17 avril 2025

Conjonctures – inflation – boycotts

Confirmation de la stabilité de l’inflation en mars  en France

En mars 2025, l’indice des prix à la consommation (IPC) a progressé, selon l’INSEE, de 0,2 % sur un mois, après une stabilité en février. Cette légère hausse des prix est imputable en grande partie à l’augmentation saisonnière des prix des produits manufacturés (+1,1 % après +0,3 %) et notamment ceux de l’habillement et des chaussures après les soldes d’hiver (+5,7 % après +1,4 %). Les prix des services sont stables (après +0,6 %) tandis que ceux de l’alimentation progressent légèrement en mars (+0,3 % après ‑0,1 %). À l’inverse, les prix de l’énergie baissent de nouveau sur un mois (‑1,5 % après ‑4,6 %) du fait du prix des produits pétroliers.

Corrigés des variations saisonnières, les prix à la consommation baissent de 0,2 % en mars 2025, après ‑0,5 % en février.

Sur un an, les prix à la consommation augmentent de 0,8 % en mars 2025, comme en février. Les baisses plus accentuées de prix de l’énergie (‑6,6 % en mars après ‑5,8 %) et des produits manufacturés (‑0,2 % après une stabilité) sont compensées par les accélérations des prix des services (+2,3 % après +2,2 %), notamment ceux des assurances, et de l’alimentation (+0,6 % après +0,3 %), en particulier ceux des produits frais. Les prix du tabac ralentissent légèrement (+4,1 % après +4,5 %).

L’inflation sous-jacente sur un an s’est élevée à +1,3 % en mars 2025, comme en février. L’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) augmente également de 0,2 % sur un mois, après +0,1 % en février. Sur un an, il augmente de 0,9 %, comme en février.

Cercle de l’Epargne – données INSEE

Légère baisse de l’inflation au sein de l’inflation au sein de l’Union européenne

Le taux d’inflation annuel de la zone euro s’est élevé, selon Eurostat, à 2,2 % en mars, contre 2,3 % en février. Un an auparavant, il était de 2,4 %. Le taux d’inflation annuel de l’Union européenne s’est établi à 2,5 % en mars 2025, contre 2,7 % en février. Un an auparavant, il était de 2,6%.

Les taux annuels les plus faibles ont été observés en France (0,9 %), au Danemark (1,4 %) et au Luxembourg (1,5 %). Les taux annuels les plus élevés ont quant à eux été enregistrés en Roumanie (5,1 %), en Hongrie (4,8 %) et en Pologne (4,4%). Par rapport à février 2025, l’inflation annuelle a baissé dans seize États membres, est restée stable dans un et a augmenté dans dix autres.

En mars 2025 les plus fortes contributions au taux d’inflation annuel de la zone euro provenaient des services (+1,56 point de pourcentage, pp), suivis de l’alimentation, alcool & tabac (+0,57 pp), des biens industriels hors énergie (+0,16 pp) et de l’énergie (-0,10 pp).

Cercle de l’Epargne – données Eurostat

Qui sont les Français qui ne veulent plus acheter « américain » ?

Selon cette enquête, 18 % des Français affirment avoir déjà limité leurs achats de produits américains, et 27 % disent vouloir le faire, soit 45 % de consommateurs sensibles à ces enjeux géopolitiques. Le boycott ne concerne pas seulement des cas extrêmes : près des deux tiers des Français estiment qu’il est légitime de ne pas acheter les produits d’une entreprise soutenant un gouvernement dont ils désapprouvent la politique. Plus encore, 56 % des personnes interrogées se déclarent prêtes à boycotter une entreprise issue d’un pays désavoué, même si l’entreprise en question ne reprend pas à son compte les positions de son gouvernement. Ce positionnement révèle une forme de politisation de la consommation, où l’acte d’achat devient un levier d’influence. Mais cette posture, encore faut-il pouvoir se l’offrir.

Un choix de consommateurs aisés, engagés et inquiets

Le profil des Français favorables au boycott est clairement identifiable. Il s’agit davantage de personnes appartenant aux catégories socioprofessionnelles supérieures : cadres, professions intermédiaires, indépendants ou agriculteurs. Ils sont plus souvent diplômés, plus âgés et davantage préoccupés par la situation internationale. À leurs yeux, la consommation est un acte éthique : ils privilégient les circuits courts, se méfient des entreprises qui privilégient les actionnaires au détriment des salariés, et attachent une importance particulière à la juste rémunération des producteurs. 42 % des partisans du boycott invoquent cette motivation, contre 29 % en moyenne. Leur rapport à la consommation est à la fois réfléchi et distancié : ce sont souvent des personnes déjà engagées dans des démarches responsables, capables de renoncer à un produit emblématique de la culture américaine s’il entre en contradiction avec leurs valeurs.

Les anti-boycotts

À l’opposé, ceux qui refusent le boycott sont souvent contraints par des logiques économiques. Parmi les Français qui ont des difficultés à se nourrir correctement, 44 % ne souhaitent pas participer à un boycott. De même, 41 % des ménages ayant souscrit des crédits pour boucler leur budget n’envisagent pas de restreindre leurs achats de produits américains. Dans ce groupe figurent  des ouvriers, des familles monoparentales, des jeunes actifs, des ménages modestes. Ces consommateurs sont moins politisés, moins sensibles aux enjeux environnementaux, et davantage motivés par le plaisir d’acheter. 34 % d’entre eux déclarent vouloir faire plus de shopping, contre 30 % en moyenne. Ils fréquentent plus volontiers les parcs de loisirs, valorisent la consommation comme un espace de liberté, et refusent d’y voir un terrain de bataille idéologique. Enfin, ils sont souvent moins critiques vis-à-vis de Donald Trump, dont ils partagent parfois certaines valeurs sur l’immigration ou la souveraineté économique.

Ce clivage sur le boycott des produits américains révèle bien plus qu’un désaccord conjoncturel sur la politique étrangère des États-Unis. Il met en lumière une fracture culturelle et économique : entre une France qui peut se permettre d’aligner consommation et convictions, et une autre qui ne le peut pas, ou qui n’en voit pas l’intérêt. Le refus d’acheter américain devient, pour certains, un acte citoyen, presque un luxe moral ; pour d’autres, c’est une contrainte de plus dans un quotidien déjà pesant. À l’heure où les tensions géopolitiques se doublent de tensions sociales, le panier d’achat devient aussi révélateur que le bulletin de vote. Il dit quelque chose des valeurs, des marges de manœuvre et des lignes de fracture qui traversent la société française. Et dans cette grande scène de théâtre qu’est la mondialisation, chacun consomme un peu à son image — entre indignation, résignation et adaptation.