23 janvier 2025

Conjoncture – familles – déficits publics – climat des affaires

Climat des affaires en France : toujours morose

En janvier, le climat des affaires en France, mesuré par l’INSEE, est quasi stable. À 95, l’indicateur, calculé à partir des réponses des chefs d’entreprise des principaux secteurs d’activité marchands, gagne un point (après arrondi) et reste en deçà de sa moyenne de longue période (100). Le climat des affaires est stable dans les services, le bâtiment et le commerce de détail, mais se dégrade dans l’industrie et le commerce de gros.

Dans les services, le climat des affaires est stable en janvier. À 96, l’indicateur qui le synthétise reste en dessous de sa moyenne de longue période (100) pour le troisième mois consécutif. Dans l’industrie du bâtiment, le climat des affaires est également stable. À 98, l’indicateur synthétique se maintient en dessous de sa moyenne de long terme (100). Néanmoins, l’opinion des chefs d’entreprise sur leur activité future s’améliore. Malgré cela, ils demeurent pessimistes quant à l’évolution globale de l’activité dans le secteur. Dans le commerce de détail (y compris le commerce et la réparation d’automobiles), le climat des affaires reste également stable.

En revanche, dans l’industrie, le climat des affaires est en recul. À 95, l’indicateur s’éloigne davantage de sa moyenne de longue période (100). Les soldes d’opinion sur les carnets de commandes sont en nette baisse. Dans le commerce de gros, l’indicateur bimestriel du climat des affaires se dégrade de nouveau, perdant deux points par rapport à novembre 2024. À 91, l’indicateur qui le synthétise atteint son plus bas niveau depuis septembre 2014 (hors période de Covid).

Enfin, en janvier, l’indicateur synthétique du climat de l’emploi s’améliore légèrement. À 98, il gagne un point et se rapproche de sa moyenne de longue période (100). Cette amélioration résulte principalement de l’amélioration du solde d’opinion sur les effectifs prévus dans les services (hors intérim).

Cercle de l’Epargne – données INSEE

Déficits publics : grave mais moins grave que prévu !

Selon les chiffres du ministère de l’Économie, présentés par Éric Lombard au Conseil des ministres du mercredi 22 janvier 2025, le déficit de l’État s’est avéré moins élevé que prévu, avec une amélioration de 6,4 milliards d’euros par rapport aux prévisions de la loi de finances de fin de gestion (LFG) 2024. Le solde budgétaire s’est établi à 156,3 milliards d’euros en 2024. Malgré cette légère amélioration, le déficit public en 2024 atteindrait 6,1 % du PIB, soit 0,7 point au-dessus du niveau retenu dans la loi de finances initiale pour 2024 (4,4 %).

Les dépenses de l’État ont été inférieures de 1,7 milliard d’euros au niveau prévu dans la LFG (et 7,2 milliards d’euros en dessous du montant initialement prévu dans le budget), grâce à un « pilotage resserré » des programmes du budget général, rendu possible par des annulations de crédits et une utilisation « prudente » de la réserve de précaution.

Le niveau des recettes nettes de l’État, qui s’élève à 281,2 milliards d’euros, a dépassé de 1,5 milliard d’euros les prévisions de la LFG. Les recettes des droits de succession (droits de mutation à titre gratuit) ont enregistré une croissance plus forte que prévu, avec un gain de 500 millions d’euros par rapport aux estimations. Par ailleurs, la perte sur les recettes de TVA s’est avérée moins importante que prévu, avec un écart positif de 1,1 milliard d’euros par rapport à la prévision de la LFG. Toutefois, les recettes de cet impôt restent inférieures à celles prévues dans le budget initial 2024. Les recettes de l’impôt sur le revenu et de l’impôt sur les sociétés sont conformes aux prévisions de la LFG. Enfin, la charge de la dette a également été légèrement inférieure aux attentes.

Le déficit de l’État s’est amélioré de 17 milliards d’euros en 2024 par rapport à 2023. Le chiffre définitif sera connu lors du dépôt du projet de loi relatif aux résultats de la gestion et portant approbation des comptes, qui est habituellement présenté en avril. Le déficit 2024 de l’ensemble des administrations publiques, incluant la Sécurité sociale et les collectivités locales, sera quant à lui publié en mars par l’INSEE.

Le gouvernement de François Bayrou a également informé, mercredi 22 janvier, le Haut Conseil des finances publiques (HCFiP) des nouvelles prévisions économiques pour 2025 : une croissance de 0,9 % (contre 1,1 % prévu par le précédent gouvernement), une inflation de 1,4 %, et un déficit de 5,4 % du PIB (contre 5 % fixé par Michel Barnier).

Si le dérapage des dépenses de l’Etat est a priori contenu, celui de la Sécurité sociale demeure critique. Les dépenses de retraite et de santé progressent plus rapidement que ce qui avait été prévu par le projet de loi de financement ayant provoqué la censure du gouvernement de Michel Barnier. François Bayrou a lors de sa déclaration de politique générale annoncé des augmentations de dépenses pour la santé, Celles-ci progresserait cette année de 3,3 %.

A l’automne dernier, le gouvernement de Michel Barnier espérait encore réduire le déficit de la Sécurité sociale de 2025 à 16 milliards d’euros, contre 18 milliards en 2024. L’objectif aurait revu à la baisse, depuis, avec un déficit se situant entre 23 et 25 23 et les 25 milliards d’euros en fin d’année 2025. Sachant que sans budget ni mesure de redressement, le déficit pourrait atteindre 30 milliards d’euros/

Les marges de manœuvre sont faibles, sachant que le précédent gouvernement est tombé à cause de la désindexation partielle des pensions de retraite. Le gouvernement teste des solutions pour contenir le déficit avec à la fois la même réponse, une levée générale des boucliers. La hausse des prélèvements des retraités ou la suppression d’un jour de congés n’ont pas trouvé, pour le moment, grace aux yeux des parlementaires.

Familles : une nouvelle carte de la parentalité en France »

En 2023, en France (hors Mayotte), selon l’INSEE, 13,9 millions d’enfants de moins de 18 ans vivent au sein d’une famille, c’est-à-dire avec au moins un de leurs parents. Parmi eux, 67 % vivent dans une famille « traditionnelle », c’est-à-dire avec leurs deux parents et leurs éventuels frères et sœurs issus des mêmes parents. 23 % vivent en famille monoparentale, c’est-à-dire avec un seul de leurs parents, majoritairement leur mère (19 %), qui ne vit pas en couple. 10 % des enfants vivent dans une famille recomposée, où au moins un enfant n’est pas issu du couple. Parmi ces derniers, 5 % vivent avec leur mère et son conjoint(e), 2 % avec leur père et son conjoint(e), et 4 % avec leurs deux parents et d’autres enfants avec lesquels ils partagent un seul parent biologique. Sur 100 enfants mineurs, 30 vivent uniquement avec un de leurs parents, qu’il soit en couple ou non, dont 24 avec leur mère. Ces enfants peuvent également passer une partie de leur temps chez l’autre parent ou être en résidence alternée.

Évolution des configurations familiales

La proportion d’enfants vivant en famille monoparentale a légèrement augmenté entre 2018 et 2023. Parallèlement, la part d’enfants vivant dans une famille « traditionnelle » a reculé de 1 point, tandis que celle des enfants en famille monoparentale a progressé (+1 point), que ce soit avec leur mère ou leur père. Cette augmentation est particulièrement notable pour les familles monoparentales avec un père, bien que cette configuration reste rare (passant de 3 % en 2018 à 4 % en 2023).

Les enfants les plus jeunes vivent plus souvent avec leurs deux parents. En 2023, 14 % des enfants dont les parents sont séparés vivent en résidence alternée, une proportion en augmentation (3 % de l’ensemble des enfants mineurs en 2018 contre 4 % en 2023). Cette organisation est plus fréquente chez les enfants âgés de 9 ans, atteignant un maximum de 17 %, avant de diminuer pour concerner 11 % des enfants de 17 ans.

Familles recomposées et familles monoparentales

Vivre dans une famille recomposée avec ses deux parents est une situation qui concerne essentiellement les jeunes enfants. Ainsi, 7 % des enfants de moins d’un an sont dans cette configuration, mais cette proportion devient marginale à 17 ans, lorsque les enfants issus de relations précédentes quittent progressivement le domicile. Dans ce cas, la famille recomposée évolue vers une structure « traditionnelle ».

Par ailleurs, plus les enfants grandissent, plus ils sont nombreux à vivre avec un seul de leurs parents, qu’il soit en couple ou non. La proportion d’enfants vivant uniquement avec leur mère passe de 13 % pour les enfants de moins d’un an à 32 % pour ceux âgés de 17 ans. Pour les pères, cette proportion passe de 1 % à 9 % dans la même tranche d’âge.

Dans les départements d’outre-mer (DOM), les enfants en famille monoparentale sont plus nombreux qu’en métropole. Moins d’un enfant mineur sur deux y vit avec ses deux parents, contre plus de 7 sur 10 dans l’Hexagone. En revanche, plus de 4 enfants sur 10 dans les DOM vivent uniquement avec leur mère, le plus souvent en famille monoparentale, contre moins de 2 sur 10 en France métropolitaine.

Configurations familiales et territoires

En France métropolitaine, les enfants vivant dans les grands centres urbains (hors Paris) sont plus souvent en famille monoparentale (28 %) que ceux vivant dans des zones rurales ou périurbaines (16 %). Paris se distingue des autres grandes villes : la proportion d’enfants vivant en famille « traditionnelle » y est plus élevée, tandis que celle des enfants en famille monoparentale est plus faible. En revanche, la vie en famille recomposée est plus fréquente dans les zones rurales que dans les centres urbains.

Conditions de vie des enfants selon la configuration familiale

Les mères des enfants vivant en famille monoparentale sont plus souvent confrontées au chômage. Ainsi, 34 % des enfants vivant en famille monoparentale avec leur mère ont une mère au chômage, contre 24 % pour les enfants vivant en famille « traditionnelle ». La part d’enfants dont la mère est inactive varie peu selon les configurations familiales : 18 % dans les familles monoparentales, 16 % dans les familles « traditionnelles », et 20 % dans les familles recomposées avec les deux parents. Les familles « traditionnelles » se distinguent par un niveau d’éducation plus élevé de la personne de référence : 32 % de ces familles comptent une personne diplômée de l’enseignement supérieur long (bac+3 ou plus), contre 19 % dans les familles recomposées et 23 % dans les familles monoparentales. Enfin, vivre dans un logement suroccupé est plus fréquent pour les enfants vivant en famille monoparentale avec leur mère (25 %) que pour ceux vivant en famille « traditionnelle » (11 %).

La diversité des configurations familiales reflète les mutations profondes que traverse la société française. Entre la montée des familles monoparentales, la progression des familles recomposées et l’émergence de la résidence alternée, ces évolutions témoignent de changements socioculturels, économiques et juridiques majeurs. Si les structures traditionnelles restent prépondérantes, elles sont de plus en plus défiées par des modèles familiaux pluriels, adaptés à des trajectoires de vie plus complexes.

Ces transformations ont des répercussions directes sur les politiques publiques, qu’il s’agisse d’éducation, de logement ou d’accès à l’emploi, en particulier pour les parents isolés. Les inégalités, notamment en termes de conditions de vie et de diplômes, interpellent et nécessitent une approche différenciée pour mieux accompagner ces familles. La prise en compte de ces réalités dans l’élaboration des politiques sociales sera cruciale pour répondre aux défis d’inclusion et de résilience que pose cette nouvelle géographie familiale.