29 août 2015

De quoi sera fait demain (29 août 2015)

Pessimistes vs optimistes

Entre les pessimistes prévoyant une récession à court terme de l’économie mondiale et les optimistes imaginant une solide reprise, le fossé à tendance à s’approfondir.

Les tenants de la récession mettent en avant un ralentissement de la Chine et des émergents qui serait beaucoup plus important que les statistiques semblent indiquer. Certains, parmi lesquels Patrick Artus, considèrent même que la Chine est en quasi-récession. Ils mettent en avant l’existence de goulots d’étranglement, la perte de compétitivité du aux augmentations de salaire et l’excès de capacité de production.

Au-delà de la Chine, ils soulignent que le Japon n’est toujours pas sorti de la déflation et que les Etats devront faire face à une crise du secteur pétrolier aux Etats-Unis. De même, les difficultés des pays exportateurs de matières premières devraient peser sur les échanges.

Sur un plan plus structurel, les pessimistes croient à la baisse tendancielle de la croissance par l’érosion des gains de productivité générés par le progrès technique, par le déclin démographique et le vieillissement de la population.

Les pessimistes considèrent à juste titre que les autorités publiques seraient nues face la survenue d’une nouvelle crise. En effet, les taux d’intérêt sont au plus bas et les marges de manœuvre budgétaires sont faibles.

L’économie mondiale est confrontée à un excès croissant de liquidités qui se déplacent rapidement des actifs risqués vers des placements non risqués dès l’annonce de mauvaises nouvelles. Plus la liquidité est abondante, plus les crises financières seraient fréquentes et graves. L’inquiétude sur la croissance mondiale durant l’été 2015 a conduit à un report des capitaux des actions vers les obligations publiques jugées plus sûres d’où la chute des cours boursiers et le recul des taux d’intérêt à long terme sur les dettes publiques.

Les pessimistes soulignent également qu’une guerre des changes est en cours avec à la clef d’importantes sorties de capitaux depuis les pays émergents.

Les partisans de la reprise partent de l’idée que la baisse des cours du pétrole devrait avoir un effet important en Europe et aux Etats-Unis en matière de consommation en améliorant le pouvoir d’achat des ménages. Les politiques monétaires accommodantes favoriseraient également la croissance. Par ailleurs, cela renforce la compétitivité des produits occidentaux. Après une période de faible croissance, ils pensent qu’un mouvement de compensation est incontournable. La fin de la phase d’assainissement dur des finances publiques redonnerait également un peu de marges à la croissance. Enfin, un nouveau cycle de croissance s’ouvrirait avec la diffusion des objets connectés, des imprimantes 3D, du big data, de la biotechnologie…

 La Russie, de la résilience et de la récession

L’économie russe est entrée en récession. Cette dernière était annoncée depuis la débandade du rouble au mois de décembre dernier. La rechute des cours du pétrole ces dernières semaines ne fait que la rendre plus évidente. Après une contraction du PIB de 0,5 % au premier trimestre, ce dernier a reculé de 4,6 % au deuxième. La dépréciation du rouble et les embargos provoquent une pénurie de devises, renchérissent le coût des importations et génèrent un surcroît d’inflation. Au mois de juin, l’inflation était de 15,3 % contre une moyenne de 6 % en 2013. Par ailleurs, au niveau de ses exportations, la Russie souffre du ralentissement de la Chine et des pays émergents

Jusqu’au printemps, malgré l’accumulation des problèmes, l’économie russe avait fait preuve de résilience démontrant que ses fondamentaux étaient meilleurs que prévu.

Malgré la baisse du cours du pétrole et la dépréciation du rouble, la Russie maintient ses positions à l’exportation.

La Russie a dégagé un excédent commercial de 188 milliards de dollars en 2014 contre 182 milliards de dollars en 2013. Cela représente 9 % du PIB. Les exportations ont atteint un record en 2012 à 529 milliards de dollars. Elles sont en repli depuis mais restent à un niveau très élevé : 496 milliards de dollars en 2014.

En 2014, la balance des paiements courants a été excédentaire de 57 milliards de dollars contre 34 milliards de dollars en 2013.

Le taux de chômage en 2014 était de 5,6 %. Il était en 2000 de 10,6 %. Durant la crise de 2009, il avait atteint 8,4 %.

La bonne situation des finances publiques avant la crise de 2014 explique la résistance sociale et économique de la Russie. Le Gouvernement russe a su maintenir jusqu’en 2015 un excédent budgétaire. En 2015, un déficit est certes attendu.

La dette publique qui atteignait 99 % du PIB en 1999 a été ramenée à 8 % en 2008. Depuis, elle progresse légèrement. Elle est passée de 12,7 à 17,9 % du PIB de 2012 à 2014.

La dette publique française dépasse 95 % du PIB et celle des Etats-Unis dépasse 110 %.

Par ailleurs, les autorités russes ont pu mobiliser les fonds souverains et les réserves de change. Malgré la crise du rouble au mois de décembre 2014, les réserves de change dépassent encore 385 milliards de dollars. Elles étaient de 537 milliards en 2012. Les réserves de change de la France atteignent 143 milliards de dollars.

Il n’en demeure pas moins que la croissance qui était de 4,6 % en 2011 et encore de 0,64 % en 2014 devrait disparaître cette année en laissant place à une contraction du PIB de 3 %. Néanmoins, un retour de la croissance est attendu pour l’année prochaine.

Parmi les sujets de préoccupation pour les autorités russes figurent l’inflation et la chute du rouble.

Les prix continuent, en effet, d’augmenter. Le taux d’inflation était de plus de 15 % au mois de juillet. Les prix des produits importés progressent toujours : thé, café, alimentation mais aussi les vêtements, les médicaments ou les fournitures scolaires.

A la fin du mois d’août, le rouble a eu un nouvel accès de faiblesse. Un euro s’échangeait le 24 août contre 80 roubles contre 57 roubles en avril. Un dollar valait 70 roubles. Cette baisse est imputable à la diminution du prix du baril de pétrole.

La dépréciation du rouble favorise l’inflation et pénalise tout à la fois la consommation et l’investissement. Elle encourage à des sorties de capitaux.

La situation du rouble et de l’économie russe devraient s’améliorer en 2016 avec l’augmentation attendue du cours du pétrole : les bas prix commencent à favoriser la demande tout en réduisant les investissements dans les gisements pétroliers.