 % des personnes sans ascendance migratoire.

La mobilité sociale des descendants d’immigrés, observée par rapport aux parents qui ont été en emploi, est supérieure à celle des personnes sans ascendance migratoire. La suite de l’analyse se concentre sur la mobilité verticale, entre salariés, qui représente la majorité des mouvements (près de huit sur dix).

La mobilité sociale ascendante est nettement plus fréquente parmi les descendants d’immigrés. 37 % des hommes descendants d’immigrés relèvent d’un groupe social de salariés supérieur à celui de leur père , contre 27 % des hommes sans ascendance migratoire. Pour les femmes, l’écart est également de 10 points. 49 % des descendantes d’immigrés appartiennent à un groupe social supérieur à celui de leur mère salariée, contre 39 % des femmes sans ascendance migratoire.

Les situations de mobilité descendante sont, à l’inverse, moins fréquentes parmi les descendants d’immigrés que pour les personnes sans ascendance migratoire, mais l’écart est de moindre ampleur : -1 point pour les femmes et -4 points pour les hommes.

La mobilité sociale ascendante est plus forte lorsque les deux parents sont immigrés. Pour les hommes par rapport au père, elle atteint 43 %, soit 6 points de plus que parmi l’ensemble des descendants d’immigrés, et 16 points de plus que parmi les personnes sans ascendance migratoire. Pour les femmes par rapport à leur mère, la proportion est de 60 %, soit respectivement 11 points et 20 points de plus.

Les femmes ont tendance à s’élever socialement par rapport à leur mère, qu’elles soient ou non descendantes d’immigrés. En 2019-2020, les femmes sans ascendance migratoire occupent trois fois plus souvent une position sociale supérieure à leur mère qu’une position inférieure. Cette mobilité ascendante s’amplifie parmi les descendantes d’immigrés. En particulier, quand les deux parents sont immigrés, le taux de mobilité ascendante des femmes par rapport à leur mère est dix fois plus élevé que le taux de mobilité descendante. La mobilité ascendante des femmes descendantes d’immigrés par rapport au père l’emporte aussi : 34 % contre 20 % de mobilité descendante quand un seul parent est immigré, et même 42 % contre 18 % quand les deux parents sont immigrés. Ce n’est pas le cas pour les femmes sans ascendance migratoire.

Les mouvements ascendants étant d’autant plus fréquents que le parent occupe une position basse dans l’échelle sociale, la mobilité sociale ascendante observée parmi les descendants d’immigrés s’en trouve mécaniquement augmentée. À l’inverse, la mobilité descendante des personnes sans ascendance migratoire est plus fréquente, leurs parents étant plus souvent cadres ou exerçant une profession intermédiaire.

Quand la mère ou le père était employé ou ouvrier non qualifié, les descendants d’immigrés ont une mobilité ascendante nettement plus fréquente (73 % pour les femmes par rapport à leur mère, 78 % pour les hommes par rapport à leur père) que lorsque la mère ou le père était ouvrier ou employé qualifié (46 % pour les femmes par rapport à leur mère, 43 % pour les hommes par rapport à leur père). Leur mobilité ascendante est aussi légèrement supérieure à celle des personnes sans ascendance migratoire dont les parents sont employés ou ouvriers non qualifiés (70 % pour les femmes par rapport à leurs mères, 76 % pour les hommes par rapport à leur père). En revanche, quand le père était ouvrier ou employé qualifié, les descendants d’immigrés ont une mobilité ascendante identique à celle des hommes sans ascendance migratoire (43 %).

Quel que soit leur statut migratoire, près de 15 % des hommes dont le père était salarié sont devenus cadres alors que leur père ne l’était pas, et, pour les femmes, 16 % par rapport à leur mère. L’accès au statut de cadre est d’autant plus fréquent que le parent occupait une position sociale élevée. Les hommes descendants d’immigrés sont devenus cadres un peu plus souvent que les hommes sans ascendance migratoire quand le père était non qualifié (12 % contre 10 %), aussi souvent quand il était ouvrier ou employé qualifié, mais moins fréquemment quand il exerçait une profession intermédiaire (26 % contre 33 %). Les trois quarts des descendants d’immigrés devenus cadres avaient un père ouvrier ou employé, contre la moitié des personnes sans ascendance migratoire.12 % des hommes sans ascendance migratoire sont cadres comme leur père, contre 5 % des descendants d’immigrés. Les descendants d’immigrés salariés sont ainsi moins souvent cadres que les personnes sans ascendance migratoire : 19 % des hommes dont le père était salarié sont cadres, contre 27 % des hommes sans ascendance migratoire (17 % et 20 % pour les femmes dont la mère était salariée).

À caractéristiques sociodémographiques données telles que l’âge, le sexe, le niveau de diplôme, la taille de l’unité urbaine de résidence, le groupe socioprofessionnel de l’autre parent ou encore le secteur d’activité, les descendants d’immigrés, pour chaque groupe socioprofessionnel d’origine, ont autant de chances, mais pas davantage, de progresser dans l’échelle sociale que les personnes sans ascendance migratoire.

La mobilité sociale varie en premier lieu, et de loin, en fonction du niveau de diplôme. Au sein des salariés dont le parent était non-cadre, les titulaires d’un diplôme du supérieur long (bac+3 ou plus) ont, selon le groupe social du parent, 4 à 15 fois plus de chances que les diplômés d’un baccalauréat de bénéficier d’une mobilité ascendante plutôt que descendante ou d’un statu quo. L’effet du diplôme du supérieur long est d’autant plus fort que le groupe social du parent est élevé. Quand le parent était cadre, les diplômés du supérieur long ont 11 à 13 fois plus de chances d’être dans le même groupe social que leur parent plutôt que de subir une mobilité descendante. L’effet d’un diplôme du supérieur court (bac+2) est également positif mais de moindre ampleur.

Dans leur ensemble, les descendants d’immigrés âgés de 35 à 59 ans sont moins souvent diplômés du supérieur que les personnes sans ascendance migratoire (36 % contre 41 %).

L’effet du diplôme sur les chances de mobilité ascendante, à autres caractéristiques données, peut varier selon le statut migratoire. De fait, c’est le cas pour les groupes sociaux d’origine les plus élevés. Ainsi, quand le père exerçait une profession intermédiaire, les descendants d’immigrés diplômés du supérieur long ont 26 fois plus de chances de devenir cadres par rapport à ceux qui sont diplômés au plus du baccalauréat ; ce rapport est plus faible pour les personnes sans ascendance migratoire (15 fois plus). De même, lorsque le père était cadre, les descendants d’immigrés diplômés du supérieur long ont 39 fois plus de chances de rester cadres, par rapport aux descendants d’immigrés diplômés au plus du baccalauréat ; à nouveau, ce rapport est moindre pour les personnes sans ascendance migratoire (13 fois plus).

Comme pour la mobilité ascendante en général, les chances d’accès au statut de cadre ne dépendent pas du statut migratoire. Ainsi, à caractéristiques sociodémographiques comparables, parmi les personnes ayant un parent non-cadre, un descendant d’immigrés a les mêmes chances de devenir cadre qu’une personne sans ascendance migratoire. Ce constat reste valable quelle que soit la configuration socioprofessionnelle du couple parental, que l’un des deux parents ait travaillé ou non, qu’il ait été cadre ou non, et y compris lorsque le champ est élargi aux parents non-salariés. Pour l’accès au statut de cadre, l’obtention d’un diplôme du supérieur, notamment du supérieur long, est déterminante et les hommes ont 2 fois plus de chances de devenir cadres que les femmes, par rapport à la mère comme au père.

Création d’entreprises, un dynamisme qui ne se démord pas

En données brutes, le nombre total d’entreprises créées au cours des douze derniers mois (juillet 2023 à juin 2024) a, selon l’INSEE, progressé de 6,1 % en glissement annuel. Les créations d’entreprises sous le régime de micro-entrepreneur ont augmenté de 9,2 % quand le nombre de création de sociétés a connu une croissance de 0,8 % et celui des entreprises individuelles classiques de 1,7 %.

En revanche, en juin, le nombre total de créations d’entreprises, tous types d’entreprises confondus, a diminué de 0,7 % après une croissance de +3,3 % en mai, en données corrigées des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables. Les immatriculations de micro-entrepreneurs s’est contracté de ‑2,5 % après +4,0 % en mai tandis que les créations d’entreprises classiques ont augmenté de +2,6 % après +2,1 %.

Sur l’ensemble du deuxième trimestre, la création d’entreprises a fortement progressé. En données brutes, le nombre cumulé d’entreprises créées au deuxième trimestre 2024 s’est accru de 9,6 % par rapport à la même période de 2023. Les créations d’entreprises individuelles sous le régime de micro-entrepreneur ont enregistré une hausse de 12,5 % et celle des sociétés de 6,2 %. Les entreprises individuelles classiques ont connu une progression plus lente des créations (+0,9 %).

Bonne tenue de l’emploi malgré la faible croissance

Le chômage ne s’aggrave pas en France malgré une croissance qui demeure faible. Les besoins en main-d’œuvre restent élevés dans de nombreux secteurs. Les départs importants à la retraite contribuent également à la stabilisation du nombre de demandeurs d’emploi.

En moyenne au deuxième trimestre, en France métropolitaine, le nombre de personnes inscrites à France Travail et tenues de rechercher un emploi (catégories A, B, C) s’est élevé à 5 112 700. Parmi elles, 2 808 700 personnes sont sans emploi (catégorie A) et 2 303 900 exercent une activité réduite (catégories B, C).

En France métropolitaine, le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A a diminué de 0,4 % (-11 100) au deuxième trimestre et a augmenté 0,3 % sur un an. Le nombre de personnes exerçant une activité réduite courte (catégorie B) a baissé de 0,1 % par rapport au trimestre précédent et sur la même période celui des personnes en activité réduite longue (catégorie C) est stable. Au total, le nombre de demandeurs d’emploi en catégories A, B, C s’est contracté de 0,2 % sur ce trimestre (-11 600) et croît de 0,8 % sur un an.

En France (y compris les départements-régions d’outre-mer, hors Mayotte), le nombre de demandeurs d’emploi était de 3 016 400 pour la catégorie A, en baisse de 0,4 % sur le trimestre (+0,2 % sur un an). Pour les catégories A, B, C ce nombre s’élevait à 5 389 000, en diminution de 0,2 % sur ce trimestre et en hausse de 0,8 % sur un an.

DARESW