18 août 2018

Demain ne meurt jamais

Ce mardi 23 octobre au petit matin, Emmanuel Macron est à son bureau. La nuit a été courte même pour un homme réputé avoir besoin de peu de sommeil pour être en forme. Il a déjà lu la presse sur sa tablette. Il n’a rien appris. Le Président médite sur la destinée, la chance et l’histoire. De son départ du Ministère de l’Économie, le 30 août 2016, tout semblait lui réussir. Le retour de la croissance, le passage du déficit public en dessous des 3 % du PIB, la diminution surprise fin 2017 du taux de chômage, la division des syndicats, la déliquescence des anciens partis politiques. Au niveau international, Il s’enorgueillit d’être le seul dirigeant politique fort et incontournable du moment. Aux États-Unis, Donald Trump slalome en permanence entre ses affaires avec la Russie, ses frasques sentimentales et ses emportements d’enfant gâté. En Allemagne, Angela Merkel essaie par tous les moyens d’échapper à la tragédie du mandat de trop. Face à la montée en puissance du parti de l’extrême droite, l’AfD et aux affres de son allié bavarois, la CSU, qui craint de perdre pour la première fois de 1949 la direction du Land, la Chancelière joue en mode mineur afin de laisser passer l’orage. Emmanuel Macron ne peut plus guère compter sur l’Allemagne pour avancer dans la construction européenne. De toute façon, l’heure n’est plus à créer mais à sauver ce qui peut l’être. La Russie, la Chine mais aussi les États-Unis lorgnent sur la fin de l’Union européenne. Pour Vladimir Poutine, le démantèlement de l’Union Européenne tout comme celui de l’OTAN signifierait la fin de l’encerclement. Pour le dirigeant russe, ces deux organisations ont toujours été perçues comme des machines de guerre occidentales qui ont contribué à la chute de l’URSS. Pour lui, le basculement des pays d’Europe de l’Est et d’Europe centrale en 1989 est la conséquence d’un lent et savant travail de sape des Européens et des Américains qui ont mis en avant les atouts de leur système économique et politique. Aujourd’hui, aux yeux des Russes et des Chinois, ce système est à l’agonie. Les autorités chinoises ont toujours jugé l’Union européenne comme un ensemble sans colonne vertébrale. Sa disparition est sans nul doute une gêne pour les exportations mais ne change rien sur la vision géostratégique. Elle confirme simplement le déclin des ex-pays avancés et, en premier lieu, des États-Unis qui sont, depuis 1945, le soutien en dernier ressort des pays européens.

 

Depuis dix jours, les mauvaises nouvelles s’enchainent comme les vagues d’une tempête sans fin. Jamais depuis la Seconde Guerre mondiale, l’Europe n’a été confrontée à de tels incendies. Les bourses ont perdu plus de 50 % de leur valeur. Les investisseurs fuient le vieux continent ou se réfugient dans l’or dont le cours a battu tous les records en dépassant les 3000 dollars l’once. L’Italie a mis le feu aux poudres. En présentant le projet de budget 2019 dont le déficit est supérieur à 4 % du PIB, le Premier Ministre italien Giuseppe Conte a provoqué tout à la fois le départ de son ministre de l’économie pro-européen, Giovanni Tria, et une hausse des taux d’intérêt. Les titres d’État à 10 ans sont passés en quelques jours de 4 à 6 points. Un vent de panique s’est levé dans toute l’Europe d’autant plus que le Mouvement 5 Etoiles au pouvoir ne cache plus sa volonté de demander aux Italiens de se prononcer sur le maintien de leur pays au sein de la zone euro. La Banque centrale européenne a été contrainte d’intervenir dès le lendemain de la présentation du budget pour empêcher le blocage du marché interbancaire. Les banques françaises fortement investies en Italie sont évidemment en première ligne. Le ministre de l’économie et des finances Bruno Le Maire a indiqué que l’État prendrait toutes ses responsabilités, y compris de nationaliser les établissements en danger. Le Gouvernement ne s’interdit pas, par ailleurs, de prendre des mesures pour éviter l’enclenchement d’un vent de panique chez les épargnants. Depuis quelques jours, le marché de l’assurance vie est surveillé de très près. Les autorités financières françaises étudient la possibilité de limiter les rachats en cas d’approfondissement de la crise. La simple rumeur d’un tel blocage incite les Français à sortir leur argent de leurs contrats et à acheter de l’or.

Autre problème majeur, pour Emmanuel Macron, le Royaume-Uni. En proie aux divisions de sa majorité, Theresa May ne sait plus trop quelle voie tenir. Dans six mois, son pays doit logiquement sortir de l’Union, or rien n’est prêt. Les négociations pour l’élaboration d’un accord sont au point mort. Au mois de mars 2019, plus de trois millions d’Européens travaillant à Londres ne seront plus socialement couverts. les produits seront bloqués de part et d’autre des frontières faute de pouvoir être traités par les services des douanes. La fabrication des Airbus s’arrêtera faute d’ailes. La Livre Sterling a chuté de plus de 60 % de sa valeur entraînant une inflation de plus en plus mal maîtrisée. La récession s’est installée outre-manche. Elle se fait de plus en plus ressentir sur l’économie européenne. En effet, le Royaume-Uni est le deuxième marché de l’Union, juste derrière celui de l’Allemagne. Plusieurs États d’Europe du Nord ont, le 18 octobre dernier, indiqué clairement leur volonté de signer un accord commercial avec le Royaume-Uni. Ils ont été rejoints par la Pologne. Or, la signature d’un accord commercial est de la compétence exclusive de l’Union européenne. Si ces pays passaient à l’acte, le marché unique telle qu’il a été imaginé en 1957 par les pères fondateurs de l’Europe en serait fini.

Hier, le 22 octobre, Emmanuel Macron est allé à Londres pour rencontrer, une nouvelle fois, la Première Ministre afin de lui demander de faire quelques concessions. Il lui a demandé de payer la soulte pour départ de l’Union d’un montant de 40 milliards d’euros et de s’acquitter d’un ticket d’entrée de 8 milliards d’euros pour participer au marché unique et bénéficier de mêmes règles que la Norvège ou le Lichtenstein. Elle a répondu qu’elle ne disposait pas de majorité pour un tel accord. Elle a menacé de demander la dissolution de la Chambre des Communes, dissolution qui pourrait conduire à la victoire des Travaillistes dont le programme très extrémiste est incompatible avec l’Union européenne. Le seul espoir pour Emmanuel Macron est l’organisation au mois de décembre d’un référendum au Royaume-Uni ouvrant la possibilité de son retour au sein de l’Union. Mais pour le moment, Theresa May semble hésiter.

Face à la multiplication des mauvaises nouvelles, dans un premier temps les investisseurs se sont repliés sur les titres français. Mais depuis quelques jours, ils sont de plus en plus méfiants, d’autant que les derniers évènements ne les ont pas rassurés. En effet, depuis une semaine, les banlieues s’embrasent. Au départ, comme en 2005, lors de la précédente révolte, tout a commencé par un fait divers. Deux jeunes dealers ont été tués dans le cadre d’une course poursuite avec les forces de police. Dans l’heure qui a suivi, à Saint Denis, à Aulnay-sous-Bois, à Montfermeil, à Clichy-sous-Bois, à Mantes-la-Jolie mais aussi en banlieue de Lyon, dans les quartiers nord de Marseille, à la Madeleine à Evreux ou Lormont à Bordeaux, « les jeunes des cités » sont descendus et ont gagné les centres villes pour tout casser. Un chômage qui dépasse dans certains quartiers 40 %, un été caniculaire et des jeunes de plus en plus influencés par le milieu de la drogue ou par les intégristes islamistes constituent autant de mèches prêtes à partir s’enflammer. Plusieurs conseillers d’Emmanuel Macron l’avaient mis en garde sur la situation dans les banlieues. La célébration de la victoire de la Coupe du Monde de Football le 15 juillet dernier avait constitué un premier indicateur sur le climat de tension. Ce jour-là, de nombreuses bandes avaient profité de l’atmosphère de liesse pour piller et saccager le cœur des grandes villes. Tout à louer les nouveaux héros du football français, la presse ne s’était guère préoccupée de ces incidents. À la différence de 2005, « les jeunes des cités » préfèrent exprimer leurs frustrations au cœur de Paris, de Lyon ou de Bordeaux. Emmanuel Macron, tout comme Jacques Chirac, il y a 13 ans, a opté pour le pragmatisme. Il a tenté de circonscrire les incendies tout en répétant que l’enquête sur la mort des deux jeunes sera menée en toute transparence. Face aux destructions matérielles et aux menaces physiques, la population des grandes villes exige plus. Elle demande que les coupables soient vite jugés. Le Ministre de l’Intérieur qui rêve de plus en plus de retrouver les rives de Lyon, mise sur l’arrivée du froid annoncé pour la fin de la semaine pour calmer les ardeurs des manifestants.

Emmanuel Macron regarde par la fenêtre de son bureau. Il admire le calme de son parc dans lequel gambade son chien Nemo. Gouverner, c’est choisir ; gouverner, c’est surtout compliqué. Et quand il s’agit de la France, c’est pire.

Depuis deux jours, les conseillers du jour et les visiteurs du soir défilent. Autant d’avis que de conseilleurs. Faut-il utiliser l’article 16 pour mettre un terme à la chienlit ? Convient-il de passer par le référendum pour la réforme constitutionnelle ensablée au Parlement. Un virage à droite est-il envisageable ou faut-il réaliser un grand tournant à gauche ? Que faire quand l’Europe se délite, quand les marges de manœuvre économiques s’évanouissent et que les banlieues explosent ?

Le Président est inquiet de l’hostilité syndicale face à sa réforme des retraites. À défaut de recourir à l’article 11 pour la révision constitutionnelle, il pèse les avantages et les inconvénients d’un passage en force de son texte sur les retraites qui, pour le moment, reçoit l’assentiment d’une large majorité des Français. Ces derniers plébiscitent le principe « un euro cotisé donne les mêmes droits à la retraite pour tous ». Mais ce consensus risque de se briser durant la campagne avec l’opposition des syndicats de fonctionnaires et de ceux défendant les régimes spéciaux. Emmanuel Macron sait qu’il doit reprendre la stratégie napoléonienne qui a fait jusqu’ici son succès. Attaquer les points faibles de ses ennemis avant de concentrer rapidement ses troupes et ses moyens sur l’objectif à atteindre. Bouger, toujours bouger. Pour cela, il faut absolument sortir de la prison de l’Elysée. Il comprend ses prédécesseurs qui rêvaient d’installer la Présidence dans un autre bâtiment. L’Elysée qui fut la demeure de la Marquise de Pompadour, est un palais triste avec ces enfilades de petits bureaux, sa galerie au style désuet.  Napoléon Ier avait décidé en revenant de l’Île d’Elbe de s’y installer afin de prouver le changement de nature du régime. Emmanuel Macron se souvient qu’il a été interpellé comme ses prédécesseurs afin d’engager la reconstruction du Palais des Tuileries. Ce dernier a été la résidence royale d’Henri IV, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI, Louis XVIII, Charles X et de Louis Philippe. Napoléon Ier puis Napoléon III l’ont également occupé. Après son discours devant la Pyramide du Louvre, le soir de son élection, il ne détesterait pas l’idée d’habiter une résidence historique. Certes, il pourrait s’installer comme le Général de Gaulle l’avait imaginé aux Invalides ou à l’Ecole Militaire. Mais, pour le premier, le nom du bâtiment n’est pas très porteur quand la seconde nécessiterait d’importants travaux.

Pour le moment, l’heure n’est pas au déménagement mais à l’extinction des feux. Emmanuel Macron entend les éteindre en les étouffant de toute part. Sur le front économique, il prépare en secret un coup. Avec un déficit qui pourrait excéder 5 % du PIB en 2019 en raison de la récession attendue, Emmanuel Macron veut créer un choc en essayant d’emmener avec lui l’Allemagne. Angela Merkel, en cas d’explosion de la zone euro, perdra tout. Elle sera responsable de la faillite des retraités allemands. L’histoire jugera durement son absence de vision économique et son manque de lucidité face aux problèmes rencontrés par les pays d’Europe du Sud. Emmanuel Macron lui donne la possibilité d’endosser les habits de sauveuse de l’Europe. Comment comprendre que la même Allemagne accepte d’accueillir des centaines de milliers de réfugiés et refuse d’aider ces voisins les plus proches ? L’Allemagne peut-elle pratiquer la générosité à géométrie variable ? De son côté, la France peut-elle considérer qu’elle est la seule à porter l’idéal européen ? Emmanuel Macron veut ouvrir le couple franco-allemand aux Espagnols, aux Italiens mais aussi aux Polonais. Il rêve aussi de faire revenir autour de la table les Britanniques. Refonder l’Europe afin de permettre à notre allié historique de sortir la tête haute du référendum du 23 juin 2017. Angela Merkel serait prête à ce que l’Europe emprunte sur les marchés afin d’engager un plan de sauvetage général avec une relance assise sur des prêts bonifiés. Un vaste programme d’infrastructures serait engagé avec une remise à niveau des ponts, des routes, des voies ferrées ainsi qu’avec le déploiement de la 5G. À la guerre des robots décidée par Donald Trump, l’Europe pourrait répondre en se lançant dans un vaste programme en faveur des énergies propres et de la récupération du CO2. Les crédits prévus par les différents programmes européens pourraient représenter plus de 8 % du PIB. L’Union européenne se verrait confier à la fois la gestion de l’assurance chômage et de l’assurance retraite de base ainsi que celle de l’enseignement supérieur. Pour son financement, elle pourrait s’appuyer sur une partie de la TVA et sur des taxes sur les activités digitales. À partir du 1er janvier 2020, les travailleurs détachés seraient rattachés à la caisse européenne de Sécurité sociale. Les employeurs acquitteraient à cette caisse les cotisations. Cette dernière assurerait la compensation entre les différents régimes nationaux de protection sociale.

Emmanuel Macron attend l’appel téléphonique d’Angela Merkel. Les interprètes sont déjà installés et prêts à œuvrer. Perdu dans ses pensées, le Président s’interroge sur le rôle de ces derniers. Sont-ils de simples traducteurs ou ont-ils la possibilité de modifier le cours de la diplomatie ? Sont-ils fiables ou peuvent-ils être influencés par des puissances extérieures ? La secrétaire particulière d’Emmanuel Macron entre d’un coup dans le bureau coupant cours à cette réflexion. Elle indique au Président que le Pape François souhaite lui parler et qu’il est disponible pour une conversation de 10 minutes. Le Pape est prioritaire même en période de crise. Après avoir pris des nouvelles de la situation en France, il attire l’attention du Président sur les menaces qui pèsent sur les églises. Le Président français le rassure en soulignant que tous les lieux de culte sont surveillés par les forces de l’ordre. Le Pape affirme que les évêques sont prêts en relation avec les autres représentants des autres confessions à faire passer des messages. Il affirme qu’il fait le nécessaire afin que l’Italie ne décide pas unilatéralement de sortir de l’euro. L’église de Rome dispose de nombreux relais dans tous les partis politiques italiens même à gauche ou à l’extrême gauche. A peine la conversation achevée, Angela Merkel appelle. Elle a 30 secondes d’avance. La rigueur germanique est impressionnante. A quelques mois de scrutins difficiles dans plusieurs Länder, la Chancelière ne veut en aucun cas endosser l’habit du laxisme alors que l’inflation dépasse les 3 % en Allemagne. Elle défend l’idée de la responsabilité individuelle des États membres afin de protéger la monnaie. Le Président français la prend de cours en affirmant qu’il est prêt à prendre le risque d’une sortie de la zone euro si l’Allemagne n’accepte pas un changement de politique. Un grand blanc passe de part et d’autre de la frontière. Angela Merkel ne sait plus si le jeune Président de la République française bluffe ou pas. Il susurre qu’en cas d’implosion de l’euro, l’Allemagne serait la première victime du fait de l’insolvabilité des débiteurs et de la chute du commerce au sein de l’Union qui en résulteraient. La Chancelière répond que les grandes banques françaises ne résisteraient pas à la tourmente et que le pays serait rapidement confronté à une crise des changes en raison de son double déficit, balance commerciale et budget. Angela Merkel sort une carte de sa manche en affirmant qu’elle est soutenue par les pays d’Europe du Nord, par l’Autriche, par la République tchèque et par le Benelux. Ce n’est en rien une surprise pour Emmanuel Macron qui ne veut pas entrer dans cette bataille de chiffonniers. Il répète qu’il ne veut pas sacrifier son mandat afin de sauver les intérêts des retraités allemands. La Chancelière concède qu’elle sait qu’il faudra bien que l’Allemagne paie mais il ne faut surtout pas le dire trop fort. Le Président français juge au contraire qu’il est temps de sortir des faux-semblants. Fidèle à sa pratique toute mitterrandienne du pouvoir, Angela Merkel demande du temps au temps. Elle promet de rappeler Emmanuel Macron avant le 24 octobre, une éternité en période de crise. En réponse, il indique qu’il a demandé à ses services de travailler sur la création d’une zone monétaire latine incluant l’Italie, la Grèce, l’Espagne, le Portugal, la Crête, Malte et Chypre. Angela Merkel lui répond que l’Allemagne ne tient pas en être membre…

Cet entretien tout juste terminé, un appel en provenance de New York est annoncé au Président de la République. Il s’agit de Donald Trump qui a délaissé la Maison Blanche au profit de sa tour en plein Manhattan. Il veut parler au Président français, soi-disant pour préparer les cérémonies du 11 novembre célébrant le centenaire de la victoire de 1918. Comme à son habitude, il va droit au but en rappelant que, selon lui, il est impossible de faire confiance aux Allemands. Il met en avant les liens indéfectibles qui lient la France aux États-Unis. Il se dit prêt à signer un accord spécifique avec le Royaume-Uni et la France pour sortir de l’impasse économique. Le Président américain poursuit un des buts traditionnels de l’administration américaine, affaiblir la construction européenne. Si auparavant l’Allemagne était le pays ami, garant de l’influence américaine sur le vieux continent, aujourd’hui, les canaux utilisés sont différents, plus complexes. Le Président français est fasciné par Donald Trump qui au-delà de ses effets de manche, de ses coups d’éclat de plus ou moins mauvais goût, n’est pas dénué de toute intelligence politique. Il aimerait que l’Europe puisse parler aussi fort que les États-Unis à l’encontre de la Chine, pays qui défend le libre-échange tout en protégeant son marché intérieur. Même sur l’Iran, il n’est pas loin de considérer que l’accord signé par Barack Obama était un peu léonin. Il n’y a que sur la question du réchauffement climatique qu’il a du mal à suivre le Président américain. Même si, certains jours, face aux plaintes de Nicolas Hulot, il ne serait pas loin de rejoindre le Président américain. Au téléphone, ce dernier promet au Président français de faire le nécessaire afin que les Britanniques participent à d’éventuelles nouvelles négociations pour établir un partenariat économique euro-atlantique. Emmanuel Macron n’ose pas lui avouer qu’hier soir, Vladimir Poutine lui a présenté un plan visant à instituer une union euro-russe afin de sortir de la crise, une union qui pourrait bénéficier de l’appui financier de la Chine.

Sitôt cet échange achevé, le nouveau directeur de cabinet entre avec le secrétaire général de l’Elysée pour préparer le Conseil des Ministres du lendemain. Plusieurs scénarios sont présentés au Président, article 16 pour mater la crise dans les banlieues, l’engagement d’un plan de relance en solitaire, l’annonce d’un prêt de 20 milliards de dollars en provenance du Qatar pour moderniser les banlieues, le report de la réforme des retraites, de la loi Pacte et de la révision constitutionnelle.

Le Président de la République décide d’aller au bout de sa logique. Il présentera son plan européen avec ou sans l’accord de l’Allemagne. Il annonce qu’il diminuera l’impôt sur le revenu de 30 % en 2018 et les cotisations sociales salariales en instaurant un abattement sur les 800 premiers euros en lieu et place des abattements en vigueur. La taxe d’habitation sera supprimée totalement en 2019. Pour le niveau de déficit, il sera toujours temps de voir avec Bruxelles. Par ailleurs, il demande à son directeur de cabinet de préparer un décret de convocation du Parlement en réunion au Congrès pour annoncer la signature d’un accord-cadre avec la Russie et l’application des plein pouvoirs le temps nécessaire pour rétablir l’ordre. Puis, d’un coup, il se met au maugréer sur le caractère étouffant de l’Elysée, sur la pesanteur des tapisseries. Il exige du secrétaire général qu’il lui fasse de propositions d’installation de la Présidence de la République près d’un aéroport afin de rayonner dans toute l’Europe. Pourquoi pas Tours ou Blois ? Stupeur sur les visages des deux collaborateurs qui s’attendaient à tout, en pleine crise mais pas à devoir gérer une opération immobilière.

Le Président de la République ne souhaite pas prolonger le débat. Il a prévu pour terminer sa journée de passer par Varsovie, Prague, Moscou puis Budapest afin de sceller de nouvelles alliances. « Demain ne meurt jamais », surtout pour Jupiter.